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Full text of "La chronique de Rains: publiée sur le manuscrit unique de la Bibliothèque du roi"

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LA 



CHRONIQUE DE RAINS. 



LA 

CHRONIQUE DE RAINS 



Pik Louis PARIS , 



PARIS. 

TECHEKEB. FLACE DU LOUVRE, n* ii. 




Reims. — Imprimerie de L. 1ACQDET, rue et place IIoja!e, i. 



LETTRE 



M. LÉ MAIRE 



Xt A 



MM. DU CONSEIL DE LA YILLB 

DE REIMS. 

m 



Messieurs , 

Vous voulez bien me permettre de vous parler 
d'une certaine chronique dé|à citée par quelques 
Journaux sous le titre de La chronique deRains ^ et 
dont >e prépare la publication. Avides de tout ce 
qui touche à Thistoire de votre ville, de Tantique 
et célèbre cité du sacre, vous avez £aiit réunir sur 
les rayons de votre bibliothèque publique et les 



C n > 
Mémoires historiques d*Edine Baugîer , et Vhisïoin 
des Comtes de Champagne attribuée à Levesque de 
la Ravaliëre : le Dessein de (^histoire de Reims , de 
Nicolas Bergier^ (le savant autenr de i^ histoire des 
grands chemins de Pempke rémain) et Thistoirela* 
Une) bien ample et bien utile de dom Marlot, 
dont vous avez aussi le Théâtre tt honneur: puis les 
trois volumes in-ia4'Anquetil : I9. Description kis^ 
torique et statistique de M. Géruzez : vous avez les 
Grands hommes de Champagne, de Pons Ludon , de 
grotesque et facétieuse mémoire : vous avez les 
publications de MM. Jacob-Kolb, Gamus-^Daras, 
Povillon-Piérard^ et autres érudits compatriotes: 
toute la collection des Aima nachs rémois, des 
notices biographiques, des tableaux statistiques » 
des plans, des cartes^ des atlas, enfin tout ce qui 
a pu être écrit sur la ville de Reims : et pourtant 
il vous manque La chronique de Rains! Chro- 
nique inédite fort curieuse, et pour laquelle 
î*ose aujourd'hui réclamer l'honneur de vos suf- 
frages. 

11 est vrai que , pour faire apprécier au public 
ce curieux monument de notre ancienne littéra-* 
ture , il me fsiudra Taincre l'antipathie qu'inspire 
peut-être le vieux langage du XIII* siècle : il 
me faudra surtout combattre et diminuer de beau- 
coup certaines admirations passionnées pour les 



( I" ) 

lirayaux historiques de dos modernes Iravaillears. 
Ou professe uoe si haute estime pour les intelli- 
gences el les hommes d*art de notre époque» qu'il 
devient difficile de louer les contes naïfs et sons 
art d'un contemporain de Philippe -Auguste el 
de Saint Louis..-^ Moi-^même , {e reconnais aux 
historiens du XIX* siècle des qualités que l'aur 
leur de ma chronique était loin de posséder; 
{*avoue que Joinville et Ville-Hardouin, Froissard 
et Gomines n'avaient pas les talents qui font 
estimer l'historiographe d'aujourd'hui. C'étaient 
de bonnes gens^ qui disaient ce qu'ils avaient 
Yu^ oe qu'on leur avait dit» ce qii'ils savaient; 
qui coordonnaient leurs récits ^ y jetaient la 
couleur et l'intérêt qu'ils pouvaient; qui se pas- 
sionnaient pour la valeur , la loyauté , les beaux 
faits d'armes, en. même temps qu'ils* flétris- 
saient la cruauté 9 le mensonge et la perfidie; 
mais tout cela sans intérêt personnel^ sana pré- 
tention philosophique , et surtout sans système^ 
Aujourd'hui 9 ces moyen» vulgaires ne conviens- 
nent pas, ne suffisent plus du moins. Il faut , 
comme disent naïvement ces. Messieurs , un 
style briUaut , chaleureux ,. figuré , pittoresque ; 
il faut qu'un écrivain, d'un regard d'aigle, em- 
brasse toutes les questions, domine tous les 
faits, les apprécie dans leurs causes et dans leurs 



eonséqaences : il faut qii*il leur donne une phy^ 
sionomie nouvelle, inattendue, systématique: 
car, dhons-le vite y un historien doit, avant 
tout, avoir un système; il doit savoir subor- 
donner toute la moralité, tout renseignement 
de riiistoire à ce système, bon ou mauvais, et 
pouvoir, au besoin, rappliquer à tous les peuples, 
à tous les temps. C'est là ce que, de nos jours, 
on appelle sentir un sujet, le creuser, Tappro* 
fondir, faire de rbistoiré, en un mot. Cette 
manière de monopoliser le passé au profit d'une 
idée, semble iMcn quelque peu surprenante. 
On conçoit difficilement cfue , sans égard aux 
temps, aux degrés de latitude, on puisse me* 
surcr toutes choses au même compas, à la 
même échelle de rédueti^Hi. Que Bossuet, en- 
fermant rhumanité dans Tinflexible cercle tracé 
par la main puissante de IMeu , plane à son gré 
sur les hauteurs de Thistoire et nous prouve que 
c'est à la Providence et non point aux hommes à 
disposer du destin des généra licms : qu'il nous 
peigne les peuples comme les fonets d'une vo«- 
lonté supérieure et semblables aux Ilots impé- 
tueux du torrent, se laissant entraîner par une 
force d'impulsion dont nulle puissance humaine 
ne peut diriger ou suspendre l'action , voilà ce 
qu'on peut admirer et comprendre, et la vaiscNti 



(v) 

u'ëst point choquée d'an pareil système ; mais 
on sait que ce n*est point celui-là qii*adaptent 
nos histonens philosophes. 

Et puis , il laut reconaatire autre chose , C*est 
quefmalgréieurhs^lletéy leur prétention à définir 
lès époques y à deviner les énigmes deTbistoirey 
nos jeunes maîtres ont vu pâlir la lueur de 
leur intelligent flambeau .sans résoudre les ques- 
tions les plus importantes de Fétal social. Pour 
la plupart d'entre eux il n'y a tou>ours à faire 
qu'une histoire, celle de l'influence monastique. 
A les en croire , on ne verrait en France, Jus- 
qu'au XVIII* siècle > que l'empire monacal : des 
miracles et des enfans de chœur : des bedeaux 
et du plain-chant. 11 y a toutefois dans l'esprit de 
la société française, aux diverses époques de la 
monarchie, autre chose à observer. Nous a-t-K)n 
dit, par exemple, l'état de la société sous la pre-^ 
mière race? On voit la noblesse grande et forte au 
Xir siècle; mais antérieurement, nous a-t-on dit 
tout sur son influence, son caractère et ses privi- 
lèges? — Surla condition des femmes? la propriété 
et ses garanties ? sur l'esclavage et l'affranchis-» 
sèment? la bourgeoisie! le peuple enfin ? — Ques- 
tions graves et non complètement résolues, sur les* 
quelles jk>s historiens moralistes passent à grande 
hàte:.époque d'ignorance etde barbarie^ disent-ils, 



parce qu'ils n'ont su nirétudier ni là comprendre^ 
Ufiiut donc avouer que, malgré la haute intellî' 
gence qui leis distingue , nos imberbes historien» 
n'ont pas tout approfondi, et que, loin de se 
rendre les interprètes des temps qu'ils se char- 
gent de peindre, on trouve chez eux peu de trait» 
qui personnifient et qui caractérisent. Tous leurs 
récits ont la même couleur. Ils disent du même 

a 

Style et le VP et le XII* siècles 9 et le règne de 
François I**" et le règne de Louis XIV. — Les chro-- 
niqueurs procèdent autrement. Chacun d'eux 
parle le lainage de son siècle, et peint les hom- 
mes de son temps. Grégoire de Tours n'écrit 
pas comme Jbinville , ni celui-ci comme Frois* 
sard, qui diffère à son tour de Brantôme ou de 
Sully. 

Ce n*est pas que je Teuille assurer que les 
chroniqueurs soient toujours des guides sûrs : ils 
se trompent souvent, maïs du moins, c'est sans 
vouloir tromper le lecteur : ils ont leurs préjugés^ 
leurs passions; mais Hs ne les déguisent point 
sous un vain étalage de mots et de figures, à 
Taîde d'une logique astucieuse, d'une dialectique 
pleine de sophismes. Il y a de la candeur dans 
leur ignorance, de la conviction- dans leurs 
croyances, de la bonne foi dans leurs préjugés; 
ils sont surtout Texpressiou de leur siècle ^t et s'il» 



( VIT )' 

iVgarcnt enfin , le lecteur ne court psa lé risqtie 
de se perdre avec eux. 

Tout ce que je viens d'exprimer en faveur de- 
nos premiers annalistes peut singulièrement 
s^applfquer à fauteur de La chronique dé Ratns, Il 
seraft donc surprenant qu'elle ne fût point ac-^ 
cueillie par ceux-là surtout qui lisent avec tant 
d'empressement les Mémoires du cairdinal de 
Retz, les historiettes de Tallemant des Réaux, les 
lettres de madame de Sévigné et autres livres qui 
ne sont , comme La chronique de Rains» que l'ex- 
pressioa et l'histoire du temps oh ils ont été écrits. 

Mais^ diraot-on , comment se condamner à l'é* 
tude d'on style si rude , d'expressions si étranges, 
d'un langage si barbare I — Exilé chez les Sar- 
mates , l'auteur des Tristes et de l^Art ttaimer^ 
se voyait aussi traité de barbare à cause de sou 
langage : 

Barbarus hle ego ium , quia nonihledigor îllù t 

Disait Ovide. Eh bien! voilàceque pourrait dire^ 
l'auteur de La chronique de Rainsy s'il pouvait voir- 
ie mépris qu'on professe aujourd'hui pour salan- 
gue, qui fut celle de Philippe- Auguste , de la reine 
Blanche et du roi Thibaut; delà langue française, 
en un mot, qqi, de son temps, était déjà celle 
du monde civilisé, celle des rois, des gueiTiers et 



àès belles, ainsi qu€ nous Tapprend le poète 
Aliénés, contemporain de notre chroniqueur : 

B Tout droit à celui temps ^ne \9 ici vous dii ; 
» Avait «ne coatume eus cl TyoU payt ^ 

• Que tout li grand signer, li comte, U marcbis 

» AToieot, à i'entour aus, gent Françoise, tous dis «' 

• Pour apprendre François leur filles et leur fils. 

> Li rois et la roîne et Berte o le cler vis ^ 

> Sorent près d'aussi bien le François de Paiis/- 
>€om se il fttwent nés el boqr ii SUnt-neois* 

Je sais bien que, si je prouve que la langoo* 
française du XIIP siècle était plus répandue en- 
lurope que ne Test aujourd'hui celle du XIX' , 
ou me fera tout aussi bon marché du goût et de 
la civilisatîonque de lalittérature de cette époque . 
Toutefois qu*6n me permette un dernier effort :: 
£e plus bel éloge qu*on ait pu faire de rUiade, 
n'est-ce pas de comparer cet ouvrage, sous le- 
rapport du style et de la grandeur des images , 
aux livres saints? Or, de toutes nos littératures, 
quelle est celle qui se rapproche le plus du style 
biblique? n'est-ce pas la litt^ature du moyen « 
Age? écoutez là-dessus ce que disait, dans un de 
ses numéros, un journal étranger, la Revue tfE^ 
^imbouTg: « Bien que la langue française n'ait 

> Le iyoit pays , te pays des X^utons , j'Ailemagne. 

* Tout dii — tonjonrs-— «fit dn ta tin </(ef. 

* O /« ^ler Vif-— Au brillant visage. 



y jamais été propre à Tépopée' , le slylc de Joioville* 
» et de Froisaard «'accorde mieux assurément que 
» celui ded!Aiembert et deOiderot avec le langage 
V de riliade. >.C 'est rcpinicko des étrangers et sur- 
tout des Anglais, des Allemands et des Suédois qui 
lisent et recherehent notre ancienne littérature, 
et qui s'accordent avec ItB rédacteurs de la Revuê 
it Edimbourg pour proclamer la langue du XIII* 
siècle une langue pleine de souplesse» de rhythme, 
de grâce et d'énergie. 

Mais ce que nous autres Français ne voulons 
point comprendre 9 c'est qu'à l'époque dont îe 
parle > notre pays pût avoir une civilisation f des 
arts f une littérature ! Etrange contradiction ! au 
pied des magnifiques basiliques dont le sol de 
notre vieille France s'enorgueillit encore , vous 
confessez le grandiose y Tlufini des conceptions 
artistiques du moyen^âge ; et veas voulez que 
cette admirable architecture se soit montrée 
seule et sans aucun rapport avec les idées littér 
raires de son siècle I Vous avez trouvé quelques 
expressions landatlves pour cette noble et brîl*- 
lante ciievalerie qui s'élance au-4evaQl des aveur 
fureux exploits 9 qui fonde un empire en allant 

1 Cette assertion est complètement démentie par les ex» 
Êumatîons que l'on (hit tous les jours dans^U vieille littèra^ 
tore épique de la France.- 



iTéFFvrer Te tombeau de son Dieu 9 et vous 
pouvez admettre quexes héros aient eu , comme 
d^aotres, leurTyrtée, leur Xénophon !;.. Pompée^ 
César, Auguste n^*étaieBt-ils pas les contempo* 
rains des plus grands génies , des plus habiles 
artistes qu'ait vu naître la gloire romaine? Le 
siècle de Périclès, comme celui de Louis XIV , 
ne fut-il- pas l'époque- du développement de tou^ 
tes les plus nobles facultés de TinteUigence ? et^ 
vous supposez que celui de Philippe-Auguste et 
êe Saint Louis, auquel* se rattachent tant d*il- 
luslres guerriers, tant d'ingénieux artistes, a 
manqué de poètes, de philosophes et d'écrivains! 
Tout cela est aussi peu- juste que peu conséquent. 
Quant à moi, je persiste à ne pas accuser la 
pauvreté' et l'insuffisance d'une langue qui peut 
exprimer avec un^ égal bonheur les plus fortes 
pensées et les plus viftsentimens, d'une langue 
qui sait colorer les détails, peindre les caractères, 
animer les récits et rendre sensibles les nuances 
les plus délicates» Je ne m'aviserai pas non plus 
de me plaindre de la précision et dé la rapidité 
d'un récit, quand le terme est partout juste et 
complet, expressif et chaleureux. 

Tel est, en vérité^ Messieurs, le caractère de La- 
xhroniqiM de RoàMj précieux monument de notre 
histoire et de notre littérature au XIII* siècle. 



r 



Tout flans cet ouvrage est miroir naïf et péintnre 
fidèle des mœurs et des hommes dutetnps. En 
le lisant, on se croii revena à l'époque si brillante 
de chevalerie, de combats«t d'amoureuses aven- 
tures. L'auteur suit dans leurs expéditions les 
princes et les chevaliers ; il voit et décrit les lieux 
eu se passent les événemens, cite les héros et les 
traîtres, ne se laisse pas irop préoccuper de 
sèntimens haineux ou bienveîUans; illoue, blâme 
alternativement, sans jamais oublier ^'il est 
Français et qu'il écrit pour des Français. — Dans 
La chronique é* Ruins se trouvent des détails em- 
preints de la -grâce la plus exquise, puis des récits 
de la plus haute importance , qui servent à re- 
dresser ou à compléter l'histoire du temps : de 
ce nombre, sont les citations faites dans le Ho* 
mancéro français: le chapitre relatif à Philippe-* 
Auguste, déjà publié dans FUUle France et jeune 
Franee^parle savant M. Rey; divers extraits qui se 
trouvent sans indication de titre, dans la Biblio* 
graphie des rroiMi/«f,deBl.Michaud. Puis, entre un 
grand nombre d'autres aussi curieux , le passage 
qui confirme un fait fort contesté jusqu'ici, 
l'histoire de Blondel-le-ménestrel et du roi Ri- 
chard. Tout le monde a dans la mémoire les 
vers de la célèbre romance 

O Rich&f d I ô moB roM etc. 



(«. ) 

Q\iél^C8 historiens ont pourtant rais le dé'- 
Touement da généreux trouvère au uombre des 
contes faits à plaisir par* les roDftaiioiers du temps. 
Rapin Thoyras, en racontant Thistoire de la cap- 
tivité du grand roi Richard) ne daigne pas méniQ 
faire mention du ménestrel. ' — La chroniqae dû 
RalAs rétablit les faits dans leur véritable jour et 
de la manière la plus piquante et la plus faotio- 
rable pour la mémoire du ^énéreuH Blondel^ 

Mais je m^aperçoia. Messieurs, que, malgré 
la longueur de ma lettre ^ je n^ vous ai p9is en- 
core dit pourquoi je donnais à cet ouvrage le 
iitré de La chronique de Raine. Ceci demande 
en effet une courte exf^ication. 

£n ma qualité de Bibliolhéoaire-Àrchiviste de 
la ville de Reims^ je voudrais bien vous dire que 
f ai fait la découverte de oe curieux fragment 
historique dans un. manuscrit oublié de notre 
bibliothèque 9 ou mieux encore parmi ces pré- 
cieuses et innombrables archive» monastiques , 
qu'il y a peu de Jours , fort de votre concours et 
de Tautorisation de MM. les Ministres de Fln- 
térieur et de l'Instruction publique, f ai été assez 
heureux pour faire réintégrer dans votre cartu- 
laire. Il serait fort glorieux, sans doute, pour la 
bibliothèque de votre ville de fournir à l'histoire 
générale et à la littérature du XIIÏ* siècle un 



{ xj« ) 
montiment de cette importance: mâlheureuse- 
-inent il n^en est rien. Le maotiserit qoî m'a. 
foami Fôuvrage en question appartient à la 
bibiîothèqae du Roi: il est da XIIP siècle, el 
porte le n* 4^4» (fonds de Sorbonne). Sous le 
titre, (à la eouterture) de Suite da Koman dé 
'Ciéamades, ce manuscrit contient diverses pièces 
tant en vers qù^en prose : notre chronique s'y 
trouve confondue sa nsaucnne espèce d^indication. 
M. Michaud est le premier qui en ait eu eon- 
naîssanoe et qui en ait donné un extrait , dans 
sa Bihiio^ûpki& dis er^isades , sans désigner Tou-* 
vrage par ancon titre spécial et sans Tavoir assea 
lu pour en apprécier rimportance. Mon frère ^ 
Ton des conservateurs de la bibliothèque du Roî^ 
est le seul qui en ait senti et signalé tout Tintérét. 
C^est lui qui, frappé des nombreux faits que Fau- 
teur rapporte à l'honneur de la ville de Reims, n'a 
point hésité à donner à l'ouvrage le titre de ,La 
chronique de Rains, « Nous favons appelée, dit-il» 
9 La chronique de RaitiSy parce que les détails 
» minutieux qu'on trouve dans ce curieux mo- 
» nument sur l'échevioage de Reims, le sacre des 
* rois et les démêlés de l'archevêque Henri de 
» Braine avec les bourgeois , ne peuvent se ren- 
« contrer que chez un historien du diocèse, sinon 
» de la ville de Reims. • [Romancero français). 



( HV 3 

HùiiLS avons tout lieu de considérer comme 
tmiqoe en France le manuscrit de La chronique de 
Rains: mais notre ami, M . Francisque Michel, dans 
les laborieuses et savantes recherckes auxquelles. 
Tannée dernière , il s'est livré en Angleterre , 
parait en avoir découvert un second exemplaire 
au Musée Britannique; c'est du moins ce qu'il 
sejmble indiquer à M. le Ministre de l'Instruction 
publique, dans son Rapport sur les anciens monu^ 

m 

mens de l'histoire et de la iUtéraiure de la 'France, 
gui se trouvent dans les bibliothèques de C Angleterre. 

Je désire vivement, Messieurs, que les courts 
détails dans lesquels je viens d'entrer , suffisent 
pour voab donner une idée du caractère et de 
l'importance de l'ouvrage que je me permets de 
faire paraître sous vos auspices. 

Yeuillez agréer, Messieurs/l'hommagc de mon 
profond respect. 

Louis PARIS. 



Reims, août i856« 



Lk 



CHRONIQUE 



DB ïi£ina 



CHAPITRE I. 

Content It rois» Setgi ifthà ùmla îittnbt Clttnor, 
|)ut0 la xtpvAta pour e^iptnwfrJlflw h CIjatrtpatgne. 
Si trrpao le roi Sot^ et rmironnemmt k roi MAt^t. 

* . * . ' ' • * ■ 

|t:8. Fvns celle heure que Godefrois de 
•Biuiilon et M barouie dç l^Yance orent 
[conquis Antyoche et Jhérusalem et il 
orent remis la Chrestienté dedans, qui par lonc- 
tans en avait esté, fort mise , li'orent chrestien 
victoire en la terre de Surie contre Sarrasins, 
fors seulement d*Âcre qui fut reconquise au tans 
Çalehedin et au tans le roi Phelippe : et le con- 
quist 11 dus de Yenisse qui estoit aveules. 

1 




s L4 CHlOKIOtE DB AAIVf. 

Si afiot , Qo taos après la mort Godefiroi et le 
fotSaadoio , soo lirère (qaifureDt roide Jhémsa- 
lem li uns après faotre), qn'fl of on it^ es Frasce 
qai of nom Loe^i li JtuUciereg (i ) : et pour cose ot 
mm li Jiuticieres qoe fl tenoit très bien f osllce, 
né oe peodoit pas les manfaitonrs à son braoel, 
si come font or endroit li maoTais prince qui 
désirent qa*on lace maos et mellées pour lor 
bourse aemplîr : maoYaisement lor sooTÎent de 
rescritoare qiii dist par la bonce DaTid le roi : 
fiUrés jugement etjusliee en tous Uau, 

Cil rois Loejrs si ot de sa femme deos fias : li 
aisnés ot non Robiers et li mainsnés Loeys. Gins 
Robien ^a] estoit de petit enscient, né riens ne 
saYoit : et Loeys estoit sages et. entendans. 

Si aviot que li rois lor pères mom et li con- 
Tint paier le debte que nous paierons tous : et 
s^assamblèrent li per et li baron de France 
pour faire roi del ainsné frère ; mais il i ot un 
des pers qui moult ostoit sages et créus, qui 



(i) Looii TI, dit k Gros 9 se en 1078, roi de France 
en 1 108 9 et mort ea 1 l'bj, 

(a> Lonis Vl eut sept cofaQts, Philippe qai mourut jeune; 
Loiiî« qui régna souk le nom de Louis-U-Jeune; Hugues» mort 
jeune; Robert, celui doot il est question ici et qui en effet 
fut le chef de la maison de Dreux, n'était que le quatrième.' 



•CHAP. I. O 

"clist: c SigDOur^ si vous m'en créez vous ferés 
roi de Loeys qui est sages et scienteus : et vous 
véez bien que Robîers ne scet nient; et se vous 
^en falotes roi» 11 règnes en pora bien empirler, 
€t entre nous naistre grant discorde; car il est 
^rant niestiers à nous et au peule qu*il ait roi 
•en France qui gouverne le roiaume; et vous 
savez bien comment il est -de monsigneur Ro- 
biert : et Dlex le scet que je ne le dise pour 
bien non ; et autant m'est 11 aînsnés come li 
mainsnés : si , en faîtes çou que Dlex vous en- 
seignera pour le mîus. *— 

»Par foi, dîent 11 baron et 11 per, il nous 
samble que vous dîtes voir, et nous en avés 
monstre boine raison » . Eusi s*acorderènt tout 
au mainsnë : et fu sacrés à Raîns à roi et enoins 
de la sainte ampoule» que Dîex envoya des dus 
en tèrcyà St«Remy(i}.E.t de mQn signeur Robiert 
fisent il conte de Drelix, qui bien s'en' tint atant 
apaiéS) car il ne sa voit qui ce montoit. Et de ce 
Robiert issirent U Robiertois> qui dtent encore 



(i) Lodifl VII fit dresser et enregistrer ^ h U cour dei 
Comptes de Paris , le formulaire des cérémonies à ob- 
server au sacre des Rois , et régler par une charte , qu'à 
Tavenir les rois de France seraient toujours sacrés à Reims 
par rarchcTêque de cette ville, 

1. 



4 LA^ CnAOHIQVB DE KAI58. 

que on lor fait tort'dou roiaumey pour çou que 
ciu8 estoît ainsnés (i). 

Or revénrons à noslre matère. Li baron s'ac- 
cordèrent que li roû fust mariés, et ii donnèrent 
la duc'oise Elienor qui fu maie feme et estoit 
ducoise de Normandie et tenoit Poitou , Ange, 
Limoge et Touraine et bien quatre 'cens d'autre 
terre que li rois ne tenott. Et avint qu'il li prist 
talent d'aler outre mer et Volenliers mesist con«- 
sels de délivrer la sainte tière des mains al Sa- 
rasins et se croisa et esment grant^gent avoec 
lui (2). Et atournèrent lor menée et montèrent 



(1) Selon les hlstorieni lei plus accrédités i Loais-le-Gros 
ayant perda son fils aîné Philippe, qui mourut des suites 
d'une chute de cheval , s'associa dès lors son second fils » 
qui prit le nom de Louis-le-Jeune. La cérémonie du sacre 
eut lieu à Reims, en ii3i, avec une magnificence exr 
traofdinaire. Le pape Innocent II, réfugié en France, était 
alors en cette ville, et y présidait nn concile national où 
se trouvaient réunis 17 archevêques, 267 évéques, et nn 
grand nombre d'illustres abbés, parmi lesquels figurait 
St-Bernard. 

On ne peut considérer le récit de notre chronique que 
comme une fable accréditée dans le peuple par les parti- 
sans de la maison de Dreux, qui avaient à légitimer leur 
révolte contre la couronne de France. 

(2) Leuls YII ,'puur se venger de Thibaut, comte de 
Champagne, avait réduit en cendres la ville de Vitry : c'est 



CBAP. I. «. 5 

sur mer à uac* S. Jehan et oagièrent. par nier et 
i furent un mplfi Qt.arrivèrçot à Sur : car plus de 
terre pe teqojent adont cbrestien en la terre de 
Surie. £t furent . là tout Tixer après, et i séjour- 
noit. U roU et n'i fajsoit fors le sijen despendre. 
Quant Salhédin vit.et.pierçut sa molëche et sa 
oichëtéy.si U inanda par plusieurs fois bataille. 
Hais li rois ne s'en vot onkes meller. Et quant 
la roine Elienor vit la défaute que li rois avoit en 
lui, et elle oî parler de la bonté et dpu sens et de 
la prouèche Salhédin sili manda salus^ par un 
drughemant , et bien sceust que s'il pooit tant 
faire qu'il l'en peust mener j çQe le prendroit à 
fiigneuret relinquiroit sa loy. 
• QuantSalehedin l'entendit par la lettre que li 
drughemaDs 11 ot baiUie» si en fq moult Ijés. Car 
il savoit bien^que<î'4^oiÇ la^plas.genJius. feme de 
la chreàBtienté et la plus riche. Si fist apprester 
une galie et mouvoir d*£$calf^n ob il estoit étaler 
h Sur atout le drughemant; et i. arrivèrent entore 
la myenuit. £t li drughemant monta à mont par* 
une &usse poterne, et vint en la cambre la roine 
qui l'atendoit. Quant eile le vit .si dist : c Quels 

pour expier ce crime» que ce prince, à la solIicUatloo de 
l^t-Bernard , prit Ja cruiz , et s'embarqua en 1 147 » laissant 
le royaume aux soins de l'abbé Sugeret de Raoul, comte 
de Vermandois. 



6 tA CHRONIQUB 1)E BAIFÏ9. 

nouviéles? — Dame, disl-il, veschi la galiè qoT' 
vous atend au rivage : or don , hastés que vous 
ne soyés' pierchute. Par foi, distlaroine, c'est 
bien faict ». Atant prist .11. damoisielle atout 
.11. coffres bien garnis d'br et d'argent, et les en' 
voloit faire porter en la galie, quant une des da-» 
moisieles issi de la cambre au plus coiement 
quelle pot, et vint au lit le roi qui dormoit et 
Tenvella et li dist: «Sire malement est: madame 
s'en voet alër en Escalonie avec Salehedtn et la- 
galie est au port, si Tatentr». ^ 

Quand li rois Toi , si sali sus et se vestit et 
atourna et fist sa mainsnie armer et s'en alla au 
port et trova la roine qui jà estoit d'un piet en la 
galie: et 1^ prist par la main et la ramena arrière 
en sa cambre : et la maisnie le roi retint la galie- 
et ceaux qui estoient dedans : car il furent si 
sQuspris qu'il n'brent pooir d'eaux defi'endre. 

Et li rois ce manda à la roine pour quoi elle 
voloit en fuire. c En nom Dieu, dist la roine^ 
ipour vostre mauvaisté, car vous ne valés pas 
une prune pourie; et j'ai tant oi dire de bien de 
Sulchedîn que l'aime miensMjue vous: et sacîez 
bien , de voir, que de moi tenir ne )Orés non jà.» 

A tant la laissa li Rois et la fît très bien garder : 
et ot conselea qu'il revenroit en France: car 
si denier li alolent falant, il naquéroit L^ se; 



CHap. I. 7 

honte non. Si remonta sour mer, atout la roine, 
et s'en revint en France : et prist conseles à tous 
les barons qu'il feroit de la roine ? et lor conta 
Moment elle atoit ouvré* c Par foi,dient li baron^ 
It miudres consaus que nous vous en sacions 
douner, c'est que vous la laissiez ^ car c'est uns 
diables, et se vous le tenés longement, nous 
oreinons quelle ne vous face mourdrir , et en 
sour que tout, vous navés nul enfant de li*. 

 cel consel se tinst li rois, si fist que fols : 
miu li venist l'avoir enmurée : si li demourast la 
seus tière, sa vie: et ne feussent pas avenu li ntai 
qui en avinrent , si corne vous orés conter )ha 
en avant. Ensi envoia 11 rois (l) la rolne Elienoc 

(i) Aprèi ce a vint que, ne sat qoe gens don lignage le 
roi, vindreot à li, et li firent entendant, si corne voira estolt 
que il avoit iignache entre li et la roine Aliéner , et que 
prest etoiènt dou prover par ialpement : et qaant li rois 
01 ce, si reapondi qoe contre Dieu et contre Ste Eglise 
ne la voloit-it pas. tenir à lune : et par cette chose en- 
qoerre, fist li rois asembler au chastel de Bangenci, le mardi 
devant Fasqnes florie» , Buon l'arcevesque de Seans, et fu 
en celle aseniblée Santu li arcevesqiie de Rains, Huei> cil 
de Rouan et cil de Bordiaas et plnsor de lor evesqnes et 
des barons de France grant partie. Lors se traidrent avant 
cil qui le Iignache dévoient prover, et firent le saxrement li 
coQsins et li parent et dirent par lor sairemens que li rois 
et la roine estoient bien prochain parent , et ensi ftifeo^ 



/ -■■ 



8 LÀ CUOSIQUE DB liniS. 

en sa lare. Et elle nanda ■uioleiiauit le rojr 
Henry d'En^etetrey (eeloy qui fiit oociie S. 
ThaiDas de Cantorbie), et il i Tint Tnicnliefs el 
responsa (i) el fisthomage aa roi de la tare que 
il prendoit, qui moall estoil çnnde el liehe : El 
enmeoa la roine en En^elcne et la tint tant 
qall en ol .m. fins, doni It ainsné» ol B«na 
Henri» «a eoÊarimmntiêi,qaî In preodo^^ et boina 
cheYaliers^ mais poi Yesqni. Li antres éL non Ri- 
ehârs , qui lia prens et bardis larges el chevale- 
tens : et 11 tiers ol non Jelun qoi la manYaisel 
mescréans el mai ciéans en Dien. 

Chi TOUS lairoBS on poi ester doo roi Henri el 
de ses en£ins.Si yods dirons dou roi JU>ejB qui fa 
sans ieme. Si baron li disent que Henris, li Qaens 
de Cbampagne, qui mooU estait larges^ aYoit une 



^escoré li ouf de Taotic. ( Crmtulm Cknmî^tu» éê FrÊOue 
H, XII, p. 203). 

(1) Henri o 'était alon que comte d'Anjon et dac de 
Kormandie , depuis roi d'Angietem , tons le nom de 
Henri II ; il devint par ce mariage duc de Normandie efc 
d'Aquitaine 9 comte d'Anjou, de Poitou , de Toaraine et 
do Maine* Le meurtre de Thomas, archevêque de Ganlor- 
béry, n'eut lieu que quelques années après ce mariage, en 
1170. — Robert, comte de Dieux, frère du roi, fonda soos- 
finvocation de S. Thomas de Cantorbéry, on collège que 
dep'tiU prit le nom de S.-Thomas- do -Louvre. 



CJIAP- I. Ç| 

fiUe bîète et gente^ qui avoit noo AéiiSy et estoit 
suer germaine rarchevesqiie GutUauine-^/anc«-< 
main, qui tant -valu à son tans qu^il r^tabU 
esohvinnage i. Ratns. et fisi moult de bleus ( i ). 

f Sire» dieut 1% baron , nous vous iooos que 
vous le prendés^à feme, car nousnevéons oh 
TOUS pusiés mlus £àire» > Li rois les en crut et 
manda au cotote.Benri qu'il li envoiast sa fille el 
il la prèiider0U àieane* Li Quens 11 envoia vo^ 
lentier»el li rois Fesponsa (a). Et tant fièrent en- 

(i) GuUlaumA .de Champagne pu ds BloU , dit aux blanchti 
fnainiy Tun des archeyêqoes dont Reims ait surtout cou- 
serve la mémoire en vénératioa. 11 était fils de Thibaud II, 
comte de Champagne, et beaa-Trère de Louis VII, qae 
notre cfaroDÎquear sorBomme Poe-Dieu, le pieux. Il fut éla 
archevêque de Reims en 1176. Entre- ' Autres hâenfaîts 
4ottt cette' ville lui est redevable, il fiiut compter la do- 
nation du quartier de la Couture, rétablissement en cet 
endroit, de \» foire de Paquet , l'abandon de nombreur ter- 
vains pour l'agrandissement delà cité, le rétablissement 
de i'écheyiaage, dont jka charte se conservis précieusement 
au caftulaire de la ville» £n 1190, durant la cvuisade do 
Iphitippe-Auguste, Giûllaiiipe fut déclaré Régent de France*, 
et parvint, en cette qualité, à réunir TÂrtois à la couronne. 
•r-U^mounit à Laon^'le i5 septembre lao-a, âgé de 6& 
ans. — Son corps fat rapporté à Reims, etipbwadé devant 
ke-maltre*^utel de la cathédrale., sous une tombe de pierre» 
%ui depuis long-temps a disparu* 
ia) Louis Vil, aprèa^ avoir répudié ËUooore, épous» 



tO LA CDBOyiQUB DB BAI5S. 

•amble qu*il en ol un fijg et une fiUe. Li dus fa 
apieléf en baptême^ Phelippes, qui moult valut et 
la damobièle» Agniès. Et lant erut li fius et 
amenda, qui fu en leage de .xvii. ans , li rois ses 
pères vit lenfant sage et preu ; et véoft que il 
estolt pesant et vius et fist par conselgs que ses 
Itos fn coronés à Rains : et fist atoorner çou que 
il eonvenoit à couronement de rois : et fu co* 
fonés à Rains le jour de Toussaint, en Tan del 
f neamatiott de Notre Seigneur ■• c. et iv"* par 
la main Tarchevesque Guillaume -^/onre-maiii 
qui ses oncles estoit. Et à son disner , le siervi 
li rois Henri d^Engleterre à gênons , et tailla de- 
vant lui. Si avint un poî apriès, que li rois Loeys 
ses pères, qn*on apieloit Poe- Dieu, se coucha au 
lit mortel, et le convint partir de cest siècle 9 et 
moru et fu enfouis ricement à Saint- Denis, iouxte 
son père Loeys le Justickr (1). Et li rois Felippes 

CM«teaee« SUe d'Alphoofe TIII, roi de Gaitille, dont il 
m'ttH ftêê d'eabotf, et qni mounï en 1160. II eut d'Alix 
d# Cb^mpigoe, m 3« femme, tix iîUef et on tcni fili , 

(f) Voieieii qaeb termef , Rigord, danf ta F7e de Phi- 
U^pê'4uguiUn ptrle do Mcre de oe prince: 

• §tiperreoiente astem omoinm Mnctoram festivitate 
Ffcflîpfm* Augaftnf , cont oeatU archiepiscopif , episcopis , 
#t omoibfM terr» lu» baronibua A WHlelmo reverendo B«- 



camencha terre à tenir à tousjours de mîus en 
mîus. Et il li estoît boio mestiers , car il n^avoit 
pas plus de quarante mil livrées de terre. 

mensium archiepîscopo , titoli Saoctae Sabioas presbytero 
qardioaii, apostolic» sedis legato, ipsiusqne legif aTiincaI(s 
coronatus est Remis , adstante Henrico rege Angliae , et ex 
una parte corôuam super caput régis Franciae ex débita 
subjcctiooe humiliter portante , caoo omnibus archiepisco- 
pis, epîscopîs» csterisque regni pvincîpibnf et nniversa 
clero et populo clamantibns : Vivat Rex ! Vivat Rez ! cujus . 
aetas fuerat annornm quatuordecim in festivitale Timothei 
et Symphoriani praeterita » et tune cœperat volvi annus de- 
cimus quintus: ita quod in anno quinto decimo suae aetatia 
in regcm est inunctus, in festo scilicet omnium Sanctorum^ 
adbuc vivente pâtre christianissimo rege Lodo^ico 9 tameo 
adversâ asgritudine nimis gra^ato , videlicet paralysi qo» ei 
gressum prorsus negaverat »• 

(RigorduSf de gestii Philip pi ÂugmiiFrancorum rex)». 




ISI Li CnBO?IIQUE DE RAlIfS» 




CHAPITRE IL 

Cmrat to èbr^rite mtut entre le toi ire iFronct et le rot 

ï*3lnjleterre* 

ft'Viras Cirons dn roi Henri «tt eowrt man- 
itéi (i), le ahisné fils au roi Henri d*En. 
gletiere qui oî dire que U rois Phdippes 
a¥oit une sereur bîèle et gente; et requis t à son 
pfbre qu^il mandast au roi Felippe qull U envoiast 
m scj;euvpour lui,et il la prendroit 4fope^et seroit 
voinedi^Soi^eterreySi ellesourvivoit le BM^sonrpère. 
LîRois respondi que sîferoit-il volentiers et i eu* 
toîa ses gens et .x* chevaliers preudomes et sages, 
qui passèrent mer et trovèrent le roi Phelippe à 
lloollean (a) et le saluèrent de par k roi Henri 

(i) Le sornoni de au^^aurt^mantiel lai fnt donné , suivant 
use chronique françaièe manutcrite > parce qu'à la cour 
d'Angleterre il avait réfprmé Tusage des habits longs, et 
qu'à la mode de France!, -il portait et faisait porter à ses oî- 
licicrs un manteau qui ne venait qu'à mi-jam bes, an lieu de 
manteau k l'anglaise qui descendait jusqu'aux talons. ( Jrl 
de vérifier tet </a(e« , 1. 1 , p. 807 )• 

(»] MonUéansy village de Champagne , non loin de Gbâ- 



GQA1>« II. l3 

«l li baillèrent la leltTCi Et li Rois le fist lire el vit 
que li roi» B^DniH^inaBdoit, etditaB iQesaagef 
que il li eoToieroit vôletotièrs: et là. fiât a tourner 
richemexii'COtoinKd fiUbde roi et 11 eat^a asséfl or 
et argent ; et grantfdîéôn declievalîers et de pur 
ciëles prendênt coagiet au Roi et passèrent, mer 
et viorent à Londres et trouvèrent le roi Hent| 
qui a mervellës fist^grant fletste delà .-damoÎAieUe. 
Mais fleaf<s,'>8és*fil9«tt €ourtnuuUiâl^ plesioit mi^ 
adont en Englpterre^ ains estoit en .E^cociK^ Q& 
Il a voit une grant besoii%ne à faire* En dem«n«> 
tiers j H desloiâuB rois'Henns ala tant entour la. 
damoisiele qirïl futoavnèlemenl.à li : et qt|(iot 
Henris , ses fins aa iâort mantiel, fo reveixus et il 
«ot^lâ vérité de ceste aTeoue^ si en fa si durement 
coureciés'-qu-il en 'clieiJauf lit de la mort et n^orif» 
El la damoisièle fu renvoijé decha mer et arriva 
en Pontîu: et là, convri sa grant pieché, et ne so- 
soît demonstrer au roi Felippe son frère, por son 
méfait (i). 

teau-Thierry. Qiwlqaef personnes irenéea dans IlM<»toif« 
littéraire de la FraocedarmojrefKÂge* peMeot qae if^ml- 
(éans signifie ici Lmnt^ . 

(i) L'arekitare d'Aliz', fiUe de Louis-le-Jeiipe » est autre* 
ment raconlée par les historiens da tempe. Ce n'est point» 
suivant eui, à Htmfy^uueomrt.maniiei» mais à son frère 
Rictiard qu'elle avait été promise. La passion de flenrf 



l4 l'A G&B05lQini INi BAIlfg. 

Adont avilit que li qaens de Pontiu fu morê 
et ot . 1 . fils^ bîel baceler qui clers estoit, à oui la 
terre de Pontiu eschei: et ol parier de celle dame 
qui repairoit en sa tere» et ûst tant qu'il parla à li 
et 8*i acointa. Tant qu'il li dîst qu'il la prenderoit 
volentiers à feme s'elle valoit^ et li rois ses frères 
s'i accordoit. 

Atant demeurèrent les paroles» et 11 Quens n'ou- 
blia pas la poire an feu. Ains vint au roi Felippe 
et H dist: t Sire sil vous plaisoit \e prenderoie vo- 
lentiers vostre sereur à femme et seroît comtesse 
de Pontiu * .Quant li roi Tentendi si pensa un poi 
et dist : a Par la lance S.Jacques {e voel bien que 
vous la prendés » . Li Quens prist congier atant et 
bien se tint apaijet de la response le Roi, et vint 
à la dame et l'espousa. £t f u boine dame et sage et 



Plantagonet pour cette princesse est conone. Qaoiqne fîao- 
cée à SUD fils, poar qui il l'avait fait venir en Angleterre, il 
la garda, tant qu'il vécut, enfermée dans son - palais et 
sans jamais vouloir la donner à Richard ni la renvoyer en 
France. Cependant le {eune Henry dont il est question dans 
notre chronique , s'était réellement révolté contre son père; 
suivant les historiens anglais, il se pcéparait.à lui déclare^ 
la guerre , lorsqu'une maladie l'ayant surpris au château 
de Martel en Querci, l'enleva le ii juin ti83, à l'Age de 
vinj^hoit ans. Richard , son frère , loi succéda dans son 
droit d'ainesse. 



moult scandèrent entre li et le comte* Et orent 
une fiile blèle et avenant qui fu mariée au cont« 
Simon, qui fu frères giermains au comte de Bou- 
loîgne et en ot .111. filles dont li une fu roîne 
d'Ëspaigne et l'autre contesse de Gales et 11 tierce 
contesse de Roussi. 

Chi yous lairons ester dou conte de Pontiu et 
dé la contesse. Si revenrons au roi Felippe qui 
estoit en Teage de .xx. ans, et n*ot pas oublié le 
très grant honte que li rois Henris li avoit fait de 
sa serour. Il estoit un |our à Biauvaîs et li rois 
Henris estoit à Gerberoi, une abbeye de moines 
noirs à .111 1. liues de Biauvais. Quant li rois 
Felîppes le sot, si en fu merveilles liés : car il se 
pensa qu'il se vengeroit de la honte, se il pooit; el 
fist souper ses chevaliers et sa gent de haute cure 
et donner avaine as chevaux. Etquant il fu à vies- 
pré, si fist sa gent armer, ne onLes ne lor dist 
que il avoit empensé à faire« Et chevaucièrent 
tant que il vinrent àGerberoi, où li rois Henris 
estoit sauves. Et ançois que li Rois fust coiiciés, 
Cfitrèrent-il en la sale où li rois JEIenris estoit 
acousté sourune coûte. Quant li rois Felippe le 
vist, si traist Tespéeetli courut8Usapièrtement,et 
lequida férir parmi la teste, quant uns chevaliers 
sali entre euxdeulxetli destourna son cop à férir. 
Et li rois Henris sali sus, tous espierdus, et s'eufui 



■ 

|6 LA CHROWlQÇB DE BAINS. 

en une cambre, 6t fubiMiH'buisTremés. Et quant 
tîroî* Fdippe vît quil ot< perdu Bènoop, sien fu 
moult dolens et s^en revînt a Bkiuvais, t^aril n'av 
Toit mie là boin demoren QAânt* lî. relis Henrié 
sot que ce avoit esté H rois Pbelippies qui peine 
le voloît, si dist : tFi! Or ai-je trop vèscu quant 
'li g;archbn8 dé France, fibs au mauvais roi, m^st 
venu coure sus. > Adonc sali 11 rois -m pîës et priët 
tm frain et s*en ala as canobtes courtoises ; tdus 
désespérés et plains de* s'aneui;, et s'dslranla âeé 
riesnes doù frain. "Quant sa^malsnie vit-que 11 
rois n'estoît inîe entt^aus, ^i lequirèretit partout 
et tant qu^H le trouvèrent estramglé et les riesnes 
cntour lé col, si enfureAt'à ttiervelto èsixalii. Et 
lors le prisent et levèrent «t le misent en. son lit 
et fîsent entendant au penle qu'il estoit mors 
soudalkienienti Mais tl'avient 'pas ^souvent ^uo 
tèic aventure aviegne 'de tel Uome qu'on ne le 
sache ; car celé çou que mdinmiê set, n'est souvent 
mie (r). 

(i) l'ont ce réeit n'eèt otiIleaieDt d'aecord avec Tbis- 
to'ifb connue , mais il o^c^ est.pat- moÎQS onriçux : il peint 
la naïve cr^dolit^ de l'auteur et l'empressement dq peuple 
à accueillir les. bruits les plus absurdes. 

lUgord, que nous avons cité plus haut, raconte ainsi 
la mort du roi d'Angleterre : 

« Dans l'Octave des apôtres saint Pierre et saint Paul , 



i 



<:hap. h» 17 

Li cors le roi fU embaumés et fu portés à 
Roem en Normandie: etfu ensevelis en la mère- 
«église. Atant vous lairai à parler dou roi Henry 
et dirai don roi Ricbart 5 son fils, qoiyint à terre 
et fu preus et hardi, courtois et larges et avenant 
chevalier ; et yenoit tournoijer es marches de 
France et de Poîto, -et se maintint une grani pie^ 
cïie, ensi que tous li mons disoit bien de lui. 

Henri , roi d'Angleterre > nroomt à CfainoB (6 jnillet 1189)^ 
Il avait assez henreasement rénssi dans toutes tes «atre- 
prises , josqn'aa règne de Philippe , roi des Francis « que 
té Seigneor loi arait imposé eonuse -on aaors , pour domp- 
ter sa bonebe rebelle « en panitioa du menrtve de aaio-t 
Thomas de Gantorbéry, martyr ; car Dien vouiait par une 
4elle vengeance lai oavrir Jes yenx de l'esprit ^ et le rame- 
ner dans le sein de l'Eglise, notre mère. Il fut enseveli à 
Fonte vraait, dans une abbaye de nonnes. Richard, son fils, 
xomte de Poitiers , lui succéda • • ( Trad» dt M* Guizôi ). 




2 



l8 LA CflAONIQUB DB BAINS. 



aaatÊBmstssÊBtaamKsaÊBssBÈsssaèi 



CfiAPITRE III. 



Cmmt It roi 0ui replia m la tSrt it Bmt. 






'Hi VOUS lairpDS ester dou roi Richard et 
[dirons dou roi Amauri deJhérusalem^qui 
[fa mors en cel tempoire, sans oir : et es- 
ohei li roausmesà une siène sereur qui estoit en 
la tière de Surie et estoit mariée à moosîgn. Guion 
deLustnan^ qui moult estoit preudome : mais il 
n*estoit mfe de si haut parage que il afférîst à roi. 
Cil Guia dont je parle fu rois de par sa feme , à eut 
li roiaumes de Jhérusalem estoit esLeus, et régna 
une pièche corne preudom* que il estoit, et la roine 
boine dame. Et a vint que li Baron de la tere , c'est 
à savoir, li marcis de Mon ferras, li quens de Tri- 
pôle, li sires de Baru et li sires de Sajette orent 
grant envie sour le roi Guion, et pourcacièrent 
au patriarche de Jhérusalem qu'il ostast li roiaume 
fors de sa main : car il n'estoit pas dignes d'iestre 
rois. Et ne disoient-ils mie por bien , mais por 
çou que par envie cescun d'aus voloit iestre rois 
de Jhémsalem. Li patriarche s'i assentiet vint à la 



Tolne et dist : t Dame il voua convient laissier 
votre siçneur, car il n'est mie assés gentius hom 
pour tenir le roiaumè de Jhérusalem» . 

Quant la roine entendi le patriarche si s*esmer- 
vella mou)t*etdist :«Sire comentavenraçou que 
jelairaimon signeur quêtai loiaumentespouséet 
qui preudom est? — Dame 9 dit-il, vous ne pas 
bien faire. Car se vous ne le laissiez, li roîaumes 
en pora bien iestre pierdus et cheoir en mains de 
Sarrasins. Et veschi Salehedin qui moult est sages 
et poissant , et n'atent autr* cose que le descort 
à vos barons et à vous. — Par foi, dist la roine 
vous avés la cure de m'ame,et iestes au liu del apos- 
tôle par decha le mer. Or m'en loés si que je ne 
mesprenge ne à Dieu ne à mon signeur. — Dame, 
dist li patriarches, vos dites bien et nous verons 
en quel manière nous le porons mius faire, et 
qui miudres vous sera >. Lors fu atournet par 
leconselgdes barons que la roine seroit a .1. jour 
devans Teglise Sain te-Croîs qui est evesLies d Acre, 
et tenroit la corone roial en sa main : et tout li 
baron seroîent entour li et cil en cui cief elle as« 
seroit la corone seroit rois. — Ensi avint que li 
jors fa assis , et tout li baron dou roiaume furent 
entour li avirounant: et la Roine estant emi aus 
tous, lesesgarda et dist :t Sire patriarche, et 
vous tout 8ignor Baron , vous avez esgardé que 

2. 



se 14 CHAOHIQUE 1>B UlirS. 

ceus en qni cief {e metoai la corone tera rois?» — 
Il respoodirent toat que c*estoit vérités. » Or voel-fe 
4ont que vous toat le juriés sotir le cors prieieus 
notre sigoeori £tvoiis,8irepatrîardie, jurés, dist la 
•roine,que voas oe me contredirez jamais d'aatiT 
sfgoor prendrez — Li Patriarche et tout li baron 
li jurèrent ensi qne elle lor avoit devisé. £t la 

m 

reine se sina de sa main diesHre et se oonunanda 
à Dieu et s*en ala tout droit oh die vit son sigoor 
le roi GuioD , et li assist la corone es cief, et li 
dist. « Sire je ne voi, chi entonr, home plus preu*- 
>dome ne plus loial de vous, ne qui mius doive 
9 iestre rois de Jbérusalem^ et je yous otroi et donc 
>la corone et le roiaume et moi et m^amour (i J.» 

(i) Cette histoire de Sibylle et de 6ay de Lasignan est 
rapportée à pen prêt dan* ie« même* termes par BenuU^ 
ablié de P«terbofoug|i* Il la faU piéeéd^r de ^uelquies par- 
fîenlairitéf carieiuief tar les amours <)e ces deux persoo- 
liages. Voici son récit i • Guy de LysigoAu était de belle fi- 
gures ii avait delà bravoure*.. La sœur du roi. Sibylle, com< 
tesse do Jaffa ayant remarqué la beauté de Guy voulut eu 
faire son mari ; mais n'osant point aroucr son désir an roi 
son frère , elle se livra secrètement à son «mour pour Guy» 
et celui-oi coucha avec elle ( ipts dûrmiiavU çum Ulâ )* Le 
rot l'ayant su* voulut faire lapider Guy de Lusignan; mais 
après beaucoup de menaces et de rigueurs, à la prière et 
d'après le conseil des templiers, il fit grâce de la vie à Tun 
et k l'autre ( utrigue vUam donavU ); à la fin , comme il 



CBAP. IT. 21 

■'kTait point de plos proche hérilier qu'elle» il lui permit 
de prendre Guy pour mari. ... Le roi de Jérusalem étant- 
mort » les templiers, les hospitaliers, les comtes, les ba- 
rons , le clergé et le people choisirent pour reine Sibylle, 
mais ils y mirent poar éoBditiofe qa'eiUi ferait divorce avec 
Guy de Lnsignan. — Tons rendaient justice à la bravoure 
dil eOmte » dmiîs ils ne le tronvaient pas d*one noblesse assei 
illustre pour être l'époux de la fille des i;ots. La comtesse se 
voyant obligée d'adopter cette condition , déclara .qu'elle 
consentait au divorce, mais à la condhton qu'elle prendrait 
ensuite le mari qu'elle veodralt. Les cboses étant ainsi con* 
venues^ et les paroles doméeey Sibylle it fit conduire 
au lemple* et reçut le diad6m« des mains du patriarche. 
Pendant cette cérémonie , tout le monde priait à genoux 
pour que le choix de la reine tombât sur un prince qui put 
défendre le royaume. A;lort la reine invoquant TCsprif- 
Saint, dit à hante roix : «Moi Sibylle» je choisis pour roi 
et pour Éianrt G«y de Lasignao, qui fiit fusqu'ict moi» 
épom: Je le ré^^onnaiaoômine uft homme plein de loyaaté, 
plein de toutes sortes de mérites et capable de bien gou- 
verner le royaume avec l'aide de Dieu. Je sais d'ailleurs 
que lui vivant, {e ne peux pas selon Dieu en ptcndre on 
autre; car l'écriture a dit : ce que Dieu a uni, l'homme ne 
peut le séparer. » f^siis<ffef< PMrêburgmiU jibàatisy Viiati 
g0êtû tlewieiU AngUnBrêgUé^-^OxemUi, ijoS. a vol. iu-S*).. 




sf Là cnoHiQVB n Ainiâ. 



■BSB 




CBAPiiBB nr. 

tVASK li Patriarches et tout ti baron qui 
[là estoient présent virent çon que la roine 
^ot lait, si s'esmvellîërent moult : car ces- 
Clins d'ans qnidoit ayoir la corone. Atant se par- 
firent d'avec , et s'en alèrent tont et porpensèrent 
une mortel traîson : et nuindèrent Salehedin , le 

> m 

TOi^ que il vinst à ans en un lin ou illemandèrenty 
et ce seroit ses pourfis. Et il i vint et lor dist : 
fBiel signenr^yons m'avez chi mandé , dites-moi 
que il vous plaist 7 — Sire , respondi li Quens de 
Tripole, nous le vous dirons. Tous savez bien 
que li rois Amauris est mors, et li roiaumes est 
eskens à sa serour et à son mari qui n'est mie 
ceus qui doive tel roiaume maintenir. Et la 
Roine ne voet croire le conselgnostre Patriarche. 
Et se vous nous voliés donner dou vostre , noua 
vous renderiensmes la tère , carie Rois est niches 
et mauvais, et n'a point de partir, se de par non» 
Bon.t 
Quant Salehedin entendit ces paroles si en fa 



. amerTelleliés, et dût: -- « Biel sigoeur^ se j'estoie 
asseurés de vos, >e vous donroie de mon trésor tant 
que vous n'en oseriés mi tant prendre.— rSire, dist 
li quens de Tripole, voisés qu'elle seur té vous 
volés que no\is vous çn fâchions^ et nous soupies 
prest del faire.'^Par Mahom, mon Dieu,. dist 
^alehedin, vous dites bien. Tous le m'afiéres tout 
sour vostre loi,et ferez plus^carnous nous sainero9S 
tout eosamble et buvera li uns del sant à Tautf, 
en fourme de loîauté, et que nous soions tout 
un. > £nsî come Salehedin le devisa, ensi f u faist, 
et furent sainnét easamble el burent dou sanc li 
uns del autres (1): et prisent un jour entr*aus que 
Salehedin venroit devant Acre à toute s'ost, et ne 
monsteroitmie tonte sa gent et feroit requerreau 
roi Guion bataille , et li présenteroient à aidier 
loiaument et quant ils seroient tout apresté de 
combattre , si lairoient lor bauières chéoir et se 
tenroient coi ; adont poroit assez faire sa volenté 
dou roi et de sa gent. 

A tant fu fines H parlemens de cette traîson ; 
Salehedin s'en alla en son pais et li traitour s'en alë« 
rent en lorterre.Et Salehedin se monst ses os celeé- 

(i) M. Michand regarde ce serment sur le saog eomme 
iùTraiseinliIable. U nous semble au contraire tout-à-fkU 
dans les mœurs de l'époque. Les poètea et les romaDcier» 
4u moyea>&ge en rendent plusieurs .témoignages. 



24 l^A CHBOKflQIVB BË hHVUS. 

ment et ▼fnl au port à acre. Qttaat Li rois Gais ter 
êoîf sifci amésaisedectier et fist eacrire les lettres' 
et les eiiYOf a à tous ses barons et tous sev hçmes 
^f armes poroient porter et assamblatantdegenl^ 
corne il put avoir, ef ne fo feu émmi Tbst que 
Saiehedin avoit assamblée de .11. pats. Quant VL 
Baron de la tère de SurierfurentassamMé dehors' 
Acre^li Rois vint â eaus et lemr dist. t Bid signor fe 
TOUS viens requerre pour Dieu et pour çom que vous 
le devez &fré que vous mêler conselgattroiaume 
de Jhérusalem bien et loiaument k deffendre et 
à maintenir; car veschi Salebedin qui est chi^ 
prièffavoec moult granigent, et rené sut que un^ 
seul l^om, et rostre siresui, quel que je soie; et vous 
iestestootmi homeetmrleialile, si ai moult grant 
iîance en vous et bien voel que vous sacier^ queie 
Toel dou tout croire vostre conselgs. o^Adonc res« 
pondîli qpens de Tripolei qui toute ceste traîson^ 
avoH; pourpensé: «Sire vous dites que sages>et nous 
sommes tout apparellîet de deffendre le roiaumO' 
et vous et nou« et nos honneurs et tant en« 
ferons que Dieu et H siècles ne nous en sara que 
demander. » — Quant li Rois oiensi parler le conte 
dcTrlpolCiSi enfuà mervelleliéset r'àla à ses ten- 
tes et fist appareUier sagent au mius que il pot. Et 
venoient souvent à son tref li traiter, et li mons« 
troient trop grant samblaat d'amor et U disoient:: 



CH4P* l^' tS 

«-«Stre ne vomeffréeZ) cat se eil de làestotent 
tïoi tan» que il ne sont ^ si en n'aurroient-il pooir 
il OOU9.1 Lf T<À9 s'asfleara moult ea lor parole et 
atendi tant que Salefaedîû aprocha Aère apriè»' 
VI lî. Hues et macda an Roi bataille. Etiiftoi» 
dist que il ê'en conselleroit : et maDda le coato^ 
de Tripole, le mareis de MoDtferraa, le sîgnor do 
Baru, le sfgiior de Seiete et lebaua DiEsealoacet 
lesautrés baron» et lor dist : «Signeur ^ aaeîee qw 
Salehedîa m'a mandé bataille an |onr delà S^-ie« 
iran-décoUasse. Si me voel eonsellxer à tous qno 
nous en ferons , car }o ne voel riens fait e, se par 
tono non. j^onr Dieo, si conselKés moi et vons^e» 
boine Ibi^ ear autant tient il à vous com à moi^ 
et j'ai moult grant fianche en vous.» — Lors re&« 
j^adi II quens de Trîpole, qui estoit li plus grant 
Sires d^aus tous et H plus biaus parifîers. « Sire^ 
dist il, je loe que vous li oiroîjés bataille et je 
ne doute, ne tant ne quant, que nous n'aions la 
victoire; car nous avon» droit et il ont tort. El 
si avoufrDîenennostre ayde et il ne Tont pas.» -^ 
Quant li quens de Tripole ot ensi parlé , si res^ 
pondirent Itaut^traitour et disent ;t Sire li quens 
de Tripole vous done boin conselg. et nous von» 
aiderons tous. — Par foi , dist li Rois, puisque voa» 
vous à accordés tant, fe ne me discorde mîe.« 
Lors £n mandé li messages que Salebedin î avoil 



j|6 LA CnOllIQOB M BAlVf. 

enroljéfl— si lor fa dit et affremé que il avc^roieat 
bataille an foar que il aYOÎent requis. A taat ae 
partirent li message 9 etviorent à Salehedin etli 
disent 9 de par le roi Gaion et de par ses baron 
qn*il averoit la bataille. Ontrement li tièrmee 
?int qae la bataille dostiestre (4 juillet. 1 187). JLçs 
os s*aprocièrent et joustèrent ensemble. Li arcier 
commencièrent à traire li uns ans autres et tant 
que moult en iot de bleciés et de navrés et 11 areier 
8alehedin reculèreot. Quant Selehedinvitçou^si 
fist sonner ses cors et ses buisioçs et escrier sa 
geot, et turc s'esmeuèrent et glatissent et se fe- 
rirent entre crestîens : et 11 rois et sa maisnie les 
recburent bien et vassaument, et i ot moult de 
sarrasins mors et abatus et navrés. 

Quant Salehedin vit que sa première escièle se 
desconfissoit , si en fu moult coureciés et manda 
son agait qu^ll avoit repus, et se férirent tout à 
un es os , et les avironërent de toutes parts. 
Quant 11 rois Guis se vit enclos, s*il ot paour ce 
ne fu mie mervelle et prlst cuer en lui et escrîa : 
c S\ Sépulchre !• et se feri entre sarrasins, et tant 
en ocist et abatî que tout cil qui le véoient lui 
doonoient pris et los. Adonc s-escria Salehedin 
et dist : « Quens de Tripole, quens de Tripole, 
tenez vostre sairment ». — Quant li quens 01 par- 
ler Salehedin, si fist baissier s'enseigne : £t tout li 



CHAPk If. .17 

antr* traitour aussi. Nonques puis ni ot .1. seul 
d'aus qui se meust (1). Et quant 11 Rois Guis 

(i) La trahison dn comte dé Tripoli est on fait sar lequel 
il j a quelques doutes : cependant plus d'un cbroniqueur 
confirme le récit de notre histoire , et le continuateur de 
Guillaume de Byr « dont M. Michaud donne quelques 
extraits,. semble être dn même avis, ■ Quand l'armée 
chrétienne fut arrivée » les sarraslni mouli Joyeuat te Uh 
glérent tout tntour de CoU dêt Chrutient , si prêt que tu 
Êtngs parlaient auto autres. Et s'il y eust un chat ^uî 
i'ênfuit de t'est aum thritiens, il ne peut mie échapper que lêê 
sarrasins ne le prissent* Les Chrétiens passèrent la nuit sooi 
les armes « et si eurent moult grant mesaise de soif. Pendant 
que l'armée attendait le combat, au milieu de la souffrance 
et du découragement , cinq chevaliers de la troupe da 
comte de Tripoli allèrent trouver Saladin et lui dirent s 
Sire , qu'attendez que vous ne poigne* sur euœ ; Us ne se peu^ 
vent mais aidier^ ils sont tous morts. Les piétons jetèrent 
leurs armes et se rendirent aux sarrasins 9 hs gueuUs baiéee 
pur dàtreue de soif • m 

•Le différend que Baymond cnt avec Guy de Lnsignan, 
dit le F. Anselme (t. 11 , p. 693), fût fatal aux chrétiens, 
car ayant traité avec Saladin , soadan d'Egypte, il favorisa 
jes conquêtes, fut cause de la perte de tonte la Palestine « 
après la sanglante bataille perdue le i5 juillet 1187, et la 
prise ^de Jérusalem , de sorte que devenu en horreur à ses 
sujets, voyant aussi que Saladin, bien éloigné de loi don- 
ner le royaume de Jérusalem , comme il loi avait promis 9 
▼oulait encore être le maître de sa principauté, il en con^ 
çnt tant de donlenr^ qu'il en perdit l'esprit et peu après la 
▼ie, par nne mort subite, en 1 187. » 



SA £A CHKOIIIQUB DS BAIITS» 

piercho ceste traison, si ot an coenr grant mr 
et dist : «Ha I biaoa Sire Diex, |e sois votre Sier-<^ 
vgans et mii en voatre besolgne 1 et par la cres-- 
»tienté à'Bonstenir^ Sire, aide moi^^i comtu sais 
vqne besoin m'est , car je sai bien que mi baron» 
»m*6nl trahi.» 

Atant se liért en Testoiir et menreHes faîsoît 
d^armes et il et sa partie. Mais ce ne li vain nient^ 
ear trop estoient sarrasins, et si baron li estoieot 
fali. Et fn'pris li rois par vite force, tonte sa par- 
tie, et forent mené en Babylone: et li traitour s*en 
alèrent en lor terres, et Salehedn» lor enfoia or 
et argent à grant plenté. Pois vint en Acre et ne- 
trouva qui 11 deffîendist : Car tout les deffendeour 
estoient pris et mort. Et la roine estott à Snr. Et 
fi bans de Snr gardoît le eastiel, si que la Roine 
tti avoit pooir. Et Salehedin oonqnisttontelatenré 
fue crestien tenoient,. fors seolement Snr qne il: 
ne porent avoir ( i )• 

(i) Voici ce que 11. Ifichaiid , qni ne croît pat^à l« tnK 
hiaom de comte de Tripoli , dit des coMéqnences de U b»-^ 
flàilh de Tibériade et da sort de Baymond : 

•jCeBt-ctnqoante chcTaliers restés aatear de l'étendard* 
lojnl ne purent défendre le Bol de Jérosalem. Goj de Lo«- 
aigMui fut fait prisonnier avec son frère Geoffroy, le Grand- 
HaUre des Templiers, Benand de Ghastillon et tout ce qœ 
la Palestine avait de pins iUnstres gnerrieia. Baymond, qnt' 



tcommandait l'aTaot-garde de l'armée chrétienne* oj^fi» 
avoir combattu vaci/ammanf , s'onvrit nn passage à traiers 
>des sarraiins et «'enfuit à Tripoli » où pea de temps apréa 
il moamt de désespoir» accnsé par les musulmans d'avoir 
violé les traités 9 et par les chrétiens d'avoir trahi sa rcligioa 
•«€ sa patrie.^ X^^'* ^9 Croisadet.f t. u , p« Sa^J, 




3o LA CntOUlQOB VE BAIHS. 




GHAPUBE T. 

tfmtnt 0altl|tbtii tMrMcnotomrmBtfimbeyrismi 

k m tfttbii* 



n tairons ester des traistonrs, si Tons 
Idirons de Salehedin qni estoit . i . jonr en 
[Babilooe. Nonqnes mindres sarrasin ne 
mist piet en estrier. Il fist .1. jour mander de- 
vant lui le roi Guion» etli dist : — 1 Rois, or tous 
tiens - le , or tous ferai - je la tièste coper. — 
Ciertes, dist li rois, c*est bien drois, et bien Tai 
dessierrui , car par moi est la tière de cha mer 
pterdue. et crestientés deshounorée — Par Ma- 
Iiom I dist Salehedin, non est : ançois, est par tos 
barons, qui tous ont trahi, qui en ont pris mon 
or et mon argent : et bien sai que tous iestes 
preudom et boins cheTaliers. Si tous ferai grant 
bonté : car je tous deliTreray tous Tintiëme de 
chcTaliers , à cheTauls et à armes, et à Tiandes: 
et faites dou mîus que tous poés. » — A donc fist 
Salehedin tous les prisons Tenir deTant lui et dist 
au Roy : « Or prendez lesquels .xx. que tous to- 



CHAP. y. Si 

lés! » — - Et li rois èslul .xx. chevaliers des plus 
preus et des plus loiaus. Et Sâlehedin lor fist livrer 
armes et chevauls et viandes , et lesfist conduire 
jiisqae devant Sur (i). 

Li rois manda au baus de Sur qu'il lui ouvrist 
les portes et le laissast dedans entrer, fit li baus 
li remanda qu'il n'i meterait les pies , se il ne le 
Idieit pas & signer; Quant li rois vit qnUl n'I po- 



(i) On TOit ici et par d'autres traits que rapporte pins 
loin notre chroniqueur, de quelle réputation de magnani- 
mité et de grandeur le sultan Saladin jouissait dans l'esprit 
d« peuple' franc. C'est en mémoire de ce héros que Voltaire 
a Ihis ces Tersaiconnas dans la boache d'Orosmaae: ' 

Chrétien 

Repoends ta Kberté , remporte tes richesses 9 
A l'or de ces rançons joins mes justes largesses : 
An lieu de dix chrétiens que je dus t'accorder. 
Je t'en Feux donner cent, tu les peux demander..* 

Cependant Saladin ne se montra pas si généreux que le 
disent les chroniques populaires. Il suffit , pour s'en con- 
vaincre, de lire le récit ^e Bimartt-fû-Tritor{§r, et d'Emad* 
Bddm- lui-même. 11 est bien vrai qu'il rendit la liberté à 
€nj de Lusignan » mais long-temps après la bataille de 
Tlbériade, quand il se vit maître 00 à peu prés de toute la 
Palestine 9 et sous la condition expresse que Guy renonce- 
rait au titre de roi de Jérusalem. Serment que fit Lnsignan, 
mats dont il se hâta, aussitôt élargi 9 de se faire dégager par 
un conseil d'évêques. 



it lA tSHBOmt^VS M BAINS. 

roit entrer 9 sifistsa tente dr6der, etfuilluèe 
une pièche, que il n*avoit poôir de riens faire* 
Qaant la dame sut que ses sires estoit logiés es 
champs et nepooit entrer laiens, si fa trop doiante 
et vint au baus de Sur et U dist : f Cornent , 
SîreSf que ne mêlez vous le Roi vostre seigneur 
chaiens , si come vous devés i «^ Taisiés vous » 
^me, difijt li baus, fe oe feroiedeos pour vous» 
et se vous en parlez plus, {e vous meterai à me- 
«aise » . La roine se teut atant et rentra en sa 
cambre et pensa comelle poroît faire, car elle 
veoit bien qu^elen'i avoit pooir« Et s*avisa qu'elle 
feroit avaler une corde et le meteroit outre les 
crenians, fus del mur, paries daiiiolsiëles,par 
nuit. Et fist tant qu*ele ot une corde bolne et 
grande qui avenoit jusques en terre, et se fist 
jus avaler et une damoisièle avoec li. — Et quant 
die ot cou faict, si vint en la tente du roi et 
Fesvella. )St quant li rois le vit si fn moult liés', 
et moult reioi , si come preudom doit {aire à 
prende feme. Et lendemain quant on sot que la 
roine ot cou £aict, si en fu moult loée , et de- 
mora li rois et la roine atant de gent com il 
orent devant Sur. Et moult i ot à soirfrir, car il 
ne pooit riens conquester.Et nequident Salehedtn, 
lor envoia pain et vins et viandes, si com il lor 
avoit encouvent. 



• w. jSî 



CBAPIIAE ¥L 




aUrtm mttre iittr« 



TiHT Yons tairons ester don roi Gtâon 
^et de la reine, qui Diex gartl qui moult 
lavoîent à soufrir. Si vous dirons del apos* 
.lole liMcie.qui s^dopt estoit, qui ii^voit eu lettrçs 
.del Patriarche de Jhérusaiem que toute la tevre 
4'outremer estoit perdue, fors Sur. *Si en fii 
moult dolans et envoia matntenaot .1. lég^f en 
France et .1. en Engletëre et .1. en Âlemaigne et 
j)ar toutes ^es terres de sous la lpi.de flome^ 
,pour prechîer des crpîs. Li légat lurent prud- 
liome et boin olerc et bien oroisièrent enforoie^ 
ment (1). Li rois Phelippes se oroisai H rois 

(1) Loce m éla Pape «a 1 181 , envoya en effet des let- 
tveB auK rois de France et d'Angleterre, pour les décider à 
prendre la croix , mais ce fnt aotérieuremeut à Tépoqae 
dont il est ici question , c'est-à-dire en 11 85, avant. la ba- 
taille de Tibériade. A Looe avaient déjà ipccédé Urbain 111, 

3 



3( hk CHBOlflQUB IHS BAINS. 

Richars ausi, li quens Phelippes de Flandre i H 
quens Henris de Gampaigne , li quens de Blois 

Grégoire VIII et Clément III, et c*e»t celai-ci qni, sor le 
brait des derniers désastres des clirétiens en Palestine , dé- 
cida les deux monarques à ane nouvelle croisade, en 1191* 
—Au sujet de la dime saladine, exigée par Philippe- Auguste 

• pour la levée et la solde de l'armée qui devait prendre là 
croix, Guillaume le Breton rapporte un fait curieux pour 
l'histoire de Beims. 

■ A l'époque de cette guerre , dit le poète historien , le 
.Roi n'ajrant pas d'argent, et se tmiuvant dans une circon- 
stance, obligé de payer la solde à beaucoup d'hommes, 
demanda au clergé de Reims et par écrit de lui prêter se- 
cours , afin qu'il fût lui-même mieux disposé à lui prêter 
''aussi des secours gratuits , ainsi qu'il arrive souvent que 
l'Eglise assiste ses patrons. Mais ceux de Reims répondirent 
'qu'ils étaient tenus en droit de donner l'assistance de 
leurs prières an Roi souverain , et non de lui payer aucune 
aolde ni redevance ; car ils craignaient que dans la suite 
les églises laissant s'établir une telle coutume, n'en souf- 
frissent quelque dommage. ^ Après cela , et la goerre'ter- 
'minée, comme le Roi et les grands jouissaient de la paix, 
'une circonstance diflBcile survint tout-à-coup « et força le 
clergé de Reims à intercéder à son tour auprès du Roi. Les 
comtes de Rethel et de Goucy, et le seigneur de Rosoy , 
n'ayant aucune crainte ni de Dieu ni du Roi, piliaîekt à 
' r«n vi le patrimoine de l'Eglise et opprimaient par leurs dé- 
' vasta tiens mineuses et le peuple et le clergé. Le Roi alors 

• se réjouit et fit à ceux-ci cette brève réponse : « Naguère 
vous m'avex aecqjura de vos seules prières , maintenant à 



CHAP. VI, 55 

kit moult d'autre Baron qui ne sont mie chi 
fiomé. Et s'apparelliërent ricement et montei- 
rent sur mer^ à .liv. nés; et nagtërent tant, sans 
-destourbier; qu'il arrivèrent à Sur .1. mardi ma* 
tin ' et descendirent à terre et fisent tendre lor 
Irëset.lor pavellons^ et assisent la cité par tere 
«t par mer (1). Quant li baus vit qu'ensi estoit, 

mon toar je tous «ecourrai dans iros combats par les mëmçs 
moycDS. — il dit et manda par écrit aux comtes de re- 
noDcer à ruiner les églises et à dépouiller le clergé. Mais les 
comtes les persécutent au contraire plus rudement, et ne 
cessent de faire les plus grands dommages au clergé et aux 
lieux sacrés, pensant bien que le Roi ne mettait pas beau- 
coup d'importance à sa demande, lui qui pourrait les ré- 
primer par l'ordre le plus simple. — Enfin le clergé apprit 
(car le malheur le lui enseigna) avec quel soin et quel em- 
pressement l'Eglise doit chercher à gagner l'affection du 
Roi et s'efforcer par-dessus tout de s'assurer la piotection 
de cehii sans lequel le patrimoine du Christ ne peut être 
défendu. Bientôt il supplia le Roi , reconnut qu'il avait pé- 
ché et lui donna toute satisfaction , pour aToir refusé de lui 
prêter secours dans la guerre, lorsqu'il le lui avait demandé. 
Le Roi aussitôt s'armant pour le combat, lança ses cohortes 
sur les terres des comtes et leur fit souffrir beaucoup de 
dommages, jusqu'à ce que cédant à la force, ils eussent 
rendu tout ce qu'ils avaient enlevé à rEglisc et an peuple , 
après avoir d'abord payé une amende* * 

( Philippidos , liber i )• 

.(i) Il faut je crois. entendre que laTille dç Tyr étant en- 

3, 



S6 LA GHBOSIQT» f>E BikIN9. 

et que 81 ïgrant lûgDcurle venoient asségier, si 
manda qu'il lor reuderoit Sor,:6awe sa ipje. Kl 
lirois Phelipiies etlia^tse prince U mandèrient 
que fl n'en fsroîent'rieBA) et «Ul ne le vendeit de^* 
denfl tier joW| U n'en eM»peroit| fors parle hait. 
Quant libaus enlendi ces paroles, si fu^mautt 
espierdus et manda que^l renderoit la cité et se 
meteroit en la yolenté le roi : et fu ensi recheus 
et la cité rendue : et fu mis en prison perpétuel. 
Adonc prisent consel tout li baron ensamble 
que il iroient asségier Acre« et affremërent par 



core an poaToir du bailli , le Roi crut devoir y mettre le 
aiège. Nous nous servirons pour expliquer ce que peut 
avoir d'obscur ce passage, do récit de l'auteur de VBittoirô 
eeeUiiattiquê : « Le roi de France, dit l'abbé Fleury, ar- 
riva la veillé de Pâques cluse, vingtième d'avril 1191, de- 
vant Acre en Palestine, que les croisés assiégeaient depuis 
près de deux ans; car après la prise de Jérusalem, le roi Guy 
de Lusignan n'ayant plus aucune place oii il put demeurer 
en sûreté, voulut se retirer à Tyr; mais le marquis Conrad 
de Montferrat, qui en était le maître, refusa de l'y recevoir 
et lui donna des troupes avec lesquelles il lui conseilla de 
faire quelque entreprise. Guy de Lusignan entreprit pav 
désespoir le siège d'Acre en- 1 iÇg • — Il semblerait résulter 
du récit de notre cbronit^ueur, qu'avant d'aider Lusignan 
à continuer le siège d'Acre , Philippe voulut le rétablir en- 
tièrement dans la ville de Tyr, où le stratagème employé 
parla reine Sy bille n'aurait po le maintenir long-tempi. 



X 



fternent que il 11*0» iroient n serok priée. Et 
maiateiiaaft fistaft tourner lor très el lor testée e^ 
tout lor hametft et ne finirent d'errer^ si Yiotest 
défaut Aeve et tencfirenl lor paveHeoew — Mais li 
sois Richacs Tot ^voirie |Aoebiel liu , et si ot il.: 
ear c*estoil 11 phis riees boots de Tost el qui plus 
ayoKt à despemire. €ar il avolt plus estrelllusque 
li reis de Fraaee n*e«Mt paresis : et fieeni maintes 
fols assallr as muts de la eilé et §;iétef perriires 
et masigOQDiaus : mais riens ne lor valait; ear 
Sarrasin lor ardoient à feu grigois tous lor en- 
gîens. Et saciès que H rois Phelippes n*assaloit 
mie. Ensi furent tout Tiver que riens n*i esploi- 
tiërent. Et U rois Richars aloit esbanoijer par les 
îles de mer, et veoûr dames et damoisièles. Et li 
rois Pbelippes le faisolt autrement : ear il laisoit 
earpenfer engfens decha mer à grant plenté; et 
Tes faisoit mener à navie par devant Acre. Et 
quant U furent venu si les fist drecier hastive- 
ment et ploumer pour le fu grigois : et comen- 
çièrent à giétef grosses {nière9.et bruians qui con- 
foodoient qminques elles atafignoient. Adonc 
orent li Sarrasin paotir : et fist l\ baus d^Acre qui 
i estoît de par Salehedin , monter as creoiaiis . 1. 
Sarrasin de grant eage qui moult savoit et une 
espie latimière d'alès lui, qui li euscgnoit les 
très et les pavellans et tes noms as haus Baroqs 



ù9 tk CHBOUrQUB DB BA.IRS. 

61 li ditoit: c Sire, véés là le trèfle roi Ricart; et véés» 
là le trèfle conte Pheiippe de Flandres et le trèfle- 
conte Henri de Canf pagne et toos lés très as hans' 
barons. > — Âdonc regarda li Sarrasins et vit le& 
epsëgnes au Roi Pheiippe et dist : « Qui est cil 
à cul dl engien sont? set li latimiers li dtst: tSirey- 
il sont au Rois Pheiippe. i Lors dist li Sarrasins: 
«Par Mahom I par cestni (pierdrons-nous Acre. >• 
Et Ten demain par matin , fist li rois Phelippea 
assalif efibrciement et fist giéter Male^oisiM {i)r 

(i) Mah-voiêine , malveiiin* Machioas belUcae species, sic 
appellata lingaa gallica , tanqaam mains Ticinns, sea mau- 
vais voisin qaod proximos hostes maxime iocommodaret. 
Petrariae specîem facit Matthaeas-Par» sub an. 1316. Prop^ 
Ur Petrariam, quœ malveisine Gaitia nuneupalur, qua eum 
maehinis aliis franei anit eastrum toeata, muros aerittr erebrit 
letibus verberabani. Ex qaibus colligUnr, faisse macbioam-y. 
«|aa mûri lapiilibus iogentibiM impugnabantar. At Guigne- 
villa in poemate v«rnaculo , I0 Pèlerinage de l'humaine ti- 
^née, videttirinnuereplnressimnleod'emqneimpet'nsagîltas 
emissas pcr banc macbinam , ita ot illa sit catapulta, quam* 
Angelus Portenarius , lib. v, De felicit. Patavina describit|. 
et cajua figuram ezpresait. Sic Vero GuigneviUa t 

Ne nuls tels dars ni puet m«ffaire». 

Combien que on i sacbe traire 

Malveisine les sajetcs , 

ITe cspringale ses mcwcbefes. 

( Ihicange , gfosfaira ). 
f^isin(tu[y dans son tlinérahre du toi Richard, raconte* 



CHAP. TI. 59 

sa boîne perrière,qui abaloit, à cescun cop qu'elle 
giecloit, une grautbrachié de mur.Et tons II autre 
baron faisoient onsi , fers li rois Richars qui es- 
toil en l'Ile de Cypre. Et tant assalirent et glete- 
rent que cil dedans ne porent plus endurer , et 
Greslien entrèrent ens par force de toutes parts 
par le mur qui esloit brisiés, et fu la cité prise. 
Et i ol moult de sarrasitis tués et decopéa, et moult 
en tiouTèreot par les rues qui estoient mort de 
maladie tout puant. Lors fist crier li rois Pbetip- 
pes que la cités fust netoiie des eors as Sarrasins. 
Ensi fu fait quant li rois l'ot comandé. Et entra 
en Acre qui volt, et furent lï rois Guis et la 
roine remis en lor signorie. 

qn'iD tîigt d'Acre, Philippe qui l'oecnpiit i*Dt etut de 
1« coniInclIoD da mtcUnea, iTlit fait bitir une (our qui 
l'appelait b nuncMÏH voûin*. t laqnelle [ea aaaiégéi oppo- 
(■iepluoe macbioe dod noina mearlriire qu'il* «ppeUieDt 



4a ta GBBONrQVB ra baihs. 



CBAPITRB YK. 




[m wnv dirons ion Roi Rkavt qM estoit 
»n Cypre et ot eu lctlr6»d^A»re qui priM* 
ï8loît>. e£ e» ftr si coilroaéiés cp'à por 
qu*ii n*erragoit; et vint en» Aoroâu pki^tosl qw 
il pot et ot en son cuer grant anui et grant félou- 
Bie de çou qo^ saroil bien qjne kave estoit eoa- 
quîse par lé rù% Fhelîppe et saa» hik Si avinfi h* 
faut ifat meflire ÉfiiHatîine dés Baret cberau^oif 
^àrini acre «t fi rôîs Ricars ausî, et s^entre^ 
rencontrèrent. Li rois Ricars teiioit en sa main 
.1. tronchon d^une lance 5 et meut au Barrois, 
et le quida porter fors des archons. Li Barrois 
se tint bien car il estoit chevaliers esmerés : et 
au passer que li roi» eogloîs quida faire 9 li Bar- 
rois le saisit par le col et féri cheval des espo« 
rons et le traist par forée de bras des archons : 
Puis laska les bras et U rois chéi sour le pave* 



»Ap. Tir. 4-t 

nent ^ f ndemeM q»& à fùv qoe !» otiens ne li 
parti;, et }ilt cbLî oné grattt pièoke patmës qucf 
en n'i iMntt poi» lut aiein«< At taat s'en parti 11 
Barroî^ et /ea aie à Fostel le roi Phetippe^ et 11 
âist GomMt il estoitr Qoaat 11 rok ci çou » sh 
Vétk peaa et- list arsier sa geat ^ ear il doutoil 
mofiil ter HiPî Rieart (i). 

(i) JeaiV BtonMo'tf , «bfté dc^ JotfTaf y «o«Mtt<]lotfain de* 
•otre elkrttal^etey Mppovt» à {mo prè»le9» méiMs flût«y 
Mvktaieat il pUo» 1» scène à Hemne : • Le jour de 1» 
Purifioatk» >. dit-H , af rès le dîner , le roi d'Angleterre et 
plusieurs chevaliers tant de sa suite que de celle du roi de 
France, étaietft aHéS hors de la Tille, jouer selon leur cou- 
tume à divers >eux. A leur retenr« pendant qu'ils traver- 
saient la milieu de la ville , iU reneonti èrent un paysaa 
qai conduii^il an fine chargé de roseaux qu-'on appelle 
•annes... Obviavernnt cuidam rustioo cum asello arundi^ 
nrbus oousto qnas canna» vecant. De qulbus rex Anglias et 
caeteri qui cum^^ eo erant ceperunt, et unusquisque illorun» 
alter adversus alternm est congressus. Et contigit ^ quod rex 
AogHas, et ^idam strenuu» miles de familia régis Francias 
Willielmus de Bares nomine , ad invicem congredientes, 
arundines suas fregerunt, uode capa régis ex percussione 
Willlelmi fracta est. Et rex iode iratus, cum Tebementi 
impetu ipsum Willielmum et equum suum titubare fecît) 
et dura intenderet ipsum in terram dej.icere, sella régis de-^ 
elidàtif» devoemdiftqn^ eelenns rex et aliuizv e^om fbrtio- 
fe« protmuaaseeadeàs, impetum in enmdMn Wiliielmum 
itenn» f«cit> seé î^som dejicwe totk valuil. WUUekiMié» 



49 tk CHBOmOVB BE BAIlfS. 

Lt rois Ricait revint de pâmoison et fist armer 
les Ençlob et vint assalir à Tostel le roi Pkelippe. 
Mais il ne le trouva pas esbahi ne desgami , ain» 
se deffepdirent les gens le roi bien et vighereu* 
sèment et i ot assés trait et lanciet. Apriès vinrent 
li conte et 11 grant signeur et prisent trives à . 1 1 1 • 
îonrs, et la dedens fu la oose acoisie etapaisiée. 

Li rois Ricars ot moult le cueur enflé dou 
roi Phelippe qui avait l'onncur d'Acre : si le 
prist forment à bair et meymcment pour Tocoi- 
âon de son père ; et pourcacha tant par ses dons 
que li rois fu enherbés : mais Dieu mèrchi t li en- 
herbemens ne fu mie à mort, (i) Quant lî rois 

CDÎm collo equi rai adhaesit; unde rege ei commraato» 
cun> Robertus filini Roberti cômitîs Leicestriae defhncti.., 
nanHm in dîctnm Willielmum ot regcm jovaret iojecîssefy 
ait rex : sastine te et dimitte me , et illam solam. Gnmqne' 
rçz et Wiinelmas dictis et factîs ita diutios contendisienry 
rez prorampens ait illl : Fuge hioc et cave tibi ne ainpiiua 
coram me compareas , qaia 4 modo tibi et tuia ero perpe-' 
tous înimicus. Dictas atqae Willielmns propter régis iram 
discedens , addominum snum regem Fraucias dolens abîit 
cl eonfusus laper hiis quaa in via acciderant ab eo consi- 
Bam postulant et fovamen. (Historias anglicae scriptores» 
Ghronicon Jobannis Bromton, 1. 1*', p. iipa). 

(i) Quelques antears contem {forains ont partagé l'idée 
de notre cbroniqaeur, qae le roi d'Angleterre entretenait 
des relations avec Saladin et avait voulu empoisonner Fbi-> 



CHAP. Tir. 4^ 

Rkar» vit qu'il ot fali, si traist an conte de Flan* 
dres et au conte de Campaigne et au conte de 
Blois et tant lor dona de ses esLallînsque il jurè- 
rent la mort 11 roi y et traitièrent cornent il en 
ouveroient. — Mais Dîex qui n'oublie pas les siens, 
envola une maladie au conte Phelippe dont 3 
moru. Quant il se senti agrevé 9 si manda an Roi 
Phelippe son filleul que il ventst à lui, et li dist 
quant il fu Tenus. — • Biaus fillues, faites prendre 
une corde et le me faites mettre entour le col et 
me faites traîner par toutes les rues d'Acre » car 

lippe. • Aa milien de ces éFénentents 9 dit Gaîllaumo le 
Breton, le Roi entoarë d'an petit nombre des siens, pos- 
sédé d'une forte fièvre et souvent accablé d'un pénible 
tremblement, était malade et couché..., de violenter 
soeurs , de terribles chaleurs firent un si grand ravage dana 
ses os et dans tons ses membres, que les ongles tombèrent 
de tons ses doigts et les cheveux de sa tCte , en sorte que 
l'on crut, et ce bruit n'est même pas encore dissipé, qu'il 
avait goûté d''un poison mortel... ■ Unde putabatnr, eC 
Bondnm fama quîeseit , illom mortireri gustum sensisse 

veneni t . 

( Philippidot y lib. n )• 

Gravabatur enim rex tnnc morbo gravissimo, et ex alie 
parte regem Aoglis valdè suspectum habebat , quia rege 
celato fréquentes nuncios ad Salabedinum mittebat, et 
mutua dona ab eo accipiebat. 

( Rigordu» i ée gesiU Philippi Jugutti}* 



44 x*A cnaosiQUB db. rains. 

ic Tat bien désiervi.» Quant If rois Foi ensi par- 
ler, M quida que il ne f ust mie biea en son sens, 
et 11 dÎBt :-T-«&iaas parins que çou est que vou» 
diles? — Eu nom Dieu, dit*il, jesai bien qpe di. 
Saciés de voir, blaus fiUues, que Kai vostre mor|. 
lurée et çou et li queus Henris rostre niés , et U 
quçns deBlois : et biea saciés de voir, que aé vousr 
B*eii aies errantment que youa aérés mors et 
trajs. — Hé, dist li roia, b&aus parins, pour coi 
nous i accordastes voua? ^-« En nom Dieu^ biatna, 
fiUuea U n'euscent autrement ocis. » 

Atant se parli li rois dou conte à forant mésaise 
de cuer et pensa toute la nuit que il feroît ; et 
s^avlsa que il feroit crier que tout li chevalier 
venissent mangier à sa court au tierc jour : et fisi 
apaveiUiev viande» à grant p&enté, si quAil coa-^ 
Tenoit à oovnt de roi. Ei ne (piedenf , il n*oublia= 
(ras çoti que K quens de Flandres If avoit d?st. SI 
lis! atourner coiement sa nave et fîst nietre de- 
dans que onkes mestiers li fu, et fendemain 
devant le jour, monta sour mer seurement atout 
ses privés. 

Quant li quéns Henris sot que li rois s'en aloit, 
ai se mist en une bai^e et s'en ala après lui et le 
consuity car îln'estoit mîe encore lonc. Si li dist : « 
»BiausSire, biaus cousin, me lairés-vous donc 
»e» celle esirange tère?i — Li lois respondi et 



CSAP« Vil. «45 

Hisi : « — oill par la lance milot-Jaqtte( i^, mauvais 
rtraitpes, jamais en^^ampaîgne nerentrerrés, aé 
• vous lié 'vosire ekl > Âtant retorna li quens ea 
îlkcre et vînt^u roi Ricart et li ^st : « Sire, nous 
Boumes édrlruict-et houmt» car li rois K^en va en 
'France et 'bien set par le conte Pfaelippe ^on que 
nous avons traîliés ; et bien saciés que 9 
nous destraira tous •-*- Xors fu mandés li quens 
de Blois et priseift conselgs que il iroient parler 
«u conte Phelippe. En ces paroles on lor aporta 
«ouvcllles que li quens eskoît mors. Et-lors furent 
tout esbahi. Li corsie conté fu apparellliés et fu 
portés en Téglise et-fist on son siervice tel qu'il 
^eroit à si grant signer et fu enfouis en Téglise 
saint Nicfaolai d'Acre. Et vinrent li rois Ricars/li 
quens Henris et li quens de Biôis et entrèrent en 
tme cambre et prisent conselgs quMl feroient. — 
c Par mon clef, dis li rois englois, je m'en r'iraf 
en Engletére , et si tost corne joui venrai, jou 
prendrai le roi de guerre. — En nom Dieu, dist li 
quens- de Blois jou m'en irai en 'FVanofae et crierai 
le roi merchi ^ car je ne doute moult que je ne 
soie désyreté » . 
Dontfist.li rois Richars atourner ^es nés et 

(i) ffolre avteur €8t le seul qai faMe connaUre ce jore- 
mcDt babilael de Philippe- Aogaste. 



il& là CHBOHI^VB DB BAINS. 

monta sour mer, et s'adrecha an plus droit et 
au mius qu'il pot vers Alemaigoe et prist port, 
et s'en ala par tere à privée maisnie« Et tant erra 
qu'il vint à Osterriche et fu espiiés et connus : 
quant il s'apierchut, si prist la reube à un gar* 
chon et se mlst en la quisine ù tourner les ca- 
pons. Et une espie le connut et l'ala oonter au 
duc» et quant 11 dus le sot, si envoia tant de gens 
«t de chevaliers que la force en fu leur, et fu li 
rois pris et envoi iés en . i. fort castiel et toute la 
maisnie en . i . autre : et f u menés li rois de castiel 
en castiel tant que nus n'en sot nouvièles : neif 
cil qui le gardoient, fors le duc seulement (i). 
Chi vous lairons dou roi Richart qui est em^ 
prison iiés si dirons dou comte de Blois qui monta 
sour mer et venoit à Marselle , voile croisiet : 
et le prist uns grans orages, sigrans que il 
sanbloit que la nef montast as nues et puis rer 
chéoit si profont que avis estoit qu'elle chéist ep 

(t) La haine da dac d'Autriche contre le roi d'Angle- 
terre provenait de ce qu'an siège d'Acre, Richard avait fait 
arracher et jeter dans la boue avec indignité l'étendard 
d'Autriche que le duc avait fait planter entre celui de 
Trance et celui d'Angleterre. « Le malfaeoreox Roi ,* dit 
Yelly, fut reconnu dans un cabaret, tournant la broche 
dans la cuisine et naené au duc qui le chargea de chatnea 
et le vendit à l'empereur Henri YI •• 



Tabisme et avenoit priés la tère el fon9. Quant 
li quens de Blois vit les mervelles , si fist trains 
«a barge et entra ens, lui quart de sa maisnie. Et 
après çou n'orent guières nagiét quant 11 vens 
les porta à une roche et peçoia toute la barge » 

r 

«t fu noijés li quens et tout cil qui avoec lui 
estoient, et li orages asserisa , et la nave vint à 
-port desalù (i). 

Or vous dirons dou oonte Henri qui estoii 
demorés en Âere. Nouveles li vinrent que li rois 
de Cypre estoit mors et n'en estoît demorée que 
une seule fille. Il le requist à feme et on lui 
donna pour sa gentillëclie et fu roi de Cypre, et 
en ot .II. filles dont li aînsnée demoura roine de 
Cypre , et l'autre fille ot mesire Evrars de Ra- 
«leru et en quida avoir le comté de Gliampaîgne; 
mais il remaint assés de çou que fols pense. 
lAdonc avint que li rois de Cypre en ala en Âcre^ 
et vot emprunter deniers à un bourgois, et le 
traist d'une part de jouste une féniestre qui ou- 

• 

(i) Thibaut V , dit le bon , 8« comte de Blois , frère du 
comte de Champagne et de Gaillaume , archevêque de 
Reims, mourut, suivant les historiens, durant l'expéditioa 
de la Terre-Sainte, vers 1191. Notre chroniqueui est le 
.seul qui donne les détails qu'on vient de lire sur son nau- 
frage. La commune opinion est qu'il fut tué au siège 
d'Acre. 



48 Là cnomooB m liiiis. 

vroil par defon, et eatoil close «ms ffemer, et If 
Rois si apoia eî mainteiiant li fètàttHre ouYii el 
Il roi cbéî et brÎM le col : «t si cbcTalier et «a 
tnaisnle coorarent avid et le drceièreiit et Iroa^ 
rèrent qa*U avoit le col rompiit; â 4enoBhftv$ 
grant doeL Li cors fa emportés en Cypre d fv 
llloec ensevelis .^i). 

Cki TOUS lairons ester don Soi de Cypse 4|t 
»e?eiiroiis au Eoi 'Ouioii et à aa Cnne la boine 
«oiiie qi|i ^emotirèrent en la tare de Ibéensaf- 
legi f fors seulement Sur et Acte et dtoro ; né 
fuis n*en fiesdirént riens né a<|ulseiity et aresr 
firent yuii. an8*en cel estât. Et momrentapoès 
41 rois Guis et la roîne «ans âir delor xor. £t 
•^assamblèrent 11 Baron don royaume et fisent 
Ifoi par élection et tintle voiaume en tel point 
^oe U rois Gnis;le:tenoit au point qoe il moru. 
JDe oeLroitissi une Qile qui puis ot espousé le roi 
Jehaq , si eome irous orés conter cha avant. 

•Des-orcr-inais revenrons au roi Pbelippe qui 
estoit entrés en mer et comencha li orages et 
quidoit périllter de cop en cop^ ou dVure en 
cure : et les ondes de la mer emportèrent la nef 

(i) Telle est en effet le manière dont tons les hiitorîenB 
ruppoilent ie mort de Henry, oomte de Obempagne, arri- 
vée en 1 197* 



«■▲r. nu 49 

€l liant que avis estoii qa*elle fist as nues et puis 
rechéoit aval. En ceste eure estoit nuia oscure 
et li rois qui estoit fermes en^foi et bien créant 
en Dieu 9 denianda as marooiers quele eure il 
estoit. Et il respondirent qu'il estoit entour mye^ 
nuit, c Adont , dist le rois 9 aor soions asseur , car 
nous n'avérons garde, car mi ami de Tordene de 
Cystiaus sont relevé pour canter matines et pour 
proijer pour nous. >— Adono s'apaisa li tonr- 
mens et fu la mer coie. Maisli rois ne se gardoil 
pas dou bttvers^ 4iue li traitour li avoient faii^ 
boire. Mais, Dieu mercbi, li enherbemens ne fu 
mie à mort, mais li ongle li ehéirent des pies et 
des mains, et pela tous, et fu tout Tan malade et 
puis revint en santé et fu tous haitiés et liés et 
loians. — Et vinrent li baron de France à lui et li 
disent : •— c Sire, il seroit bien tans de vous ma- 
rien — - Giertes, dist li rois, je le voel bien et en 
vœl ouvrer par vo conselg. — Par foi , dist U 
archevesques Gnillaumes, qui ses oncles estoit, 
li quens Pbelippes de Flandres est mort et la tcre^ 
est escheue au conte Bauduin son frère, ne je ne 
sai en France plus grant home ni plus riche de 
lui, et il a une sereur bièle et avenant et sage. Si 
vous loeroieque vous le presissiez à feme. — Sire, 
dient li autre Baron, vos oncles vous doune boîn 
ponselg. —Par ma foi^ dist li ix>is, et je m'i 

4 



SO LA CHB09IQUS ]»B BAINS. 

acort • .— Adont farent elleu doi d'eus et alèrent 
à conte Baudoin et le trouvèrent à Lille eu Flan- 
dres où il tcnoit . 1 . parlement de ses barons. 
Atant descendirent li message le Roi, et entrè- 
rent en la sale et saluèrent le conte et 11 bailliè- 
rent la lettre le roi. Li qoens rechut la' lettre et 
Ja baiUa au Yesque d'Ârras qui lès lui estoit. Li 
▼esques liut la lettre et le despondi au conte à 
çonseig.* Li quens aplela ses homes et entra en 
une cambre : Et lors dist : • Biel Signour, li rois 
de France me requiert ma serour à feme. J*en 
voel ouvrer par vo conselg. •— Sire, dlent si 
home, li rois vous lait moult grant houneur nous 
vous leons tant que vous li dounés, atout tant de 
tère que il vous requiert » . — Et li quens respondi 
à ses hoines que ensi le fcroit-il. — Âtant issi fors 
de la cambre et vint as messages le Roi et dtst : 
— . c Sîgneur, jai conselg que je ferai volontiers 
çou que li rois me sires m'a mandé.— -Sire, dient 
li message, vous dites bîen« Or vous dirons çou 
que li rois vous mande. Il voet avoir, avoec vostre 
serour, le contet d'Artois et Arras, Bapaumes, 
Pieronne, Saint-Omer, Aire, Hesdin, et toute 
la contet, ensi corne elle s'estent.» — Lt quens lor 
respondi et dist quei il li donroit volontiers et 
plus encore se li Rois voloît. 
Atant se partirent li message dou conte et pri- 



«(mt ^onglet et esploitièreiit taiit par lot journées 
que vinrent à Paris où li rofs estoit et ses 
consens. Li message saluèrent le roi de par le 
conte Batiduin de FÎandtf'es et 11 disent : t l^îre li 
qiiens nous rechiit volehtiers et liement et moult 
nous (îst d'odneur polir vous, et 11 baillâmes vos* 
Ire lestre. Et quant il fu conselliés à ses homes 
qui là estoient, si disi que il vous mercioit moult 
4el honneur que vous li aviés mandé , et voloit 
que vous eussîés sa serour, atout le conté d'Artois 
et plus encore si vous voliés; et si baron s'i acor- 
dèrent. — Adont respondi li archeveskes Guillau- 
mes et dîst au rci : c Sire » ormaîs n'est que doù 
haster la besoîgne > • — Atant fist li rois escrire 
unes lettres et manSà àii conte que il espouseroit 
sa sereur au vintisme jour après celui jour à 
Amiens, et la menaist à cel jcfur. Ensi fu fait come 
li rois le comanda et fu la damoisièle amenée à 
f;rant compaignie et moult 1 tint li quens Bau- 
4uins riche ostel. Atant vint li rois à Amiens et 
espousa la damoisièle qui avoit nom Ysabiaus» et 
ot çrant fieste partout Amiens. Et demoura li rois 
.111. jours en la vile , et puis en ala en France. 
Et la roioe fu menée à Paris , et la fu receue a 
grant soUempuité. Et mervelles s'amèrent entre 
li et le Roi. Et orent .i. filg qui ot noîn Loeys en 
baptesme qui fu preus et hardis et vaîllans, et ot 

4. 



coer delioD. Mais tant com fl vetqni ne fa tans 
paloe et iaaf travail (i)« 

(i) Toute cette hifioûe dm mariage de Philippe- A«g«si« 
atcc Isabcaa de Flaodie a beaoia d'être rectifiée. Phi- 
lippe n'était encore âgé qoe de^s aoa, qnand il épousa 
lia belle de Hainaot^dn fifant de son pcre, en ii8o. 
Ceat d'elle qve Philippe ent on fib qni naquit en 1187 
et ipû régné §0m§ le nom de Louis Tlli. Isabelle BM>niiit 
«B cottcbca» ca 1 190* 




CRAP. VIII. ' 53 



^maBsstmÊÊt^SBataBnmmi^aimBBaasaaÊÊSK^mBaBaem' 



CHAPITRE YlII. 



(fToment It xm Hvcûx» fit mb I)or0 ht prfeon pat 

fUimivA le mniMtrd. 




[iê 0RBVAI8 vous diroDS del roi Richart 
que li dus d'Osterriche tenoit en prison; 
^et ne savoit nus nouvîeles de lui ^ fors 
seulement li dus et ses consaus. Si avînt qu'il 
avoit longuement tenu .1. ménestrel» qui nés es- 
toit deviers Artois, et avoit à nom Blondiaus. Cîus 
afferma en soi qu'ir querroit son signeur par 
tout tes terres tant qu'il Tauroit trové ou qu'il en 
croit novièles. Et se mîst en chemin et tant erra 
l'un jour et l'autre, par laid et par biel, qu'il ot de- 
ihouré an et demi^ n'onques ne pot oîr nouvièle 
del roi. Et tant aventura qu'il entra eu Osterriclie 
ensi corne aventures le menoit. Et vint droit au 
càKtiel où li rois estoit en prison, et se hièbrega 
ciès une vaine feme, et li demanda â cui cis cas- 
thus estoit , qui tant estoit biairs et fors et bien- 



S4 KA anoMiqvu •• lâm. 

léans? LioitcMcrcfpondietdirtqoUcgUiitaoJo» 
d'OftCffidie.— «Obiéle Mlciw,4MlBloa4iM%a^ 
il ore oal prisonier dedent? — Ciertcs, dist-dley 
oil^nn qui ja estoit Intn a .i 1 1 1. ans: mais mon» 
ne pooDS saToir qoi fl est eiertainemait. Mais oo 
le garde moalt sougnenseiiieiit, et blea éperons 
qn*il est gentins hom et grant sires. • — ^Et quant 
Blondiaas entendi ces paroles si fo menrolles lié» 
et li sambla ea son eiier qall aToit trooTé çoa 
qa^il qaéroit. Mais aias ne fist samblaDt al os- 
fesse. La nait dormi et fo aise et qoant il oi le 
gaite corner le iour, si se leva et ala i Téglise 
proîîer Dieu, qu'il U aidast; et pois Tint ao castiei 
et s'accointa au eastelain de laiens, et dist qu'il 
estoit menestreos de viièle et Tokinlîers de- 
mouroil avoec lai, s'il lui plaisoit* U castelains 
estoit jouenes cheTaliers et jolis et dist qu'il le re» 
tenroit volentiers* Adonc fu liés Bloodians et ala 
querre sa vîièle et ses estrumens et tant servi 
le eastelain qu'il fu mouk bien de laiens et de 
toute la maîsnie et moult plot ses siervices. Ensi 
demeura laiens tout l'iver, onques ne pot savoir 
qui li prisoniers estoit. Et taut qu'il aloit . i . iour^ 
es fiestes de Pasques , par le fardin qui estoit lés 
la tour 9 et regarda entour, savoir se par aventure 
poroit veoir le prisonier^ Ensi corne il estoit eu 
cette pensée, U rois regarde et vit Bloadiel et 



CDAP. Yltl. 55 

pensa cornent il se feroit à lui conoistre;6t li sou- 
vint d'une canchon qu'il avoient fait entr'eaux 
deux, que DOS ne savoit fors que eux deus. Si co- 
mencha haut et olërement à canter le premier 
vier, car il cantoit très bien. Et quant Blondiaus 
Toi, si sot certainement que c'estoit ses Sires. Si 
ot à cuer le plus grant joie quil ot onques mes à 
nul )our. Et se parti maintenant dou vergîer et 
entra en sa cambre où il gîsoit^ et prist sa viièle 
et comencha à vièler une note, et en violant se 
delitoit de son Signeur qu'il avoit trouvé. Ensf 
demeura Blondiaus deschi à pentecouste, et si bien 
se couvri que nus ne se pierchut de son affaire. 
Adont vint Blondiaus au castelain et li dist: cSire» 

• s'il vousplaist, je me iroie volontiers en moQ 
» pays 9 car lonc tans a que ie n'i fui — Blondiel^ 
»bîau frère , cedist ii castelains, ce ne ferez vous 

• mioy se vous m'en créés. Mais demorés encore 
let je vous ferai grant bien. — r Ciertesy Sire 5 dist 

• Blondiaus^ je ne demouroie en nule manière » . 
Quant li castelains vit quil ne le pooit retenir , si 
li octria le congîer etli donna boine ronchi noeve. 
A tant se parti Blondiaus dou castelain et ala tant 
par ses journées qu'il vint en Engletére et dist as 
amis le Roi et as barons, où il avoit le Roi trouvé 
et cornent. Quant il orent entendu ces nouvièles 
si en furent moult liés# Car li rois estoit li plus 



56 LA CBBOHfOOB DC BAIRS. 

larges cbeTaliera qui onqnes cauçasl esporon. IC 
prisent consel enlr*aiis qnil envoieroient en Os-> 
teriche an doc poar le roi raîiembre : el ediment 
• 11. ebevaliers qui là iroient, des plus Taillans eC 
des plus sages. El tant alérenf par lor jonmécs 
qu'il vinrent à Osteriche au duc et le trouTèrenl 
en . 1 . sien castiei et le saluèrent de par les ba^ 
rons d'Engleterre et lî disent : « Sire it tous man-* 
dent et prient que tous prendés de lor Signor ra-* 
encbon:ef iltousen donronttant qull vonsvenra 
en gré.» Li dus lor respondi qu'il s*en conselleroit. 
Et quant il s'en fu conselliés si dîst : Signeur se 
Vous le ToFés ravoir , il le vous convient racater 
dé • Il . cens mil mars d'esterlins; et si n'en repren- 
l3és plus ma parole , car ce seroit paine pierdue. 
'-— Âtant prisent 11 message congîetau duc et dî-' 
'sent que ce reporteroient il asbaronsetpuis si en 
eussent conselg. Âdont revinrent en Engletere et 
disent as barons çou que li dus lor avoitdit. Et il 
disent que jàponr cou ne demourojt. Adnnc fiseot 
aprester lor raenchon et lefisent envoierau duc, 
Et li dus délivra le roi. Mais anchois li fistdouner 
boine sûreté quefamais ii n'en seroit moiiesté. 

Ensi a vint que li rois Rfchars fa k'aiiens; et fa 
recheus en Engleterre à grant honneur r mais 
sa terre en fut moult grevée et les églises del 
règne, car il lor convînt mettre {usques ascali>- 



cnhPi Tilt. ^7, 

ce^^cf cantèrentlono fans en câHsce8d'eslain(i). 
- Pais avint que 11 rois Ricbars gisoii ane nuit 
en son lit et ne pooît dormir, et li. vinrent pen- 
sées au devant fetenescc» et crueuses, et li sou- 
vint de son père Henri, le roi qui s'estranla 

r. 

(i) Blondelf sariiommé de Nttlu^ du lieu de sa naissancet 
a été l'un des chaDSonnîers les plus estimés du XII* siècle; 
«on dévouement au roi d'AngTeterrc n'a été connu jusqu'à 
ee jour , que par le récit du président Fanchet » dans 
son livre d$t aneUn» Poéta françoîs, • J'ai une bonne 
•hrontqne Françoise » dit-il, qui dit ifue le roy Richard 
ayant eu querelle outre-mer contre le duc d'Austriche, n'o- 
sant passer par l'Allemagne en estât cogneu » et encore 
moins par la France, pour le doute qu'il a voit de Philippe- 
Auguste, se déguisa, etc.... >, Fauchet cite ensuite un 
assez long extrait de sa chronique qui s'accorde de tout 
point avec la nôtre : le style en est seolement plus jenne* 
L'aotenr de l'article Blondel , dans la Biographie Miehaud ^ 
' ^ït que cette chronique de Fauchet fut écrite en i455 .* et il 
est à remarquer qu'on a souvent élevé sur la réalité de ce 
précieux épisode, des doutes en raison seulement du défaut 
de monuments à peu p'rès conteraporards. La publication de 
la CAroRf^iisi/sAeimt détruira complètement la force dé cet 
argument négatif. »- De tontes les chansons que Blondele 
composées, il n'en est resté que vingt-neuf; elles se trou- 
vent à la bibliothèque royale , eebinet dee manuserits» — 
Sinner, dans ses Eoolraiit de quelques Poésiet des XII* et 
XIII* siècle I cite une chanson qui porte le nom du roi 
Richard. Il la composa , dit Sinner, étant en prison dans lea 
état» du duc d'Autriche. 



&S L4 CUhOniQVB DE RAIHS 

des rieftoes d*on chcTal (i), pour le deipit dtrtM 
roi Plieljppe <|ui li courn ras, espée traite, à 
Gerberei. Et li seofint de la prise de la raeDchon 
que li dos d'Osteriehe li avolt fait parle made-* 
aneDt et par le proiières an roi Pbelippe. Si en ot 
eo smi euer si çrant eoorou et si grant ire que il 
dist et afrema en soi ntejines que jamais , en 
joar de sa vie, ses cuers ne serolt aise ne à pais, 
desci à donc qa*il en seroit veogiés. — Atant ap^ 
par» li joars : li rois se leva et oi mesee, pois apie- 
la ses barons et son conseig et lor dtst tout çoiv 
que il pensoit. El si baron disent que ?oirenient 
estoit-ee grans boutes et grans damages et bien 
fûseità aman der, et bien sceut qu'il estoient 
toutapparelliet de cors et d'avoir pour lui aidier. 
Et bien a voit pooir au roi Phelippe et d*aniis et 
d^avoir ; et si avoit-il. -* Quant li rois Ricbars 
enteudi que il ot le cner de ses Barons , si en fu 
mervelles liés en son cuer , et fist- ma intenant es- 
erive une lettre deiSable le roi Phelippe et scel- 
ler de son scel, et i avoit dedens que il ne le tenoit 

(i) D»n8 une note précédente nom •▼ont regardé comme 
une fable popufaîre la manière dont notre aatenr rapporte 
la mort do roi Henry : Le, ehronique dt Flandres s'accorde 
pourtant en cet endroit avec notre auteur, et dit pareille-*^ 
ment que Henry fat trouvé étranglé avec les rênes d'aa 
cbevftl. 



CBAP. VIII. iff 

ne àsîgneur ne à ami, et Tiroit veoir prochaine- 
ment emmi aa terre : né jà ne seroit teus.que il 
Tosaftt eneontrer ne atendre. -^ Âtant carga la 
lettre à .i, ehevaliar aage, et il le reehiit de la 
main le roi ; et ala tant par mer et par terre que il 
vînst i Orliens oh H roia Pbelippes estoit , et 11 
lendi la lettre» «ans saluer» et H dist : «Sire, H rois 
Bicbarsd'Bngletere vous envoie ces lettres: faites 
savoir s'il vous plaist que il i a : car je ne voel mie 
langement chi demourer » . 

Li rois fist ouvrir la lettre au vesque d^Orliens* 
qui estoit deiouste lui, et les lut et puis dist au 
Roi : c Sire* li rois Richars vous mande deifianche 
e% dist que il vous venra veoir prochainement 
emmi liu de vostre tère^ ne fa ne serés teus que 
vous l'osés atendre.» 

Quant li rois ol çou que li rois Richars li ot> 
mandé, si pensa «i. poi et dist :« Diex, nostre 
SiriBs, qui eH tdus poissant, nous puet bien ai- 
diier I Et saciea que se vostre sire» vient en nostre 
terre pour laal faire, nous'li serons au devant à 
tant de gens corne nous porons avoir. • — Âtant 
se parti U chevaliers dou roi , sans saluer , et pasr 
sa mer et trova le roi Richart à Londres, à tout 
grant chevalerie et li dist : « Sire , {'ai esté en 
France , si trouvai le roi Phelîppe à Orlîens et li 
haiUai vostre lettre et il le fist lire , puis dist que 



Là CHBOmQUB Dk' BAlHf. 

se vous entrés en sa terre, que il vous sera ali de-^ 
vaal, atant de geiw que U pora assambler. • 

Atant demor^^nt les paroles. Li rois Ricbar» 
fislfi^ve ses. nés et tentes et pareHons à granl 
foison , ear il en avoit bien le pootr, et alonma 
son oirre à grant esploit : car il n'atendeit fors le 
saison don nonviel tans , et li rois Pbelippes ne 
s*oiMia pas, ains fist refiremer ses castîans et ses 
«laroet, et fîst poarvoir vins et viandes et gens, 
si come pour lui deffendre et sa terre, ear il re* 
deubtoH moult le roi Riehart peur sa proèche 
et peur son hardement. — Atant vint li nonviaus 
Isins et li mois de mai f u entrés et li rois Ricbar» 
entia en mer à tout grant chevalerie- Et orenr 
boia vent et boin oire. Et arrivèrent à Dyeppe .i. 
port de mer, en Normandie, qui estoyt siens : et 
iisir^Dl fors des nés et vinrent à Reen sa cité, qui 
estoit à « 1 1 1 1 . Itues dou port, et ensi seîournë- 
veoty pour ans reposer et appareiller. Adonc eo- 
manda U roi Richars que U os errast et s'en alast 
droit à Gîsors qui estoit uns siens castiaus fors et 
bienséans et estoit à .vi 1 1. lîues de Bîauvais. Et 
quant il furent là venu, si séjournèrent .ii. jours; 
et au jliers jour comanda li rois que li os errast 
ei alast fourçr; dont véissiès rîbaus (i) et garcbons 

(i) Rtbaudt, Ribaldi, SviWaDt Rigord, c'est sous le- règne 



€HAP. TI1I. 6| 

et à piet et à cheval espandre parmi Biâuvoins ; 
et prendre pors 9 vakes, moutons, auwès, ca- 
pons ; et chevaas el Lièvres et paysans amener 
en l'osty deliors Gisors où on estoit logiet. Et fu-« 
«pieut tout le mal que il pooieut faire par le terre 
et par le pays. Eosi furent une pièohe dou tabs 
que il faiiKiient lor volentés defors forlerèches, 
que nus ne Ipr deffendoit : tant que il avint que 
renoumée qui partout vole en vint au roi Piie« 
lippe : et 11 fu dit que li rois Richars estoit à Gy-» 
sors à tout^ant gent^et prendoit et gastoit toute 

et Philippe-Angatte qn*il est qaestioli pour la première 
fois de cette espèce de mîUce» C'était, dit^l, deshoamet 
déterminas ^V>o nettait à la tète des entreprises périlJ^' 
leases, telles qu'escalades, prises-d'assaut et autres sem- 
blables actions de Tiguenr et de hardiesse* Le libertinage 
auquel Us se littaient'a 6ni par rendre leur nom inflime. 
)e crois aussi que Rigord s'est trompé, ou que l^n inter^ 
prête mal son texte, et qu'en a tort d'en conclure que lei 
Kibauds étaient une espèce de corps d'armée. Il y avait' 
lK>Q|onrs eu des ribands, garçons et gonjats dans les arméei 
du moyen*4ge, il j en «ut jusqu'au moment où tous les ci" 
toyeni, sans distinction de naiasance, furent soumis au 
service militaire.— Les ribauds avaient leur cbef qui prenait 
le titre de roi , comme à celte époque faisaient tons ceux 
^ui occupaient le rang supérieur parmi leurs semblables^ 
Ainsi disait-on le Rêi des wureUrt^ U Roi detjongieifrt^ le Roi 
des mégiuiers , U Roi dot ribouds.-^if'oyez Duci|nge.) 



€s JLA CHROlirQIIB DIS RAIN8. 

la terre dé Biauvais. Quant li rois enteiidi tèds pà*- 
rôles, si en fu moult courouciés et manda le comt6 
de Chartres 9 le comte de Sansoiirre, qui j^ru- 
dome estoit y le vidame de Gassiadnn , inonsî-* 
gneur Guillaume Dès Barres (i), tnon sigoeut 
Alain de Roussi, et moult d^autrespreudomesqui 
ne sont mie chi noumet; et lor montra le desroi 
dou roi Richarty qui ses homes devoiC iestr 6 et 
lor enquîst ConseAg cornent il en ouVerroit. -^ 
Sire, dîst li quens de Sancerre, se il vous plàist, 
noud qui chi sonmes, irons celle paH et noi|s 
trairons en Biauvais et verrons que ce pora iestre : 
Et se Dieu plaist, 11 Englois ne nous desyreteront 
mie. a — Lors comanda 11. rois que il s*apparellai-« 
cent au plustost que il peuissont, et lor fist bail-* 



(i) GuiHaumtVeêBarret^ comte dé Roohefort^ doot il * 
déjà élé qaefltioii dans notrft chrOBiqae , était un des [>laft 
vaiUaots et des pins illustres gaerriers de rarmée de Phi<< 
lippe-Auguste. « Le Mivetnâîs , dit G* Coguitlê • a produit 
bien assez de persOuuesde grand entendement , de grand 
cœur et de grande valeur, . . • Etaient de ce pays les sei-' 
gneurs des Barres , surnommés lesBarrois, desqa^s aveo 
ce nom parlent en toute honneur de chevalerie les an- 
ciennes chroniques de France .... Les armes de cette 
maisott étaient d'une croix nillée de sinople en champ 
d*ur. — • Guy CoguUte -r- hist. du pays et duché de Niver- 
nois. iGii-^p* 3f3S« 



CHAP. fin. 6S 

1er deniers et caretcs. et quant il furent ftppareU 
lief d'armes et de chevaus, si 8*en alèrent droit à 
Biauvais, et là se contre-a tendirent et lisent avant 
garde et arrière garde , et chevauchièrent vers 
Gysors. et cil de Gysors revinrent contre aus et i 
ot grant hustln et i ot d'une part et d'autre pîer- 
du etghaegniet, et s'en partirent atant à celle 
fois : et souventes fois refaisoient ensi. Et avint 
que H rois Aiehars manda au comte de Sancerre 
et as barons qoe il mangoient le pain le roi pour 
noient, et s'il estoient cel qiie il osaissent venir 
è Tourmiel devant Gysors » il les tenroit à preus 
et à hardis. Et 11 François lor remandèrent qu'il 
i seroieiit lendemain devant tierce» et le coppe- 
roient ou despit de lui. Quant li rois Englois en- 
tendi que il vènroient l'otirmiel copper, si list fie- 
rer le tronc desous de bendesde fier tout entour^ 
et avoit bien .v. toises de gros. 

Et lendemain par matin s'armèrent li françois 
et fisent .v. escièles de lor gens , dont li quens de 
Sancerre conduist l'une, 11 quens de Chartres 
l'autre et li quens de Bretaigne la tierce ^ et ii 
quens de Neviers la quarte , et mesire Guillaume 
Des Carres et Uesire Alains la quinte : et chevau- 
cièrent dusqnes à l'onrmiel à Gysors, les arbales* 
tiers et les carpentiers devant 5 à boines haches 
trenchans et as boina martiaus picois pour ra- 



64 1.4 GaB0KI^fB »0 lAOlS» 

(;ier les boides dont li oormiaiif estœettt loiiés 9 
el s'ariettèrent à Toonnier et lagièreot à foftes 
tootef les loiores et les eoppèrent jasqu'en terre 
cm que il en pesast. Et li roisRichannes^arries^ 
toit mie endementien, ains ayoit lait •▼. escieles 
and 9 et te feri contre François corne prens et 
hardisy et forecheos des François bien et hardie^ 
ment et brisièrent lor lames, et en i ot^monlt dé 
mors et d^abatos. Puis traisent les espées et s'en* 
tremellèrent li ans es autres et i ot grant capléisx 
et menr cilles i iaisoit li rois Richars de bièle che« 
talerie et abattoit chevaliers et chevaus et errar 
goit beamnes et tiestes et escus de cols, et iaisoit 
tant de mervelles que François en estoient tout 
esbahi. Et d'aotre part, li Barrois se remaintenoit 
si bien que U n'encontroit chevalier que il ne 
0iesîst à iemOf et tant le doutoîeot que dus d*aas 
ne rosoit ateodre^ Ains li &isoient tout ploLcei 
Et en son bien iait li rois Richars le regardoit et 
en ot grant anni. Car il le haoit d'armes de piécha, 
si prist une grosse lance forte et roideet li escrie: 
—«Barrois 9 barrois, trop avés chcvauciésl »'-!• 
Quant li Barrois Tentendi si le conneut bien et 
raga une forte lance en la main d'un escuier^ct 
fiert clievaas des esporons contre le roi et li rois 
contré lui. Et s'cntrevinrent si très durement de 
pis et dQ chevajos , que U iaisoient toute la terco 



CHAP. vfir. 65 

bondir; et se férirent souries blasons si roide- 
tneni cpie il romplreot pottraus et chaingles et se 
portèrent à terre par dessus les orupes des ciie vaus, 
lor siele entre lor cuisses ; et salirent sus et Irai** 
sent les espées des fuerres, et se férirent ^anf 
cols sour les heaumes et sour les escus. Et ne 
péust reaianoîr, se la bataille durast longuement, 
que 11 uns ne plerdist. Atant salirent nos gens 
d*uTie part et d'autre et remontôrent cescuns le^ 
leur-, et se départirent atant, et ala cesouns àson 
repaire, car 11 nuis les aproçoit. — Ensî demeura 
{uequesà Fendemain que 11 rois Rlcharsot oî messe. 
• Ataiit es vous .i. message broçant à espourons 
qui descetidi as degrés de la sale, et monta amont 
«t demanda le roi. Et on lî ensegaa et il ala celle 
part et le salua et li dîst : « Sire lî quens de Glo- 
€Îeslre à cui vous aviez baillé Engkterre à garder 
•est mors: et sont cil de vosf re pays moult esbalii. 
Ciar ii rois d'Escoche et lî rois d'Irlande et iî rois 
de Galles sont entré en vostre terre, et vous i font 
tiionlt grant damage. Peur Diu , Sire , si y metés 
conseissi que vous devés^qui sires et rois en testes.» 
Xors npiela li rois de ses Barons les plus vaîl* 
ians et les {dus sages et lor requîst eonsellg. Et il 
respondirentque iln'iavoit autre conseig que il 
■fi'^n r'alast hastivementen Engleterre etemmenast 
avoeo lui de ses homes, desquels qu'il vorroit^ 

5 



/ 



66 LA CHBdRIQUB DB BAINS. 

et qui plos li Beroieot pourfitable, el li remanané 
demoaroîeDt iei , et garderoient le castiel $ et 
contralieroient les Franeois et lor feroient des- 
pendre les deniers le rot. -^ « Par ma foi y dist li 
rois, vous dites bien. *- » Atant se parti li rois du 
cODselg et fist le lendemain apparelUer son oire 
et esluit del mius des barons et s'en ala en En* 
gletère et trouva son pays troublé , et les gens es* 
bahis si comme gens sans signonr. 
! Gbi lairons dou roî Riehart et dirons dou roi 
Phelippe qui ot eu lettres dou comte de Sancerre 
qui estoit Giévetains de Tost, que li rois Ricars s'en 
estoitalés en Engletère,à tout lesmillours de ses 
Barons. Si se pensa li rois que ore estoit-il poins: 
si, fist escrire ses briés et envoijer à toussesléaus 
et lor manda que il f usoent tout à Biauvais à armes, 
dedens .i. mois, si come il dévoient. — ^Et il s'i fu- 
rent efforciement et trouvèrent le roi qui ja venus 
1 estoit. Si, fist avant garde et arrière garde de che- 
valiers preudomesporTost gouverner et vinrent 
à .1. matin devant Gisors et tendirent los très et 
lor pavellons tout entour le castiel au giet d*un 
arbalestre à tour. Et cil dedens issirent fors et les 
destourbèrentçou qu'il porent. Hais riens ne valu, 
car trop estoient poi contre les François, et cius n'i 
estoit pas qui lor eonfors estoit. Ensi furent Fran- 
çois logiet» Et lendemain au matin , commenda 



cvAP. mi. 67 

H rois que li engien fassent dreciet. El fist 
jieter eu la ville perrières et maDgonniaus ef- 
forciemenl, et furent cil dedens si destrainten, 
pot de tans et par nuit et par )our, qu'U ne sorent 
que devenir né que faiive. Car on avoit tant ocis. 
d^aos que la tierce partie n*estoit mie en vie* Et 
quant li Ciévetalns de Gysors vit que tout aloientà 
la niort,si manda au Roi Phelippe qu*ilr8nderoient 
le castiel dodens • 1 . mois se il n'a voit consdg doa 
roi Richart. Li rois li otria le respit et en prist. 
ostages le fil le GiévetaÎD. A tant fist li rois ciesser 
les engiens de gieter et d'assalir, et li Ciévetains 
euvoia enEngleterre au roi Richart que il le venist 
secourre car il estoit si apriessés que poi de sa 
gent i avoit mais de remanant* Et li convenoit le. 
castiel rendre ponrestevoir,dedens. 1 .mois.Quand 
li rois entendi le mani don Gastelain si fu moult 
iriés et fist escrire moult hastiement unes lettres 
et manda au castdain qne à cel four n*i poolt-il 
iestre, mais por Dieu qu'il se tenist tant come il 
péust : car il le secourroit au plus tost que il po« 
roit. Endemetiers que li tiermes demeura , li rois 
de France demoura devant Niors . i* castiel fort et 
bien séant , qui estoit au roi anglois, et i envoia 
une partie de sa gent : et vinrent là si coiement 
que cil de là nés pierchurent, et furent si sour- 
pris qu'il s'enfremirent dedens le castiel tout à 

5. 



68 LA. CHBOXItlVB ^B BAINS. 

I;. fais. Ensifu M castiaus pris; et les faruisoris pri- 
sent et misent en prison* — Et quant li rois Phelip* 
pes le sot M en ol très grant {oie. Endemetiers il 
messages «Jtfe li eaetelainB aVoit en^diés en En- 
glettrre fu tevenns, et ot aa Castelain données les 
lettres don remant sén ^neur; si Yi't bien qu'il 
n'avei^oit pas eneote secours de son signeur, si 
rendi ail roi Phelippe le caniel de Gysors qui tant 
eetoilbiausct fers: etil Rois le fist garnir de boine 
gUnt ef de qtianketf lâestiers lor fu. Atant se 
parti li réie Pbelippee d'iloéo étala par toute Nor- 
mchdie et y feisoH àssés dcr f ou qu*il voloit par ,de- 
ftrs Ayrtétêches. 

àdeât avinC que li rdis Richars ot fioée sa 
gikeirre en Engleterre et s'en revint en Normandie 
au pldS test que il pot et au phis efforeiementi et 
ûtrha à Dièpe .i. soir; et l'en demain ^ devant le 
jour 9 fist sa gent arme^ et errer celle part où li 
i^iS estoit. Et li rois ohevaiiçoit adont à privée 
ibaisniey et nequidoit avoir garde peur çou qu'il 
quidoit que li rok Richars fust en Engleterre. 
ifaisli vilains diaten son proverbe : ^u^en i. mai 
4ê qiâidance n*a pat pUin pot d$ sàpieneke, Jà 
lùsi çoù que li ri^is Pbelif^es fust li plus sages 
prinoes dou asonde» et souvent avient que sages 
hom fait grant folie. -^ Et adoni u*estoit pas li 
Barrois atoee lili,^ mais ntfssire Alalns 'de Roussi! 



estoîtqni iROult haoit 12 BarroUetlifiarrois loi.me- 
sire Mains $e regarda et vit au puijer d'un tterire 
l^rantfuison de chevaliers armés et vit looode lut 
reluire Vor et i'asur des armeures* Btdist au vo2 1 
c sire inei est avis que je vi orendroii ckà outre 
graht plenté de banières et de pignons, et nous 
sommes en terre do gnerrer si nousanneriens» se 
vous m'en orées; car li roisRieliors est moultehe^ 
valerous et moult set de guerre.--^otnent, dist li 
rois t Alain , par la lance Saint-Jaques! je ne te vi 
onkes mais couart, fors maintenant. -*• Par mon 
cief ! dist mesire Àlains, je suis eiusqui s^n taisi 
atant.» — Â dont se regarda li rois et vit que les ba-« 
nières aproçoient et tous li pajfs peuplent de gent 2 
si apiela mon signeur Alain et dist: t Alain se tu 
le lôoies^il seroit boin que nous ftiscièmesannet .» 
Et me sire Alains respondi. • Sire à bièle eure 
en parlés, et saciés de voir que çouest li rois Ri-* 
chars sans faille , et vous di por voir que nou» se- 
rons pris. Mais saciés le bien , montée sourie plus 
courant diestrier que vous avés^ et vous en aies 
à Gysots qui est priés de chi à garison et {e de-' 
mourrai chi endroit et vestirai vos armes et ferona 
doumîus que nous porons. 1 — Adont montali rois 
sour . I . diestrier fort et seur et s'en ala versGy« 
sors , grant alenre. Et fu piercbeus de Tavanf 
garde et eoururent après plus de 11 • eenx. Mais^ 



J9 Lk CHAORIQUB DB RAlHf* 

il esloit déflarmés et cil esloient àrméi eift'esteîl 
miu8 montés d'eaus tons , et s^en ala par effort de 
cbeTal jusqnes à Gysors et fa rechens kiens has- 
téement. — Etmesrre Alains de Roussi demoara et 
prist les aimes le roi et fist .11. eseîèles de tant 
de gens come il ot et les înist en conroi. A tant 
^9 vous le roi Richart et sa geat et se (lèrent en- 
tr^aus et li François les reschurent vîgbeureuse-* 
ment à tant de gens come il estoient ,- et se def- 
fendirent merveHesbien. Mais lor bien faire ne lor 
Valu riens.Car tropestotentpoi contre lesEngldis, 
et li rois Richars esloit très boins cbevaUers de 
sa main .En la parito furent pris li François et en 
prisent les Englois desquels qn^il vorrent , et f u 
mesire Alains pris armés des armes le roi^ Quant 
li rois Richars le vit, si U eseria : < En non Dieu, 
Rois,. or vous tieng-je ! •— Ciertes, dist mesire 
Mains 9 non faites, ains tenés Alain de Roussi , 1 » 
povre vavassour ! — Qu^csche diable, dist li rois, 
ies*tu çou Akins^Je qurdoie par S^-Tbonvas teniv 
le cors dou roil Hé, dist lirois Ricbars-, puis 
que you ai lali au cors don roi , ai {e au naains le 
Barroîs?^ C>ertes,dist mesire Alains, nennil: car 
il n*e8t pas chî; et sacîez de voir, que se il i fust,. 
vous eussiés esté pris ou mor». » — Geste parole fa 
reportée au Barrois qui moult le baott, et pouir 
ccste raison fu faite acordance. Atant se parti U 



CBAP. TIIt« 71 

rois Rican d*enki atout ses prisons » et s'en alla 
à YernoD .1. casliel qu*il avoit, qui moult esloit 
biaus et bien séaos sour Saine^et fist départie ses 
prisons par ses çastiaus : et mpn signeur Alain 
retint avec lui, et renmeaa à Roem, et là séjour- 
na une pièohe (1}. 

. ♦ , 

(1) «Let Françau, dit Rapîn Thoira*, ne parlent qae des 
«▼antaget remporté* par Philippe , et passent légèrement 
•nr tes pertes. Les Anglais 9 cependant , entr'autres avan- 
tegésy font Taioûr une viet<kire ^e remporta Bichard entre 
Gourcelles et Gisors.— Philippe, disent les Français, s'étant 
avancé à la tète de 5oo chevaux, pour reconnaître les enne- 
mis, fut sur le point d'être enveloppé et contraint de se reti- 
rer dans Gisors avec précipitation. — II est certain, continue 
Thoiras, que Richard écrivit en Angleterre an sujet de cette 
action, une lettre qui se tronre dans lerecneil des actes pu- 
hlics, dans laqneU«il se vantait d'avoir remporté ce jour-là 
nnegloriei|sevictoire««. 11 se trouve même des historiens an- 
glais qui prétendent qu'il l'occasion de cette victoire,Bichard 
ajouta aux armes d'Angleterre la devise Dieu tt mon droite 
Mais j'ai de la peine k croire que cette devise soit si ancienne, 
ni qu'elle doive son orîgîne à cet érénement* •— Cette af- 
fiire, suivant les Chrùniquê* de St-^DenU , coûta cher à la 
Fjrance.« Là, fat pris Alain» de Rouci, Matbîeus de Marli, 
Li joenes Guillaumes de M ello, Philippes de Matuel, et maint 
«utre dont nous taisons les noms. ■ 




7^ Là CHBOm^B BB'Iàmt. 



■aisar 



CHAPITRE IX. 



Cornent It rm b^Aigleture entra m £vûntt4 




E von» diron» doa roi Phdîppe qai estoil 
à Gjson et manda sa geiit et ftee raloia^ 
^ptiis 8*eo revint en Ftance^ et là sonjourna 
une g;rande pîëclie. Et li rois Richars qui estoît 
à Roem, fu trop dolans de GyHors et de INiora 
qu'il ot pierdu. Si prit une partie de sa gent et 
les envola es marches pour destrulre le pays 9 et 
Tautre partie emmena à 1. easliel le roi Pbe-« 
lippe, qui estoi t es marches et Tassist. Et fu devant 
grant piëche^ ançois qu'il le prist. Et fist si bien 
les chemins gaitier, que nus messages ne pooit 
issir. Et tant fi&t devant le caatiel qu'il le prist 
par force. Et fist à cescun des arbaiestriers un 
poing copper^ ctas siergansà cescun . 1 . oel creverr 
et les chevaliers fist raiiembre et les laissa aler* 
par mitant. Et quant U rois Phelippes le sot , si 
Ten anoia moult ; Mais il ne le pot amender à 
celle fois. Car une grans maladie li prist qui bien 



CHAV. IX. 7$ 

H tint an et demi« porquoi il n*l pot entendre. 
Or, revenrons au roi Uichart qui bien faisoît 
ses ours thtner, et nWoit qui ii contredésist 
et faisoît quankes il voloîl dofèrs fortereces ; et 
prendoît proies es paysans et tourbloit si le pays 
qu^on n*i semoit né alianoit nient , né faisoît nul 
gaego^ga , tant comme la terre de la Uaroho 
duroit et encore outre; mais les fortereces le roi 
estoient garnies . de bonnes gens et de vins et 
de viandes , et quankes raestiers lor esloit> si qoe 
il n*avoieat garde dou roi Riohart, et néque* 
dent il les tenoit si cours qu'il ne savoient pooi^ 
de movoir cascuos de sen lieu. 




74 L^ CBnONIQUB M RAI1I8. 



CHAPITRE X. 



4U»t li »<«»»« «o^ <. ..i >«.Hi*i. 




'oKT airint qu'on dist nonvieies a<t r6i 
Richart, que li rois d*£spaigoc) aToit assis 
Là RIole et Le Braj-Gerart .11. l>oine8 
viles siennes: et quant il entendit teus paroles, ai 
crolla la tieste et dist que par Tame son pere^ biel 
li estoill et que ensi ne demouroit-il pas; et que 
or avolt li rois d'Ëspaigne enveillet le chien qui 
dormoit 9 et piéclia c'on dist el provierbe : tant 
grate kiévre que mal gUt» A dont assambla li rois 
Ricars de sa gent une grande ost et monta sour 
mer: et tant nagièrent qu^l arivèrent à Baîone , 
une sienne cité qui séoit en Gascoigne, sour mer. 
Et là» furent .viii. jours , et au noevisme jour, 
comanda li rois Tost à errer et au plus tost quil 
porent entrèrent en la terre le roi d'Espatghe» et 
misent tout le pays eu feu et en fiame^et prendoient 
proies , et gastoient blés et vingnes et gardins, et 
destruisoient quankes il ataigooient : et coururent 



ensi .XI 1 1 1 . jonrs, ançois que li rois d*Espaîgno 
le seust. Â tant se parti de Tost au roi Ricart un^ 
espie et s^eo viot tout droit à La Riole où li rois 
d*£spaigne tenoit son ost et li dist : « Sire xnale* 
ment est. Li rois Ricars est arrivés à Baioine a« 
tout grant gent, et saciés que il vous a fait }à 
grant damage » car ii art et destrult quankes il 
ataint de fors forterèces, et n^est nus qui li con- 
tredie » — Quant li rois oî ces paroles f si ne li 
fu pas bicl et pensa en son cuer que il averoit en^ 
contre 9 car li rois Ricars estoît hardis et cou- 
rageus, né riens ne li lairoit dou sien. Mais il 
quidoit que li rois Phelippes Teust si ensoumieté 
que il n^ust pooir de là aler. Mais en si ut dire qaa 
espérer et quidiers furent doi musart. *- Âtant 
se traîst li rois Ferrans d*£spaigne d'une part et 
apiela son conselg et lor dist : « Sîgneur ^coqt 
seliiés moi » car feu ai grant mestier. Vieschi le 
roi Ricart qui est entrés en ma terre et bien sai 
qu^il est trop outrequidiés et s'il pooit tant iair» 
qu'il péust de moi goîr , bien sai de voir ne por-* 
teroie la vie : ou au moins }e seroie mis en prison. 
— *• Parfoi dist li baron et ses consaus tous , vous 
ne trouvères nului qui ne vous loe à mander vo 
arrière ban dont vous avés assés. Et .mandez se- 
cours, sour avoir et sour vie à pierdre, et mandez 
que nus n'i demoure^et quidempurra il demorra 



;4 LA CnVOlVlQUB DB filLftl§é 

SOUS la liact. Et bien sacIeE devoir que voas ar^ 
aiHours .11. tans de gens que vous n'aves chi el 
si iesitesen vostre terre et tou|our»vou8croistront 
gent . » — À cel conselg s'accordèrent tout: et liro» 
fist escrire ses briés et les envoia bastement par 
foute sa terre et vinrent au jour qui lor fu maudés^ 
et H rois Richars les aproclta à •m. lieus el manda: 
au roi Ferrai»! bataille an tierce ^îur. Et li roi» 
Ferrans li remanda qu'il Tauroit volantiers el 
moult en estoit désirans^ 

Qui Jor véist d*une part et d'autre faaubier» 
rolier, glaive» enfierer, pourpoins et quiriés et es^ 
eus enarmer, et sieles el poitras apparellier, et 
cbcvaus ficrer et prendre garde cescuns soigneu- 
sement que riens ne li falist. Quai>t vint au tîere 
four» si se levèrent tout; et cescuns des rois fîst faire 
de sa gent escièlcs et atourner el rengier ensi 
comme il lor sanabla que mius vosist. Et ot en 
cescune escièle' connestable preudomme et gèn-r 
til qui les gouvrenoit. Atant s'aproient les os et 
foustèrent ensamble, et nM>ult en lot d'abatus 
et de navrés et en oreni à cel poindre li Englois 
le piour. Mais la seconde escièle les secouru 
vighereusement et moult cargièrent lor avîer- 
saires. Quant la sedonde escièle des Espaignoi» 
vit audessous sa partie, si se ferirent entre aus 
isnelement et moult en ocisent et abatireat; 



tîBAP. 1%. 77 

puis se ferri ens la tierce d'u.iic part Et la Uerco 
4'aiUre part ; et puis la quarte et la quiule. Et 
furent tout mellet. Ei ot iiluec taut de chevaliers 
et de cbevaufl mors et abat us que nus ne le saroit 
4ir6 né oombrer.^Atantès vous le roi Rîchart 
iançe sour fautre et aloit criant : c Rois Ferrans 
d'Espaigne^ ois iestes vous aies ? véeschi le roi Ri-* 
çhart qui vous vient deffendre la Rioie, et ic 
Brai*Gérarl et toute la terre deGascoigne^etvous 
n'aveie droit et vous en iestes privés comme des- 
ioiaus et mauvais ! Mais vous quidiès que li rois 
Frariçoism^eust tant donné à faire que je ne peusce 
chà venir? » — Et lor li issi de la bouce . i . mos de 
grant beubanche. tCiertes, dist-il, je liverraî 
asséd batailles el vous et le roi de France tant que 
{e viverail* — Hélas I il quidoitassés plus vivre qu'il 
ne vesquit. Quant li rois d'Espaigne s'oî clamer 
traitour; si ne li fu pas biel, et fiert chevaus des 
èsporons et »*eu va celle par oii li rois RicarÀ 
estoit, et joint resca à son col qui estoit pdins do 
«inople a .111. castiausdW» Qui seneHoienf qu*il 
estoti rois de Castiele. Et tint le lance roide et 
mut au roi Ricart et li rois Ricars à lui qui estoit 
artnés d*une vermelles armes, et tint la lance 
baissie, et meut au roi et s'enti^vienent de si très 
grant vertu que chainglesné poitrail ne lor porent 
aîdierque cascuns d'eaus ne cbéist à terre ^ lor 



^8 LA cnnoifiQVE db bairs, 

ftièles entre ior pies. Bt salirent sus ati pins tost 
qn^il porcnt et Iraisent les espées des fuerres el 
s*entre-dounèrent grans cops et ne peost mais re- 
manoirque li.quel que fust, n'i reeeust grant do- 
mage. Car il estoient andoiboins chevaliers. Mais 
la gent de casoune partie souscoam le sien , et 
furent remonté par une force : et dura li estours 
I usqnes à nonne 9 mais li Espaignois en oreut 
le pîour; Car il estoient mal armé et ne sa- 
iroîent mie tant de guerre comme li Englois. Et 
meyment il prendoient cuer au roi Richart Ior 
sîgneur qui faisoit tant d^armes que tout cil qui 
le véoîent en avoient grant mervelle. Neis li rois 
d'Espaigne ne Tosa ouques puis encontrer qu'il 
Tôt assaijet. Quant li rois Ferrans et sa gent virent 
qn*il ne poroit plus endurer, si tournèrent le dos 
et Englès encaucièrent jusques à la nuit oscnre 
que li| uns ne vit Tautre. Adont courùrenl as 
lentes le roi Ferrant, et la nuit i lurent et i 
trouvèrent çou que mesliers Ior fu et mervellouz 
trésor. Et Tendemain revinrent àBaioine et mon- 
tèrent en mer baut et liés et joiant. Et arrèrent 
par mer .zi. jours et arrivèrent à Dovre .1. sien 
castiel et illuec menèrent grant joie de la vie- 
tore Ior signour (i). 

(1) Je D'ai trouvé nulle trace dans les historiens , de cette 
guerre de Richard contre le rôi d'Espagne. 



CBAP. TU 79 

Et quant lirois ot soupe siala coucieretnepot 
dormir.' Et li souvint de Gysors et de Niors qu^ii 
avoît pîerdu. — Si, se pensa qu^Uiroit asségîer Gy- 
sors et le prendroit par force» car il ayoit le plus de 
sa gentavoeolui.Etli rois Phelippesestoit malades. 
Si) ûst sa navie aprester et sa gent appareiller et 
monter sonr mer, et il i entrèrent volent iers à 
son comant, car il esloit larges et courtois. Et 
tant alèrent que il vinrent au port à Dieppe qui 
siens estoiti et i prisent çou que mestiers lor fu. Et 
fist esrer son ost dusques à . i . castiel qui estoit le 
roi Phelippe qu*ou apieloit Loche, qui moult es- 
toit biaus et bien garnis et bien séans , et estoit 
inoult en sa grevance ; si se traist celle part et 
Tassîst, et fist assalir jour et nuit. Mais cil dedens 
le deffendirent vigheureusement et il estoit assez 
gent et bien garni. Et avint .i. jour que li rois 
Richars aloit remirant le castiel une targe devant 
lui 9 et fu piercbus d*un arbalestierqui estoit en 
une tourièle. Simist .1. quariei en coche et 
traîst au Roi, et le feri à descouviert au tournant 
de la.dreteespaule, et le navra durement. Quant 
li rois se sentit navré, si se traist arrière, et furent 
li Mire apparelliet qui 11 traisent le quariei horè 
de l'espaule tout entier, et li ciercièrent la plaie, 
et li disent que iln'anroitgarde,séil se voloit bien 
se carder. Mais li rois qui estoit de grant cuer ne 



8o Ll GHBOlfftQUB fit RAINS. 

prisa rfeni la plaie, né le coiifielg desntîres; si but 
et manga tant corne lui plot et jat à femme (i) 
et sa plaie comencha à foursaûner et li feus i 
ferî, et en poi d^eure en fu tous pour is licoBtés et 
li bras. Et quant li rois vit qa*il ardoittout et que 
morir le convenoit, si comencha à plaindre soy 
inejme et à regretter et disoit ensi : » ha f rois Rt'« 
chars morras tu dono I haa! Mors corne les har^ 
die quant tu oses assàlir le roi Richart ! hée che* 
Valérie , corne ore iras à déclin ? hè |>ovres dames 
et povre chevalier que de ventés vous 9 hée dfiel 
qui rctenra niaîti chevalerie » larghëce né Courtoi'* 
6ie ? ft-^ Eus! se complai^oit li rots« Bt quant i 
vît qu'il le eonvenoît morîr y si comenda que ses 
cuers fust enfouis à Rôem , pour Tamour qu'il il 
avoît ; Et ses cors fust emportés à Londres et en* 
fouis en la mère église^ Àtant trespassa et rèndi 
esperit : qui soit en la foie de Paradis s'il plaist à 
Dieu! car plus larges né plus courtois ne temèst 
el monde né miudres chevaliers de sa roèîo et 
de lui aâiert-il à dire celle parole qui fu dite par 
la bouce le Roi, deSa«it| le premier roi qui ooLes 

(i) Ncc lethalîserat pcrcosBio, sed mûâitûtnùï 

• Rex etamlto¥vmbiociitiisaii(lire8àlabret 
Aiifiigit 7 unçlf^ mai» ven«ris dam gaudia sano 
Fraerci't consilio, mortem sibî dcscjus adiicil — (adsciscit.) 
À'tropos et fîlum jam ru[>%rat 

(Guiilehmi Britoois. — Philip, iib. Y.) 



fuéteB Judëe OU premier livré des rois, qoaikt 
iSaûl et. Jonathas ses fius fureut ocis en. le ba-^ 
taille de Gelboe. La parole si fu tele: « Cpmm$nt 
sont péries les âmes ^eUeresses? Comment sont çhea 
H fort (flsraheO vous noble chevalier (tlsrail^ plorés: 
(eus et Saul s<mt mort et cheul aT^Iq» paroles et plus 
bieles furent dîtes dou Roi Saûl et de Jonathaa 
son filg, quant il furent ochîs es montaîgnes : les 
qneles paroles affîereot trop bien au roi Richart^ 
Lors quant il fu mors, si comenciërent à faire ses 
cens le plus grant duel du inonde, et se départi li 
os d^enki et s'en alèrent à Roem, et \k fu enfouis 
ii ceurs le roiRicart (i). Et li cors fu portés à 

(i) Tons les historiens sont d'accord avec notre chronique 
•nr la blessure mortelle et les derniers moments de Richard 
Gœur-de-Lion. Seulement ils mettent le lieu de la scène daoa 
le Limousin, pays dépendant de la Guienne, que possédait 
Richard , et non point en Normandie : 

«En l'an de l'incarnation MG et XGIX, ot li Rois Ri- 
chars un chastel asiis près Limoges en la première semaine 
de la Passion nostre Seigneur. Au viicomte de Limoges estoit 
cil chastel , si avoit nom Ghao-Lies. (Gastrum Lucii de Ga- 
preoloyvulgaîrement appelé Ghalns-Gbabrol).La raison pour* 
quoi il ot ce chastel assis, sifu pour ce que uns chevaiiers du 
pais avoit trové un trésor en terre , et cil trésors , si come 
l'on disoit, si estoit an empereres de fin or, sa famé , si fit 
et ses filles , et tuit séoient à table d'or pur ; si i'etoient let- 
tres escrites qui donnoientà entendre il ceus qui les lisoient. 



Londres ob on en fist grignenr duel qn'onquesfe- 
f ist'On d^omme; et fa enfouis en le mère-é^ise à 
grant hônnear et U fa faite tombe bièle et ri* 
che f tèle qo*il afferoit à RoK 

qne cil cmpereret avoît esté et corne grant tent estoit conis 
pois qoe il régna. Ce tréfor demandoit li Rois Richart k ce 
cbeTalier ; maU il ettoît traia k garant an TÎtcomte, et a'es'» 
toit mit en ce chaatel. Ensi tenoitli Roi le siège, et fesoitas- 
salir cbascun jor moalt efforciement. — En dementiers qoe 
U estoit un jor k assaat « uns arbalestiers de la garnison da 
cbastel traist un qoarrel k la volée attaignist le Roi Ricbart; 
par aventure, non mie k penscement, si qoe il il fist mortel 
plaie. Par celé plaie qui guarir ne pot, monrat li roti eo poi 
de tans après. • {Ckrcniqugê <U 5ûint»DênU)^ 




csAP. XI. . 83^ 



wemaKmÊÊmammmaBmaBSssassmmsoBaissBs^ 



CHAPITRE XL 



Cmmnt 3f Ijoi» ht Draine fit rob ht 3l)int0alm« 




[tant le lairons dou Roi Richart qui fi| 
.mors sans oir de sa. char, et dirons doti 
iRoi de Jhérusalem qui fu fais par élee-* 
tion et régna .vm. ansf * et mora la roine sa 
feme» et en demoura une fille; et fu li Royaumes 
en la mainas barons , et orent le main-burnie 
de la damoisièle et le gardèrent jusques atant 
qu'elle ot eage de marier. 

Des or mais dirons de Jehan de Braine qui fa 
fius le comte Gautier de Braine » le vieil, qui ot 
plùsoiirs enfans ainsnés de celui Jehan ; si vot 
li quens Gantiers que Jehans ses fius fust clers : 
mais il ne le vot iestre» ains s*enfuià Clerevaus^ 
où il avoit un oncle , frère sa mère, qui li faisoit 
livrer çouque mestiers li estoLt. Et il prendoit en 
gré çou qu'on li faisoit, car il estoit jouenes, de 
Teage de .xmi. ans. Et avint .i. jour que che* 

6. 



84 1*^ CHBOlTfQVB ^B HAfllS. 

Tûlier de son linagc aloient au tournoiement, et 
virent Tenfant Jehan qui estoit à la porte; et 
le virent biel enCaint, et bien tailllet et bien san- 
bloit gentiu8-honi.e. Si s'ariestërent à le porte et. 
demandèrent qui ois enfens estoit? Et on lor dist 
qu*il estoit fins le comte Gautier, et s^en estoit 
àffuis à Clerevaus, pour çou qu*il ne voloit mie 
festre clers. — Et li clievalfer disent qull faisoit 
bien et H venoit de boin cuer et de gentil; si le 
fisent prendre à .i. escuier et monter sour un sou- 
mier» et le menèreal avoec aus en .i. tournoi 
eb il U livrèrent •!• ronehi, puis le menèrent de 
marche en marche et de tournoi en lournoi. Et 
tant crut Uenfansetenfiorcha qu^il sot bien aidier. 
son ami en la plus grant priesse deu tournoie-* 
ment : et tant servi que ilôt .zxiui.ans. Et quant 
li sires de Gastiel-Vilain à cui il siervoil, vit et ce-» 
neutson sens, si vot pour sa proèche qu^ilfîxstche^ 
valiers et le fist chevaliers. Et fu preus et chevale- 
rous, et le tint de maisnie. Adont prisent 11 ami 
oonseig ensamble et requisent le comte Gautier 
son père qu'il 11 donnast tière : car il leur sam« 
bloit qu'elle i seroit bien emploie. Et li quens lor 
{ura que {a, n6 à mort ne à vie, n'averoit den* 
rée de sa terre : et d'iluec en avant ot il a non 
Jûhan^anê^Ure. Mais pour çou ne demora mie 
que il n'alast as tournoiemens et as poignéis de 



4 



cnip. XK €$ 

guerre» Et en toutes marées ou autre cheratler 
aloient pour querre los. et si ami li donnotent 
quan qu'il li convenoit por la proèche de lui. 
£nsi erra grant pièche, et moult açquist grant los 
etgrant pris de chevalerie. Et tant couru de lui la 
renommée par toutes teres qu*on le sot en la tere 
de Surie. Et s^assemblèrent li baron et s^acor- 
dèrent a çou qu'il Tenvoieroient querre pour la 
damoisièle et en feroient roi. Ensi corne il fu 
devise et ensi fu faîti et fu mandés par lettres 
des barons. Et quant il sot ces nouvièles, si en 
xnerchia moult notre seigneur. Et le fist savoir 
au seigneur de Gastiel-VUain , et au seigneur de 
Joenvile et à ses autres amis qui moult en furent 
joiant et lies. Et li livrèrent cou que mestiers li 
fu, deniers 5 reubes et chevaus, et armeureset 
chevaliers de son Ifnage» pour compaignie tenir 
et pour Touneur de lui. 

A tant se parti Jehan sans tere de ses amis 
et de sa contrée et prist congié a tous et erra 
tant par ses journées qu*il vint à Marselle en 
•xiiit. jours et trouvèrent la nave appareilie» el 
misent dedans quonque mestierlor fu el mon« 
tètent soùf mer à .1. mardi inatin, El diex qui 
tous les biens dondè lor donna si boin vent qUii 
furent passé dedans .xxxi. jour et descendirent 
en Acreà g;rant joie, et i sou)purna .xv. jours pour 



86 LA CHEOVIOtM XIB IlAlHfl. 

la bsseœ de la mer. Adont vinrent U Baron ft Iirf 
. et H disent : • Shre 9 noas vous avons mandé pour 
vostre bien et pour vostre preu. Et savons que 
vous iesles gentius home et preus de chevalerie 
et loiaus ; Et nous ne veymes oh li roiaumes de 
\ Jhérusalem fust mius emploies que en vous.» 
-— • Diex^ c dist Jehan-sans-terre,» le vous otroie.* 
•*- Et rechut la damoisièle et l^espousa en réglise 
Sainte-Crois; et moult i ot fait grans noches et 
bieles^ et durèrent .viir. jours plenières et au 
, cief de •vin. Jours furent menés à Baru et la 
furent coronés andoi. Car c'èstoit adont li Ùus 
où on coronoit les Rois de* Jherusalem pour çoa 
que Sarrasin tenoient adont Jherusalem. EinsI 
corne je vous ai contés fu Jehaus-sans-terre rois 
de Jherusalem et pierdi le non de Jehan-sans** 
ferre. Etot non H rois Jehans de celjour en avant^ 
et tint le roiaume bien et à droit : et fu boins jus** 
liciers et regaa lonetans^ corne boin»rois (1); et 

(1) Les historiens parlant de Jean de firaioe on BHenne » 
dhent qa'ott ne sait iien de sa jeunesse , ni de l'époqiie do 
aa naissance : ils- racontent seulement qne les clirétiens d« 
la Fakfftine ayant fait demander à Philippe-Ângaste un 
époux pour Marie fille d'Isabelle et de Conrad de Mont- 
ferrât 9 héritière du ro]paome de Jérusalem » lie roi de France 
choisit Jean de Brienne, qui réunissait toutes les qualités 
d'un vrai chevalier lirançait, lia conthmation de Gnitknniflr 



CHl». XI. 87 

ol de là roiiie une fille qui puis fu feiHe rèdipe- 
rour Feldrio. Et de Feldrio issi uns fiu9 qui puis 

de Tyr (attriboée k Bernard le Trésorier) s'accorde àsseï 
•▼ec notre chroniqoe. è Or fons dirons de la terre de Jérnsa- 
lem : il avint chose qaè le cuena Henri fa mort et qne la terré 
•ohaS à la fille le marquis qne 1» hassisis (les hassastins): oe- 
elstrent. Elle n'ot point de signer» ains fist l'en d'an sien 
oncle Baillit de la terre, [asqaes à tant qu'il auroit trouTé 

à qui il la donroient et dé qui il feroient seignor tl 

•vint chose que 11 patriarches et li eresque et li chcTalier 
de la terre et li templier et U hospitalier s'assemblèrent 
ensemble et prirent eoâseil ensemble à enâ U porroient 
donner la demoiselle et faire roi de la terre. Là estoit ans 
€he?allers qnant ensemble estoient, et se leva en pies, et 
lor dist qu'il savoit un chevalier en France qui n'avoit point 
<4de feme , et estoit haut bons et prodons , et s'il s'i voloient 
accorder, il li estoit bien avis que 11 roianmes li afferiroil 
bien et qn'ele i seroit bien emploiée. U demandèrent qui II 
estoit ,. et comment U aveit nom*. Il lor dist qu'il avoit nom 
le cuens Jobansde Bcène. Il en parlèrent ensemble et s'en 
conseillèrent et lot asses de ceux qui bien le connoissaieot» 
et avoient oi parler dé li, et s'accordèrent lui dé deman- 
der, lé querre et de donner 11 la demoiselle* et d'en faire lia 
roi... Li message vinrent à kii, là oii il estoit efr France et 
]i dirent que cil de la terre d'outre-mer le mao dolent querre 
por lui faire' roi. Quant il oi ce » si dist qu'il en prendroif 
conseil* 11 ait au roi de France et 11 dist que l'en l'avoit 
mandé querre por estre roi en la terre d'outre-mer.— Le 
roi li conseilla bien et II loa qu'il i alast* Il ala et arriva en , 
Acre, où l'en le reeeut à grant honer et à gractsignoHe, 
puis eU à Su* , e( esjpousa sa femme « et portèrent corbne. • 



88 LA. CaRORIQUB BB BAr5»# 

ol le fine le 'duo de Bavière et de cel fit; itof nnê 
fins qui dent iesirereie de Jiîeiti8aleai..Slavifil 
q^e la roine de lhei:u«alem moru qui moult eatoit 
home dame et sainte. £t fa eutierée en Téglide 
Samte-Cfois. Si avint .i. poi appîès que ii rot» 
Jehans prîst à feme le fille le Roi d'Iermente et eu 
ot .]. fi!g qui fu apielés Jehans en baptesme pour 
la raison de son père qui Jehans a voit non. Et 
ae vesqiuii cius enfans qioe «viii. ans et moru.. 
Ot* nous lalrons chi dou roi Jehan., car biea 
i revenrenâ quant tans et lius en sera. Si vou» 
dirons del apostole Innocent qui ot entendu que 
la terre de Jhérusaiem estoît en la main des Sar- 
rasins et le traitoient vilainement et n*i estoît mie 
fais li «ierviees aoslre sîgneur. Si en f u mervelles^ 
meus en pitiet. Et fist assambler . t. concilie gé- 
néral de toutes les ordènes desous la loi de Rome. 
Et furent à .1. jour à Rome r et là atourna-oa 
moult de comandemens qui estoient nécessaire 
il sainte église : là establi-on que une clokete fust 
portée avoeo corpus domini, earonne i portoit 
point. Et fu atournèe que li prèstre qui arment 
capes à mances les averoient reondes; Et meull 
d'autres comandemens qui ne sont mie bien 
gardé ne tenu* Et là parlèrent de la terre de Jhé« 
rusalem qui estoiten mains as Sarrasins. Si en de- 
vdl ièstre fiainte egUse moult kée et leuie eaiiite 



CHAP. Xt, 89 

«reftfienté». El s'acordèrent à çou qu'on prêche- 
roU des crois. Et envoièrent legas par le pays. Si 
ot non li legas de france maistres Robiers do 
Crescon et estoit englois : Prcudome, mais vo^ 
lentiers buvoit; par dieu I ainsi sont maint preu- 
dôme. Cil croisa moult de peule et s'en alèrent 
à .11. aies : li première aie arriva à iLcre à une 
saint miobiel et moult i ot grant gent : et orent 
consdg que il iroient assegier Damiette, et ende- 
menliers lor croîsteroientgent. Â çou s'acordèrenl 
tout ii haut home et fisent aprester lor naves et 
montèrent sour mer et vinrent à Damiette et 
prisent port, ^uis étendirent lor très et lor pa- 
Tellons et prisent tèrc et se hébregièrent au mieus 
qu'il purent. Et quant Sarrasin s'apierohurent, si 
orent grant paour et fremèrent lor portes et gar« 
DÎrcnt lor tourniëles et mervelies s'atournèrent 
bien pour delTendre. Et mandèrent à Saladin qui 
adont estoit soudans de Bafoylooe qu^il les venisi 
secourre^ car 11 estoit sires de Damiette. Car li 
rois Jchans et la crestientés de France et de Lom* 
bardie et de Toscane et d'Âlemaigoo ont assise 
Damiette et bien savent que cest li clés de la terre^ 
Adont s'assamblèrent tout 11 haut home à Bandas 
et prisent conseig que il feroient. La fa li soudans 
de Damas qui ot non Corradîns, et estoit frères 
germains Saphadin le soudan deBabylone. Si 1 



90 Lit CHBOJIIQUB DB BAIIIS. 

fa fi floadaùB de Goigne et oias de rEseÂmieki et 
«iiM de Halappe>où 11 boîn chevalier soni de paie- 
aiet et moult d'autre aoudaot et amirant, et 8*a* 
cordèrent tous que il deffendcroient Damiette : 
et mandèrent au soadan de Babylone que il se* 
roieni avoec lui à .1. jour qui mis fu. Et oreot 
^oDselg cornent il esploiterolent. Ensl furent gran< 
pièce que 11 un ne meifisent riens as autres , et 
•toute» voies cresti jen ourdèrent et fisent fosses et 
boines Hches par deviers laberrie. 

Et fisent .1. pont de nés parmi le ikim cpi 
moult estoit larges et parfons pour tolir oeaus do 
D^mîette le port , car par enki lor venoit tous 11 
biens^ Et fisent .11. os. Tune d'une part le pont, et 
l'autre d'autre part; et ce f u la cose qui plus lot 
greva. 

Gbi vous lairons ester del Roi Jehan et de-s'ost, 
si vous dirons de l'autre partie des crestîens qui 
ef^tcMt demourée; si corne 11 elleus de Biauvais 
qui fu frères mon signeur Gautier de Nantuel» et 
me sires Andrius ses frères me sires Jebans d'Ài^ 
gies : li quens de Fuigniet; 11 sires dé Loupinee 
qui preus estoit, et me sires Jehans Fuinons et 
moult de preudome que |e ne vous noumérai pas^ 
car grant anuis seroit de tant de gens nomer. E% 
et U cUeus de Biauvais la disme des clers de par 
Tapostolcl^t apparellièreol lor naves et montèrent 



80ur mer et ndgièrent tant sans destourbier qo*il 
vinrent en Acre et demandèrent où li roîs estoit. 
£t on lor dîst qu'il estoit devant Damiette qu'il 
avoit assis et |a i avoit esté .1. an. Quant H esleus 
Tentendi si fist ses naves appareiller et montèrent 
Vén demain sour mer. Et vinrent en .vi. Jours à 
Damiette et se logièrent avoec les autres qui 
moult grant joie lor fisent. Mais ne lor en vint si 
mal non, si come vous arez en avant. 




9» tk eincmiovB db haiii^ 




CHAPITRE XIX. 
urgent IBaxteam «rent mctotre (Hir Ir tlMume kr 

' R tous dirons de Saladiii, le Soudan de fea- 
.bylone» qui esloît à .11. liens près de Tost 
Jogiésr et toutes les fols que crestien assa> 
loienl à Dantietic, lî Sarrasin assaloient ascrestiens- 
|>our aidier à ceaus de Damîette. Car il ne pooient 
entrer en la cité foi% |>àrnit Tost as crestiens. Ensi 
se maintinrent jus^itee ft »i. jour que 11 legaus el 
E esleus et H rois el li autre baron fisent .1. par- 
lement ensamle et disent que ce seroit boin qu*il 
«laissent assalir as Sarrasins « el se Dieu plaisoil 
îl aroient victoire. « Par foi , > dist li rois Jehans^ 
cce seroit boin à faire sll nous venoient priès^ 
mais ce n^esl riens d^aus requerre de si Ions , et 
1ous{oorsles avérons as liches se nous volons.» — 
Yoire, »dist le esleus de fiiauvais, « Stre Rois, vous- 
TCH'rîeB que bous demorissiëmes chî tousjours. »• 
•— c Ciertes^ idist li Rois 9 • non fcroie; Ançois, 
croî que Tostre alée vauroit mius que vostre de- 
morée el nequedeut i'en voel faire quanLe li autre 



CHAP. Xlli 93 

1^ verront faire : el aviegqe que avenir en pora 1, 
A çou a*acordèrent toutes voies qu*il mande- 
rolent au Soudan de B^fayioBB bataille : et ii Sou- 
dan lor otria aii (ouir St.-JeliaQ d^colasse. Et bien 
laciez pour VQir qu*<^n)iwes erestien ne se combati 
4 cei jour as Sarrasins ^ qu^il ne fussent vaincu. 
Iii crestîeo s'apparelliërent au mîus qu'il porçnt 
et li Çarrasin d^autre part. Et lisent lor esoièles 
ordcner et uietre en conroi et erestien qui furent 
eutreci^idiet ne regardèrent mie que la fins de 
1a besQîgae poroit devenir. Et les requisent unet 
^ue lonc parmi le: sablon caut et ardaB,t. Et fe- 
roient li cheval adies ens jusques as genous 9 et 
les gens à pied ausi. Et quant il approci^rent les 
Sarrasins cil à piet fusent si ataiot qu*il pier- 
dirent tout lor cuers et lor alaines et se descon- 
firent par eus-meymes et tournèrent en fuies, 
vers les lices. Et quant Sarrasin les piercburent 
si lor courirent sus, et en ocisent tant come il 
vorrent. Et tout fussent mort se ne fust la cheva- 
lerie qui estoit en Tarrière garde qui soustiut le 
fais des Sarrasins qui moult les arguoienl. Et tant 
souf rirent erestien qu'il ne porent endurer plus, 
carli iors estoit caus et il estoient pesament armé : 
et çstoîent venu de lonc et Sarrasins estoient uou- 
yiel et legièrement armé, et povoient soufrir le 
caut il et lor cheval; et fisent descrestiens lor 



94 ^à, OBWIQIIS M lAlM* 

Tolonté. Et fa piÎB li elkiu de Biainràisi et me* 
0irefl AndrioB deHantoel tes frères, et meriresJe*- 
ban d'Archies et li sires de Loupines et mesires 
Jehan Fainons et moult d'aatre prendome qui 
forent mené à Cahaire en â. casticl derant Ba* 
bylone qai estoit au sondafa. Et la lor estât en- 
durer prison et anui. Et quant li rois Jekans le sot 
et li lég;aus et li autre baronie ^ si en furent trop 
dotant et endoutèrent plus les Sarrasins et se 
Usent mins escargaitier. Et pour çou ne demora 
mie qu*n ne tenissent lor ost ensi corne dorant 
et destraignoient si ceaus de Damiete, que nus 
n^i pooit entrer né issir. Ensi furent une grant 
piècbe que Saladins né li autre soudant ne se 
murent. Et cil de Damîette estoient & grant mes- 
cief. Et avoec çou il ayoient une maladie en lor 
bouce qui lor toloit le boire et lemangier, et 
moroîent comunément. Et i avolt une si orîble 
puour en Damiete des cors à ceaus qui estoient 
mort que nus n'i pooit durer , aînçois moroient 
presque tout, que pour la maladie que pour la 
puour. Et furent si adolé quM ne pooîent plus 
soufrir. Si prisent .t. coulon messagier qui avoit 
esté nouris en Babilone et fisent escrire unes 
lettres es queles lor mesaises estoient escrites et 
lor mortalités, et que pour Mahom il les secou- 
ruBt , car il en avorent grant mestier : et bien seust 



CBAK XII. 9$ 

qu^l n*avoieDt point de ciévetain , car 11 eslotl 
mors eu la maladie comune : et requéroient que 
on lor envoiast ciévetain gentil home, et preu et 
sage qui bien gouvernast la cité : et tournèrent 
les lettres au coulon de sous sa diestre eile. Puis 
le laîssièrent aler, et il regarda son chemin et 
8*adrecha vers Dabilone et vola tant qu'il vint au 
colombier ou il avoit esté nourîs. Quant cius qui 
gardoit le colombier le vit, si Tala errant nonchier 
au Soudan : et 11 soudans dist qu'il le prist et ti 
aportasi; et il si fist. Et li soudans prist le coulon 
et 11 destaka la lettre de desous Teile et le fist lire : 
et oi oomcnt il esloit oeaus de Damiette. Si en fu 
moult coureciés et il le dut bien iestre, car c'es- 
toit 11 ciés de sa terre. Et prist conselg cornent il 
en ouverroit. Et li fa loé qu'il i envoiast un home 
sage et vighereus pour iestre ciévetains. Et main- 
tenant fist atourner.i. cuir de beuf de .iiii.double»» 
ausi ront corne .i. oef. etfu cius mis dedans à tout 
la lettre le soudant, et fu li vaissiaus bien cousus 
et poiésy et fu assis en raigue, en tèle manière 
qu'il ne pooit',thumer ^ né afondrer, et estoit tous 
el flume fors qu'il apparoit desus et avoit «i. traa 
çl comble de seure par quoi il reprendoit s'alaine. 
Ensi fu mis el flum, et flota tant li vaissiaus quo 
il vint au ponst que li crestien avoient fait parmi 
le -flun. Et 11 crestien avoient tendut une roie 



06 LA cnnoMiqvB ds auks. 

]ianiiiraigne, de loue en looc le pont pour les 
a? entoret qui aTenir pooieot. El quant tîdC à la 
myemiit^ li vaiMiaiis arietta an pont par le foit 
qioilàestoit eldemora jusqiietaaioarqoeoD vit 
le foomeron qui para par defort étalèrent odie 
part et fu li Taistians saciés fort à çrana de fier, 
et fa aportés à terre et fo pecoijés et en fa gie- 
tés li Sarrasins atout la lettre* Et le fist li rois lire 
et aroit devens que li porteres estoit connns le 
Soudan et TenYoIoit à Danûette pour i estre eie- 
Tetains» et sot la couvine ceaux de la cité. Et 11 
rois le fist mettre en aniaus et bien garder son-< 
(oensement duskes à une nuit qu*il avint que lea 
gardes furent yyres et dormirent si fort que li pri* 
sons escapa, et s*enfuioit par derrière les tentes* 
A tant s*es veiliièrent les gardes qui le gardoieot 
et crièrent haro ! haro I et le quéroient parmi 
Tost* Et li prisons estoit ja ti eslongiés qu'il es*» 
toit as daerrainea tentes. Et tout fust escapés se 
ne fuscent boulenghier qui estoient relevé pour 
pestrir , et oîrent les aniaus sonner et crièrent 
après y Prendéê le prUan, et couroient après. Et 
li uns d*eaus le consuivi et tenoit en sa main une 
hache et Ten feri parmi le clef et Tocist. Et li rois 
en fu trop dolans quant il le sot. Car il en eus! eu 
grant raenchoo, ou cange d'aucun gentilhome. 
Dès ore mais vous conterai de Salbadip le 



cnAP. xn. 97 

soudant deBabilone qui moviltesloît defiirois de 
euer de Damiette qii'H quidoit pierdre ; et a»- 
ÉMnla teua les bau9 prineea de 8*osi et lor dbt ; 
«SIgneur, té netupierdoti^Damielto, nomanenfe 
font pierda , car e'ett la clef de- vostse teiro et par 
Moec acMi» vient toote? nostrtt poonoeaBcbe; ti 
dev^riens moire fpraolpainede nostfocors ançois 
que aoiw le piordiMieiiiee : CUr 9 par Ifahom , si 
ette est piesdae je doot qo^elle se soit yamaii re^ 
convrée. Si me solapcasésd^BBecose» wé vonsle 
loé», e'eot que notts nmidons au roi et a« légat 
que ttOQo tendeioBa to«s ie»frîsoM vies el Doa« 
^iawift que wws Iea0«e et toBle la terre quelirois 
Amanrîe tioS for» lo GraC' et Hod roiaL q»& leva 
gemtieaiieiiloù.aeiiia»'atOBs:pooir« liais tai|t 
evroodcrotts pour oea rii. oastiaue cesev» an eomo 
lî doi castiel poront valoir. Et si avovt triove à 
•XX. aosçoHiis que tant faeentqn'll estent le êiè§t 
de devant Damiette». •*« i^celcoaecls a'aeordè* 
font tout et fiaent veoir lea prisons devant ans» 
et lor disent cesparoleaqai moult lor furent bîeles^ 
Eteshireatiij^soD.ii. d'eauspour porter eeste 
besoigae^ dent U uns et aomi nesire Aadrius de 
Nantnely et liautres aaesites Jeban» de ilarchiesL 
Et les. rapleglèrent Uaulae sevrlestiestes àcoper , 
et vmreat e» f est ai» treC la rot. Et fu mandés H 
légas et tout U baron et lom dist mesire An^rios : 

7 



98 Là GHBÔlflQV^B BA BAIITI* 

c Slgneur, nous soumes chi envoiet de par le Ba^^ 
ronie de Paienîe qui vous mandent par nous Is^ 
plus bièle paix qii'onkés fustoffîerte as Crestiens* 
Gaî* il vous rendront tous les prisons qu'il tienent 
viels et nonviaus, et toute la terre que tint Amau« 
ris^ fors le €rac et. Mon roial^ car ces «ii. casttau» 
ne vous puent-il rendre pour çou que teus gêna 
les ont où il n'ont pooir. Et pour ceaus vous ren-r 
dront-il autant corne il valent par an. Et si avérés, 
tfives dusques à .xx. ans mais que tant faciès que 
vous ostés le siège de devant. Damiette et vous 
en râlez en vos pays. » — Li rois et li légaus et. 
li baron disent qu'il s'en conselleroient. et furent 
grant piéche à consels , et moult i ot de paroles 
dites 9 les unes contre les autres, et bien vosissent 
aucun d'eaus que on le fesist pour lor amis qui 
estoient en prison. Et li autre disoient que ce 
n'estoit pas boin à faire. Car il avoient illuec 
demouret plus de .11. ans et i avoient soufiert 
caut et froit et grandes mesaises eut. Et i avoient 
despendu le leur ; et estoient sour le point de 
prendre la cité; ne {a ne &'i acorderoient. Et à la 
vérité dire , cil estoient pris par lor orguel et par 
l'esliut de Biauvais qui plus avoit d'orguel en lui 
que u'ot Nabugodonosor qui par son orguel fu 
mues, .VII. ans en bieste, sicomon list en Dainiel . 
le prophète. — A cel consels s*acordèrentli plua;.. 



CBAF. XIU 



9d 



4e8 Barons et cil s'en râlèrent tout plorant , et 
noneîirent au Soudan çou qu'il avoient trové 
et as prisonniers, qui trop en démenèrent grant 
duel : et aussi eu pesa au soudantoarilavoit plus 
en la queriele que tout li autre* 




jl dcwer pa«r Ja .pu^ir. Majs 4î rois fiât pointer I^ 
cora as cbjinp et {urdpû:. Et £vit Ji^ cité ^«eitoUe^ <^ 
ienitr0FjBot eas lir«t8>^t Ui<gaM«^'^t Jtoujtli Autre; 
et ti^iif^nct b f^té bjtem {;Miii^^.fQr^:i«^t, çt^ 
jrÂn » et dVuvieuresejt4V et d^ajijgeat ,et 4^^911110- 
àes apierteBjMt à bç^^iUe. fi^ii jleaLQi'^i^exit 4 
DamîeJlte jvaques à .|. iour q^e il pxiaciD ^t li 
i>arft9p«rtèi!e!iit j9iwinbl(B e> 4>s^Dit; ^ q)i^^ra*«e? 
Mr(Mi8.dcvQt.aii mais enclps^Qice^t^vCit^ ^iifiens 
ne faisons ?-^AlQn« cpuiqiierre KAÎmnîe; car Sar 
rasia «e soat eipart , 4ké i wifliîs rap ^^QHl T£^* 
aamblé; et ^eesebi .1. cf^^ei qp| 4»pia Teais, 
pvies de cbi à ,iia« Uens, que lOiPMa {Krfia4roQ9 au 
premier eop. Et «é iWîia i^fayipAOïpa prj^ , iious 
auriea8:dejegier Aabj^lwe. A.ciel qoaaelsB'acor- 
dèreat tout et viaceolau rpiet .iM^iJiégat et ior 
diseat ipea parotos* fit M I^gaa djst que c*(estoit 
boÎQ à faire.» et.li rojs resppadj que 11 Jiégas disait 
aa volaot^» ^é^ie nacvoU pas à quolx^e^moatoît : 
car Sarcasia eatoîeut .mpiUt sa§fe et .estoient 
aour le lea^f et bjca veowit Jk>riaUlpur quaat 
taas. et Uns .en eatoil; £t adput .estoiea.t epure*;- 
eiét pour Paupiette -qu'il av.aieat pierdue. -^-.Se 
loevuie eudroi|td$^oi.que.oa soufrit.deschi ataivt 
que la veaue .del jQua soit pasofée. — « iQiertes» dis! 
li legaa,>ij ,iueaaAle>quUi voiiroît mius rli alers que 



ton tA. CnoKIQVB 0B BillIfS, 

Il demoiirers. — Cfertes, dist li roîs» et fa cm^v 
qu'il vorroif pi»; et nonponrquant jà pour mot 
ne demoarra, né ie ne voel que on m*en mette 
bladme sus. —Par ma foi, dist li légas, or n'i a 
fors dou mouvoir et de raler^ et maintenant que 
que nous Venrons là, nous l'asserrons et le pren- 
derons.! — Hais 11 fu tout autrement^ Adont fisent 
Tost esmouvoir et vinrent à Tenis qui à mer-« 
veDes séoit biel, car il séott en une fourceure de 
.II. rivières, dont It .i. bras couroit à diestre, et 
li autres à seniestre. Et avoit campaîgne entre 
.n. oùon pooit ahaner et cultiver, et là iiseni 
Crestien lor très porter à navie et passèrent ie 
Hun : lit fendirent lor très et assisent le castiel. 
Mais il n*i demorèrent pas granfement quant Sa- 
ladins le sot qui moult estoit sages Sarrasins. Et 
fist le flutt escluser et reculer contremont et es- 
pandre parmi Hlle ob Ir Crestien estoient logîé; 
Et ançois qu'il fnst mienuis, il se trouvèrent ea 
Taigue fiotant ret tout fusent iioiiet se 11 Soudaos 
vosist. Mais il estoit sages durement , et bien sa- 
voit que parmi les prisons et parmi ceaûs del 
flun illuèc raveroit-ii Damîette, Et s*il les noîoil 
Il n*averoit mie raouH gaegniet. Car Damiette 
estoit bien garnie de boîne geni et pour çou les 
tint-il en tel destroit et lor fist savoir que se il ne 
rendoteat Damiette il les ieroit tous oeiier» 



CBAP. iir. 



lb5 



feaaBMHHt 



CHAPITRE XIT. 



Moment Bixmam rotM IHamUtU» 




luAHT li rois et H baron virent qu^ensi es- 
JBj^toit , si se tinrent à musart et disent que 
|(^3Jtn^mius lor venist avoir creû le consels le 
roi f et fisent cel pais corne il porent avoir , tout 
à la volonté le Soudan. Et li soudans lor délivra 
tous lor prisons et vies et nouviaus el plus ne vot 
avoir don leur que Oamiette, ensi conie il le trou- 
▼eroit garnie. Et maintenant fut otroiie dou roi 
et des crestiens et ne vot li soudan autre seu- 
relé né autres ostages^ né de templiers né d*08- 
piteliers prendre que le cors le roi. Et convint 
par vive force que li cors le roi demourast en 
ostaiges tant que Damiette fust rendue*, et on 
dist piecha r Ensi fait gui mius ne puet, — Ensi fu la 
cité rendue 9 Et li rois et li baron délivrée El 
montèrent sour mer et vinrent en Acre et des- 
cendirent illuec et i furent une pièche. Et avint 
que Uilea U esteus de Biauvais qui estoît cîé» 



\ 



d'eaus, s'en vot revenir en Francbd, et tout cil qui 
en estoient âlé avoec lui ; et montèrent sour mer 
et arrivèrent à St.-Nicholai dou Bar» et de là, 
alèrent par terre dus^ues à Rome et trouvèrent 
Tapostole. £t requist qu'il fust sacrés; Et H apos- 
tôles dist qu'il le sacreroit volentiers; et le sacra 
et en oinst avesques : et 11 fist caucler uns soUers 
que li clere apieletit cendales qui seneSent que 
il ne doit passer en vain nul pas. Et puis li viestî- 
Q9 Je B0çi.eJ;4|uî est lilansy qui «esieiie «aastet, 
Etrj^pvèfi tt wsl^n la mitre soKir le cief , qui se- 
Befie JbHmMUtc&. Et puis après Taube fui est pi»« 
JOmeQt j»la^i€iàe;f ^ui seaefie -virginité. Et puis le 
mist-oi» le £in0ii au bras seniestre ^i senefie 
astio^smiAie t^arJlilHm semestres qui est loiiéa 
doit releKiirj £t ,ii diestre qui esA deslol>és doii; 
dwMT* M piw 11 Hiist'Oo Testole entaur le co) 
qui ^exi^Ce çbédience* Après 'li viesli-<on le tu- 
nique 9 qui doit lestre vers » em la ^uele on list 
r«^pistDle » qui s^nefie soufrance. Et puis après la 
daumike en<quoionlist l'évangile qui doit y cstre 
blanc et senefie droituee. Et par deseure tous les 
vieslenaensli viesti-on la eaeure» qui doit iestre 
de pourpre vermelle 5, qui senefie^earBé. Et puis 
limistionle croche en la main semestre qui es- 
toit crochue desur^ <et ague par deaous, qui se* 
Aefie miséricorde et vei^ance : car U prélas doit 



lefi peceours atraire par prédication et par boine 
example; et en doit avoir miséricorde et alegier 
partie de sa penanche. Car on le porott al es- 
poenter de ses péciés qnil 4Uk kîeroit en désespé- 
ra nche. Et c*est uns des peciés que Diex het plus: 
et pour çou est la croche courbe deseure» et si 
est ajjpie par desons , pour ^ou que li prelas doil 
donner pénîtenche po^igpaiiie as pecheours tout 
ausi que li pointe de sa croche est, et pour çoa 
fiie (On m limtt mû6 dov tout quiter au pecheour 
lepénitftnchede s»n péeîet. Car, qui le quiteroit 
M en renlieff^it pAus legièreaentJ Après on It 
mlst Tani^ an doit, qui senefie mariage. Car il 
est papous à «ainte é^Use. Et puis U mist-<»0 la 
iaitve an cief .qui doitlesire bla»oe et a .iu. -cornes 
dont rune sencfieooalession etl^autresatisSaclon. 
EfMÎ £u tt elieas de Biauvalis sacrés. Et U apostoles 
U doona à tenir les ntajos d'iTliae et les tint uno 
cran t piècbe «c^onques n'î fisA se mal non. 






i 06 %k CHROHiQVB DB' EAIN8. 




CHAPITRB XV. 

^Bi vous tairons ester del evesqoede Biau«' 
ivaîs, car bien i revenrons. Si vous dirons 
[douboinroi Jehan d'Acte qui demora en 
b terre de Surie et se maintint adies corne preu- 
dôme et estoient trives données entré Crestiîens 
6t Sarrasins à .xx. ans» — Si avint .1. jour que H 
roisestoit en Acre et li dist-on qu*il tenoit .i, gen- 
tilhomeensa prison qui Sarrasins estoit.Ët li rois 
Gomanda que on l'amenast par devant lui et fu 
li Sarrasins amenés devant le roi. Quant li rois 
le vit, si il plot moult et li demanda qui il estoit ? 
Et il li fist dire par a. drughemant que il fu oncles 
à Salehedin qui tant valu. Et 11 rois le regarda 
moult et remira sa fachon et vit qu'il estoit grans 
etdrois et bien taîlliés et bien fais de tous mem- 
bres 5 et estoit d'un grand eage, et estoit vier- 
maus el vis, et avoit la barbe blance qui li ave- 
noit très qu^emmi le pis, et estoit treciés à une 



Cl! A p. xr. 107 

Irècbe grosse et longhe qui H avenoitdtiskes a« 
hanches; et très bien sanloit preudome. Et quant 
li rois Tenst tant regardé si comn»anda que il se 
sist, puis li fist demander par .1. drughemant 
des aventures Salehedin, Et il dist qu^il en dirott 
assés et de vraies. — Lors dist li Sarrasin : Sire^f 
fe vis mon seigneur Salehedin , qui estoit rois de 
Babylone et avoit .xxx. rois à justicier, qu'il fisl 
.1. varlet preu et bien enraisnie monter sour «i. 
destrier et aler par toutes les boines viles; et porr 
toit .111. ausnes de toile atachies sour unelanche« 
et crîoit à cescun quartfour des rues : Plus n'en 
portera Salehedin de sa grant seîgnourie ne de 
tout son trésor que ees .m. ausnes de toile pou^ 
son souaîre. •— Après il fist une autre merveille* 
11 oî parler de la grant carité del hospital d'Acre 
et o! dire que nus mesaisiés n'i estoit refusés 9 et 
ii donnoit-on quanques il demandoit, se on le 
pooit avoir. — Si pensa Salehedins qu^il assateroit 
se c'estoit voirs ou non. — Sîprist bourdon êtes- 
Lerpe et esctavine el se tapi au mieux qu'il potr 
et en vint tout droit en Acre et fist le malade et 
le mesaisié et chemina dttsques al hospital j tout 
cloptant. et proia pour Dieu qu'on le bebregast, 
car il estoit moult agrevés. — Quant li maistres tef 
vit qui recevott les malades, si le rechut pour ço« 
qu'il H sambla besoigneus : el maîntenÀat le fist. 



«o8 LA CHBOmQUB M AAIH». 

couc^er et, aait ier çou qii*0 pot. £t li demanda q«*il 
poroit msLU^korJ Cilqai faÔMolt le malade 4isl ^*il 
n'affoit ew« de mangier , mais pour Dieo on le 
laissatt reposer , car ai estoit trop fbncmeoés et 
loue tans avoit désiré à morir en Tosj^al avoeo 
les malades de laiens. Atant le laissièrent en pais 
et il se prist an dormir tout le jour et toute la 
voit. et. le lendemain 11 denuinda 11 maistres des 
malades s*il yoloit mangier el il dist qu*il n'en «voit 
talent et qu'il ne poroit. c Amis , dist li maistres , 
mangiés I Se vous ne mangiés vous ne porez vivre 
loDgementl — c Ensî geuna Saiekedîns .ii. }oars 
et . m'« nuit sans boire et«ans mangier. £1 li maistres 
aevittt à lui et li dist :« Amis^ il vous convient 
prendre aucune coae pour vosire soustenancef 
car nous serions trop blasmé«e vous chaiens mo- 
riés par délaute. — Sire, dist Salehcdins, je croi 
que je ne mengerai famais en ma vie se je n'ai 
d'one cose que je désire à mort, et bien sçai que 
(e ne l'averoie mie, car ce seroit ibursenerie à 
demander et à voloir.'-^Ha biaus frère ne doutés 
mie à requerre, car 11 bespitaus de chaiens est de 
si très grant carlté, qu'onques mes tnalades n'i 
fali à «on désir» se on le pot avoir , pour or né 
pour argent. JEt demandés hardiement car vous 
n'i faurés mie. » -*-<}uant Salehedins oi le maistre 
si affremer, si dist qu'il demanderoit. c Je de- 



nosAB , dist-il le plet diestre 'de devant de Mo-* 
i^iel , le boin cheval le grant maislre de cbaiens, 
et voel que Je le voie cooper devant moi présen-^ 
tème»tyoa sèçeunoo* Jamais se mangerrai. Of 
avesoiy dlBt Salehedins^ mon desirier. Haï» pour 
Keofl vooA pvoi qae^ vous n'i faciès feree, et mio» 
va«it que ie muiroy qui sui une pevres hom, que 
Me biofite rnuifc qui tant vaut I Caron dist pour 
voir que li grans siaistrea n'en preodevoit mie mil 
beians dfev.*-^ Ataut le laissa U maîstres et ala 
conter au ffraat maislre et li dist la requeste au 
malade. Quaniligiuos^maistres Fenlendi si pensa 
jk. poi et K viol à mierveâtes dont lele volonté li 
Venait ? EtdisI au ma»atre des malades t< Preodéa 
mon cheval et 11 assouagtés son désir. Car miua 
vaut ^ftm mes cfaevaus muire que uns hom. Kt 
diantre part il nwu seroit réprouvé à tous joura 
maisbi» 

Mant fu li ehevaua amenés devant le lit on fta«* 
lBfaedin»gi8oity et fu loHéa et abatus à terre* Et fu 
apparelUés utf s variés^ une grant hache en sa main 
et.i.bloluel en t'antre et dist: «Le quelpiet 
esche que li malades demande ? -* El on 11 dist î 
le dieslrc [riet devant. -^ £t il prist le bloktel 
et mist desous jb pi^t et eatesa la hache a ai. 
mains et vot férir si gi^nt cop corne il pot enteser^ 
quant Salekeâius.eserie m Tien toi: ma volentéf 



ttO LA CDBOJIIQUJI BB A4l!lf. 

€it agta o a gie , et met dcsi» mués en Antre ma* 
nière : Je Toel mangier diar demonton.» Lors^ 
fis U cberana detloi jés et cemenéf en Testable.^ 
St qoant li grans maistiea le sot, si en fa monlt 
Kéa et li frère de laiens et d^nna-on an maladift 
fon qa*ii avoit désiré et oianga bien et but ear il 
n*avoil pieeha mangiet. Et pois demooia .iiu*. 
fonrs laiens, et fist on çoa qui lui plot. Aprèa 
demanda sa renies et son. bourdon et esclavine etr 
prist coogiet au maistre et moult le merchîa des 
biens et del Tbonnenr et de la courtoisie qu'il II 
«voit laite. Puis s*en râla en sa terre et n*ot pas on-r 
blié çou que on li ot tait en Tospital et fist fiiirei 
une charte et sceler de son seel» et i avoit escril'' 
dedens } 

• Sacent tout cil qui sont et seront, que jovt 
Salebedins, soudans de Babylone, lais et donne à 
tous jours perpétuellement à rhospital de S. Jehan 
d^Acre^mil besans dor^pourlincheuset pour cour- 
vretolrs à couvrir les malades dou dit hospltal et 
les assigne à prendre sour mes Tentes de Baby*. 
loue cescun an, au four de le St-Jehan-Baptiste.' 
El voel que pour guerre que soit, entre Sar«» 
rastns et Crestiens on ne les laist à paier.»— 

Ensi fu la carte faite et lor euvoia et manda* 
que bien seussentll maistre que cefaîsoit-ilpour 
la très grant carité quicstoit en la maison, e%* 



CHA». XT. m 

pour çoo qa*on M hébrega : si n^easot-on mie: à 
ces ensegnes que il demanda le piel dieaire dou 
cheval le grant maistre» et It vot-oo; ooper par- 
devant soi , mais il nel vot soufriir. » -^ Quant li 
Grestien virent la oarité que Satehedinslor envoie 
oit si en furent mervelles lié, car il conoissoient 
tant Salehedin que il ne mentiroit pour riens.— 
Et adies puissedi ont esté paijet li mil basant tK 
les paie-on encore. 

Encore, dist-li Sarrasins*, fist il autre cose, car' 
li maistres de Cesaire qui adonttenoit la cité da. 
par le roi de Jhérusalem et estoit li castiaua 
bien garnis de chevaliers de siergans et d'afba- 
iestiers, mais par sa très grande convoitice il am- 
enrisçoit cescnn jour les garnisons de iaiens: et 
en m'étoh l'argent et Tor en ses coffres. Et avint 
queli rois ses sires, le sot, et li manda que il 
faisoît trop mal et que la cités en seroit pierdue. 
Car il estoit trop long de Crestiens et à tart li ven- 
roit secours se besoins estoit; Et que Salehedins 
estoit sages et malicieus et bien savoit conoistre 
son pis et son mieus. Et li marcis ii remanda que 
se besoins estoit, il feroit salir mil cheva-> 
liers de ses coffres. Geste parole fu raportée à Sa- 
lehedin par une espie qui li dist toute la cou-i 
vine dou marcis et de ceaus dedans. Et li dist que 
la garnisons estoit ja si apeticie qu'il ne i avoit 



tl» LA CHBORIQIIB BB BAIR8. 

o» poi OU ^md lalens.— Quant SalebediM U 
Ml si fil mosllliés cl tenroosi fics iMMHnes moull 
pméemeBl à .h, liens de Geaaire, el furenl là 
toul MsanAlet, .1» samedi an soir et mmeBl .nir 
lieaeS'deTaiit le foor elvkireotà la joianiéeà 
Cesaire^et Tassalireiil de tontes parsel dreeièteol 
escièles as murs, et quasi cil dedetft eateadirent 
la BOtfe a» Sarrasliiesi eonrnresl as SHin? de la 
cité ponr deffendre ; mais poi ior ¥ala: car il^ es* 
tdieDtp<^ elmal garai et fnrealpmeléeseemiert. 
et eut rèienl en 1» eilé àforeeel fut pris le marcis 
e| safeme et fti meaé» le» mains leiîé» detrière 
le dos devant Sakhefin qtà mdnlt le désirail à 
▼eoir. Et fnant Uleint, si K disi:* Marcis» Hareis 
eh sont li mil cheralier ^pie vemm detiea £iire 
saUr de vos eofires ? Par |f abena 1 vostre convoi-r 
lise vnneadeclieal Yons ne fastes onLes aoelés 
dTor se d'argent t mai» je vans es soelerai escore 
anqni. » — AidonifistSalebediss prendre or et ar* 
gent et le fist fondire en one paifèle deiter^pals 
li fist avaler es la goege tonibenUaot et mainte- 
nant li convint moôr. Et 6st Salehedins par sa 
courtoisie renvesjer la dame , li désime de Cres-» 
tiens- et .x. demoîsièlcs en Acre^ et la fo-eUe à 

sanveté.» 

« Moalt vons peroie conter, dislK Sarrasins, de 
Saleiiedîn et de ses aveatareft. Mais encore fis! i| 



une autre cose à la mort, qui nous anoia moult. 
Car quant il vit qu'il f u si apriessés que morir le 
convenoity si demanda plain bachin d'aighe et 
maintenant li couru uns varies aporter en .1. 
bachin d'argent et li mist en la main sénestre, 
etSalehedin se fist drecier en son estant et fist de 
sa main diestre crois sour l'aighe et toucha en 
•iiii. lius sour le bachin et dist : Autant à-il de 
chi Juskes à chi , corne dé chi jusques à chi. — • 
Ce dist-il pour çou que on ne se pierceust, et puif 
reviersa l'àigbe sour son cief et sour tout son cors 
et puis dist en français .111. mos que nou» n'en-< 
tendismes pas. Mais bien me sanla^ à çou que je 
yi 4 qu'il se bajîtisa.— Adont moru Salehedins U 
mtudrea princes qui onLes fust en Paienie et fu 
enfouis en la cymitère S. Nicholaid'Acrede jouste 
sa mère qui moult ricement i fu ensevelie : et à 
sour eaus unetournièle biële et grant , où il art 
nuit et jour une lampe plaine d'oile d'olive : et le 
paient et font alumer cil del hospital de S. Jehan 
d'Acre, qui les grans rentes tiènent que Salehe- 
dios et sa mère lai^sièrent (i). 



(1) Ces singularités attribuées à Saiadin, prooTent de 
quelle popularité ce priace jouissait, inème parmi les 
cirox«és.' Il est inutile d'ajouter que cette histoire de soa 
baptêoieest toute de rin?eDtioa de notre bon chroniqueur* 

8 



ii4 LA cmemQVE bk bai». 



CHAPITRE XTI. 



Cnral U mycmt» JkMs «mro. 




|u OAB «AU Yons dirai del enfant de Pnille 
^qtEit estoit apielés Fledris en baptesme et 
tenoit .III. roiaumes de son jretage; C'est 
à savoir le roiaume de Paille > celui de Sésille et 
celui de Calabre. Et avint qa*il fu esleus des ba« 
tons d'Alemaigne à roi d'AIemaigne par la grasse 
del pape , qui en avoit caciet Tempeour Olhon 
pour son méfiait, et fu sacrés à roi à Ais^la-Ca- 
pièle par la main rarehevesque de Trieves, puis 
fu présentés par les barons d*Alemalgne au pape 
pour sacrer à empéreour et furent lonc tans bien 
ensanle entre lu! et le pape, et moult obéissoit à 
réglîse de Rome, et esloît boins iusticières et 
faîsoit tant qu'il estoît doutés et créoiuspar toutes 
terres : Et pooit uns marcheans porter .i..gourle 
de deniers à son colsour.i. bourdon, qnejàn'eust 
jgarde. Ensi s'entramèrcnt li papes et U empe- 



CBAF. XVI. llS 

reres xnoult longetnent que tous H mona disoit 
bien ciel einperour — Jusques ù .1 . jour que cil 
de Melans orent discorde à lor evesque qui les es- 
cuménioit — Li bourgois requisent assolulîon et lî 
proièrent que il les menast par ordène de droit. — 
Li evesqaes respondi que ja assois ne seroient , 
s'il ne faisoient à sa volenté del tout. Quaul U 
.bourgois virent que li evesques ne lor en feroit 
el, si le misent fors de la vile et ne pooit goîr de 
cose qu'il cu^t. Et li evesques s'en ala droit au 
pape et se plaînst de ceausqui çou li avoi^nt fait, 
et 11 conta cornent cil de M élans Tavoient boutés 
fors de la vtle^ et desjretés de tous sesl)iens. Li 
papes en fu moult meus et i envoia un cardenal 
pour savoir de ses coses le voir et vint à Melans 
et manda devant lui le postal et les princes delà 
cité et lor demanda par quelle raison il avoient 
lor evesque mis hors de Melans et saisi tous ses 
biens ; dont il avoient trop mespris envers Dieu et 
envers le pape et à lor evesque. Li bourgois re^ 
pondirent que se il avoient de riens melTait qu'il 
estoient prest del amender -— mais pour Dieu il 
mesist consclg à çou qu'il fusccnt assois, et il 
estoient prêts de faire tout droit.— c Par St. Pierre 
»dist li cardenaux, vous ne serez assois des chi 
• ataut que vous Tarés amande à moi, et après 
•faites toute la volenté al evesque , dou haut et 

8. 



llG LA CHBOKIQDB t)B BAIHS. 

I doa bâs.— Par foi sire, dîent li baron, nous n'a-* 
■ VOD^ mie conselgdeçou faire. Mais se vous notfs 

• volés mener par ordene de droit, noas prende- 
•rons droit , et ferons droit par devant vous : et 

• par Dieu! Sires, metés conselg que lî cose ne 

• tourne à pis : — Ciertes, dist li cardinaus, je 

• ne sai à coi il tournera, mais droit ne vous i fera- 

• on ja, ains ferés del tout à ma volenté. — Par 

• foi, dient li bourgois, ce n'est pas parole de 

• preudome né de tel home que vous devés i estre > . 
Atant se partirent li bourgois dou cardinal qui 
moult lor prometoit mal à faire : et agreva la 
sentense de çou qu'il pot et fist vtiidier la vile de 
tout le clergiet et se parti de Melans en mena- 
chant les bourgois. 




V 



CHAP. XVII. 1)7 



CHAPITRE XYII. 

fUitt». 




*B avint que li postaus et lî contes de Me- 
|aii8 se traisent à conselg et e^toienten 
^grant esmoi des paroles que li cardenal 
lor avoit dit. Si prisent conselg qu'il envoiroient 
au pape pour requerre qu'il mesist conselg à. lor 
besoigne. Mais la cose fu muée en poi d'eujre, 
car la gent de la ville et li musart Csent .1. parle- 
ment par aus et disent que llseroitboîn qp:ie il 
alaissent après le cardenal et le ramenaiscent 
par force, elle tenroient tant qu'il seroient as- 
sols de lui et del évesque, et lor donroit lettres 
que jamais ne les escumenieroit. Et esleurent 
entrcaus cent homes qui après iroieat. Cil s'en 
alërent isnîélement après le cardenal et Tatinsent 
une liue ions de la ^ile , et Tariestèrent et li 
disent. — t Par Dieu, dam cardenauft* revenir voua 
estuet arrière eu la vile^. et nou» assolrés, voelliés 



Il8 tk CDBORlOVB BX EAlBt. 

OU non I ■ — Quant H cardenaus les oi emi 
parler , si lor dîst : c Gîcrtes viienaiUe puans, îe 
ne retournerai pas , ançois tos ferai toos escil* 
lier et Melans tout arraser, en tele manière qu*it 
n^i demorra piere sous autre I » — A tanf es vous 
•I. Musart qui le prist par le frain et le vot re-' 
tourner arière. Et li cardenaus escrie sa maisnie s 
c Or as vilains !» — Et li uns de ses varies traîst 
Tespée et ftri si cehiî qui le tenoit par le fraio 
qu'il Tabati mort à ses pies. Quant cil de Melan» 
virent morir lor compaignon si furent tout erra- 
giés, et crièrent < à la mort! à la mort f » Et U 
eardenaus fust voleâtiers tournés en fuies se il 
peust f mais H ne pot^ Car il fu maintenant avi<« 
ronés de toutes parts et le voloieut mener à Mt-* 
lans, quant uns machecliers sali avant et le ferl 
d'une kacbe à .11. mains et le pourfendl dusques^ 
en la chainture^ et maintenant chei mors. Pui» 
prisent celui qui avoit och lor compaignon ef 
Tatachèrent à la queue de son cheval et le trai-* 
nèrent dusques en fa cité par toutes les rues de 
Helans. Quant U Postaus et U contes te sorcnt ^ 
si en furent moult dolani p car il savoîeat bie» 
combien c'estoit Tausne. Et oretit conselg qu'ii 
envoieroient au pape pour mercbi crier: mais il^ 
n*i ot si hardi qui i osast aler^ pour paour de s» 
vie ! — 



CflAP, XTU. 119 

Eosi demeura la co86 d«saci adont que 11 papea 
le sot et en fu si coureciés que uus ne le pot apaî*, 
•ter. Et ot conselg de ses frères qu'il manderoit 
l'erapereour Fledri, et fu mandés. L*emperèrea 
▼Int tantosi, et li papes 11 conta cornent cil da 
Helansavoient esplûitiés. — c Giertes, dist li em* 
perèresy ce poîse moi. — Eu non Dieu» dist li papes, 
ie voel que la cités soit destruite et que il soient 
tous mis al espée.^Par maibii dibt H emperëres, 
ce ne sera pas faii sans grant paine et sans grant. 
coust, car fa sai bien que cil de flJ clans sont grani 
gent , et riee , et poisant , et moult i a de boina 
chevauceours et moult savent de guerre ! — En 
nom Dieu, dist H papes 9 {e vous aiderai j et vous 
otroi en dons quanques il ont. *- Sire » dist U 
emperères, je n'irai passé vous ne me donnés vo8«« 
Ire lettre. Car je vous counois tant que se cil de 
Melans avoient pais à vous, que ie i pierderoio 
quanques giaroiemîs.— Par Saint-Pierre, dist U 
papes, vous Taverés volentiers et vous {ure sou9 
St. Pierre et sour St. Pol que là pais u*eu sera 
faite se par vous non. » 

— A tant fu la cose scelée et affremée de 
fous les frères et par lor acort. Et Tempères s*en 
râla en sa terre et assembla grant gent et les 
mena devant Uelaus et i mist le siège et moult 
iovent se melloîent cil dedcns à ceaus do fors et 



tSd LA CHBdfflOVff M BAIR9. 

poi î conquéroient . cil de fors ; €ar ell dtdtns 
étotent bien garni et pot prîsoîent ceaHs de ibr». 
£n8i tînt Temperères Fledris le siège an et denil 
que poi î oonqùist , fors que tant que nus n'i 
pooit entrer né issir ^ et de çou^ furent mdult 
adolé cri devenir 

Si avint un jour que 11 peslaus et tt contes de 
Melans estoient à conselg et dist H uns d'aus* : 
cSigneur nons soumes en mauvais point. Car nous 
sommes escuméniet et avons guerre au pape et 
al empereur et ce sont 11 dei home au monde qui 
plus ont de pooir. Si loe en botne foi que nous 
faisons pats àaus, ou se çou non^ nous serons 
tout destruit, car nous pierdons nos gaegnages 
et nos marceandises et nous enchierlst ii viande 
ccscun )our. Et se la guerre dure longement 
nous serons mal bailli; et s*îl demoroît ensi .xx* 
ans si nous conveuroît-il faire pais en la par fin et 
si averoît trop cousté. Et n»ms vaut que nous 
metons le nostreen faire pais» que en gnerroiier* 
_ Par fol , dient li antre compaignon> vous dites 
vérité. Or regardons cornent nous irons avaut en 
boine manière 4 car il nous est mesliers. — En 
nom Dieu ! dist uns sages kom » U setoit boin 
que on traistast de la pais al empereour.t — ^Et es- 
lurent.ii. sages homes entr^aus qu'il envoièrent 
âi Tempereour et mandèrent à iVmpereour que il 



Toloient à lui parler de pais, mais qu'ii eiiscent 
ftauf<;oti<1ult alant et venait* Et li emperëres lot 
otroia boinement , et cil vinrent as tentes Tem-- 
pttreonr et descendirent et parlèrent assés à lui à 
Gonselg. mais il D*i porent troveir pais en nule 
manière que ce ne fust à lor destruclîon et à lor 
déshonneur. Si s'en vinrent arière en la cité et 
disent à lor compaîgnons çou qu'il avoient 
trouvé ! — t Par foi ! dist li sage home puisque 
nous ne poons trouver pais al empereour sans 
nous destmire, Je loerois en droit moi » que nous 
envoîssions au pape et li offrons si grant trésor 
que nous Taveulissons tout. Car je concis tant 
la manière de Lombars que il sont par nature 
convoiteos de gaaignier. £t ensi porons avoir pais 
parmi dou nostre. » — A cel conselg s'acordèreot 
tout et envolèrent au pape .i. bourgois de Plai- 
sance pour querre asseurance dealer parler à lui 
de pais; et li papes li otriaet li bailla sa lettre de 
sauf conduit. Et revint arière à Melans , et lor 
bailla la letre le pape. — £t maintenant esleu- 
rent entre'aus .ri. des plus sages homes et lor 
cargièrent la lettre de la vile ouvierte et bien 
parlant qui disoît : que cri de ta vile de Melans 
tenoient à lor fait çou que cil doi feroîent. c— Et 
fisent lendemain une assalie à ceaus de fors à la 
>ournéesi qu*il ne s^en donnèrent garde* Et se fè"- 



ISt LA CHlOKiQVS DB BUEW. 

rirent entr'eaos ctasséi Iw (luRt honte st A* 
nage, et prirent .s. de> lor et les menèrent en la 
cité. Et en deoientiers quHl huslinoient ft ceau» 
de îon, li message enteodireol à errer et eilon» 
giinat tant l'ost qu'il n'orent garde d'eaofc 



cnkf. xnii. i«5 



ts 



CHAPITRE XVIIL 



OTmntnt ril be iOrlttits firent faxa m pqpr 

por lor benttr0. 




I message esploitièrent tant qu^il vinrent 
à Rome et quant cil de la court les pier« 
churent si lor fisent moult laide chîéreet 
furent . viii. jours à court, ains qu'il peuscent iestre 
01. En la fin furent apîelé etlor demanda on que il 
querolent? — « Par foi, Sire, dieut-il au pape y 
nous venons requerre vostre grasse et pour Diea 
aies mercht de nous! — ha! maie gent, bougre des- 
loî)aly dtst li papes, vous avés desiervià pierdrè 
cors et avoir.— .lia! Sire, dîentli bourgois, pour 
dieu merchil vous n*avés pas bien entendu la vé- 
rité de ces coses, ainsvouscuaon dit tout le con-« 
traire. Et pour Dieu, biaus sires connissiez vous 
en, et vous en travelliés, etoil de Melans vous en 
sierviront de .xxx. mil mars d*argent.t — Quant li 
papes et li frère oîreut noumer le grant avoir ^ si 



IS4 LA CHRONIQUE DE BAINS. 

8e refroidîèrent et humilièrent enviers eaus, el 
disent cornent ce serait assentî. Et li sage home 
respondirent moult bien : nous remanrons par 
devers vous et manderons que on vous envoit les 
enfaus a .xx. plus rices homes de Mèlans et les 
lairons en ostaçes desci adont que vostre grès 
sera fais.» — Açous'acordèrent li papes et li frère 
et furent H enfant envoijet et mis par devîers le 
pape et il les fist bien garder. 

Ensi furent cil de Melans appaisiet au pape et 
les assolst et les tinst pour bolns crestiens. Et 
manda â Tempereour qu'il s*en revenist ; car il 
a voit enquis et entendu que li Yesques avoit eu 
tort, el li cardenous avoit esté ocis par son ou- 
trage. — Quant li empereres oî ccsnouvielles sien 
fu tous esbahis, car il avoit despendu moult grant 
9Voir devant Alelans. Si mauda au pape quMi ne 
8*en mouveroit de ça , adont qu'il raveroît au 
moins ses despeos; et faisoit trop mal quant il 
li faussott ses convenences. » — Et li papes li re- 
manda que 'sII ne laissoit le siège > il Tescume- 
nieroit et lui et ses aydes. — Quant Tempères vit 
qii'ensi esloit» si laissa le siège et s'en ala en 
Fouille et demora là une pièche. 
; Et vinrent si homme à lui et li disent : « Sire 
il est bien tans de marier à vous— r et li rois Je- 
hans d'Acre a une if lie de sa feme par laquelle li 



CflTAP. xvm. )«S 

roiautnes de Jhërusalem vient. Si vous loons qo^ 
vous renvoies querre el respousésy car nous 
ne véons où vous peasciés mius faire.* «^ Li em- 
pereres si acorda et Tenvoija querre par .x. che- 
valiers et par sa chartre. — Li rois Jehans li en- 
voia volentiers et Tempères Tespousa et en ot .1. 
filg qui ot non Gonras , et fu mariés à la fille le 
duo de Bavière et en ot . i • filg qui puis vesquit 
longement , qui deust avoir le roiauine de Jhë- 
rusalem. 

Li empereres Fledris ot conselg quUl iroit au 
pape et li requerroit la raenchon qu'il avoit pris 
à ceaus de Melans , car il li avoit donné par sa 
lettre quankes cil de Melans avoient; encore plus, 
car il avoit juret par S. Pierre et par S. Pol que 
il ne feroît jà pais , se par lui non. Et il en avoit 
eu .XXX. mil mars d'argent et en avoit rendu les 
enfans as bourgois qu'il ayoît eu en prison et es- 
toit paies de la raenchon. — Adont en ala empe* 
reres à Rome et trouva le pape et les frères et lor 
requist ceste requeste que vous avés oi.— Li papes 
dist qu'il n'afferoit riens à lui de sa crestienté et 
Tempereres li dist que par sa crestienté ne les 
avoit il mie raiens ; mais por ma force : né jà ne 
fusée partis dou siège desci atant que je les eusce 
pris par force. — A çou tourna la cose entre le 
pape et l'empereour qu'il n'en pot avoir rtout n^ 



it& ti. cmioxrQVB se eaiii«. 

€1» partie né uni de sesr despens ; Âîns 6*en parti 
par mal et par deffîance et entra en Sa ferre le 
pape et priât dou sien quaoquea il eo pot avoir. 
Eosi monta H discorde eomevou» a vés oi entre 
le pape et Tempereonr et quant li papes sot que 
Tempereres le gaerroioit et prendoit dou sien ^ 
•i leOst escaménier par tooie creslienté.— Etensî 
dura lonc tans que nus. clers n*aloit à Rome qu^il 
ne fust pris etreubés. Etavintque ii papes mourut 
qui estoit de grant eage et fu fais uns autres qui 
avolt nom Senebaut et fu «es nons mues en In- 
nocent le tierc» et confrema la sentence sour 
Tempereour que Ii autres avoit mise et touîoncs 
dura laguerredusqoesà tant que il ot .x. concilie 
& Rome et! furent mandés moult de prélat de 
France; avoec les autres» li arcbcresques de Roem 
•qui estoit apielés Pieres de Golemède , dus fist 
foire .1111. galies bolnes et fors por aler par mer» 
car il B^i osoit aler par terre et monta sour mer 
au plus'coiement qull pot^ Mais ricosneli valu; 
Car li empereres faisoit les cfaemius gaitier par 
terre et par mer et fu pris lui quart de vesques à 
tout grant avoir et les tint tant en prison qu*il en 
^t grant raenchon ; et les galies demorèrent au 
port à Naples, né onkes puis ne fist-on riens. 
• Quant li papes sot qn'ensi estoit, si en fu moult 
Iriés ot bien apiercbut que sa cours en estoit 



CHAP. XTtlI. IS7 

plerdue » el que nus n'iroit de delà les mons. Si 
B^acordèrent li papes et U frère que il venroient 
tour le Rosoe à Lions , et i vinrent par boine 
garde en l'an de! incarnation nostre Signour m. cg« 
et xuif. et furent lâ,grant piècbe desci à .i. jour 
que ii apostoles assanla .1. grant concttle por 
eondempner renipereour, et i ot moult de prélas« 
Et l'empereresi envoia maistre Pieron de la Vigne 
qui moult estoit grans chevaliers et requist au 
pape que on le menast par droit. Car il estoit 
près que il A*en mesist sour le roi de France qui 
preudom estoit^ et il en tenroit de haut et de 
bas çou qu'il en ordeneroit. Et ii papes dist quo 
il n'en feroit riens. Et le condempna à pierdro 
terre. Et d'enki en avant ne fu-plus apielés em- 
pereresy mais Fledris.«— Ensi fa condempnés et 
maistres Pieres de la Vigne revint de Lions , et 
conta à l'empereour cornent il estoit condemp^ 
nés de tiere 9 par sentence définitive 9 né riens 
que il proposast ne li valu,» né ne pot droit avoir. 
Et fu li empereres plus agrévés qu'il n'avoit on<- 
qiies mais esté. Adont se comencha à douter de 
traiitonet entra en une grande mescréandise telle 
qu'il ne créoit nului. Et fist ocîre une grant partie 
de sa maisnie ou fut à droit , oit fust à tort :• Et 
avilit que on li dist quemaistre Pieres de la Vigne 
le irai au pape, et fu seu par unes lettres qui 



198 LA CHBONriQFIIB DB ^BAINS. 

furent trouvées en se» coffres. Et li fist ies Ms 
crever et mener tout adies après lui monté soùr 
•1. asne par' toutes lès boines viles où il aloit; et 
lefaisoU monter au ooron des niés? c Veschi, 
dîsoit uns varies qui le menoist, imaistre Pieron 
de la Vigne, le maîstre consellierl'empereour tfui 
estoit tous sires de lui, et Ta trahi au pape. Or es- 
çardés qu*il a gaegniet de cel service ! Or puet-il 
bien dire de si haut, si bas. y 

Ensi se maintenoit l'eidpereres^t avoit «store 
une cité dé sarrasins qu'on apieloit Nochières et 
plus se fioit es sarrasins que es crestiens et fai- 
soit moult de maûs à tous clers et â^ toute gent 
d'ordeneet lesreuboit cescun mots, et teneit .xl. 
femes ou plus en son ostel pour sa maisnie et por 
lui et feisoit les biestes gésir as églises, et as mous- 
tiers et ne se niaintenolt mie corne cretiens et 
moult empiroit «a terre: car il despendoît le sien 
trop folement. 

Or revenrons au pape qui esloit a Lions et i ot 
demouré grant pieche et li anoia moult li ieslres 
là, et ot conselg de ses frères qu'il iroit à Rome, 
et s'en râlèrent par le conduit le comte de Savoie 
qui les conduistjusquesà Rome et n'i ot mie grant 
pieche esté quant il m<Hru. — E^ fu après elleus 
uffis autres qu'on apieloit Innocensli quart, et fu 
adies confremée la sentense sour.Fledri* Si avint 



CHAP, XTIIt. 129 

qac rempéreres Flédris maada .1. jour à Jehan 
d'Acre le roi son sîgnor que il voloît tenir le 
roiaume de Jherusalem. Li rois Jehans Totroia 
boinement et TËmpereres le tint et en go! jusqu'à 
la mort. Et ne targa pais gaires quil moru tous 
esGUOienijJés; et un» siens fias bastars saisi la terre 
et le tint. Et li rois Jehans en ala en Gostanti- 
noble à se fille où il avoit moult grant besoing. 
Et fu baus de Costantinoblis tant corne il vesqul 
por sen genres qui (ouenes estoit et enfantins ^ 
et moult avoit à faire as Griffons. 




i3o Là cnaoïfiQVB de bains. 



CHiPITRE XIX. 



Cmml It mm»m xml^ax» VAitletirrr rninra. 




tim Yotis lairong don boin roi Jehan 
[d*Acre et vous dirons doa roi Jehan d'En- 
Igleterre qui fa frère» le roi Richart à eui 
li roiaumes eschei après ki mort le roi Richart 
son frère« Et fu sacrés à roi et fa li pires rois qui 
onques feusti pais le roi Hérodes qui fist les enfans 
décoller. Car cius rois Jehans dont je vous di fa 
mauvais chevaliers et avers et traîtres, si comme 
je vous dirai : Car il avoit «i . sien neveu, filg de 
son onde le conte de Bretaigne et u'i avoit plus 
d'oirs: et li rois Li estoit fel et crueus Gst apparei- 
ller une nef pour aller à .i. sien castiel et entra 
ens à privée maisnie, et Artus ses niés avoeclui: 
et quant il vint lonc en mer, si prist Artu son neveu 
et le rua dedens pour avoir sa tère et la contet 
de Bretaigne que cius devoit tenir. Et quant il ot 
çou fait, si retourna à Londres (i). (1202). 

(1) ArtDs de Bretagne , 6U posthume de Geoffroy et de 
GoDtttooe de Brettgoe, héritière de ce daché , était neTea 



CHàP. XIX. iSl 

Chi vous lairons . i . poi ester de lai , sî reven-^ 
rons au roi Phelippe à oui nouvieles vinrent que 
H rois Ricars esloît mors : Si en ot grant joie car 
il le doutoit^trop pour son hardement et pour sa 
larghèce : car par sa larghèce faisoit-il de ses en* 
hemis ses amis, et cil meymes qui ëstoient conHre 
lui estoient si ami couviertement. Li rois Pfaelip- 
pes qui mouil estoit sages se pensa que ore estôit- 
il tans et saisons de requerre Normandie. Et ot 
conselg qt\e il feroit semonre le roi Jehan par ses 
pers pour çou qu'il n'avoit pas rechut de lui la 
terre qu'il devoit tenir dechamer et dont il li de- 
voit faire hommage. Et maintenant li rois ienveia 
Tévesques de Biauvais et l'évesques de Loon qui 

de Richard qui , de son Tivant , l'avait reooDou son héritier 
pré9omptif.Un testametnt supposé, dit-on, le frustra de cette 
riche succession au profit de Jean-sans-Terre* L'Anjou , le 
Maine et la Tooraine se déclarèrent en sa faveur, et Philippe 
Auguste aj^ant reçu son hommage pour ees trois provinces , 
ainri que pour la Bretagne, le Poitou et la Normandie, l'arma 
chevalier à Gouroay et déclara la guerre à Jean. La fortune 
.trahit lès armes du valeureux Ârtus; surpris par son enne- 
mi , il fut enfermé dans les prisons de Falaise. Jean em- 
ploya tons les moyens pour lui faire renoncer à l'alliance de 
Philippe Auguste: ne pouvant y parvenir, il se rendit par eau 
au pied de la tour de Rouen où il l'avait fait transll6rer,le fit 
amener dans une barque , lui passa plusieurs fois son épée 
.an travers du corps et le jeta dans le fleuve avec une grosse 
pierre au cou. 

9- 



l32 LA CHBONIQVB DB RAIK8. 

esloicnt des .xii. pers, et emportèrent la lettre le 
roi et entrèreiât en mer à Calais et arrivèrent à 
Douvre : et demandèrent le roi Jehan et on lor 
dist qu'il. séjournoit à Nichole , une ferme sitée 
à .xu. lieues de Cantorbile où sains Thumas li 
martyrs repose. Et vinrent là à • i . matin et trou- 
vèrent le Roi et li disent : « Sire nous sommes 
chi envoi'iet de parle roi Phelippe de Franee: 

• 

Yéeschi sa lettre, faites le lire.» — Li rois rechut la 
lettre et brisa le seel et le lut et trouva dedens 
que li rois Pbelippes- li mandoitque il tcnoità vé- 
rité et à cose estable çou que cil doi evesque di- 
roient.— «Or dites, dist li rois Jehans, çou qu'il 
vousplaist. — «Parfoi, sire, dist li Evesques de 
Biauvaisy Mesire li rois vous semont et ajourne 
à Paris, sa cité, d'ui en .xi. jours pour faire droit 
par vos pers de çou qu'il vous demandera corne 
son home lige. Et nous qui sommes Per de 
France vous i semounons et ajournons. » 

Quant li rois Jehans entendi cius paroles si mua 
tous et dist : Signeur Evesque , jou ai Bien en- 
tendu vos paroles, bien ferai enviers vo signeur 
çou que je devrai. « — Â tant s'en partirent li ves- 
que et passèrent mer et vinrent à Paris et trou- 
vèrent le roi et li disent çou qu'il avoient trouvé 
et disent qu'il' avoient fait son coumandement 
ensi come il avoit comandé. Li rois Phelippes 



CHAP. XIX. l33 

atendi les .xi. iours et i furent H per et lor con- 
saus. — Â tant es-vous . i . chevalier qoëii rois Je- 
lians envoioit au Roi et vint devant le Roi et H 
dist : c — Sire, li rois Jehans me sireSj envoie chi à 
son jour oii vous l*aviés fait ajourner, et véeschi 
sa lettre de créanche. » La lettre fa liute. •— c Ot 
t dites, dist li rois, çouquevous volés. — «Sire, dist 
»li chevaliers, mesires vous requiert son contre^ 
»inant.»T-Giertes, dist li rois, c'est bien avenant, 
»et il i'avera d'ici en .xl. jours.» A tant s'en parti 
li chevaliers et revint à son signeur. Et quand vint 
au jour si contremanda encore jusquesà «xl. jours 
et à celui jour défali don tout. Et quant li rois 
Phelippes vît qu'il avoit défali dou tout, si re- 
quist à ses pers jugement à droit. Li pers orent 
consiBlg ensemble que il lefesist encore semonre 
devant lui pour oîr droit, si come cil qui estoit 
défalans. Et 11 rois i renvoia encore .iLdesespei*» 
et fu resemond à .xc. jours : né il n'i vint né il 
n'i envola. Adont requîstli rois jugement as pers. 
Li per furent sage et jugèrent par droit que li rois 
Phelippes pooit et dcvoit le fief saisir que li rois 
Jehans devoit tenir de lui (i). 

(i) Paol Emilb dans sa Fié de Philippe jiugutte rapporte, 
ainsi que ootre Chroniqueur, que ce Prince cita le roi Jean 
à la cour des Pairs de Paris, tant pour lui prêter foi et hom- 
mage comme vassal de la couronne de France, que pour se 



lS4 LA CHBONIQUB DB BAINS. 

A tant 86 parti li consaus et li rois Phelippes 
fait «scrire ses bries et envoijer par tout ses fiévés 
et lor manda que ils fuscent dedens .xi. jours à 
Gysors à armes. Âdont véissiez chey£^Iîers et ba- 
rons abarneskiés de cheyaus et d'armeures et de 
pavellons et de quanques il lor convenoit. Et fu- 
rent à Gysors an jour que li rois lor ot mis. Et 
quant li Rois vit tant de bièle gent assamblée pour 
lui, si fu moult liés et fist faire Tavant garde par 
mon sigoeur Alain de Roussi qui estQît nouvièle- 
ment issu de prison par escange d'un autre che-* 
valier et fist flaire rarrière garde par mon signeur 
Willaume Des bares : et entrèrent en Normandie 
et misent le pays à fuerre et H ribaut boutoient 
le fu partout et prendoient proies ; et il n'es toit 
qui lesdestoumiist, fors les forteresses qui es* 
toient bien garnies de paysans, qui menet i 

jq9tiÇer da meurtre d'Arthur. Jean, aprèsde longues tergi- 
versatioDs, n'ayant point répondu à la citation » la cour des 
Pairs rendit contre lui cet arrêt que cite Paul Emile : « Que 
> Jean, duc de Normandie, ayant oublié le serment qu'il avait 
apprêté 4 Philippe son seigneur , avait tué le fils aîné de son 

• frère, Homme lige de la coqronne de France , diins la seir 

• gneurie dudit royaume. Sur quoi il est condamné comme 

• traître , et ennemi de laxonronne de France, à perdre par 

• copfiscat|on tous ses états, qu'il tenoità la charge d'hom- 

• mage, et que U reprise de possession s'ep fcrojt par le^ 

• armes,» 



CHAP. XIX. i35 

avoient lor vaches et brebis et qoanqu*il avoieiit. 
Et lors ot li rois conselg qu'il iroit à liante et Tassit 
et fist giéter des engiens efforcièment. Et quant 
cil de laiens virent le pooir le roi, si orent con* 
selg qu'il renderoiept le castiel et fu rendus et 
maitenant i mist li rois ses garnisons, et envoia à 
Paschi qui priés d*enLi estoit, et lor manda que il 
rendissent le castiel et s'il ne le rendoit dedens 
tiers jour il les feroit tons pendre. Quant cil de 
Paschi oirent ensi parler les messages et il sorent 
que Malence estoit rendue» si disent que il li 
renderoient et 11 portèrent les clés dou castiel et 
li rois les fist garnir. Et quand cil de Vrenon et 
dou Pont de l'Arche , et dou val de Ruel et de 
Gournay et de Louvières et de Galon et de Roem 
et de tout le pays virent que li rois Phelippes con- 
querroit ensi Normandie, si orent conselg entr'aus 
que il envoiroient au roi Jehan lor signeur en 
Engletère et qu'ensi estoit et que pour Dieu il i 
mesist conselg, où se çou non il pierdéroieht Nor- 
mandie. — Ensi fu fait et envoiîèren t au roi Jehan 
lor signeur en Engletère : et quant il le sot si fu 
à mervelles dolans et esbahis et dist as messages 
que il le» secourroit dedens la Saint^ehan. Et il 
estoit adout septembres; et fist escrire unes let* 
très et les bailla as messages , et revinrent & 
Roem 9 où on lesateudoit: et fu la lettres liute« 



i5C tk cnBoniQUE de bains. 

El quant li Gievetain des castiaus Tont entendu 
si en furent moult esbahi etorent confielg qu*il 
se tenroient jusques au jour que li rois lor avoit 
mis 9 et se partirent li Gievetain d^iluec, eteu râla 
caseuns à son lias, et se pourvoir et au mius qu'il 
porent. Et li rois fist conduire son ost à Vreuon 
.1. castiel qui moult estoit biaus et fors et bien 
séans : et fist tendre ses très et ses pavellons en la 
praerie sour Seine. Et tout si autre baron ausi, 
et Hst li rois gièter engiens à grant effort, mais 
poi i faisoit : car cil devens estoîent trop bjen 
bourde , et li castiaus estoit moult fors. Quant li 
Rois vit qn'ensi estoit» si fist laisserrassaliret jura 
le siège à .vu. ans, devant ceaus de Yrenon à cui 
il en pesa moult. Car il sorent vraiement que li 
rois ne s'en mouveroit si l'averoit pris à force : et 
demora li Rois enki tout Tivier, et tous le tans 
jusques la fieste S. Jeban que U rois Jehans les 
devoit souscourre. Mais il n'i vint né envola. — 
Quant li cievetains de Yrenon vit que il n'averoit 
nul conselg de son signeur et il apierchu sa mau- 
vaisté et il vit le pooir le sens et le rîchèce dou 
roi Phelippe, si li requist li Cievetains sauf-con-i 
duit d'aler parler à lui et li Rois li otria. et li Cie* 
vetains issi fors de la ville f lui disme des cheva- 
liers et vint au tref le roi 9 et le salua et dist: «Sire 
je vieng parler à vous: Vous avés assegiét Vreuon 



GHAP. XIX. l57 

dont je suis Gievetains et garde de par mon si- 
gneur le roi Jehan. — Sire y je voel bien que vous 
saciés que nous avonsmandé et remandé secours, 
et saciés bien sire que nous ne trouvons en mon 
signeur ayde ne secours, et veeschi la clés dou 
castiel que je vous aporte pour faire vostre vo- 
Icnté.s— Li mis les rechut volentîers et liemenC 
et entra dedens et les garni bien de quanques 
mestiers fu, et issi li rois de Yrenon et s'adreça 
viers le castiel et si tost comme il i vint on li reudi 
les clés. Et lors erra tant quMl vint à Roem et vot 
faire la cité assègier; mais cil de Roem li vinrent 
à rencontre et It abandonnèrent la vile (i). 

(i) Selon Rigord , la ville de Rouen ne se rendit pas ai 
promptement; ses habitants voyant qa'ils n'avaient rien à 
espérer du roi .d'Angleterre , demandèrent , tant pour eux 
que pour Verneuil et Arques, une trêve de trente jours : ce 
que Philippe leur accorda. La convention des Uouennais 
avec ce prince est tout au long dans ce chroniqueur. —«A 

■ la Saint-Jean I ajoute Rigoid , les bourgeois ne recevant 

• aucun secours du roi d'Angleterre , acquittèrent leur pro- 

■ messe , et livrèrent sans contradiction au roi des Français 
•la ville de Rouen, cité opulente, capitale et principauté 

» de toute la Normandie Il y avait trois cent seize ans 

» que cette ville avec toute la Normandie avait cessé d'ap- 

• partenir aux rois de France. C'était le daouis RoUan , qui 

• étant survenu avec ses païens, l'avait enlevée par le droit 

• des armes à Charles le Simple. • (Rigoad, vie de Phil.-Aug,) 



l38 LA CHaONlQUE DK BAINS. 

(iao4)« Ensi conquisi li rois Phelippes toute 
Mormaadieau rèsdeGaillart (i)qaitrope8toitfors 
et séoit entre .m. montaîgoes ; et ne le pooit oh 
aitsegier que â*une part, et ni pooit ataindre pe^ 
rière ne mangouniaas. Quant ii rois ot regardé 
le castiel et le siège qui tant estoit fors et deffen- 
daUes si dist : c Par la lance St. Jaques 1 Ains- 
maîs ne vi oastiel si fort, né si bien séant comme 
cfs est : et bien voi que jou i poroie despëndre tout 
le mien ançois que je IVusce pris par force : et )a 
terre et li pays est conquis , au rès de ce castiel : 
et îe meterai mes garnisons chi entour et les ferai 
si court tenir que nus n*en pora issir né entrer. Et 
eonvenra que li castiaus soit pris par force d'af- 
famer ! i-rEnsi que ii Rois le dist, ensi le fistj et 
mist garnisons grandes et boines entour le cas- 
tiel, ensi gardèrent tes entrés et les issues dou cas- 

(f) C'était an chAtean fort que le roi Richard avait fait 

-constraire sar une roche élevée qui dominait la Seine , près 

de 111e des Andelys. « Il lit bâtir sur ce rocher élevé , une 

• citadelle qu'il environna d'un mur très haut et de fossés 

• très profonds, taillés k vif dans le roc* Hors de ces fossés, 

• il fit aplanir une coHine, et les environna de murs et de 

• tours très hautes. 11 enferma- la troisième colline par des 
•fossés placés de distance en distance, et fortiOa le tout de 
»mors excessivement élevés et de fossés. Il appela cette for- 

• leresse Gaillard, mot qui en français exprime la pétulance.» 

(GuiLLAUMB Lft BasTOKi vie dû Phitippê-jiugtuie,) 



CHAP. XIX. 1^9 

tîel .1* an et aU, mois et forent eil dedens si è^ 
poi de viandes» que on n*i avoit de .xii. fèves de 
livrlson le jour. Et quant cil doo castiel virent 
que il ne poroient plus durer et que morîr leur 
coQvenoit de faim , si vinrent au caalelain de 
Gaillart et H dirent : c Sire , nous n^avoos mais 
que mangier né point ne nous en puet venir , né 
nous u'arons nul secours de nôstre mauvais 
Rois, né les garnisons le roi Philippe n'amenriseot 
onk^es; a ips croissent cascun jour et les remue 
li Rpis et enforce. Si nous sanle que desored^en- 
ayai|t nous averiesmes nul lait dou rendre le 
castiel.» ---cCiertefly dist 11 castelains» vous parlés 
en vain. Car tant corne je vive je n*isterai de 
Gaillart, né ne le renderai, se on ne m'en trait fors • 
par les pies.» -^ Atant se traisent ensus de lui et 
entrèrent en une cambre à conselg et dist li uns 
d'eaus : — c Gis castelains est mal couseliiés et se 
nous le voulons croire il nous fera tous morir de 
maie mort. Faisons le bien , mandons as garni- 
sons que nousrenderonsGaiUarty sauve nos vies.» 
•^c En nom Dieu, dient 11 autre, vous dites bien !» 
-T— Et lors eliurent .ii. d*eaus qui feroient le mes-* 
sage. Et la nuit dou premier soume issirent dou 
castiel et vinrent as loges des garnisons et par<^ 
lèrent au cievetain et 11 disent ensi corne il estoit; 
^t corne il yoloiept que li castelains reodist le 



l40 LA CBEONIQUB DB BAINS. 

castiel. Mais il jura que tant corne il viveroit ne 
le renderoit ne n*en isteroit , se 6n ne Ten giétoit 
les pies devant. Et quant nous oîmes tèles paroles^ 
si venismes entre nous et prismes conselgs que 
nous vous renderîesmes GaiUart. Or faites vos 
gens armer et maintenant vous sera li castîau^ 
rendus.» — cGardés, dist li cievetains, que vous me 
dites voir. Car par la foi que je dot au roi Phe-» 
lippe, se je vous troeve à mensonge vous le com- 
perrés durement, c — Sire, dlent-il , ne vous 
doutés de riens !» — Â tant fist li cievetains sa 
gent armer et s'en alërent coiement et sieri vîer» 
GaiUart. Et li doi message rentrèrent dedens le 
castîei et disent à ceaus qui les i avoient envoijés 
que les garnisons estoient as portes. Et mainte- 
nant vinrent as portes et brlsièrent les sieres^ sans 
le seu dou Castelain, et misent dedens les garnie 
sons le Roi. Et quant la gaite du castiel s*apier- 
chut , si comencha à crier : a trahi 1 trahi ! » — 
Quant li castelains oï crier : trahi ! trahi t si fré^ 
mist tous et se douta de trahison et maintenant 
s'arma et iist armersa maîsnie et s'en ala droit ou 
li cris estoit. Et quant il vit la gent le Roi s! se féri 
enlr'aus l'espée traite et fiert à diestre et à senes- 
tre, et fait tant d'armes que c'estoit mervelles à 
veoir. Et quant li roial l'apierchurent si li cou- 
rurent sus et le navrèrent moult durement, et li 



CHAP. XIX. l4l 

firent plu» de .xxx plaies sour son cors et toujours 
se deffendoit au mius qu'il pooit. Mais ses bien- 
faire ne H pot riens valoir. Car il et 11 sien es- 
toîeut poi et li françois estoient trop. — A tant 
fu li castelains abatus et ses chevaus ocis. Et fu 
pris et retenus et li castiaus pris en itel guise. Et 
les garnisons dou casliel s'en alèrent à tout lor 
liarnois. Mais li casfelains n'en vot issir pour 
riens que on li peust dire ainsi convint qu'il fust 
forstraisnés. En tèlc manière come vous aves oï y 
fu Gaillars pris. Et quant li rois Phelippes le sot si 
en fu liés et joians. Et li conta-on cornent le cas- 
telains s'estoit maintenus et li Rois le refîst cas- 
telain et li donna ses soldes pour la loiauté de 
lui (i). Et d'cnki en avant. li rois tînt Normendie 
et toute la contrée^ né n'en fu qui li contredisist. 

(i) Le nom du châtelain qoi défendit si vaillamment le 
châtcaa Gaillard est, ditRapin Thoiras, Hugues ou Roger 
de Lacy. 




i^2 LA CHBOUlQUB DE RAI5S. 



CHAPITRE XX. 



(&0tnem la bûtûtUe ht fmtotnre meut pùt^ le ronte 

it j0oulongnf« 




fpuiÉs çou» avint qiie li tlois tint un par- 
lement à Montleon , et i ot moult de ses 
^Barons. Si avint que li quens Oautbiers 
de Saint Pol et il quens Renaus de Boulogne qui 
trop s*cntre-haoient d^armes f s'entre^prisent de- 
vant le Roi. Et tant que li quens de Saint Pol féri 
te conte Renaut de son poing sour le visage 9 et 
le fist tout sanglant. Et li quens Renaus se lancha 
à lui vighereusement; mais li haut homme qui 
là estoient se misent entre deux, par quoi li quens 
de Boulougne ne se^pot vengier , ains se parti de 
la court sans congtet prendre. — Et quant li Rois 
sot que li quens Renaus s*en estoit easî aies, si 
Ten pesa et bien dist que li quens de Saint Pol aToit 
eu tort! si 9 li blasma moult. Et envoija frères 
Garin Tévesque de Saintlis à lui, à Dammartin» 



CHAP. XX. 143 

.t. sien castiel 011 il estoit. El quant il vint là, si 
H dist : « Slrtf li Rois m'envoie chi à vous pour le 
discorde qui est entre vous et le conte de St. Pol , 
dont il li poise et vous mande que il le vous fera 
amender à vstre houneur. » *- Frèrls Garin, dist lî 
quensy j*ai bien entendu çôu que li Rois me 
mande par vous , et bien vous tiens-} e à ciertain 
message. Mais tant voel-je bien que vous saciés 
et bien le dites le Roi , que se li sans qui descend! 
de mon visage à terre ne remonte de son gré là 
dont iiissiy etli cos n'est amendés ainsi comme s'il 
n'eust onLes esté faist» pais né acorde n'en sera 
faîte.» — « Ciertes, dist frères Garins, vous de- 
mandés outrage, et cose qui avenir ne pue t. Mais 
potirDieu prendés Tamendeque li Rois vous offre. 
— SireEvesquO) dist li quens, taisiés vous-enatant: 
car jamais ne vous ameroie se vous plus en par- 
liez. — Yoire, dist frère Garins, atant m'en tais, 
et savées qu'il vous en avenra : vous en pierderés 
l'amour le Roi et le honneur dou monde** 

Atant se parti frères Garins «dou conte Renaut 
et vint au roi Phelippe et li recorda ensi que lî 
quens li avoitrespondu. Et quant li Rois l'en tendi, 
si jura la lance St. Jacques que cis descors venroit 
à grant mal. — Ensi demora la cause une grant 
piecbe que plus ne fu fait ; mais li quens Renaus 
se metoit en pourcaohe de faire honte et lait au 



l44 ''^ CnRONIQCB DB BAINS. 

conte de Saint Pol , mais il n'en pot avoir liu. Et 
quant il vit que li rois le sotistenoit dou tout» si ce 
pensa d'une grand traîson : Et vint au conte Fer- 
rant de Flandres qui fu fius le roi de Portingal et 
estoit qucns de par la contesse Jehanne f qui fu 
fille le conte Baùduin , et li fist entendre que li 
rois le deshiretoit d'Ârras, de Piéronne, de Saint- 
Omer, de Aire, de Hesdin, de Lens, et de Ba- 
paumes, et de toute le contet d'Artois : et li fîst à. ' 
entendre que li qnens Bauduins li avoit fait ce 
don pour le mariage de sa serour et ne le pooit faire 
par raison, né ne pooit le droit hoir desyreler. 

Quant li quens Ferrans Toi ensi parler , si le 
creut comme fols que il fu, et convoita la terre, 
et quida trop grant cose de soi; et pourparièrent 
entre lui et le conte Renaut que il feroient alliance 
au roi Jehan d'Engletcre et à l'empereour Othon, 
qui raetoit sus au roi Phelippe qu'il avoit dit qu'il 
li donroit Orliens, Cartres, et Estampes, au jour 
et à l'cure que il seroit empereres. Et fu en cèle 
alliance Hues de Boves. Et assemblèrent si grant 
ost qii'avis estoit que toute la terre deust croUer 
dessous aus. — Et manda li quens Ferrans au roi 
Phelippe qu'il li rendist les castiaux et les cités 
que vous avez oï, ou se çou non , 11 le defi&olt et 
bicnséustqu'ilenterroit en sa terre on brief tans. 
— Quant li Rois ot oies teles manaccs, si fist ses 



hoBiitiefi semonre et lor demanda oonselgs soup 
ees. ooses. £t li baron respoodirent que c*ealoil; 
grans oatrages que U quens avQÎt mandé; car il 
estoît ses hommes et ne U faisollMm nul grief, 
c Mais ttoito savons bien que li quens Benau^ 
a brasset eeste houlie, fMMir le deseortdoQ conte 
de Saint Pol. Si voiis loons que votus aproeièi 
Flandi^es et que vous entrés en Tournay , yosiro 
èilé , atout tant de gens comme vous pores avoir. » 
">•'< Bt lors fist Ir rois semonre tous ses fiévés cA 
loiites ses comninnés , et furent asiamblé . i . sa-^ 
medi au smr de fors Tonvnay 9 et tendirent. Ipr 
pavellens. Quant li quena Fetvans. et sa.partio 
virent que li rois estoit à Tournay , si en fur^j^ 
ttep Uet, car il le qùidoit bien avoir en lor nasfl^ 
•*-^ Et It manda ti quens Ferrans bataiUe à leofde^ 
■lain. Qoaiitli roiarentendi ai Teppes^ li^oMlt pouir 
le diemanehe» et li manda pi^rfrdfo Qfvrfjfk qu*i) 
atendiat f«iaqiieft au. lundi. Bt H quens U: manda 
qa^il n^en fereit rîett», cai? ti rois s'^gi v^lcfît fuir. 
Ataînl repalcaltères'Gàrinsy et U quen^ Renauale 
çottvoia une pU^eke. £tqtjMu»t U quen&Renausfi« 
revenusarrièrCfinesireHues de Boveslidist devant 
Tempereouv Oihon et* devant le conte Ferrant: — 
f^Oa» qilQll9 ds BQulQiigne> quens^ de Boulongne, 
qufsU^ ^v^abaiiltîe la traison eptre vous et frère 
?-T«>Cîeirte&9 ^t ii quens Renans, vous i avra 

10 



l4€ LA CHRONIOUB BB tLfitVS. 

meiïtl, comme faas traîtres que vouai estesetbieD' 
devésdiro tèlesparoleSy car vousiestesdou parage 
Guènelon, et bien saciés se {e vicng à la bataillCf 
que je ferai tant que je serai ou mors ou pris et 
vousenfuirés comme mauvais recréads et falis!» 
Alant demora li tenchons, et frère Garins est 
revenus au roi et li dist : — Sire^ or vous ait Diex; 
vous ares demain bataille, sans falir. Faites or- 
denér vo gent car il en est mestiers.» — Lors fist li 
rois ordener ses batailles et les comendà as .x. plus 
prcfudhomes de s'ost. — Et Tempereres Othons, 
Il qoens Ferrans, li quens Renaus, et It quens 
Guillaumes Longhe-espée, qui estoit frères le roi 
d*£ngletère (et liavoit envoijet en liu de lui, 
pour çou qu*îl ne pooit iestre, aîns estoit en 
Potttiu à la Roche contre monsignor Loeys , qui 
moult le contralioit.) — Gist grant signour que je 
vous al noumé départoient France entr'aus. Li 
quens Ferrans.voloit Paris: Li quens Renaus 
voloit Normandie, et Tempereres voloit Orliens, 
Gartres, et Estampes; et Hues de Boves voloit 
Amiens.— Ensi en quesissoit casouns sa pièche^ 

Mais en poi d'eare Diex labeure 1 
Teos rit au matin qui an soir pleure. 

— Ensi demeura le samedi jusqiles au dieman- 
che tnatin que li rois se leva et 6st sa gent itoir 
de Tournây armes et banières desploifés , et ses 



«irftiiies sounans , et ses escièles ordenées. Et tant 
errèrent qu'il viorent a .i. ponciel qu'on apièle le 
Pont de Bouvines ; et si ayoit unecapièleou li rois 
tourna pour oir messe 9 car il estoit encore ma- 
tin 9 et le canta li vesques de Tournay. Et li rois 
oî messe 9 tous armés. Et quant la messe fu dite 9 
si fist li rois aporter pain et vin, et fist tailler des 
Soupes et en manga une. Etpuisdist à tous ceaus 
qui entourlui estoient : « Je proi à tous mes boias 
amis qu'il raangasceat avoec moi, en ramen-' 
brance des .xii. apostles qui avoec nostre signour 
burent et mangièrent. Et s'il en y a nul qui pense 
mauvaistié ne trecherie, si ne s'i aproce mie. > 

Lors s'avancha me sire Engherrans de Couchî 
et prîst la première soupe. Et li quens.Gauthiers 
de Saint- Pol la seconde, etdist au roi : — c Sire 
yfi en cest {our vera-on qui iert traîtres!» -—Et 
dist ces paroles pour çou que il savoit bien que lî 
rois l'avoit en souspechon^ por mauvaises paroles. 
Et li quens de Sancerre prist la tierce et tous li 
autre Baron après, et i ot si grant presse qu'il ne 
porent tout avenir au Hanap. — Et quant li roi» 
vit çou si en fu moult liés et lor dist : « Signeur, 
vous iestes tout mi home , et je suis vostre sires, 
quels que je soie, et vous ai moult amés, et por- 
tés grant honneur, et douoédou mien largement 
el ne vous fia cokes tort ne desraison, ains vous 

10. 



l48 hK CHBQBFIQUf Dp RAlNS. 

ai tooionrs m^qés pur drpit. Po^r çpa , si prie à^ 
vous tous que yqq» gardés vi moq cors et m^pu- 
neur et la vo^tre. Kl tfi ypas vées qf^e la corope 
soit mius emploie ep Tmi fie vpus. qq'-ep ipoi, je 
mi otroi vc^eoUer» et le vpel ^e i)oin pu^^ et Af 
)>oinevoleptéi.BTr- 

Qaantli harpo Toiraqt eiisi parler t si çpipeiiT 
eièreni à plorer de pitié et diiiept : «-r-Sirp, pou^ 
nieu Merohil nous ne vplon^ roi le vqq« ppp I Qr 
chevauciés hardieme^tecuitre ^osanemisi etpam 
«omipes tous appareillée 4e mourir avpep vpui {\) I 

(i) H. ÀagQStin Tbierrr consacre une ^ande partie de 
sa lettre I'* sur l'histoire de France, à démontrer la faasseté 
de cette scène historique* Voici les étranges expressions 
dont se sert ce graye écrivain pour déshériter notre histoîrt 
d'une page si belle : 

« 

m le i^e pu}f m -empècl^er 4''*Q4^^ *?£ ce ^erpier te «H 
dpat U) pojtidi^citi^ pa^pi nqus. e^f vq^ «pn^ 4« «ça^^f^khlfr 
toriaoe. C'est sans doute une action très édifiante quft celle 
d'un roi qui offre publiquement sa couronne et son sceptre 
au plus digne ; mais il est extravagant de croire que de pa* 
leilies scènes aieot été jouées ailieurs que sur le théâtre. Bt 
cM>mme le moipent est. l^îen choisi pour cette eibihition en 

l*fl^îp4e î^oç^Uç ç^t ^^«^Sjuéç è, l'inpprpwç^e : et %ue cela e^( 
bien d'accocd avec le caractère du roi Philippe, si habile, 
si positif , si prompt en affiûres 1 — La première mention de 
cette bizarre anecdote se trouve dans une chronique contem- 
poraine » il ait vrai 9 maîs-éciUe par oa moioe qui vivait kois 



Gâ\m. xi. t49 

A tant tndnta li rôitf lofur .L dèit^ief fdrt et 
DéUr^ et tout li barcin ati«l^baiitèrtidëiplbl|édcftè- 
étttid à son cbntiA. A tdût hàiOùB tèdtfst lés fla^ 
ibâtis à detfr&i tet déddrdetièiilcait teA tihi défaut 
1ère attires ^ et pdrtdiént ébraéà pdur lëé Fl-ançolS 
li\et. Et li tbiÀ srèiiùit ti*àls dèViétë la edtftiêraf 
dèl ttîom ; (lôdi' çdo qdé 11 idlati^ lèdr féroh ttû 
létH. Bt iiilatit tl Élâknëtit tetiréhti^l'ûér Viefrî 
hr tièmé, àl âlséttt entFèsfut que H Rois â^èoP- 
îbMti Et iâifdràukfêët aprlësvét ^ ttrk6ii<e«fi>é 
François ^ qm ïtAttS miài , 6t F^tf âçôte leA rèchti- 
Tient iî^ètéHtëitiéhï ëf èfi^ poTl â'èéft tatedl li 
^lËièr dékdirfil. Et II qtiétiÉ dé Sl-P<a ioUr^ 

da royaàme de ^ranc^ , aa rond des Yosges , saàs cônimu- 
Batatioù directe on' indirecte âvéè \ei géànds pe^KbAù^gés du 
ttuÈfii. » — Qoèikâ il. An^. Thièr^ i^arfaitt àinÉi du làoliié 
dèiL Votgéi , ^1 éérHIt tfi^ cbnynf^o en hitio ; U ne «bopçoa-? 
vëit paît lima dotfte rexùtence de notre CHr&nt^ue et Rains; 
écrite vers le même temps» en français^ et par un homme à 
qui on ne peut contester d'avoir vécu an milieu des hommes 
Jlniinents de l'époque. M. l'hierry, emporté par sod ra^ica- 
irsméde cHfî^uè,' traité Udôblc^iTétiôà de l^tkUipj^è^tiguééli 
db âèâikîHi'éiihhênt ég patàtU; et iok âisédtiri (téxUkmàîhiu 
éb hyitûté àtaiêe.-^li est fort heùreifx pour l^honneor de Phi^ 
Uppe- Auguste» et partout pour Anqoetil <t l'ahbé Vely» à qui 
notre critique fait un grave reproche d'avoir accueilli ce 
seandaiehistorique,queie récit de la Chronique de Rains vienne 
an m'oins toùfflér li dôuU daiis l'esprit dés lecteurs. 



l50 hk CHBOIIIQVB DK BAIHS. 

monta Vùêi et les prist par derière et ie feri en« 
tr*aii8 corne lions famelleus , et fist tant d*anne» 
de son cors que c^cstoit mervelle; et tout li autre 
baron si proavèrent si bien ifue nus n*i foisoit à 
blasmer. Et li senescaus de Gampaigne, qui ot 
nom Oudart de Reson et portoit la banière de Cam- 
paigne. et avoît le première bataille de son droit, 
si estoit ja aies si avant, qu'il s^estoit mellés sous 
le conte Renaut. Et i avoit ensi merveillous es* 
tour. A tant èsvous le conte de St-Pol qui sourvint 
sour aus, etreconnust renseigne.au conte Re« 
naut de Boulongne. A dont fu si liés qu'il ne vosist 
mie Dieu tenir par les pies: et aussi fu li quens 
Renaus quant il l'apierchuty car c'estoient li 
doi homme de toute l'ost qui plus s'entre- 
baoienty et par qui cis discors estoit meus. li 
quens Renaus plains de grant fierté et de har^ 
dément couru sus le conte de St«Pol et li quens 
de St-Pol sus lui , et ont entrepris la raellée. Et 
ot illneo mervellous estour, et trop se fuscent 
adamagiet; se il fnsoent longement ensan^ble, , 
car trop estoient preud andoi. Mais la gens aa'' 
Qonte de St-Pol li estoit priés. Et li Flaments'es-^ 
toient espars et estoient de lùal acort. Atant se 
menèrent les os d'ambes pars; et i fugrans li bruis 
et là noise. Mais lî quens de St-Pol ne s'oublia 
pas, ains fisl tant qu'il prist par vive force le 



CHIP. XX» l5l 

comte de Boulongne (i). Etqaant il fu pria tout ii 
Fldmeac piercUrent lors cuers ; et lôrs s'esbaudi- 

(i) La Chronique de Raim n'est pas le seal lirré qui témoi- 
gne delà Taleur deGancher deChastillon, comte de St-Paul» 
ft la bataiJIe de Bofinea. Goillaune Giûart d'Orléaof » feit 
un.loiif récit de tes pronetses. 

Après se desrenge Gaochib 

Ll QDlili M SilHGT POL, et SB FOUte 

Sissonoe contreuz se desroutet 
D'une part et d'antre esperonnent, 
Itances à l'assembler tronçonnent. 
Ans espéés, quant elles fkillent 
Et aux alenax s'entressaillent. 
De paix faire s'entr'escondissent , 
Les armes trencbans rebondissent - 
En plusieurs lieux au deslacier 
Sur les riches atours d'acier r 
Dont'ils font à l'entr'assaillir 
£stanceU«».de feu saillir. 
Bien firent comme senr engresse. 
Gaucher de Sainct Pol ront la presse ï 
Tant s'est de férir entremix 
Qu'il a perciez ses ennemis , 
Loy et moult de ceuls qui le suivent. 
Quant sont outre, si se rabrl ven t , 
Par antres lieus cops descendant 
Betournent la presse fendant, 
Toute la geot qu'il entassèrent^ 
Entre la Toye où il passèrent , 
Et le lieu ox leur retour pristrent 
Sans nnl homme espargner occistreaJU 



iSt hK GHBONIQUB Dfi BAINS. 

retit Prànçois et descendirent sous l'esoièlé Ferv 
nint^t fa pris et U qnens de Pontiu^ et me skè 
GaiUaomes longe-espée, et moult de grapt si- 
gneiir dont li conles nefait mention. — Et quant 
TemperensOthea vitqoe tout eatoient tournet à 
gaat , si fist sa banièrelaissier chéoir et ton? nases 
rièsnes et s'enfui» entre lui etHuon dé Boves: et 
s'en alla Tempereres en Alemaigoe , et fa là, une 
pièce aprèsi mors en une maison Pieu, povres et à 

Li qaens qui tant ot bataillé 
Qu'il i ert suant et travailliéy 
lit hors de la presse en la plaine 
Pour recouner on poi s'ataine. 
Aitts qu'il ait son haianme men » 
A un sien chevalier ven, 
Que Sessoingnois pris emmenoîent» 
^ Qui de tous costés le tenaient ; 
Dont ne se voult desarmer ons, 
Ains fiert cheval des espérons : 
Et pour ce que tost voye fasse f 
S'encline , par le col l'embrasse, . 
Outre la presse, tant se lasse 
Jusques 4 son chevalier passe : 
Lors se dresse , es estriers s'afiche , 
En cens qui le tiennent se fiohe. 
Tout ne le peust homme suivre ; 
Veuillent , ou non , il le délivre 
Gomme hardi et conquérant. 



CHAPi ». l55 

iriéseMf.^Et Hues db Bôves monta sour nier pdur 
alereù Eii^etère au nn. Mais Dies qui tous bieub 
gouverne et t6ù0 mauë punist , H retailla éé son 
propos et anonta uns granaoï^gelett Baeretfuhdi*- 
|ééet f tas 11 Ireniaaalis de Tost fu prisetdeseonfis. 
•^ElBot li rois que loi qiitns Ferrans dstoit piii 
etli queàs Renauà de B^iiloD|i(ie et li quens de 
Pontiii ses frères et niesîre Guillàuines longfae-es« 
péeelfloioûitd'aiilrélniul liotne.*>^Lafti âiltli rôisi 
c Gomùnt n'ftYOBS iiôus pas l'Empereour I ■ — Et 
Méiés qn'oiiquea Inais ne l'atoil a^iélés Empe- 
teonr : mak il le dist pour avoir plus grant vi6* 
toire; car plus a d'ounèur en deseonfire a. Eni^ 
palpeur que ^li vavassour. 

Atant lu la bIrlaiUe fines et U Rois retourna en 
T'onholigri grànt joie faiàâiit^ à tout ses prisons; et 
Flameao fiùsOleat grân t duel d*autre patt. — Geëte 
deseonfituf e fut faite en l'an de rincarnation 
11^ de. et suil. M adoîa de feveiretb^ le seoend diè'^ 
BuiBohd. *^ Et èa eetnl jMr, pàt^lemtot dèsconfi 
idM ske Loejrs, le i^èiJefaan d*Eiif|etère à la Roeke* 
as«*ineincaB 4 e» Poitou. Et lendeaiain edvolîa U 
fais à LiHé et le fist ardoir, et toutée les boiaee 
villes de Flartiires prendre et mètre ses garnisons: 
puis devint li rois eo France atout ses priions et 
fiât naette Ferrant en ptisèn à Pârîs pour çoù qu'il 
avait ooisi Paris ta sa part^ et le eooite Rénauld 



l54 LA CHAONIQDK DB BAINS. 

à Angeles 9 pour çoo qu'il toloit avoir Normandie. 
Et les autr'es prisons fist mètre là où lai plot » et 
d'enki en avant, demoarali rois Phillppes en pais» 
et fu eremns et doutés par toutes tiéres. 

Orvous dirons dou mauvais roi Jehan d'Engku 
tère qui hounissoit ses hommes et gisoit avec les 
femmes et avjoec lor filles 9 à loree , et lor toUoit 
lor téres et faisoit tant que Dîex et tous li mons 
le devoit hair. Si avint que 11 baron d'Engletere 
prisent conselg ensanble qu'il envoîevoient au roi 
Phelippe et li feroient feauté dou roîaùme d'En- 
gletere et le meteroient lor en&ns en ostages et 
li aideroîent le roiaume à eonquester* Si vinrent 
en France doi d'aus des plus sages et des plof 
vaillans , et parlèrent au roi Philippe et li di-* 
sent çou que li baron d'fingletere li mandoient. 
Li rois s'en consella et dist qu'il avoit asaés 
terre et qu'il ne s'en melleroit. «- Quant me« 
sire Loeys vit que li rois ne vouloit à çou enten- 
dre , si li dist : f Sire s'il, vous plaisoit jou em- 
prendroîe ceste besoigne. — > Par la lance Saint*' 
Jaques ! dist li rois , iai ent çou qu'il te plaist : 
mais \e croi que tu n'en venras à oief ; car £n-^ 
glois sont traitour et félon, ne jà ne tenront con- 
venant. — « Sire, dist me sires Loeys, en l'aven- 
ture de Dieu soit ! » — Lors dist as .ii. ineèsages: 
*-* > Biel Signor, se vous voilés {e entreprendroie 



CAAP. XX. ]55 

ceste foesoigno el le meneroie à fin, à Taiuwe 
de Dieu et à la vo$tre I • — Par foi» sire, dient 11 
meesage» nous ne requérons eL > -* A tant afi&eni 
li uns Tautre eeste covenance , et baiiiièrent les 
lettres pendans de tous les baus barons d'Engle- 
tere qu'il avoient aporté avoec a us y et les bail-, 
lèrent mon signeur Loeis» et promisent par leur 
foi qu*il envoieroient lor enfans en ostages de- 
dens le mois qu'il seroieot repairiésen Engletere. 
. Atant s'en partirent li message et passèrent 
mer et vinrent à Londres et assamblërent les 
Barons et lor disent comment il avoient ouvré. 
Et il. disent que c'estoit bien fait; et furent li enfans 
as barons envoi jés , si comme il avoient en con- 
vent. Et me sires Loeys les fist bien garder et 
honorablement et fist atourner ses naves* et quan^» 
ques mestiers fn pour ostoijer. Et assambla grant 
gent par linage et par amours et par deniers.; 
Et fu avoec lui li quens don Perche , li quens de 
llonfort^et li quens de Chartres, li quens de Non* 
beliart^ et me sire Engherans de Couchi et moult 
d'autre grant signer dont je ne parole mie chi. 
-^Et montèrent sour mer. i. lundi matin et arri- 
vèrent à Douvre au viespre et issirent fors si has« 
tivcment que il ne furent pierchut et tendirent, 
très et pavellons sous la marine. Et quant cil dou 
oastiel s'apierchurent, si orent mervelle quel gent 



l56 LA CRROUl^ni 08 BAIN». 

ee pooieât itêirë , et DOtirttrerit an armes et mô»^ 
tèiietit as batailles des muH pcmr eus et pronr le. 
élté ét^ûStte : et lendeitialii me sire Leejrs fist 
«Malir atf éiiiftiél et gieierses ea^os.- Mab rieni^ 
li'i fourfist (&t fuÉent éokl .s. Jours qée tieas ni 
espleitièireBt. Et >i«uifit më sire Iibejfset ses cen-^ 
totls Virent l{tt*dtisi est ^ si et conse)^ qu'il lairoit 
le élé^^ et h6{% à Lotadresét l*asserrQ4n et Bst â^ 
téââre Ses très et Wtt bÀrnois tourner et fis! soir 
èsl «etiflulrë à I^etidiee. i-Bt fii kr cHé assise de 
•ifl. pars. Bi oii dedèas se henrdèrèst Yigfaéreose'' 
meht et gat dèréift les portée et les wkwn et en- 
téijèreiyt bastin^émeirt au roflét sigaour ipi^il lef 
secourût et ilkir Âianda que il n*èii a? oit pooir: 
Car si bafoll li esloieiit totit fiiU et tourné déviera 
iiilj^il Sigaetlr Loe^. 

Qtiâtit èil deLdBfdr^ éétemc^eot bes nouvIMes^ 
si rendtreat xriaihteuaftt la eîfè et évitèrent eua 
éontff AalènÉent €rt Se bièrbergièréift pat la eité. 
£t îne sIreS Loejrs ftst e^ièr son ban que mis si 
fàiidéiit riëâS^^ sèus te hart, et i fitrent emi ;Tiii. 
iaérs à Sé|()ùr V et au béevisme Jour erra li è^s à* 
Nièbolê.>^£rU qiféDS du Ferefae MMik l'avant 
g^tée et èoiièu a# (K>Heset la garuisens deMaiens 
stili fbHi, ei lei èoitirârebt Slié eti ot assés trait 
él laÉidet et èhetamir jsaois et ebetàliers aini^ 
ttiè a i6iÈ»à ^ km» et baviti. Bi li qoénr 



de Pierpbfi i lu mots pax .i. ribddt qui U l^v^ If 
paq 4an b^ubierl ^t To^lst Ain cpnli^l. Et f» 
dc^coB^te l^^vanl garde |tav la moct le ei^qt^ fil 
quapi IM «ice» l'Oej^ le rat 8| ot )e plua gram 
duel qu'il eust apk^ea. hU^u% £a ai^i9e ^ieh^le et 
prise piar forc^ au trQmme ioiivj ^^ le fi^t gi»r«ler 
de Mae ge9l et puis ala par Eoiglet^fe ai. ani 
et demi et î conquît «vu, çttést et bpun^ et yillef 
i graQt fpiMn^ Ct ei) .çestte.e^pa^^e d§ U94 Irvoif 
lehaaa envpjja k Hante el iiraimUl trQp gra«t tcé? 
aor et oiaQ44 au Pepe que il lî «irîoU .1114. eatr^^ 
11^ do raai9 decaaevia feu» mais que pour Pieu* 
il mesûf oaofydg h f qd aCfiire 1 -nr Quant li aposr 
toleaei UfriBe.mept legvaiit tvésa^ à tpua Joura 
queUeo val«il« N- iii4i^ d'e^tfelliu^ Tau, ni ei^fu- 
reot H epqstaIP9 et lî Icèaçe mwlt Me*» et ii^eult 
meu^I EteuKpia 11 Appistqle^ à mou^ ^nçw 1^39 
elUixiauda.outreeiiieet qupU yql^i^ que U #'eii 
revenlst» et if A ne leAun^t U reftç^mup.iere|t et 
loy et tQiuleasea 9ydes*-T-vPt mesifieXp^y^ ne prisa 
teujt .1. poia quapquea 11 apost^d^ U inauda , au- 
çeîa çQpquevr^iit adiea tére : et IL appa^toles le fiai 
MPiupi^pHer pair tpute ere«Menté et tous s^ ai« 
dana en toutes ipm^fe^* 

Pu|a avint que me sires Loeys ot despendu tout 
!ç f^en çt U fali argent^ et manda à son père que 
UW. W4%»!i et ^^«ii»t 4ei#n» Et 1| rçls dist , 



|38 LA CHEONIQVE DR BAI AS. 

Par la lance Saint Jaques , que il n*en fèroit 
noient y ne ja pour lui ne seroit escuminifés I •-* 
Quant me dame Blance le sot , si vint au roi et li 
dist : c Coument , sire 9 lairés vous dont vostre 
filg morîr en estranges tères? Sire, pour Dieu ! 
il doit iestre yretiers après vous ! envoiiés lui 
quanques mestiers li est ; au moins les issues de 
son patrimoine! » — Ciertes, Blance, dist li rois, 
fe n'en feroi noient, — Non , Sire ? dit la dame. 
— Non voir , dist li rois. — Et bien , je sal 9 dist 
la dame, que )*en ferai ? — Qu'en ferés vous dont, 
dist 11 rois. *— Par la benoîte mère-Dieu ^ f ai 
biausenfans de mon Signeur je les mêlerai en ga- 
ges, et bien trouverai qui me prestera sour atts! » 
A tant se parti dou roi ausi comme diervée. Et 
quantli rois Peu vit ensi aler, si quidaque ellede- 
sit vérité. Si le fîst rapîeler et li dist : cBlance, je vous 
donrai de mon trésor tant comme vous verrez: 
et en faites qon que vous volés et çou que vous 
quidiés que boin soit. Mais saciés devoir que je 
ne li envolerai riens. — Sire, dist madame Blanoe, 
TOUS dites bien. » « Et lors fu délivrés 11 grans 
trésors à madame Blance. Et elle Tenvoia à son 
signour et il renforcha sa guerre (i). 

(t) Ce remarquable passage de la vie de la reine Blanche 
ne se troure dans aacun autenr conno» Nos historiens éclec> 
tiques pourront pulvériser le récit de nôtre Chroniqueur dt 



Quant ii rois Jehans vit qu'il pierderoit dou 
tout Kk tcrct 8i manda ses barons et lor cria mer- 
ehi 9 et dist que il lor amenderoit tout à lor vo- 
ienté et niieteroit tout son règne en lor mains , et 
toutes lor forterèces, et pour Dieu euscent mer- 
ehi deluil»Quant H baron l'oirent se humilijer, si 
lor en pristgrans pitiés. Et on dist piecha: que vraie 
cuêrê ne puet mentir, et moult doit-on amer mius 
son droit signour que .i. estraigne. Si prisent de 
lui le sairement que ii s'amenderoit à lor volenté 
et meteroit tout son règne en lor mains, et fu- 
rent saisi des forterèces. Puis vinrent à mon si- 
gnour Loeys et Ii disent : — Sire, saciez devoir, 
nous ne poons plus soufrir le damage nostre si- 
gnour car il se voet amender. Et bien saciez de- 
voir que nous ne serons plus vostres aidant , an- 
çois serons contre vous, i — Quant me sires Loeys 
l'entendi si en fu moult courechiés et lor dist : « 
Coument, biel signour, dont m'avez vous traî? — 
Et il répondirent : • — Mius nous vaut-il que nous 
vous falons de convenences que nous laissons 
nostre Signeur escillier ne destruire. Mais pour 

lenn soperbes dédains; noas penisterons à croire qu'il ett vé- 
ridiqae : on ii'in?ente pas ooe semblable éloquence decœar, 
et ainsi que l'a dit l'éditeur du Romaneiro français (M. Paulin 
Paris) , on ne connaît rien dans l'antiquité que l'on puisse 
mettre an-dessua de cet admirable moufement de Blanche* 



|6o hk CHROHiQUB BR BAIN0. 

Dieu raies voiis en» si feréA.quesa^at, car la 4e- 
mourée en ceatjpays ne voua est preus, • 
- Quant me sire Loeys vit qu^autremenl ne po-* 
«oïl iestve^ si fist atouraer sa navie.et s'en reTÎnl 
en France f ne pot né lestre ajBsels desei adeal que 
li oslage furent rendu.r-£l une piéebe aptièa ala 
à Toulouse, ei i mena grant geni: et i fu li quena 
ThiebausdeCampaigneetliquens de St. Pol, li 
fuens de ^ancenrey 11 quens de Meviers et moult 
é*aulro baron: et fu grant piéche devant Toulouse^ 
B*onque8 portes n'en furent closes pour aus, n'on 
ques de ri^is n'i eaploita, ains revint à moins 
4*avoir et à pkia de pécîés et de blasme. 







CHAP. XXI. 



l6l 



se-fi 



it!fSi 



CHAPITRE XXt. 



> ' 



IDr la mort le roi ]pl)^Up)ie. 




|ii cel tempoîre aviul que H rois Phelîppeç 
(le France tenpit un parlementa Mean- 
[the, entour la fîeste 4e la Magdelaine, e^ 
i avoit moult de grans {<eîgnours , et i avoit que 
veskefl que arçhcvesques .xlviii. Et la mors qui 
nului n^espargne^negrant ne petit, IL vint moi^s- 
trer sescenbiaus, et fu au Ut de la mort^etfu con- 
fiés et repcntans de ses meffais. Et (ist sa devise 
et laissa à la tière d'outremer la tierce partie dé 
son trésor qui moult estoït grans et Tautre tierce 
partie as povres , et l'autre tierce partie à la co- 
rone de France gouverner et deffendre; et rendi 
Tame à nostre Sîgnour : et boi,ne opinioben a-on. 
Car il fu demonstré à aucun preudomme A cui li 
sains esperis Tavoit fait sentir. 
Li rois Phelippes fu ensevelis et a tournes si 

11 



iG^ LA CnaOKIQUX pB BAINS, 

corne il apiertenoit à cors de si haut roi : et fu 
portés des haus barons et des baus cbevaliers à 
Saînt-Denis en France. Et à cescune reposée fai- 
8oit-on une crois où li ymage de lui est figurée. 
Et li canta messe rarcheveskes Guillaumes de 
Genvile et Tenfoui de sa main. Et puis li fist-on 
tombe de fin or et argent où il est traitiés corne 
rots. Et i sont .xtiriii. vesques reviesti , si come 
pour canter messe, les mitres es ciés et les croces 
es mains. 

€hi vous latrons ester del roi Phelippe dont 
DiesaitTame! qui trespassa de vie, tierc {our 
après le Magdelaine, en lan .m. co. et .xxiu. et 
régna .xlviu ans, et il avoit .xzvi. ans quant il 
fucoronés (i). 

(i) Bq r«ii de l'Inctriiation mccxxiii, monit Phelippe li 
ho9Ê rois oa chastel de Meantes, roû très Mgest nobles en 
vertu , grans en fais, clers en renommée, glorieus en go- 
vernement, fictorieas en batailles* 




chap. xxit. i63 



CHAPITRE XXII. 



dûment It xei» Sotgù régna afth la mort U rot 

0on ptrr. 



w^ 




gS^f^gigi vous dirons de mon sîgnour Loeys et de 
'ma dame JDIaiice sa (femme quifu fille 
jle roi d^Espaigne ) qui avoit .iiii. enfans 
dont 11 ainsnés otnom Phelippes, H autres Loeys, 
lî tiers Robiersy li quars Anfours. Et moru Phe- 
lippes li ainsnés en l'eage de .zz. ans : et la dame 
estoit grosse d* une fiUe qui ot nom Ysabiaos et 
ne se vot onkes marier, ains se tint en estât de 
virginité et fist moult de biens. 

Or revenrons à nostre matère. — Ue sires Loeys 
fist atourner pour lui et pour sa feme coroner, à 
Rains, et fist ses hommes semonre pour iestre à 
son coronement, as octaves de la mi-aoust : et vint 
à Rains la plus grans chevalerie et 11 plus grans 
peules qui onkes fust assamblés. Lors furent sa- 



l64 LA CBBOKIQDI DE BAIlfc. 

Cféê me 0irieff hoejs el madame Blanee sa femme. 
El forent enoiot de la sainle Ampoule qne Diex 
eoToia doa ciel à mon Bigaear S. Rémi poar en- 
oindre le roi Cloeris qui fa li premien rois des 
erestiens qui onkes fast en France. Et furent en- 
oint par la main TarcheYesque Guillaume de Gen- 
Tille qui adoni estoit archevesqnes de Raios (i). 
Et puis en furent menet ou palais à .vui. araines 
sounans et fn li mangiers appareillés, li pins 
biaus et li plus grans qui onkes f ost à coronemeni 
de roi ; et i ol les plus biaus paremens as riches 
hommes que on veist onkes (a). L*endemain se 

(i) Nottre «rcheTetqoe ayant achevé la cérémonie des 
fonéraillef (de Philippe Angnste) , et dit son sentiment en 
l'assemblée des Pères, tuncbant l'extirpation des hérétiques 
albigeois, reprit le chemin de Reims pour disposer le sacre 
do nonfcao Boi. La pinspart des éresqnes suivirent la coar 
an voyage de Champagne : et Sa Majesté ayant faict son en- 
trée en la magnificence ordinaire » récent la divine onction « 
âgé de 36 ans , le 8 des ides d'aonst , jonr de la Transfigara- 
llon du Sauveur, iai3 : et fut couronné ensuite avec Blanche 
de Gastille , son épouse , en présence du légat du Pape , de 
Jean, roy de Hiérusalem, et de tons les Princes et grands 
officiers de la couronne* (Hàblot. Butoire de Bêimi : texte 
fronçait, Mnt» autogr, U 3. Biblioth, de Rgimt, 

(a) En l'uitiéme |our après les ydes du mois d'aonst en 
ice meismes an % le jonr de la feste Saint-Sixte, le couronna 
à Raios l'archevesi^nd Guillaume de Bains et avec lui ma- 



CHAP. xxii; .'. i6i 

départi la cours : Li roi et la roine g'en alèrent 
en France et furent recheu à grant soUepnité à 
Paris. 

Li archevcsques Guiliaumes qui devoit paijer 
les frais dou coronement les demanda et requist 
as eschievins de Rains, et dist qu^il les dévoient 
paijer, et en traist avant faus tiesmoignages , Je- 
han le clerc dou Bourc, l'archedtakene Huon de 
Sarcu 9 le doijen Pîeron de Lageri et le caniro 
deKains, et le.tiesmoignièrent par lor seaus. Uai« 
li eschievin de Rains , c'est à savoir : Voisins-li- 
C0S9 Jake» li bourgoîs. Cochons de Monlprent, 
Gautiers li roux, Gorbiaus, Picais, Gerars li con- 
tres, Huiliers li gros et Ocdesde Vregelair et li 
autre compaignou ne li vorrent soufrir, ains s'en 
allèrent au Roi et li disent cornent Tarchevesques 
les voloit mal baillir. Et li rois lor dist que il ne 
voloit pas que li bourgeois le paiaissent se il ne 
le dévoient. Et i envoia mon signeur Reuaut de 
Pierronne qui estoit de son conselg pour en- 
querre qui l'avoît paijet au couronement le roi 
Phelippe , ou li archevcsques ou li bourgois. Et 
vint à Rains et fu au temple li archevcsques et li 

dame Blanche sa femme, présent le roi Jebtn de Jéra8&* 
lem et présent les Princes dn Royaume de France, et avoit 
|a le Rois Loeys .xkx?i« ans d'aage. 



|6& tk CBBOHIQUB or RAIII9. 

êschieYin préflentement. Et Teiiqiiûit me sires Re» 
naus à Vins hommes de Raios 9 et trouva par 
boine enqueste loiale que li archevesques Tavoit 
paijet. £t lors furent rendues les lettres as eschie- 
Tins des CEias tiesmoîgnages que li arciiediakenes 
et li doifeos et li oantres aboient données à Tar- 
ehévesque par le cùnselg don capitle : et li eschie» 
i^in les depecièrent, Voiant tons ceaus qui là es-» 
toient, Et d^enki en avant paijèrent li archeves-^ 
ques le coronement sans contredit ( 1 } . 

(i).Geréoi|« ^oiqa'cn ifidente contradiction «tcc lliitT 
toire impûmée» n'en cft pas moins cnrieox. 11 existe dans 
lea cartnlaires de l'archevêché plnsienn copies de la charte 
de Louis VIII 9 datée k Sens 9 da mois d'août iaa3, par 
laquelle ce prince instruit les Rémois qne , par suite dé 
l'informalion qn'il a &it faire touchant le paiement des fraif 
dnaacre» il est étabU que ces finis sont k leur charge* • N01- 
»tre amé et féal Goillaune» arobeTèqne de Reims» « fait 

• pour notre couronnement de telles dépenses » qu'il ne peut 
•les payer sans être aidé par tous et par BeB autres fassauz, 

• Noos TOUS ordonnons de loi donner une somme d'argent 
•dont non-seulement loi 9 mais nons-mêmes puissions ètt% 

• contents. Saches qne noms ja^étouterons «ncnne rçmoui» 
•.tranoe^ et qne si l'archevêqpe loi-même voulait vous en 
•dispenser, nous ne le souffririons pas 9 car on nous a bien 
•fait entendre que vous le devei** 

Cette lettre est la première qui traite de l'obligation pouf 
les Rémois de fournir aux frais dn «acre. .Gela est si vrai , qne 
Guillaume deChampagne» épuisé parles dépenses dn sacre 



é % Wiil ipyg Auftte» t'était adressé lenleiiieiit «o chapitre cl 
a eH caa cBt ans uiloywa» pour la MMilageff daoa la paîamaat de 
caaficaîs, — LalettredeLouiaVIIl ne constitua pas même 
«•titre légal contre let habitants : car il est certain qu'an sa- 
cre de Saint*Lonis il» ne furent tenus é aucun impôt. Ce n'est 
qa'aiiawre âm Philippe le Hardi que les prétentions de l*ar- 
chevè^pin ae Maonvetèaent, Letécbevlnaafsignéa) se Tirent 
définitîveoaeBl condenanéa et, sur lenr refus de payer, furent 
nùê en prispn f et 9'cp vortirent qn'cii coipptapt pne certainf 
aomme. — La même choae se rcnoufcla an sacre de Philippe 
le Bel, si bien que la fille en prit son parti, et ne songea 
plus qu'au mode de répartir cet impôt. 

L'autenr de nptre chrenique, que nons conaldérons coosine 
Bernois, écrifait sous le règne de Lonia IX ^ dont U ne dit 
paa toute la fie. |1 ne pouvait ignorer lea conteatatlons sus- 
citées lors du sacre de Louis TIII, non plus que la lettre de 
ce prince. Mais comme les gens de l'archefêque ne s'en fi- 
rent pas un titre contre lea habitants, lors du sacre de Saint* 
Louis , notre auteur, bourgeois de condition » n'tanra paa r^ 
culé de tant l'aif ératiop d'up fait qaD pouvait étrf dangerens 
pour les AéQioâi de reconnaître. 




l68 LA CHBÔNIQUX BB RAIKS. 



«■■a 



CHAPITRE XXIII. 



wttttni il obnint be ohu qui 0e fwt c^nte jBoubum* 




'B revenrons au roi Loeys qui preodom 
fu et hardis et moult travella en sa vie et 
^ot f puis qu'il fu rois, .1. filg qui ot nom 
Caries et fu quens d' Ango. Et en cel an, il en ala 
en la Roicèle en Poitou et le prist par force^ et le 
tient encore li rois. 

Puis avint une merveUeuse aventure en Flan- 
dres ; car aucun grant seigneur de Flandres trai- 
lièrent une grant traîson par envie envers la corn-* 
fesse Jehanne de Flandres et pourcacièrent .i. 
vieillart et le misent en abit d*oume reclas en la 
foriest de Yicoigne. Et la fu grant tans et li fai- 
soient entendant que ils le feroient comte de 
Flandres. Et cius lors demanda coment ce poroit 
avenir et il respondirent qu'il feroient entendant 
au peule que c'estoit li quens Bauduins qui s'en 
^\^ looctaos ^ Copstantinople et estoit pères la 



cn/iP. xxiii. 169 

comtesse: or est escapés de prison et est chî've« 
nus en ceste foriest pour faire sa penanche Et li 
ensegnièrent cornent il responderott à ceaus qui 
lî enquerroient de son-afaire. Alais^aciez vraie<- 
ment que bourde ne puet iestre celée en la fin. — 
Li vieîllars les crut, si fist que fols : car il ne Teu 
vint, se hontes non 9 si comme vous orés cha en 
avant. Et fisent entendant pour voir que c^estoit 
li quens Bauduins, et en poi de tans furent ces 
nouvelles si espandues que c'estoît mervelles. Et 
i avoit moult grant aie. Et le traisent fors de Ther- 
mitage et le menèrent à Valenciennes et li fisent 
faire reube d*éscarlate fourée de vair et le misent 
8du8 un grant diestrier, et le menèrent par tou- 
tes les boines viles de Flandresi et li paioient tous, 
ses despens. Et toutes Flandres le tenoit à signeur 
et moult le conioirent. Ensi fu une pièche en 
celle signourie, tant qu'il oi dire que la comtesse 
estoit à Haimoncaisnoit, assise au mangier. Et 
li quens empruntés le sot , et fist monter sa gent 
pour prendre la comtesse 9 mais aucuns siens 
amis li fist savoir , et ot si poi d'espasse de fuir 
qu'il le convint i monter sour .1. soumier, et fu 
envoijé à Mons en Hainau , et là fu elle à guari- 
fion. Et quant la comtesse vit quVnsi estoit , si 
manda au roi son cousin germain que pour Dieu 
il mesist conseil à son affaire 9 ou ielle pierderoit 



•> 



ËJO LA CBBOSUQOB »B BAIHS^ 

ia lem. Quant U rob oi çoa » si ol eooMl|^ qii.ll 
naoderoit à eeloi qui ae faisoit qaens Bandaina 
de Flaodres qa*il reniêî à loi an pariemenl àPk- 
roBoe 9 aauf alant el sauf venant. El tnl eftoil see 
eneleatten aeniit moult liés, et le lairoil foir de 
sa terre. Et I eofola «i» message aient ses lettres eit 
In pris li parlemens et il dist qoll iroil. 

Quant Tint au four, si fist son oirre aprester i 
tout graot gens : et fu montés sour .!• cheval ma> 
riel ambiant, et ot viestne une grant cape fenrée 
de cendal vert, et fu d*escarlale et et .1. capiel 
de bonnet el cief. et lenoit en sa main une Mance 
verge et menreUes sanbloit bien preudomme 9 el 
ensi ala à la court* Et ot grant roule de geot après 
lui et descendi an piet del dégret de la sale et 
monta amont, ses huissiers devant lui y comme 
grans sires. Et fn nonciet an roi que il venoil^ 
Quant li rois renleodi si issi de la cambre et 11 
vint à rencontre et li dist : « Sire, vous solpés bien 
veno^ se vous lestes mes oncles, quens Bauduins» 
qui devés iestre empereres de Constantinople el 
rois de Saleoiie et quens d^ Flandres et de Hai- 
nau.'-'Biaus niés, dist-U, vous aijés boine aven- 
ture de Dieu et de «a douce mère! voirement sui- 
je ÇQU et tout jÇQu deveroje iestre, se cm me faisoit 
droit. Mais ma fille me voet désyreter et ne me 
voet connojstre k père. Si VQ»» prie, bîaus niés, 



cnAp« xxiiu 171 

ffue V0a« ni*aldié»ma droiture «à garder* — €îerU;s 
dÎHl li rois, po«ir «1 ne sui {ou venus chi. Biais 11 
cottVient par raison savoir de vous la vérité. Car 
il a bien si corne f ai entendu, .t. ans et plus que 
Il quens fiauduins mes ojicles ala en Gonstanti-? 
noUe , et fu pris , Et poî est ore de ceaus qui ^u 
jour de dont estoîenL — Ciertes dist'-il^ îe le voel 
hieu» — * Nous vous demandons dist ^ frère GArias 
Uevesques de Saint-Us., à quelle vile vous espou^ 
sautes vostre femme ? » -^Quaod 11 oî çon deman* 
der si pensa «i. poi f car de çou n'avoit 11 pas est^ 
apris. Si ne sot respondre^ et dist qu^U volott aler 
dormir. Et pensa ea son cuer qn^ le demajnder 
roi t à oeaus qui J'ens^;noieat. Mais enst n^ala pas. 
Car .on le coucba en ijine cambre tout seul. Et fi- 
«enlbien gfu'der ies buis que au« nU^ntra&t. Et 
quant vint asrelevéee» se Ji 4em|inda<^on se il vou* 
lelt respondi^ de çoo qme on il avc^l demandé. 
Et il en fist le coureciet , et dist qu^il s-en voloil 
aler.JËtlifoijli oliria boinemeot, --^ Atimt p^rti 
dou iteâ li muaars iet $^im ala à Yalenciennes don^ 
il«flletit venus; en raibe^Fe Saint^Jeban. El la uuU 
a*«iif ni Ini tlerc en Bourgoigne à Raj» 4oaft il e»- 
foit nés.-^Et li vois repaira^n France qui s^apien- 
fihttt.quec'tesloituns baretères. Ensi demorabteii 
demi a^i qu'on ne sot. de lui nouvièles. Si avûi^t 
que^uns esouîlera le «goCAur die Catb^n^i le vit «i« 



17^ L^ CHRORIQliB DB RAI1I8. 

jour de marciet à Cathenai, si le tnonstra son si- 
giieur et H dist i « Sire, veeschi celui qui se fai- 
soit queiisBauduins. — Tais toi adtables, tu mens, 
ce ne puet iestre. — Sire, dist li escuiers, pendez 
moi par la geule, se ce n*est voirs. — Yoîre dist 
mesire Evrars, prendés le dont; par saint Jake il 
me rendera bon poivre. • — Lors le prisent li es- 
cujeret le misent en prison et reconnut que c'es« 
toit il voirement. Et me sire Evrars fist escriro 
unes lettres et manda à la comtesse de Flandres 
que il tenoit le bareteur. Quant là comtesse de 
Flandres le sot , si en fu moult lie , et fist escrire 
unes lettres qu'elle prometoit à mon signeur 
Evrart de Cathenai. M. mars d'argent à sa Volenté 
et en abandonnoit tous ses biens , se li envoiast. 
Et mesire Evrars li envoia maintenant et retint la 
lettres qui puis li ot mestier. Car la comtesse 11 
fali de convenances y et il prist tant del sien que 
en fu paijés. 

Quant la comtesse vit celui qui ne sot à dire 
coment la vile avoit à non où il avoit espousée sa 
mère , si li demanda dont il estoit, et par quel 
conselg il avoit çou fait. Et il dist qu^ii ^voit nom 
Biertrans de Rays, et l'avoît fait par le consèlg 
de chevaliers et de dames et de clers et le traisent 
hors de son hermitage où il voloit s'ame sauver.— 
«Par foi, dist la comtesse , vous fesistesquefols.-^ 



4 



CHAP. XXIII. 17$ 

VousvoUés bieD îestrequens sans raison. » —Lors 
le fist desviestiret remest en une cote d^estainfort 
sans rdies 9 et le fist après descaîndre et descau- 
cier et trouva on que il n'avoit nul doit es pîés; 
Et fu mis sour .1. ronchi et menés par tous les 
osteus de le fieste de Lille qui adont estoit. Et di- 
soit devant cescun ostel : « Entendes ce caitif en- 
tendes : je suiy disoit-îl, Biertrans de Rays en 
Bourgoîgne , un povres homme qui ne doit iestrê 
ne quens 9 ne rois^ ne dus, ne emperëres. El çou 
que je faisoie, faisoie jou par le conseig des che- 
valiers, des dames et des bourgois de cest pays. » 
— Âtant le faisoit on taire. Et fu mis en .1. pello- 
rit tout nuef qu'on li fist emi le cauchie de Lille, 
et .11. grans mastins dencoste lui,run à diestre et 
Tautre à senestre; et fu pendus à .1. gibet fout 
nuef, et à .i. caignon tout nuef, que la corde ne 
rompist. Et pendi .1. an et plus. — Chilairons dou 
musart qui folement ouvra : et on dist piecha : 
Queciusa grantdisete de sot 9 qui de lui meymes 
le£Bitt(i). 

(1) Cette histoire da faux Baudouin se trouve , mais avec 
moins de détails, dans les grandes Chroniques de St,-Denifl. 
Voici en quels termes on y raconte son entrevue avec le roi 
de France et ce qui s'en suivit : ^ 

• Li rois 11 demanda de moult de choses , et espéciale* 
m«nt où il «Toit fait hommage «a xoi Fhelippe top père de 



174 I*^ CHBORIQUB DB HAIKS. 

1» conté de Phuidret et où il l'aToît fait chevalier. Qoanf 
cil apperçat lea demandes le roi , ai te doabta forment, et 
pri«t à qaerre aloigues de rcspondre aussi comme par oiur- 
gneil. Li roys, qai vit bien et aperçut la folie et l'oargneil 
de loi, fti couronciès; si li commanda que il vidast dedans 
tEoia {ours sa terre et son royaume , et li donna conduit a 
leperier.*.» Lors quant il se vit seul et congeié du règne , si 
se tapi et foni aussi comme un marchans en la terre de 
Booigeingne«Mais il eut fa pris d'un chevalier qui le trouva 
et ramena à la contesse de Flandres. Quant la contesse le 
tînt, si le fist jeter en chartre, et puis le pristrent ses gens, 
si li firent souffrir divers tourmens , et au derrenier le pen- 
dirent à un gibet* » {Chnndquu de Saînt-Dênit)» 

Quelques auteurs « trompés sans doute par le nom dé 
Bertrand de Rais , donnent au faux Baudoin la ville de l^eims 
pour patrie* Il me semble que s'il en eût été ainsi , ootrÉ 
chroniqueur n'eût pas manqué de nous le dire. Il dit aucoOf 
traire à plusieurs reprises, qu'il était de Bourgogne.-* Meyer^ 
dit Marlot, le fait Champenois, et dit qu'il était surnommé 
de Bains. Philippe Mousk l'appelle aussi Bertrand de Bais, 
liocrius , l'an I aaS , le fait Rémois par ces paroles ; Bertran- 
dn Battuusj Rtmentis ex eampagnia orienduu -^ Nous lais** 
SiMisen doute* ajoute Marlot, s'il était natif de Reims ov 
de Beyns , qui est un bourg près du Bhin , od Charles , fils 
attté de Jean , roi de Bohême , fut esla empereur , en i346. • 



CHAP. xxir. 17S 



CHAPITRE XXIV. 



Cnnntt U vm Sctff^ rtgna it 0011 otoant 




*i VOUA dirons dou roi Loeys qui ODques 
|n*ot gaires de repos. Nouvièles U vinrent 
^qae cil d'Avegnon estoient révélé contre 
lui et a voient pris et ocis de ses garnisons qui inar- 
Cissoient à ans. Et li rois i envoia et lor manda 
que il H venissent amender et il remandèrent au 
roi quMl n*en feroient riens pour lui , ni à lui ne se 
tenoient-il pas. — (juant li rois oi Toi^el que cil 
d^Âvignon li mandoient, si en fa moult iriés et fit 
semonre ses amis et ses fièves et par bornage et 
par amours , et assembla si grant ost que ce fu 
mervelles : et i fa li arcbevesques de Joenville 
moult enforciement , et li quens de St. Pol, qui 
moult estoit biaos chevaliers, et preus et loiaus, 
et moult grant signer avoeo lui. Et s*en ala à Avi« 
gnon et Tassist. Etdl dedens esloient bien garnis 
et poi les doatoient ^ et sist U rois devant demi 



Ijfi tk CHBORIQUB DB BAINS. 

an et plus , et poi les adamaga et cpmanda qu*on 
assalist à la cité, et furent U engien dreciéset gîe-^ 
tèrent grosses piéres eu la cité. Et li quens de St. 
Poi fiftt en celle nuit legait. Et cil dedens fafsoient 
aussi giéter lor engîens à ceaus de fors ; si avint 
parmescéanccy queli qnensGuisde Sf. Polesfoit 
aies veoir les gielours des en giens, et une pîëre 
des engicns à ceaus dedens li chéi sour la tieste 
cl fu tous escîervelés et fu portés au tref le roi. 
Et quant li rois le vit mort, si en fu si très dure- 
ment coureciés que fu ausi corne fors dou sens, 
ne nus homes vivans ne le pust adont apaisjcr ; car 
il l^amoit forment* Car certes il faisoit trop amer, 
car il esloît entecies de toutes boines teches (i). 

Li cors le comte de saint Poi fu desarmés et fu 
irmdiés et embaussemés etfu misen .i. lonc coffre 
et fu portés en Longheiaue, desous Castillon , en 
«ne priorîe de Nounains qu*îlavoit fondée, et la 
fu enfouis honorablement(a]. Et li assaus fu remés 

(i) An siège monnit li qnens de Saioct-Pol, qai estoit 
nommés Guy, et fa férié d'une pierre de mangonel :.dom« 
mage fu , preudons estoit et preus aus armes et fervens en 
fby... Li quens de Champaigne Thibaut se départi du siège, 
et vint en son paû sans côngié, demander au roy ne au lé- 
gat de Rome» Romain « diacre et cardinal. 

{Chraniquéê de Saini-Denu)» 

(»} Loi>ghe!ane.-~Longneao.— Prieuré de filles, dont Guy 
deCliastiUoo Hit» ùon |>a8l6 premier fondateur, mais le plus 



CHAI». XXIV. 177 

et furent trîvesdonqésdesunRas autres .xi.. jours; 
et jura li rois devant tous , que se li castiaus ne 
estoit rendus devers le tierme des trives et il les 
pooit prendre par force , il les feroit tons ocire 
et mettre à Tespée. 

Quant dl d*Àvignon virent que li rois ot juré 
pourlecourouxdou conte qui mortestoity si orent 
consclg qu'il renderoient la cité au roi, sauve 
lor vies. Car ils savoient bien que à la parPin ne 
le poroient il mie tenir et le rendirent. — Et li rois 
en fist abattre les murs et mit ens ses garnisons 
à lor coust et se partist d^iluec au plus^tost qu'il 
pot, car li lius estoit tout corrompus et moult i pt 
mors de gens, et i fumors li quens de Namur, dont 
cefu grans damages et moult d'autre rice home. 

Si come li rois et li archevesques de Ràins s'en 
revenoîent , si les prist maladie grans , et furent 
mis en litière et furent portés jusques à Monpan- 
<sier,un fortcastiel le roi,et ne porentavant alef (i) . 

généreux bienfaiteur. Mous conservons aux archives de Reims 
sa charte de 1 1 88, par laquelle il confirme le donet aumosnc 
de Gaucher, son aïeul, du lieu où la maison conventuelle est 
bâtie.— C'est donc à tort que les historiens de la proviuce 
indiquent Thibault II, comte de Champagne, comme fon- 
dateur de cette maison, 

(i)« Notre archevesqne suivit trois jours aprèl en ce pas- 
sage : car comme il eut esté surpris d'une pareille maladie, 

12 



i;;8 LA. GUBOJitoiiB bb bairs. 

Si là môru li rois dont Dlex ah raïuel Et fu aoom" 
pM la propbéftie qoo oo ditt que Merlins avoit dit ; 
car il dist f a« il dous iiens d9 France morroU d M0n* 
paneUr, elyoiremai^éstoit-iUi donsiiojis/etestoit 
hardis outre mesure ; ne n'afferoit pas à roi çou 
que il faisoit^ Et fu li oors embausemés de tiausme 
et aporlés à Saim^Deois ob il fii enfouis enoimi" 
tèreeo<aoDe(i)h 

pour le roaavab air du pays , de rinfection qui estoit en rav- 
inée, il dénira se faire reporter à Reims pour y finir ses jours; 
mais le mtl croissant àfec les symptômes, il mourut à St- 
Flour, solvant Albéflc, et fbt trsniporlé à Glervaut, maison 
de «aint JIsraafd , où GeoffVoy mo ayenl et Simon son ttétt 
sont inhumés. C'est le second de nos lurchevesques qui a pris 
la croii contre les ennemis de l'Eglise. Le Saint-Siège l'bo- 
nora du ikitre de légat, reconnaissant son zèle et sa généro- 
sité. Nos rois l'ont chéri pour ses vertus , et tout le clergé 
l'ainboît comme le père commun delà province, estant un 
personnage paisible, accort, et grandement libéral envet» 
les église!.. • Le lien de sa sépulture ae véît encore an cim^ 
tière de Glervaui, remarqué par une tombe qui sert de 
soubassement à quatre pilUers soustenant un toit en forme 
de dôme qui la couronne de toutes parts f Ces mots étant 
gravez dessus pour épitaphe : 

Hic Jacet dominos Goilelmua Lingnonensis 
fipitcopui postée Bemensis Arohiepiscopus* 

Maelot. Texte français de son Oistoirâ de Beims. Uns, 
(i) Goilfanme de INy-Iianreni, dans son tihhria Aibi- 



ilhi vous lairoiu ester des mors, m parlerons des 
vis. La roitte Blance menant merveilous duel et 
ce n^estoU pas mervelte» car eUe aToît moatt 
pierdu. Car si enfant estoieot petit? et elle estolt 
seule feme d-estraigiie ooatr^; et aveit à marcîr 
à grans sigaeurs, au coote PheUppe Hurepiel de 
BouloDgoeyau oe»te Rtblets de Orecw^ «on &ère, 
au Qonte de Maseeat au sigueor de CooHaiiaty 
Àmoneiçiteur £nf;berraiit de Coaohi, et à tout le 
grant louage qui lors estoit. Si les resongoa moult; 
si fnaoda lee prioecs doo roiaume où efle se fiait 
plus, et (or dist : « Sigoeur, me sires est mors, 
dont Qou est mes damages et li vosires I Si vous 

^ensîum, raconle, àrocoasioo deUnialad«e dô roi Louis 
Vlll , une siagaUére anecdote : 

« Erat autera quod revelari poMet, ut diocbatur, usu fe- 
min» »grit«do : qnod, ncnt aadif i à viro fide digno referri» 
tentiens Tir nobilis Arcambaldnt de Boriionio qni in e]oê 
«rat socictate , posse javari regem amplexufeminae, qntt«> 
sîtam virginero apeciomm ac generoflam , atqne edoctaik 
«lualiter régi «e oSRerrat et ioqncretar qnod non libidinis 
tlesiderîo, sed audit» infirmltatb anxilio adveniaset, dor- 
miente rcge , à cnbicolariis cjus de die fecît la tbalaranm 
înlroduci : quam rex evigilaa« , cura vidisset aspirantem , 
qacsivit qaae esMt et qualiter introisset ; qnae sicat edoefa 
«rat, ad quid advenerat reseratît ; cui regratiatas rex.ait : 
Non ita necesseerit , poeila ; non enim peccarem mortaitter 
ullo modo. . . El convocato dieto viro domino Arcambaido, 
manda vit eam honorîfioe marilari. • 

12. 



l8o LA GHBOMIQUB DB BAINS. 

demande cooseig que je ferai, car j*en ai grant 
Riestierl — Parfoi, dient-ii« Dame, vous ferez 
vostre filg Loeys coronerà Rains, et irons là tout 
armés et sera couronnés, cui que il empoist. »Et 
fu li jours del enfant coroner pris, au jour de la 
Si. Andriu, l'an del incarnation notre Signôur 
.11. GG. etxxYi. ans et n*avoit adont que .xiui. ans; 
et vinrent à Rains simplement. Et fu li ènfané 
côronés par le main le vesque de Sûi$sons,car 
adont esloit li sièges vaghes. Et furent fait li bo- 
rnage au Voi et à la roine , tant comme elle tenroit 
la bailiie. Et de çou orent li baron grant envie {t)J 
-^Et en cel tempoire fu elleus Benris de Braine 
à arcbcves'que de Rains qui tant fist de mal as 

(i) DuraDtcê temps que le siège de Reims demeorasans 
archevesque 9 la royne Blanche voulant exécuter la volonté 
du Roy deffunct, son maij, qui luy a voit enjoint de. faire 
promptement couronner son fils qui porte le tiltrc de saiot, 
le fit conduire à Reims quinze jours après sa mort, n'estant 
ftgé que de douze ans , où il fut sacré , non par Galtherios , 
.archevesqoe de Sens, comme Cl. Robert a escrit, auquel 
sans doute l'église de Reims se fust opposé , mais par le mi- 
nistère de Jacques de Bazoches, évesque de Soissons, doyen 
de la provlAce, qui prétend ce droit en l'absence do métro- 
politain. La cérémonie se fit. le premier dimanche des ad- 
vens, année iaa6, suivant la chronique de Unillaume de 
Nangis, authcur contemporain, et celle de Philippe, de 
Mouhx, rapportées par Dochesne, marquent qu'Henry de 



CBAP. XXIV. 181 

bourgoîs , car onques n'orent pais tant come il 
vesqui. Et fu archevesques.xnii. ans et mora en- 
tour la saint Jehan , Tan .m. gg. et .xl. ans (i). 

Braine assista en ce sacre , n'estant encore que trésorier de 
Beauvais, attendu qu'il n*y ayoit alors aucun archevesqne 
cslu : 

Li quens Robert i alla 

Pour faire ouvrage : quant fn là 

Et ses frères li trésoriers 

De Biauvais ki secons ou tiers 

Fu nommés de l'arche vcsché 

Si ni ot encor nul rsleu. 

(Maelot, ibldé), 

(i)' Henry de Braine 9 ou de Dreux, fils de Robert II, 
comte de Dreux et d'Iolaade de Goucy. Il fut éib par le 
chapitre en 1237. Il était archidiacre de Reims et trésorier 
de Beauvais. Ce fut sous lui que Libergiers commença la 
belle église de St.-Nicaise de Reims , et il en posa la pre- 
mière pierre le lundi de Pâques de l'année 1137. L'histoire 
de Reiins a prononcé anathème â la mémoire d'Henry de 
Braine. Le chanoine Anqoetil termine ainsi le récit de sa 
vie à propos de l'exécntion de cent quatre-vingt-trois Bol- 
gares qui furent brûlés en 1 219 sur le Mont-Âimé. «Cette exé- 
cution eflOrayante dont Henry de Braine fut le principal in- 
strument , peint son caractère et justifie les Rémois sur les 

efforts qu'ils firent pour se soustraire à sa domination 

Peut-être des défauts trop frappants ont-ils fait oublier ses 
bonnes qualités. •— Il mourut le 4 {oillet 1240. 



tSs Làr CHROniQ^Ufi DK RAlIfS. 



mm 



CHAPITRE XXV. 



Comtnt U haxm vmlhtnt .o«n ia r«nr it ironre. 




n rerenroiiR as barons qui se pensoîcot, 8e 
in;il non , envers la roinede France et fai- 
^soient souvenl parlement ensaroble : el 
rfisoiciit qtiil n'bstoil en France qui les peiMl 
gouverner, et veoient que li rois estoit foùèneset 
»i frère» et poi prisoient la mère. 9i foloièreut en- 
Mimbleet lisent entendantau conte de Boulongne 
que il «D lèroient roi. £4 il n*esloiC nie idooU 
sageS) «I les erut.i{t prisent emiselg que il ee fteu^ 
deroîent premiers au conte TfaiébauH de Cham* 
paîgne et li meteroient sus la mort le roî Loeys , 
pour çou que il l'a voit laissîct à Âvignoû, et s'en 
esloil partis mauTaisemeot comme traîtres; fil 
s'il l'avoieat mort ou pria , il n'averoieat mais nul 
contredit au roiaume conquerre. — Ensifu atour- 
né. — Et li quens de Boulbngnc ala deffîer le conte 



ciiAP- XKV. iS3 

TbîébautI par .11. cbefaliers e( U demanda entre- 
sait la mari son frère. U queaa eo fb mouU e$^. 
bahis, et fist seoioore ses hommesi etior demanda 
eonaelgque U feroit. Et ai homme 11 respondîrent 
malement , car il estoîeot tout Unirné deviert lea 
barons. — fil quant U qaen^ vit et entendit lor mau- 
vais çuers et lor mauvais respons , si ot tout le cuer 
pierda (1) : et nequedeot ilfist miiiour ciére que 

(i) L'an mil deos cent et vint et dis 
Fu Danmjirtiii eo flambe mis ; 
Kt saohîes que cel an meîoie 
Fa à Gharonne la Devin ne«(«3ri(7/«) , 
Et les grans guerres en Ghampaingne : 
Jamais n'iert qui ne s'en plvingne. 
En tel point îù U qneoa Tibant 
iin'H ala nns comme v« Hbaat t 
V Un antre ribaua avec loi, 

Qui ne fu conneu de nului , 
Pour escouter que l'en disoit 
De lui, et l'on en dcvisoit. 
Tntt le retraient de traïson ' 
Petit et grsnt, mantes et boa , 
Et nn et antre, et bas et haut. 
Iiors dit iî qnens à son ribant : 
« Gompaîos , er voi-fen bien de plein , 
•Que d'une denrée de pain 
sSaouleroic tous mev ami* ; 
a Je n'en ai nul , ee m^st avis , 
• Ne |e n'ai en nnii fiance , 
»Foii fQ'eo laroïne ds FrSBc«« • 



l84 LA CHBOIflQUB DB RAIR8. 

il ne pensa et comenchâ à deffaire une arche dou 
Pont de Basson, et fist faire, par descure le pont, 
barbacanes et deffenses et comanda le pont à 
garder au conte Buon de Retel, qui gaires n*en 
fIst isa partie boine; et garni Fimes et en fist kie- 
vetain «Simon de Traileu » et fist garnir Moiemer, 
et ce fu la garnisons qui mius se prouva envîers 
lui. Et se traist à Provins et fist le boùrc fremer 
hasteement et se tint là , car il ne se sa voit à qui 
fier. 

€hi vous lairons .i. poi dou conte Thiébault et 
dirons des barons qui assamblèrent une si grant 
ostque c'estoit mervelles à veoir.Ei vinrent droit 
à Finies et fu assise , et furent devant grant pië- 
che. £n la fin lor fu rendue , et le fisent ikiiner et 
boutèrent le fu dedens.Mais la tour estoit si boiue 
qu*onquesue se desmeuti. Et puis se traisent droit 
au Pont-à-Basson 9 et là ne porent passer, car il 
estoit moult bien hourdés. £t quant H quens de 
St Pol vit qu'il ne passeroit pas au pont^ si contre 

Gele cl fa loiale amie ; 
Bien monstra qae ne Iç haict mie. 
Car li ht fiaée la guerre, 
Et conquise toute Ja terre. 
Maiotes paroles eu dist an , 
Gomme d'iseult et de Tristao» 

(Chrouique mMri^ue ée ShMaghire)» 



GBAP. XXV. l85 

monta .1. poi Marne 9 fusLes endroit Ruei et la 
passa ii.prenierain8 entre lui et sa genf. Mais .1. 
poi i ot de contredit d'entonr .x. chevaliers qui 
cstoient de la maisnie au conle de Retel qui con- 
tredisent Ic'passage tant comme il porent. Mais 
il ne lor valu noient; car H quens de St Poi es- 
toit passés. Et quant li quens de Retel le vit 
outre, si tourna le dos et s'en fui. El H moines 
de Longon i fu navrés et pris. À tant passèrent 
tout y car Marne estoit adont petite, et puis alè« 
rent à Asprenay et le brisiërent et entrèrent ens 
par force et i gaegnièrent grant avoir, et moult 
en vint à Rains , dont tous i ot qui bien en fisent 
lor fieret. Et puis alërentà Dameri et fu reusée et 
d*enLi alérent à Susane et le trouvèrent toute 
vuide, car li qùens i avoit fait le fubouter, etbien 
saciés de voir quecildeMoiemer les contralioient 
durement : Et puis s*en alërent vers Provins^ mais 
la vitaille lor aloit aukes falant (i), et cil de 

(1) La Chromqut de Flandres , ehap, xiz , est de tous poinl» 
conforme à ce récit. Hogoen, conte de Saînt-Paal, de U 
noble malion de Chastillon-snr-M arne , était de la ligne 
contre Thibault : « il contremonta Marne josqn'à Reuil ; là , 

• pawa premier , lay et sa gent , mai» on pen y eut de çoo' 

• tredit des chefaiiers du comte de Belhcl. Toatéfois, rien 

• ne lenr valut, car le comte de Saint-Fol gaigna le pas sur 

• eux. Le comte de Uethel s'eofuil , et fut prit on de ses 



l8& LA CH&OKIQDB D8 RAIffS. 

MojeiMr liapoient «fo'onqiiet^Ular venoil dcvien 
Raittu ,«t c'est oil li Mm dont plus debîen^ lor ver 
Qoit : (i ) dir llArcbeveiqueslor aidoit detout son 

•cfaeTaliers, qu'on appcloît le moine de Meignon. Atant 

• passa tout Tost la rivière et vinrent à Espernay , qu'ils 

• aVàtirent toot, et Ih gaignèrent grand thrésor. De là aie- 

• reutàDamery etl'abalirent tout. Pnis vindrentè Sésaiinc« 
»eC la trouvèrent tonte faide. Tantost menèrent leuf ost 

• vers Provins I mais vlctuaille leur faillit. • 

(i) âfoitmtr, ou Mont-Âiatié» près Vertus. • Une asses 
bonpe chronique» dit Fauchet, appelle ]Uoem§r, ou Mont- 
Aimé « Haute fouille» et dit avo^* été autrerois la maison du 
fameux Ganelon; Tauteur pense , djins un autre endroit, 
que cette montagne tire son nom du comte Maimcxi dont 
le fils Rainer 9 convaincu d'avoir conspiré contre Gharle- 
magne , fat penda au haut de cette colilnc. • li est déjà 
^nestioQ de cette forteresse dans la Gbroniqne Gbâlooaaîsc^ 
à la date de 4^0* On lit qae saint Alpîp, évèqne de Ghâlons, 
voulant soustraire la foule des réfugiés aux violences des 
•oldats d'Attila , les conduisit à Moiemer, à seize. mille de 
Ghftlons. G'est à Moiemer ou Mont-Aimé qu'en 878, Louis 
le Bègue , fils aîné de Gharles le Ghanve, assembla les états 
et se fit proclamer roi» G'est encore là 9 qu'en ia39, Henry 
de Braise fit Impitoyablsment brûler en nn tenl jour cent 
q[aatre"Viagt-trois Bulgares con-valncus d'hérésie : ce qnî 
fiit un holocanste agréable à Oien, dit le moine Alberto, 
auteur coBtemporato. — La forteresse da Moat^Aîmé joua 
an grand rôle dans l'hiitoire des goerret dn sv« siècle ; les 
ang;Ui« s'en rendirent maîtres à plnstenn reprises. Bn i'aii- 
«éc 144^9 le Mont- Aimé était ocovpé par les troapes de 



Gît A p. XXT. 187 

pooîr ; et ensi ardoieitt le pays de Campaigne , 
ne nos ii*l metoit conselg. 

En la fit! 8ot la roîne Blance que ce faisoîent 
il pour le- rolaume aroir , et bien sol que mes 
sires Eogberrans de Couchi avoit ja fait faire ta 
corone dont il devoit festre coronés : ja (bsee que 

Charles TII, « GhaBtilloo, dévoilé aux Anglais et à la tête 
des seules milices de Beims, la prit après oeuf mois de siège. 
Il avait à peine ramené ses soldats triomphants dans la villr^ 
que les troupes du RoisorpTirentsa conquête et recommen- 
«èrent leurs excorsîoiM sur le territoire- rémois. Le comte de 
Salisbufy , goavemenr de Champagne pour le roi d'Attgic" 
terre, aoUicHé par Troyes^ Chftlons et Beims , dont la gar- 
nison du Mont-Aimé interrompait le comnocrce, réunit leurs 
troupes, en composa un corps d'armée et vînt mettre de 
nouveau le siège devant la place. Il fut presque aussi long 
et plus meurtrier que le premier. Lcê Rémois s'y portèrent 
àvee «ne ardear qai mirita lea éloges da comte. La gamî- 
•oa n'attendit. pas lei derniers eilbrta : elle le rendit à des 
eoadUiona honorables « et les trois villes intéressées au sori 
de la place , prirent le parti de la détruire. Reims fut char» 
gée de rezécution. On envoya une troupe de pionniers, de 
charpentiers , de maçons , avec des commissaires pour les 
comnaandér et dea soldats pctar couvrir lea travailleurs. 
L'ouvrage ftit long et pénible* La principale foar qu^m 
■onamait le donjon , avait dooae ^iedé d'épaïaaeax et était 
«t bien maçonaéc, que les dép«tés préposés à la démoUtioa 
mandaieat à Beims qu'an ouvrier pouvait porter sur aoa éas 
eii une seule Ibiir, toot ce qu'à gnmd'peiàe il avait aîracbé 
de pierres en un jour. • (AuQoatifc). ■ 



l88 LA CBBORt^UB SB^ BAINS. 

il fe§idcefit eatendani le conte de B'oiilongoe que 
il en feroient roi. Mais on dist pléchai' Cui Ditaf 
voet aiditr , ntu tu U puet nuire. Si ot la roine con- 
selg quelle aideroit à deffendre Campaigne et Id 
terre de -Brie. Car li quens de Campaigne estoft 
BC8 parens et homme le roi. Et fist assambïer 
une grant ost à .un. lieues de Troîcs et i fu li 
roi» et elle. Et manda au conte de Boulongiie 
et as barons qu'il ne fnscent si hardi que il mcf- 
fesiscent riens sour le iief le roi. Et bien lor man- 
da qu'elle estoit appareillie de iaire plain droit 
dou conte se il U savoient que demander. -^ Et 
il respondirent que il n'en plaideroient jà et que 
c'estoit coustume de femme que celui qui H ave- 
roi t son mari mourdri ^ repreuderoit elle plus vo- 
lentiers que .i. aut (i). — Lors respondi li quens 
deBoulongne qui s'estoit pierchus de la traison et 
dist: c Par foi 9 vous dites mal, et ce n'est pas 
esclairiet que vous metés sus au conte : et d^autré 
part, nous serions parjur vers le roi , se nous des- 

(i) On remftrqaera la discrétion de nbti*e chroniqueur 
qui, tout en racontant de quel secûoré fut à Ttiibaut la re&né 
Blanche, segardebien de consigner le briiit des àinours de 
ce prince avec la mère ^e saint itouis. Il en ditpôurtant 'as- 
sez pour la glose. — Nous ne pouvons que renvoyer encore 
ki à ce que dit de ce curioux point historique, l'éditeur du 
Bêmaneéro français. 



cnAP. xxT. 189 

ore-en-avant mcffaisiens sour la deffense qui nous 
esl faite. En sour que tout qtie li roi« est mes niés, 
fins de mon frère» et si est mds liges sires, et je 
suis ses liges hom : si vous f^is bien à savoir que 
|e ne serai plus de vostre allianche ne de vostrè 
acort. Ançois serai deviers le rot de tout mon loiai 
pooir. » 

Quant li baron entendirent ensî le conte par- 
ler si regardèrent li uns l'autre et furent tout es- 
balii et disent au conte qui lor Cievetains es- 
toit : «Sire dont nous avés mal bailli, car vous 
raverés la pais la roine, et nous avérons pierdn 
tière^ — En non Dieu, distli quens, mius vaut 
folie laissée , que folie maintenue* » — Atant fait 
escrire unes lettres et manda à la roiné que son 
comandemeut ne voloit pas trespasser , ne le 
coumandement leroi. Ançois est appareliiés de 
faire sa volenté. — Quant la roine le sot, si en 
fu moult lie et li quens de Boulongoe se partit 
de» barons > et li baron se partirent et râlèrent 
cescuns en sa tére à mésaise de citer, pour çbu 
qu'il n*avoient mie acompli lor volentéet avoient 
aquis la maie amour la roine qui bien savoit 
amer et haïr à ceaus qui le desiervoîent et gue- 
redouuer selon lor oevres. 

Ensi fu cis contens apaisiés, et li quens de 
Caropaigne demora en pais. — Et ne larga gairea 



igo . l'A cnnaiiiQCtt^ db bains. 

aprîis que la eonlesiie Blaaœ qui «a »iéff€ estoît 
«nom» et:puis,i. an «prHts moru U roisde Klirafê 
quitcA onoieacstoiu £1 £ii Uquenë envoi4Hq»6fro. 
4e9 barons de Navarre et en ij^ot roi à Pampe^ 
luue> acteii la manière dou pays y et ot à femine 
la coote«0e d*Attboiiro« ançaia que îl ftist row« 
et Tavoit renvoie, et pris la fille mon Sigoonr 
ïmbiert do Biaugieu qui esioit nîèolie te roi : et 
moru roelle et en remeat ane fiUe qpoi fa mitf lée 
auiUgle conte Pierou-le-ClerG*qui poûi fa qnena 
deBrelaigyie« Et puisse maria àlq fille ErkeobaM 
de Bourbon* Et de celle dame ot il .vu enfaos^ 
dontli mainsnéot nQmTiébaQ8,.lî4eo0OaPière8, 
U tiers, 'Henris, et U quars, Guîllaame^ et lains* 
née damoisièle . Aelis el IViiire Cecille. = 

Or vous lairons ester dou roi de Navare et vous 
dirons don roi de Franche qni estoit en Téage de 
«xx« ans et et la roine consdg de lui marier et 
prislà femela fiUe le conte de Prouvencbe Tains- 
née dont il avoit .un. (i)« Et maiatenani Uroîs 
Uenris d*Englelère prist la seconde» et U quens 
Bicbars ses frères» qui pais fu rois d*Àleauigne« 
prist la tierce; et 11 quens Guis frères -le. roi de 
France ot la daeraine » et ot le eootei de Pro*- 
vcnce. Car tële estoit la coustumo dou pays que 

(i) Damt iirtvoii iiii, c'est-à-dire l'aidée db ses filics qui 
étaient au nombre de quatre. 



CH%P. XXV. 191 

li daeraiiis enfens a tout* s^il 11*1 a liuîr malle. -^ 
Et oi oom celle que li rois de France pri«tà feme 
ftlargherîte, qui mauU fa bolne daine el sage» et 
ot del roi .viH. eiifaos .v. fius et .111. filles dont 
li aisnés des fiusot non Loejs, li second Fhe-^ 
lippes, U liers Pieres , li quars Jehans> etll quius 
Robiers et raisaée des damoi&ièles ot nom Taa- 
foîaus et fu mariée au roi de Navare, et la seconde 
ot nom Alargherile et la tierce ot nom Blanoe. 

Or vous lainMis ester des enfaus» eni Dlex gart I 
et revenrons au roi de Navare qui avoit fait ma- 
riage de sa fille au conie de Brelaignoy et mouU f u<^ 
rent bien ensamble et usolt 11 rois de Navare del 
tout par son conselg. Et li qucns li fist entendant 
que li rois de France li feisoît tort d*un fief de 
Bleis, et s*aloia à lui et dtst que il li ferait ravoir 
KO il voloit. Car il avoient bon pooir ehtr*eans 
deus par eaos et par lor amis. Li roi» de Navare 
le crut si fist cpie fols. Car il en eust esté mal 
iKiillts se la roine Elance ne fuM, qui fist tant 
qu^ilfu apaisîés à sou filg. 

Puis mais orés cornent li rois de Navare ouvra 
par mauvais conselg et fisi fremer et reqoîst au 
roi que il li rendist ses.fiès de Blois dont il li £ii- 
soit tort f si corne il disoit» Li rois respondist 
qu'il ne l'en faisoit nul tort , et se il li savoit que 
demander il l'en feroit droit par ses pers. Li ro» 



igS LA CHBONIQCK I>B BAINS. 

de.Nàvare ii*en ?ot riens faire. Ançois dist quUl 
s'en adreceroit quant il paroît. Et entra en sai- 
sine de» fiet. Quant H rois le sot si fist semonre 
ses fiéves et fist aprester perrières et mangoniaux 
et lagrant trebuce d'Anbermarle queli quens de 
Boulongne avoit fait faire à Monsleruel et li rois 
Ast conduire son ost sourie roi de Navare. Quant 
la roiue vit que li rois . s'esmovoit si Ten pesa «t 
manda au roi de Mavare que il venist à U, et elle 
en feroit la pais. Et il y vint sans délai. Et ensi 
corne il entra en la salle à Paris, il fu appareillés 
qui le feri d'un froumage enfissiélé ami le vi- 
sage , par le conselg le conte d' Artois qui onkes 
ne Tama. Et li rois s'en ala devant la roiue tout 
enforoijés et li dist ensi Tavoit-on alourne en son 
conduit. Quant la roine vit çoùi si l'en pe8»et 
cémenda que cius fust pris qui çou li avoit fait, 
et qu'on le mesist en castelet; et averoit on con- 
selg qu'on en feroit : Et fu cius pris : et sitost corne 
le quens d'Artois le sot, si le fit délivrer et toutes 
voies la roine li fist sa pais en télé manière que 
il renderoit tous les despens que 11 rois avoit fait 
pour celle occasion , et li quiteroit les fiés , et en 
tiat li rois llonsteruel et .m. castiaus tant que il 
rot tous ses despens. 

Fuis avinl çà après que li quens Pieres Mau- 
clers révéla CT]rnrre la court et dist veienie à la 



CHAP. %ty. 19^ 

roiae et se parti de court vilainement: et quant 
ii rois le sot si en fa ntoolt dolans et fist le conte 
ajourner à xt. {ours de faire droit de çou qu^on 
H saroit à demander. Li quens dist quMl n*iroit 
neenvoieroit: et envola le roideffier^par.i. pries- 
tre etses lettres. Et quand li .xkî. jour furent pas- 
set de la sesnonse» li rois assembla ses os et sVn 
ala sour le conte et assist BerGçuin et le priât à 
forée , ne onkes puis ne fu rendue : et quant li 
queus vit son damage apparoir , si vint à la mer- 
chi le roi y sauf tous les cous le roi et le castiel 
{nerdu; et vient au piet la roine et lui cria merchi. 
Puis avint une pieche après, que li quens de la 
Harcè ^jui prêndoît les deniers le roi cescun an 
trois mile livres de tournois pour garder les mar«! 
ces deviers Bourdiaus et li envoioit li rois pour 
çon qu'il v6loit que il fu ses boins amis; si avint 
que li queiis refusa à prendre les deniers le roi. 
Et on dist piecha tant grate Kievre que mal gist» — 
^t envola querre le roi d'Engletérre et vint à 
Bourdiaus et devisèrent qu'il enterroienf eu Poi« 
tou y et quidoient bien que li rois n'eust pooir à 
aus: et entrèrent eo Poitou et fourflsent sour le roi. 
M aisquant 11 rois le sot, si ne fu pas esbahis, ainslor 
ala à rencontre à Poitiers et îssi de Poitiers moult 
richement armés: et quida li quens de la Marce 
que ii deust tourner à Lerinon .1. sien castiel qui 

i3 



I94 LA CHROKIQVB DE RAINS. 

eittoU trop forfi. Mais li rois ot eonselg qae il prén« 
deroit ançois lesplos £iihleêet les ^ar niroil. Et puis 
après feroil tout le pays praer et n garder que vi- 
iaille ni poroit aler decaatielàautre. Eosilespo- 
roit avoir.«-*Quant li qaens de la Marce vit que 
U rois oavroit eosi, si se douta moult, car il fit 
bien qu'il estoit sages. Si se traist vers Saintes et 
le fist girnir de chevaliers et de sterganS) puis 
s*en ala à Poos où li rois Ëngloîs se tenoit.. Et U 
parlèrent dou roi qui venoit moult efTorohiement 
sour aus et bien virent que il n'avoient pooir au 
roi. Etli rois François ne s'oublia pas, aîns prist 
par force le Cresane .i. castiei le conte, puis vin- 
rent droit devant Saintes, et li quens d'Artois ve- 
noit ou premier cief, banière desploié. Et cil de- 
dens issirent fors contre aus à grant fuison de 
chevalerie et ot ainsi grant poignéis et 1 ot perdu 
et gaegniet et d'une part et d'autre. Mais cil de- 
vent en oreot le piour , car li quens d'Artois se 
feri en la cité à tout grant chevalerie et fu la cité 
prîse. 

Quant li rois d'Eagletcre sot ces nouvieles si 
s'en ala à Bourdiaus et fist les nés bien garder car 
il avoit paour que li rois no passast outre et au 
plus test que il pot il s'en ala en Engletere et se 
tint pour musart quant il en estoit issus. 

Quant li quens de la Marce vit qu'il ot pierdut 



CHIP. XXY. tijfSi 

Saintes et .1111. castiaus et que lî rois englois li 
estoît £alis , et U sinet de Poat CiIm 9 et li sires de 
Tailiebourc , et li sires de Mirabicl; si se pensa 
qu'il a voit mal esploitiet et au plus tosl qu'il pot 
fist pais au roi et Tint k sa merchi^ sauf les des- 
pens au roi et cou qu'il avoit conquesté; car c'est 
la coutume au roi de France que s'il va en ost 
sour aucun baron, cou qu'il conquiert par £pre«i 
li demeure propre à tons jours: et convient celui 
rendre tous les despens avant que il viëgne à pais 
au roi. Ensi atournoit li rois tous ceaus qui con- 
Ire lui reveloient et fist gerof r Sainteset les nôtres 
.1111. eastîaas meuit bien ets'en revint en FraMe« 
et n'estoit roiàumes qui contre lui s'osast efaUer. 




)3. 



196 LA CHBOlflQUE DE BAI1I8. 



«■■BBB^VBnmaaHB 



CHAPITRE XXVI. 




dmttnt U xm it ivamt ola outrmer entre lut 

et 0e0 firère0. 



TAIT aviot une pteche après que lî rois 
fu malades si qu'il qcuda morir. Et en 
celle eure se croisa (1) pour aler outre- 

(i)«.. Advint que ii roy cheat eo une très grant maladie 
A Paris I et tellement fut an bas, ainsi que lai ouy dire, que 
une des dames , qui le gardoit en sa maladie , cuidant qu'il 
fost oultre loi 700101 coTrir le visage d'un Unceôl, disant 
qo'il estoit mort: et de l'autre part du Ut, il y eut une autre 
dame qui ne Toulot souffrir que ainsy fust couvert le vi- 
saige t et que on le ensepulturast ; mais tousjouis disoit que 
encorea avoit-il vie. Et-taotost surle discortd'icelles dames, 
nostre Seigneur ouvra en loy et luy donna la paroUe. Et 
demanda le bon roy que on loi apportast la croix : ce 
que fust fait. Et quant la bonne dame sa mère sceut qu'il 
eost recoovert la paroUe , elle en eut si grande joie que plus 
ne poQvoit : mais quant elle le vit croisiè , elle fut aussi 
tianssie » comme s'elle Teost veu mort. 

JomviLU (pag. aa , Bdiî, <fo Dueangt). 



CHAP* XXTI. 197 

mer et respaflsael atourna Savoiei et fist préchier 
des crois et noult se eroisièrent de hant hoimiie; 
li quens d'Artois , li quens de Poitiers, li quens 
d*Ango, li quens de Flandres, li quens de Bre- 
taigne , li quens de Droes, li qoens de Saint Pol, 
li quens de Montfort, li quens de Yendosme, li 
quens de la Marce, messire Gantiers deCastellon 
Oliviers de Tiermes, mesMre Raous de Soissons 
et tant d'autre grans signeur que France en de«- 
moura vuîdesi qu'encore i pert (1). Car une cose 
fist li rois dont il ne vint nus biens, car il s'ac- 
corda au respi de . iit. ans que li chevalier requisent 
au légat qu'il orent respit de payer les dettes que 
ils dévoient as bourgois, et sour çou il s'en alèrent 
outremer. Et ensi n'ouvra mieGodef^ois de Buîl- 
lon qui rendi sa ducée à tousjours et i ala pure* 
rement dou sien et n'emporta riens del autrui , si 
esploita moult bien. Et l'iscriture dist que Diex 

(1) Aniisi se croisièrent Robert , conte d'Artois » Alphonse , 
conte de Poitiers , Charles , conte d'Anjou , qai fut depuis 
roy de Sicille , qui tons trois estoient frères du roy : et Hu- 
gues , duc de Bourgoigne » Gnillaume , conte de Flandres , 
son frère Guion de Flandres , qui , pois naguère monmt à 
Gompiègne; le vaillant conte Hugues de Saint-Paoul, mes- 
sire Gaultier, son neveu, lequel moult bien se porta i>ultre* 
mer, et eost moult valu, s'il eust longuement vesqu, eto.^ 

JolnvuM , U^ 



i§S iA CHBdAiOuâ hb bains. 

ne voet pas lettré sriervifl de tdlte ne de rapine. 
Quant 1! rois ôt atourtié sa Vôîe, si prist s^es- 
ketpe et son bôtirdon à Ndtre-Daitie à Paris; et 
H èanta la messe li evesqaes : et se mut de Notre- 
Dame entre Itil et la rottte et ses frères et lor 
ibsimes, descfaaus et tius piés^ et toutes les con- 
grégations et H penles des Paris les côuvbijèrent 
f ttsques à Satnt-Denis, en larmes et en plours. Et 
là prist 11 tbis coftlgiet à atis, et tes retivdija à Pa- 
ris, et pldfa assés au départir. — Uais la l*dine sa 
mèi*e demouta avoec lui et le convdîà .iii. jors 
maledtt grêle roi, et li dtst adodt : c Bièle très 
ddcice mère, par celle foi que vous me devés, re- 
todrdés desotemaîs. Je vous lais mes .tu. enfans 
eu garde , toejÈ , Pfaelîppe , et Tsabiel : et Vous 
lats à gafder le i^iaumô de t^ranoe et fe sais dé 
fait que il seta bien gatdés et bien gduvernés.o 
Addut li dist la roine eii plorant : — a Biaus très 
dous (lus, cornent pora li miens cuers endurer la 

départie de moi et de Vdus : Cîertes il set^a plus 

dufs que pierre se il né fbnt en .ti. moitiés, car 
vous m*avez esté li miudres fïus qui onLes fust à 
mère.» — A ca mot chéi panaée , et li rois le re^ 
dr«clia et TetilevA et piist ooagiet à li en plorant. 
Et là^mifie 8é t^pasme, et ùï une gratit pièehe 
en pamtsôds Et quant elle fli revenue si dîât : — 
«Biaus tentée Htt»» fumais ne vous verai, li cuers 



GHAP. XXVI. 199 

le me dirt bien.» — El elle dist voir, car elle fa 
morte avaol qu'il reveniBi(i). 

.Or voa» diront dou roi qui tant ala par tes 
îouméea qui! vint en Aigue-morOy .!• sien port 
priés de Marcelle^ et fa ta navie appareille et eni- 
tra ens, et ti frère et lor femmes entrèrent cetcons 
en le Jor et li autre baron ausi et partirent dou 
port par un mardi matin à .xzxviii. navet plaine 
de boines gent et de haut hommes et tant les 
maisniet et let menues gent et celles as viandes 
et as eiievaus. Et nagfirent tant par la gratte de 
Dieu qtt*il arivèrent en €ypre et prisent port à 
Limechon , une cité qui est en Cypre (a). Et la fu 

(i)« C'est ptn^ètrtioiroccssioode remarqueri ■ 4it l'édi- 
teur du BomanûérofrtM§tdê » qaicite dans ses notes ce passage 
de notre auteur» « que nos anciens chroniqueurs vulgaires sur- 
passent de beaucoup les historiens de l'antiquité dans tout ce 
qui tient à la mise en scène de leurs personnages. Là , rien 
de préparé ; partout un dialogue vrai , touchant et pitto- 
resque. Après un si long temps nboa revoyons nos Fraoçaii 
tels qu'ils étalant.— 11 n'en est pas de même des héros de 
l'antiquité. Tous leurs discours » leurs moindres mois sont 
è effet; et jusque dans le bon Plutarque» ils posent devant 
nous comme le Romulus de David, ou le Gicéron de Toi- 
taire. > 

(9) Le ro]r arriva le jour de Penthecouste au bout d'un 
tertre, qu'on appelait la pointe de Lymesson. 

Jourvitii. 



»00 LA CHBOKtQUB DB BAINS. 

pHeéd^an an dontvot tt roisque toot rentiraiHBrat 
es naves. Et fu faît quaot il l'ot commandé et en<* 
voia à cascuns des sfgneurs des aaves ane lettres 
closes. Et lor commanda que is ne les leusent mie ^ 
si luscentmeut da port. Et quant ils furentmeut, 
cescuns brisa sa lettre , et virent que li rois-com- 
màndoit que tout allassent à Damiette et main- 
tenant comanda cescuns as maroniers que il s't 
adreçassent Et li maronierdisent que si ferolent 
il voléntiersy et alèrent si droite Damiette que il 
vinrent en «x. fours à port, et forent venues toutes 
les naves eh {our et demi et prisent port : mais 
li pdrs estoit mal aatsiéz à prendre « car les naves 
ne pooient aprocier la rive à mains d'une lance. 
Quant cil de Damiette l'appierchurent, si cou- 
rurent as armes et fisent sonner .i. graille et 
vinrent au rivage et commencièrent à traire 
sajètes as ars turcois moult menuement» et cres- 
tien arriestoient. Et quant li rois vit que crestien 
arriestoient, si fu tons ausi comme fourcenés et 
joînst ses pies et saute en l'aighe, tous armés» Tes- 
pée el puing, Tescu au col et ot de la mer jusk.es 
à la chainture et vint à rives » si que Dieu plot et 
se mit entre Sarrasin et fist tant d'armes que 
c*èstoit merveilles. Et le regardoit-on de toutes 
parts pour son bien faire. Et quant Grestijen vi- 
rent le roi ensi maintenir, si se férireut tout à 



CBAP. XXVI, SOI 

.1. tas en mer et prisent terre et c8cri|èreDl : 
Mûnjoiê! et se férirent entre Sarrasins et .tant en 
ocisent qu'on ne pouvoil nombrer et adies issoient 
des naves crestten. 

Quant Sarrasin virent que il neporoient.endu- 
rer|8itournèrentlesdosel8*eûfuirent,et se férirent 
eu Damiette , et closent les portes et crestien se 
logièrent et hebregièrent et assisent la cité et fu- 
rent ainsi une pièche doutant , et vot li rois que 
li engien giétaissent , et furent dreciès : et giétè-< 
rent en la cité .m. Jours et .m. nuis, sans cies- 
ser et ne fesait-on el castiel nul samblant de def- 
fendre. Quant ce virent les gardes de Tost si vin- 
rent au roi et li disent : — « Sire il nous est avis 
que il n*aît nului en la cité, car nus Q»*apert as 
portes, ne as murs , ne as cresnaus» ne nuit ne 
îour. Et s'il vous plaisait nous feriesmes drecier 
eschièles as murs pour savpir comment il lor 
est.» — Li rois respondit que c'estoit boin à faire 
et fist crier que tout fuscent appresté lendemain 
pour assalir. Et furent drechiés les escieles et 
montèrent as murs et entrèrent en la cité sans 
contredit : car cil de laiens s'en estoient tout aie 
par nuit, fors la vieille gent et la malade. Et 
quand il furent ens si cierchièrent la vile et le 
trouvèrent bien garnie de viandes, et vinrent 
as portes si les ouvrirent. Et furent menées 



X 



sot LA CHfiONIOOK BB RA1K8. 

les dames as maistreu cstages et H roU el U 
prince demoarèrent de fors, fit avint que la roine 
s'acoucha et se délivra d*ang filg et fn apielés ea 
baptêmes Pierres, et ot non Pierres Tristans(i), 
car il ne targ;a gaaires que Damiette fu rendue 
par une aventure qui avint au comte d'Artois, si 
comme vous orez. 

Ensi avint que Damiette fu conquise; dont cres- 
tijen furent haut et joiant. et vint It quens d'Ar- 
tois au roi et It dist : « Sire que séjoornerons chi ? 
Si vous me voliés croire > nous chevauceriens en- 
tre nous et ceaus du Temple et de Thospital ; et 
saciés de voir que la terre est nostre, ne ja ne trou- 
verons qui le nouscontredie.»Giertes, blaus frè- 
res, dist II rois, si vous me creiés vous sonferriès 
encore : si aprendrîens à connoistre la terre et le 
pays qui moult est fors à conquerre , et 11 turc 
sont sage et boin guerroijer:— Sire« dist lî quens 
d'Artots, «il nous convient passer le flon Jourdain, 
et se nous aviens passé le flun Jourdain, nous 
ariens conselg cornent nous esploiteriens. — En 
nom de moi , dist li rois biaos frères , f e concise 
tant vo hardement et tant redoute vostre corage, 

(i)fl Leleadcmainla reioe accoucha d'an fils qu'on nom- 
ma Jean Tristan , à cause des circonstances douloureuses 
dans lesquelles il était né •• 

(MicHAOD, hiti, ét9 Croitûéts, lir. iv). 



CHiiP. xxvi. ao5 

que si vous aviés passé le flun Jordaiii , vous n'I 
atenderiés ne cauf iie kevelu. — Ha, dist lî quens, 
îe vous jure que ji vous atcnderai tant que vous 
serez outre passés. Lî rois en prist le sairement 
et li otria le congiet de passer le flun. Mais s^il 
seust çou qu^il avint^ il neli eust otriet pour tout 
Tor del mpnt. 




«o4 Là CHftUHIQQB OB BAI9IS. 



CHAPITRE XXVIT. 



tiiUttt ttnhu. 



em^ 



V 



|v cesle noit aviot que H quens dArtois 
ifist sa geot armer et templiers et hos- 
[pitaliers et passèrent le flun. Atant es- 
voas.i.crestîen renoiet, venus au conte qui bien 
savoit les passages et le pays et dîst au conte 
dArtols : c Sire se vous me volés croire je vous 
ferai à nuit gaegner le plus grant trésor del 
monde qui chi est en une ville qu'on apièle la 
Marone, oii toutes les gens de cest pays Totit en- 
foui. cAlons i? dist lî quens — ha sires, dist li mais- 
tres dou temple f que c*est que vous dites , Pour 
Dieu merchi , vous ne savez que ce mande. Car 
quant vous quiderez que Sarrasin soient descon- 
fit , si ne garderez Teure si en serés tous aviron- 
nés. Mais pour dieu, sires, atendés que li rois soit 
passés, et vous li avés en couvent que vous ne 



CHAP. XXVII. So5 

VOUS mouverés si sera passés, et il pa^8era le ma- 
tin. — Hai hai 9 dit li quèns , voirement se dist on 
voir; adiès auera en templiers dou poil de Tours , 
voire, dist li maistres, qui moult estoit preus et 
hardis, or chevauciés quelle part que vous vorés et 
nous vous suivrons. Ne jà ne pores, se dieu plaist, 
à templier reprouver trayson ne mauvaîstiet ; par 
convent quonkes crestientés ne rechut si grant 
damage comme elle rechevra hùi cest Jour, si 
comme mes cuers le me devine. • 

Atant fièrent chevaus des esporons et s'en vont 
vers Massoure, et entrèrent ens; etlbrsambla qu'il 
n'i eust nului. Mats ciertes si avoit; toutes les rues 
esloient plaines de sarasins en soliers et en loges, 
et estoieni garnis de grosses pieres et de plus agus 
et les entrées estoient bien garnies de bares cou^ 
leices. Et maintenant qu'il furent tout ens, les 
portes furent fremées et toutes les barres coulées: 
et commenciérent Sarasins à gieter grosses pie- 
res et pieus agus et versoient par les fenièstres 
aiguë boullant pour Gresliens escauder : et li tans 
estoit caus et crestien estoient en priesse et es- 
toient si à destroit qu'il n'avoient pooir d'aus def- 
fendre. Et quant Sarasin les virent à tel mescief, 
si s'enforciérent de plus en plus et tant qu'il les 
misent à la mort priés que tous (1). Et li rois 

(1) Mais si tost qae le conte d'Ârtbois eut passé le fleafe, 



906 LA CHBOKIQOE DB BAINS. 

qui d« tout çon ne savoit mot passbit le flan , et 
quant il fu pasfléf si qnida son frère trover «i ne 
te trouva mie. Et lors ditt li rois : c Ha i frère 
comme je qnîs que tos orgiols toos |;réTera evH 
core et fera de mescîef I « 

Ataot esvous .i. de céans qni estoit eseapés et 
vint au roi et li eacrie : c Ha, sire, malemeot 
est : mors est li quens d'Artois et tonte la che- 
valerie qui o Ini estoit et li maistres dou temple 
et cîus de Thospital, et saeiës, Sire, que )e vous 
dis Toir , car je les ri ooire.»-^ Quant If rofs Toi 
ensi parler, si pensa .i. poi, et souspira et dist : 
■ S'il est mors, Di ex li face pardon de ses peciés 

loy et tons ses gens d'armes, ils virent que les Sarrazios 
s'enfuyaient devant enix , ils piqaeot chevanlx des espérons, 
et commeacenC à coarre contre les SftrraziBt. .... Quant 
le« Tem pliera ▼irent ce« Us ae peoièreot eatre ahoatéz et 
dififofaes, «'ils laîaasieiitAUer le conte d'Aftkoîa dovanteols. 
Lots tout d'an accort voot férir des csperoor tant qu'ils peu- 
rent et survivent les Sarrazios fuyant devant eulz tout parmi 
la ville de la Massoure josques aux champs par devers Ba- 
bilooe. Quant ils cuydèrent retourner arrière , les Turcs 
ieor iaaçoieot par A traveis les rues , qui eateient ettroictes , 
force de troct et 4'iBftiiierie. Iià« fnt tné le conte d'Axibei» 
et le sire de CottC|r qu'on appeioit' Baoal » et tant d'autres 
chevaliers jusqu'au nombre de trois ceots : et les Templiers, 
ainsi que le maiatre capitaine me dist, perdirent bien qua- 
torze vingts hommes d'armes et de cheval.' 

lOlSTIUI. 



caAP. xxyii» S07 

tel lui el tous les autres I 4-— Atanl comanda U 
rois que li autres et li pavellon fuscent dreciet^ 
êi ce reposeroit 11 os dou flan qu'il airoieol passai 
qu^estoit profonds et rades. Et si tost comma Sar- 
rasin soren t que li rois ot passé le flun, si fiseoi 
clore les escluses et fisent tenir le flun el fu si 
grans en poi d'eare que cius n'i passoit qui ne 
fust noijés , et li légas dist au roi : c Sire^ venés 
ent à Damiétte en <;este galie , si serons à sau- 
ve (é. » -^ « Hé DieK 1 dist li rois , comment po- 
roit çou avenir que {e laîroie chi cel peule que 
j'ai amenet et m'en iroie à sourté. Cîertes, sire 
légas, je ne ferai noient, ançois atenderai la 
marchi diu, et voel faire autel fin comme i| 
feront. 1 — Quant li le lëgas vit qu'il ne s'en mou- 
veroit) si se parti de lui et entra en la galie et s'en 
alla à Damiétte. Et li rois demeura et Sarrasin 
fisent bien garder le rivage que nus vaissiaus ni 
peut passer , s^â paine non 9 qu'il ne fuscent ars 
de feu grîois. — Et les avoient si avironés de toutes 
pars qu'il ne se pouvoient mouvoir , et moult 
avoient peu à mangier. Eusi forent de la Tous- 
saint jusques au quaresn^ prendant en tel de- 
tresse 9 et lor fali del font viande ; et tout çou fu 
par mon Signonr Jeban de Bîaumont qui def- 
fendî le pas à garder par eau. 

Quant li soudans de Babylone vit que li rois 



208 LA CHEONIQVB DB BAIIir. 

estoit si adulés, si li maDda qa*il se reodist à lai 
et li rois dist : cNe plaie à Dieu que jà me rende 
à païen né à Sarrasin, hé f sire » dist li queos de 
Poitiers et li quens d'Anjou , pour Dieu si ferez, 
car vous véez bien que nous n'avons que mangier, 
ains morons chi de faim et de mesçhief , et bien 
pora avenir que nous serons délivré par raên- 
ôhon. V Tant H prijérent tout cil qqi là estoient 
que li rois rendi s'espée au Soudan (i), etli 
quens de Poitiers , et li quens d'Anjo et tout li 
autre baron, et fu li rois prisoniers .x. jours au 
Soudan de fiabylone. M'onques ne fu remués de 
son siège, mais il eistoit bien gardés de Sarrasins, 
et avint que li soudans le fist raençonner et fu 



(i) La Chronique dû Bains a nortoat entre les «atres chroni- 
ques da moyen-ftge, un caractère de vérité qui se reflète à 
chaque page , et dans le langage et dans les actes spontanés 
des principaux personnages dont elle s'empare. Ici , c'est 
Louis IX qui refuse de se rendre à Paient ne à Sarratint^ même 
pour le salut des siens : il lui faut tontes les remontrances 
de ses principaux oCBciers, pour se résigner à cette humilia? 
tion. Ecoutez Joinville, le naïf mais courtisan Join ville : 
■ Les Turcs demandoient en houstaige la personne du roy » 

• Et adec respondit le bon chevalier messire Geffroy de Ser- 

• gines que ja n'auroient les Turcs la personne du roy : et 
» qu'il aymoit beaucoup mieulz que les Turcs les eussent 

• tons tues, qn'il leurfust reprouché qu'ils eussent baillé 

• leur roy en gaîge. » • ' ' 



GiiAP. xxvir. siog 

raijens de .viu." mil besans , et le fist bien seur 
par le temple et par Tospital. 

Quant li soudans de rescamèle , et li soudans 
de Damas» et cîs de Halape soreot que li soudaus 
tle Babylone ot rançounet le roi sans eaus , et 
sans lor conselg, si vinrent tout armé à son tref 
et 11 disent qu'il voloient iestre parchounier à la 
raenchon le roi. Et li soudans respondi orghel- 
leusementet dist qu*il n*i partiroieut jà. El quant 
H Soudan virehtl'orguëlda lui, si roceisent main- 
tenant : Et en alèrent an tref le roi tout enflamé 
d*ire et d'ardour, et avoient les iols rouges comme 
cârbons. Et vinrent au tref le roi et le fisent dire 
par .1. latimier que il avoient le Soudan de Bar 
bilone ocis, et pour çou qu'il ne les laissoit partir 
à la raenchon. Or voloient iestre en son point et 
voloient que les conveneuces fuscent à aus trois. 
Etli rois respondi maintenant qui bien avoit 
pîerchut lor fourcenericy à lor cliière et à lor sem- 
blant : Si dist que il le vôloit bleq , et fu faite la 
convenance à aus trois : et fu li convens teus 
qu'il reiideroîent tous les prisons délivrés sans 
raenchon. Et li rois lor ot en couvent que deden^ 
la quinzaine qu'il seroit veous à Damiette qu'il 
feroit vuider les crestijens et seroit délivrée as 
Sarrasin. Et furent rendu li prisonier ançois quç 
li rois se vosist mouvoir, au reis de mon Signeur 

»4 



tlO Lk CUBORIQUE DE BAINS. 

Gautier de Caslelion que on ne pot Ironver. 
Ataut se parti li rois des soudans et entra eu 
une nave entre lui ei »cs frères , et li autre en- 
trèrent tout en plusiours vaisstaus^ et vinrent à 
Damiette i et furent recheu liement et dolente*^ 
tcment : liement pour le roi et pour ses frères 
que on ravoit; et dolantement pour le conte d'Ar* 
tbis qui estoît mors et pour le grant damage que 
crestien atoient reeheut. Lors comanda li rois 
que tous vuidaissent la ville et s*en alaissenl à 
Acre. Et Ûst prendre la roiue qui gisoit d'enfant 
et le flst mètre en une nave et mener à Acre. Et 
fut Damiette vuidiée et rendue es main s des Sarra* 
sii». £t puis ne targa gairesque li soudans le fist 
tonte araser et abattre , pour çou que il avoient 
sorti que encore une fois le raveroicnt crestijen .t 
et li rois fu en Acre. Et quant crestijen repai<* 
toient de caitivisons tout nu, il les faisoient re- 
viestir selonc çou qu'il estoient. Ensi fu li rois en 
la tiere de Surie et list f remet Gesarré et Sajello 
et Mont Musart et une rue d'Acre qui moult fait 
de biens à moult de gens. Ensi demora li rois 
en la terre d'outre mer .vi. ans. 

Et avinl que la roioe sa mère ii manda pou^r 
Dieu qu'il reveuist^ear elle estoit moult malade; 
et sedle ihiôroit, li f*oiaumes seroit en aventure, 
eut H prince dou i*oia^me estaient mellé , et elle 



GBAP. XXVII. 211 

ne gardoit Teure qu'elle raorust. Quant li rois eir- 
tendi la parole que sa mère li mandoit , si fu 
meus en pitié et renvoia le conte d'Ango qui 
souvent estoît malades. 




i4. 



21 SI LAi CHBONIQUB DR BAINS. 



mem 



CHAPITRE XXVIII. 



(tTimirnl la Um it ilmittù et ht Haintm fit paxik 

4» tnfaiw la tmUwt. 




[dort aviot une aventure en France d'un 
Jugement qui fa rendus en la court à Pa- 
fris, des enfans la comtesse de Flandresy 
qu'elle avoit eu de mon signeur Boissarl (i) d'À- 
vesnes, qui genlius home et vaillans estoit; c'est 
à savoir Jehan et Bauduin. Et après mon signeur 
Boussart ot la cimitesse à marit mon signeur Guil- 

(i) Boochardd'Afesnes, toteur de Margaerite, qo'ilépoasa 
à riDsa de m sœar atnée, Jeanoe , comtesse de Flandres , et 
malgré sa qualité de sons-diacre. Le pape Innocent III y 
sur la plainte de Jeanne» avait excqmmunîé Bouchard et 
déclaré son mariage nul. Devenue libre par ta sentence du 
pape y Marguerite éponsa Guillaume de Dampierre , fils de 
Gui, sire de Bourbon, dont elle eut plusieurs enfants, entre 
lesquels s'élevèrent les contestations qui font le sujet de ee 
chapitre. 



laume d'Ampiere, dou quel elle ot .iit^fis: GuiN 
laumes» Guioii et Jehan. Et ot discort entr'aus, et 
se miêent eu diseurs en la roine de Friinee » ot en 
grans signenr: et fu dit par acort et assenlit à Pa- 
ris, que Jehans qui estoit de mon sîgneur Bous- 
sart tenroit Hainaat, et Baudoins ses fr&res tenroit 
autre terre en contre. Et Guillaumes qui fu de 
mon sigueur Guillaume de d^ Ampiere » aueroit le 
contet de Flandres apriès le deiciès de sa mère. 
Quant Jehans et Bauduins oirent ce jugement 
si se partirent de court an plus tost quil porent, 
et vinrent à S.. .. castiel lor mère qui séoit en la 
marche de Flandres etdeHainau et entrèrent ens 
Qt misent fors les garnisons la comtesse et le gar- 
nireoi b^en. Et quant la comtesse le sot si en fu 
Urop dolante et assambla ses os çt ala devant le 
castiel et Tassist Mais il n*estoit home en Tost qui 
li aidast de boin cuer , car 11 aimoient mius Jehan 
etBauduin que li. Quant la comtesse vit qu'ensi 
estoit, si se partist de Tost et y laissa cieuvetain, 
mon signeur Guion de Dampière son filg. Car me 
sires Guillaumes ses frères estoit mora qui estoit 
ainsnés : et s*en vint à court & la roine, et li ohei 
as pies et li dist : t Dame, pour Dieu, merchi ! 
Jehans et Bauduins, mi filg, m*ont tolut Riple- 
monde .i. mien castiel ,et me béent à desyreter. 
Dame, si i metésconselg, car {e sui vostre.feme 



Sl4 • I*i^ CHftOHIQÔB DE BAINS. 

lige cfl fat cousine germaine an roi et Bui preslè 
et apparéllie de croire Tostre eonseig et de mestre 
ma terre en vostre matn. — Dame, dist la rdîne, 
TOUS parlerez an conte d*Aiigo, et fe li manderai 
entresait ijne il i mette eonseig. > 

âtant se parti la comtesse de la roine et tronva 
le comte à St. Germain en Laie et li monstra sa 
besoîgne et li proia ponr Dieu qn'il i mesist eon- 
seig. Et li quens 6st rensonnijet et respondi mo- 
lement. Qnant la comtesse vit et apîerchnt son 
corage, si le proia de recief etli dist : « Biam 
niés y aidiés moi de bon cuer, et ]e voel que vostr^^ 
paine i soit bien sauve , car {e vous donrai le con«' 
tet de Hainau qui bien vaut .xz. m. liv. par an , 
et voel que vous en soijés maintenant en possesr 
sion 9 et vous en donrai mes lettres pendana. i 
Quant lî quens Toi ensi parler si li eselalra le cuers 
et dist & la comtesse : c Dame, se vous me tenez^ 
çou que vous m*avés dit , je vous rendrai le cas- 
tid et vous ferai tenir vostre terre jbu pais à tons- 
jours mais, » et la comtesse dist que oll seélée» de 
son seel. Ataut se parti la comtesse dou comte, 
et s*en ala droit à Risplemonde et trouva Tost si 
corne éHe les avoit laissiés et pois i avoit pierdu 
ne gaegnîet. 

Or, revenrons à notre malère et dirons dou ' 
comte d'Ango qui assambla moult grant ost. Et 



CHA9. XXVLII. 9l5 

s'en ala à Rtfiplemopde : mais aaçoi^ que M i vcr- 
nisl, 8*en fu aies Jehans d'Avesnes e|i Aleai^ign(3« 
au roi son serourge, et li requist aide. El 11 rob 
respoodi que en centre sa mère ne li aîderoit il 
pas, et convînt que li casiiaus fus (vendus au 
comte d*Ango. Et li qaens i laissa sa garnisoii et 
vinrent à Valenciennes et il et la comtesse 9 et 
trouvèrent les portes fremées et la comtesse man- 
da le maieur et les {«irés et lor demanda pourquoi 
il avoient fremées lés portes , et ils respondirent 
pour droit faisant à eescune partie, et pour le 
pays qu'il veoient togrbler, et le discorde mouvoir 
/ entre ii et ses enfans. ^~ < Bien avés fait^ dist la 
comtesse , ouvrés les portes , et je vous jure sour 
Saint que îou, ne le quens d'Ango ne ferons mai 
ne grief à ceaus de la ville. » ^ 

Et maintenant fbrent les portes ouviertes et en- 
trèrent ens la comtesse et li quens à tout lor gent. 
Et mandèrent le prévost et le majeur et les jurés 
dusques à cent des millours de la ville; et comao- 
da la comtesse qu'il fiscent feauté au comte d' An- 
ge. Quant il cirent ^ou, si furent tout esbabi » et 
bien virent que il n'aroiept pooir : si fisent feauté 
au comte 9 vosiscent oa non. Et fu li quens saisis, 
de Valenciennes et de la forterèce. Et manda à 
ceaus de Mons en Hainau que il li vénissent faire 
fea«të > par la lettre la comtesse et par la soie ; et 



8l6 LA CDAONIQÛB DB BAINS. 

cil délions H mandèrent qae il n*en feroienl rienà 
polir lui ne pour la comtesse. Si lendemain H 
qûekis fist son est mouvoir , et s'en ala asseoir 
Mons. et cil dedens estoient bien hourdé qui poi 
les prisoienl. Et H queos ftst gieler pîères et man- 
gonniaus jour et nuit. Et tant les destraint qn*îl 
Tôt par force; et puis fist tant qu'il fn saisis de 
Hàinau au rès de Binch , où H feme Jehan gisoit 
d'enfant et pour çou le laissa et au reis d'Enghien 
.1. castiel, qui éstoit mon signeur Sobier, qui 
cousins estoit à Jeban d'Avesne, cuis ne vaut auv 
Comte obéfr ne faire feanté.' Quant li quens d'&n- 
go ôt saisi Bainau, si i laissa cieuvetaiki pour 
garder la ferre et n'en revint en France» et trouva 
sa mère mouH malade si corne au Ut de la mort, 
et fist Fon testament. Et laissa moult grant cose 
pour Dieu, et morU en la foi et en Pestât de ste. 
Eglise corne boine dame et sage qu'elle estoit: et 
fù portée à Blaubuissoù s'abbeye^et là fu enseve* 
lie hounèrabtemeht. 

Désormais vous dirons de Jehan d'Avesnes qui 
estoit avoee le roi d'Alemaigne sou serourge 9 et 
li dîsoit souvent: c Sire» pour Dieii, laisserés vous 
désyreter vostre serourge et vos neveus qui sont 
mi enfant , qui ddiveni iestre hoir après le deciès 
ma nière. Et vous poez vcoîr qu'elle la mis en 
main le comte d'Ango, et en est saisis et en a pris 



CHAP. XXVIII. 917 

les flanches aasi que de ia soie. Pour Dieu , sire, 
cornent soufrés vous çou. Et d^aulre part, çou est 
de vostre lîef et iest entrés sans vostre sçeu et en 
est méfiais envers vous. • 

Tant fist le roi entendre d*une et d'autres que 
il fit somonre tout Alemaîgne et vint à ost en Hai- 
nau à .VI. liues priés de Valencienes. Et quant li 
quens d'Ango sot que H roi d'Alexnaigne estoit en 
Hainau, si refist une grant semonse et vint à St. 
Quentin, et la se tint et attendi sa gent. Et quant 
il furent venu si ot conselg : et ses consaus li loa 
que il tenist coi 9 dusques à tant que il saroit que 
li rois feroît, et li demonstrèrent boine raison et 
disent : c Sire, vous iestes saisis de la terre, et il 
n*a encore riens mefi'ait sour vous. Et d'aqtre part 
il a amour entre le roi de France vostre frère et 
le roi d*Alemaigne. Si ueseroit mie boin que vous 
comencissiez la mellée, ne brlsissiei la loianoe.i 
— -A cest conselg s'acordèrent tout et séjournèrent 
à St. Quentin une grant pièche, puis ne demeura 
gaires que li rois fist destendre ses très et s'en râla 
ensi corne il vint, et li quens d'Ango a*en revint 
eo France (1). 



^ 



(1) Voy. Aftff/i. Paris et Guil. de Nangit, 



âl8 LA CRROKIQl'B DE ftàINS. 



CâAPlTRE XXIX. 



vi^onunt It rpt0 'b'SlUmatgnt ta mor» m f rbr. 




E VOUA diroos dou roi d^AUeiuaigne (i) 
qui fu raies en son pays , Il oi dire que 
Frize estoit sans signour, et li prisl ta- 
lens d'aler; et assambla son ost et ala en Frise i 
. 1 . pays anieus et le vot prendre par fbree , mais 
ilnesavoitpasbien le tour. Si avint .1. jour qu'il 
chevançoit tous armés sour .1. grant cbeval et 
a¥oit avœe lui poi de sa gent, car il estoit onquea 
seul , et mal aferoit à si grant signour come il es- 
toit que sa gent ne li fust plus priés. Si avint qu'il 

(0 Gaillaome de Hollande, BU de Florent IV etdeMahaut 
de Brabant, élu roi des Romains en 1347* cmpcrenr d'Al- 
lemagne en ia54t tué par les Frisons en ia56, dans les ma- 
rais de Hoch^Wendc , où son cheval s'était embourbé, ainsi 
que le rapporte notre Chronique. 



CDAP. XXIX. 219 

vit outre .1. grant fossé , uo fout de paysans ar- 
més à la guise dou pays. Et H rois par sou grant 
hardement féri chevaus des espérons et qnida 
passer outre le fosset, mais ce ne peut îestre > car 
H fossés estoit trop larges, et il estoit pesanlment 
armés 9 si sali emi le fosset et affondra li chevaus 
et brai jusques al ventre, et par la grant force de 
lui et dou cheval se touwella-il ens, en tel ma- 
nière qu'il estoit avis as paysans qu'il fust anglués. 
Et li sien ne li porent aidîer. Quant li paysant vi- 
rent qu'il estoit en lor nasse, si alèrent celle part 
et le saciërcnt deviers ans à graus de fier, et To- 
cisent , dont ce fu damages. 




SSO LA GHROKIQCB D« RAI»». 



CHAPITRE XXX. 



Qx romr It ro» be f ronre reotnt b'outrc'^nrr. 






^Bi VOUS laîrons ester dou roi d'Âlemaigne 
|et dirons del roi de France qui outre mer 
[esloit : nouvièles li vinrent des maistres 
de court que sa mère estoit morte. Si vist bien 
que besoins estoit que il 8*en revenist en France 
Et (ist appareiller ses naves et entra en mer : et 
s*en vint par la grasse de Dieu sans destourbier, 
atout .111. enfans que il ot en la tère de Snrie, et 
arriva à Aiguemore : et erra tant par ses journées 
qu*il vint en France » et fu recheus come sires à 
grant hounour. 

Chi vous lairons .1. poi ester dou roi; si vous 
dirons dou conte d*Ango qui manda au sîgneur 
d*Aighien qu'il 11 venist faire bornage. Et il li 
manda que ja bornage ne li feroit. Et li quens as- 
sambla qu'onkes il pot avoir de gens et par ho- 



CHAP. XXX. !IS1 

mage et par deniem et fu avuec lui li archeves- 
ques Thnmas de Raios (i), qui le Aicrvoit à sod 
pooir. Car il en qaida tel cose estraire dont il li 
fa!i : et on dist piècha : Biaus sembians , fait musart 
iiet. Et g*en ala devant Ainghien et Tassîst, et bien 
avoit pooir dou prendre et espéranche. Mais li si- 
res d*Ainghien pourcacha tanf pour .i. sien ami, 
qu'il mist Ainghien en la main le roi. £t li rois 
remandaau conte d*Ango que il s'en revenist sans 
targier et faire li convint, puis que li rois le vot: 
et 6*en revint arière tous dolans. 

Or vous dirons après de Jehan d'Avesues qiii 
estoit si dolans que à pol qu'il n*enragoit tous vb 
pour çôu que il avoit fali à son proupos et don 
roi d*Alemaigne qui mors estoit, qui estoit ses 
scroorges , si come vous avez o! : Et de Tamoar sa 

(i] Thomas de Beaamets, archevêque de Beims^ parent 
d'Henri de Braine, dont il fut le sacccssear médiat. C'est 
contre lai, qu'en ia58, les échevins de Bcims plaidèrent en 
présence de Saint-Louis. Thomas se plaignait de diverses 
Usurpations de ceui-ci » tendant ii le dépouiller d'une partie 
de ses droits et de sa {uridiction : le royal arbitre rendit une 
sentence en tons points favorable à l'archevêque. Aussi nous 
étonnerons-nous, en passant, que ce sujet de l'histoire de 
Beims ait été choisi dernièrement par un jeune peintre Be- 
rnois, de grand talent, mais qui, il nous semble, pouvait 
trouver dans les annales si variées de sa ville, un fait plus 
glorieux pour elle. 



223 LA CHfiOKIQUK DE BAINS. 

mère , où il avoit fali , et de la contet dou Hay* 
nau dont il estoit hors à tous jours, ce li sanloit. 
Et il et si hoir dont il li ostoit plus que dé toutes 
les autres coses; et estoit sans terre, povres et au 
desous et sans espérance de recouvrer jamais. Et 
avint que maladie li prist et moult fu grant piè- 
che en langour. Et en la par fin moru à Valcn» 
ciennes , à grant houneur et à grant signourie si 
come il afferoit à tel home corne il estoit (i). Quant 
Bauduins vit que ses frères fu mors si pensa qu'il 
creroit sa mère et vint à li et 11 chéi as pies et cria 
merchi ! Et la comtesse respondit : • Bauduin , 
Bauduin, à qu*ele eure venés ? En nom Dieu trop* 
a courte» et a tart conissez vpstre folie I -" Ha 
bièle mère, pour Dieu merchi! Ce ne faisoîs je 
mie, ains le faisoit mes frères : si voel des ore 
mais obéir à tous vos comandemens. » Quant sa 
mère le vit si humiliés, si fu meute en pitiet, car 
elle estoit mère. Et tous li chevalier et les dames 
qui illuec estoieot s'agenouillèrent devant li à ses 
pies et li crièrent merchi pour son filg. Et la com- 
tesse U pardouna; et fu tous sires de court {%), 

(i) Jean Davesnes, mûrt en ia54. 

(a) A Gant se trouva peu après en ia54» Bandonyn d'^- 
vesnes, lequel merveilleusement desplaisant des fâcheries 
et dcsplaidirs que jusqu'alors il avoit donni k la bonne com- 



CHAP. XXX. 2 20 

Or revenrons au conte d'Ârigo qui tenoît le 
conlei de Hayaau et sambla au roi soo frère que 
il ne le^ tcnoit pas raisonableuient; car il esloit 
eu très eus sans le gret au signeur de qui on le te- 
noît. Et taxa on les despens à .c. mil lib. de tourr 
uols à reprendre dedens .v. ans en la tère de Hay- 
nau. Et la contesse refu saisie do sa terre. 

Ciii vous luirons ester de la contesse de Flandres 
qui assés ot paîue et travail en sa vie. Si vous di- 
rons del empereur Bauduin de Çonstanlinoble, 
qui fu iius le conte Pieron d'Aucerre.Etfu envoi- 
jés en ConstantinoblC) et fu sacrés et en oins à 
empeour. Et fu niariés à la fille le roi Jehan d'A- 
cre que il ot de la serour le roi d'Espaîgne : et 
estoit nièche la roine Blanche. Et fu baus le rois 
Jehans pour la jouenèche de lui^ tant come il ves- 

tesse sa mère , estoit illcc venu pour luy eo demander par- 
don, lequel luy fut assez legièrement accordé, moyennant 
la promesse touttefois qu'il fît, d'estre mieux advisé pour 
Padvenir, ensemble de procurer quelque bonùe paitét ac- 
cord d'entre ladite eontesàe et le susdit Guillaume , roy des 
Romains mèsrae de nourrir et entretenir en bonne amitié 
et affection Jean d'Avesnes, fils de Jean i son neveu, vers la 
maison de Flandre, pour autant que par la mort de Jean , 
son frère, qui estoit trespassé andict en LIV,iI estoit devenu 
tuteur d'iccluy Jean son neveu. 

{Chroniques et Annotes de Flandres, p. 189. Anvers ^ 1571, 
iii-4«). 



S84 tk CHBONiQVfi DB BAINS. 

qui : niais il estoit de graut cage et mora corne 
preudom etboîus crestijena, et fu ensevelHi de- 
vant le maistre a atel Sainte Soufie. Et Tempereres 
Baudains estoit {ouènes et enfantins ; si despendi 
largement et ne prist pas garde à son afaire et fo 
povres et endettés et n'ot que douner as cheva- 
liers ne as siergans ; si s*eaipartirent de lui une 
grande partie, et s*en râlèrent en lor pays. Et 
quant li emperëres vît qu'ensi estoit, si ot conselg 
qu'il venroit en France al apostole qui estoit à 
Xtons, et à la roine qui estoit tante sa mère, et 
requerroit aide al apostole et à la roine; Et monta 
sonr mer au plustost qu'il pot el au plus coiemeut 
pour Watache qui le querroioit et moult le tenoit 
court et Irop désiroit à avoir la saisine de Cens- 
tantinoble et Tempire. Et s'en vint à Marselle, et 
descendi à la Roche et chemina tant que il vîot 
à Lions, où il trouva le Pape et li monstra sa né- 
cebsilé : Et li aposloles en fu trop meus et li dou- 
Jia .x?Lx. ans le disme as clers et en vint à la roine 
qui.volentiers le vit, et li dist son essonue. Et la 
roine dist que volentîers i meteroit conselg et le 
retint une grant pieche avoec li et le trouva en-^ 
fantin en ses paroles. Si li desplot moult : car â 
empire tenir convient moult sage home et vighe^ 
reus..— tt Dame, dist Tempères, il me convient 
deniers, car je ne puis pas tenir l'empire sans 



CHAP* XXX. aaâ 

grande couslenghe, si me convient vendre le cbnN 
tèî de Nàmur qui me vient de naisçance de mon 
yrèlagé. — En nom Dieu 9 dist la roinOy je ne Uroel 
pas que vous le vendes.— 'Damey et que fera^^î^u 
dont ? — Par ma foi 9 dist la roine 9 je vous pr0sté- 
rai .XX. m. lib. à reprendre sour les reçôite^ de 
le cpmtety et ensi sera sauvée à vous et as vos 
hoirs en télé manière que vous me {urrés sour 
Sains, que dedens le mois que vous serez repai- 
riés en Constantinoble, vous m*envoierés Teni- 
peréise, car je le désire moult à veoir.» — ^Giertes» 
dist eius, qui ne Se sot garder, c Yolentlers» » Et 
li jura; et la roine li délivra .xx. m. lib. et prîst 
congîét à li : et au plud tost qu'il pot 8*en râla en 
Constantinbble. Et saciés de voir que il n*avoit 
que targier. Et qiiant il fu revenus si dist al em- 
pereire : c Dame, la reine m'a preste .xx. m. lib. 
soiir le comlei de Naihdr, en tële manière quilme 
convint jurer que' je vous enVoleroie à 11 dedens le 
mois que je seroie revenus. — Sire , dist la roine, 
qui i désiroit à alet, vous l'en tentés bien couvent, 
et sauverés vostre sairement se Dieu plaist. > — 
Lors (ist l'empereres apperéllier .lui. naves armées 
et fist mettre dedens çou que mestîers fa; et fist 
entrer l'empeirière dedens et chevaliers^ et arba- 
lestriers; et le comanda à Dieu : k tele cnrequ'on- 
kes puis ne le vit. Et en alèrent costlant terre 

i5 



tsG Là CQROIflQVB DB RAI?IS. 

et nagant tant qu'il vinrent à port de Salu. 

Ataht ftirént apparelliés chevauceures bièles et 
ricea et errèrent tant par loir journées qu'il vin- 
rent à Pontoise. Quant la roîne le vit, silifu 
très grant joie et demoura avoeo li , tant corne 
elle vesqui» Et quant la roine moru, si rendî al 
eknperiëre le céntei de Namur, et en refu en pos- 
session. Et en prîst les bornages des francs homes 
et le féauté des bourgois; et le tint jus^u à .i. jour 
que mauvaise renoumée couru des fi us des bour- 
gois de Namur de grant lignage. Si en ot plainte 
des moijënes gens de la vile. Et fist mander les 
pètéis à ceàus qui en estoient oquoisouné. Si lor 
comànda qu*il casliascent lor enfans, en tèle nia^ 
nièi'e 'que mais n'en oist mauvais redaim : et se il 
nê'le faisoient , il convenroit qu'elle i mesist con« 
selg.— El li bourgois disent: « Dame, vous ditesbien 
et^ôus dirons à nosenfans qu'il se tîëgnent en pais; 
et se il né lé volent faire^si en faites çou que Dîex 
votisensègnc , et que vos consaus vous aportera.b 

Atant s'en partirent li bourgois et comandèrent 
à lot enfans que il se castiascent et laissaicent lor 
folie. Et il ne firent noient ; ançois furent piour 
que il n'avoient esté devant. Or vous dirai que il 
faisoient : il aloient en la taviërne il .x. ou il .xi. 
et despendoient .xx. et ou .xxx. ou plus ou moins, 
et mandoîent à .i. prùdhome de petit lignage de 



CHAP. XXX. il a 7 

la vile, auques riche, que il paiast lor despens. Au- 
cuns i avoit qui les paioient de paour, et aucuns 
qui ne les voloient paijer. Celui batoient et fai- 
soient vilounie et toloient le sien à force.— Quant 
Temperière o! ces plaintes , si en fu moult cou- 
reciésct comanda à un sien baillu qui estoit boins 
chevaliers que il les prisist et mésist en tel liu oii 
il ne peuscent faire mal. Et tant que li bailliers 
les n»t gaitier : et sot où il aloient. £t il i ala fo- 
tement et mal garnis et les quida prendre. Mais 
il se deffendirent vigheureusement et ocisent le 
baillîu, et puis se destournèrent et misent à sau- 
veté. Quant Temperièrc le sot » priés quelle ne 
pîerdi le sens 9^ et dist : « Voirement sai-jou sand 
amis, en eslrange contrée ! • — El fist lendemain 
semonre devant li la comune de Namur, et vin- 
rent pardevant li. Et elle lor demanda la mort de 
sen baiiliu, et les mourdreours qui mourdri l'a* 
voient. Li bourgois respondirent que delà mort le 
bailli lorpesoit et qui! n*en estoient pas coupable 9 
Et bien vouloient que cil qui avoient fait cecasfuis- 
cent puni. — « En nom Dieu, dist l'emperière, ensi 
n^ira il pas. Vous les mes rendrés et en sera cascuns 
de vousà ma volenté de cors et d'avoir.— H a dame» 
coment pouroît çou iestre quccius compera le fait 
qui coupes ni ara ! Ciertes, dame, droit nel aportés 
mie, et se Dieuplaistjce ne sera ja so 6ert. — » 

i5. 



s 28 hk CIIROniQUB DIS BAINS. 



CHAPITRE XXXI. 



Coiitrmtt Itûmur fit mkt m la main le conU br 

iru00rmb0urc. 




[taut se partirent li bourgois de la court 
l'emperière sauf çou qu'il soffroient bien 
|à droit. Et li emperiëre dist que ja u^en 
seroit dis autres drois que sa volentés. Ensi de- 
mourèrent les coses une pièce. Et rcmperiërefai- 
soît prendre douleur. Si orent li bourgois conseig 
qu'il eavoieroient au roi pour savoir s'il i voroit 
mettre conseig. Et elleurent .iiii. des plus sages 
d*eaus et les euvoijèrent au roi. Et cil monstrèrent 
la besoigne et la desraison que lor dame lor fai* 
soit. — cPourDieu^ sire 9 disent ils, à ce mêlés 
conseil — Ciertes, dist Pieres des Fontaines, îe 
vous dirai que vous ferés et quel conseig vous en 
devés avoir. Vous en irez arière et prendra cas- 
cuns bourgois de Namur une hart et le loiera en- 
tour son coi, puis irés devant Tempereis et dires : 



CD A p. XX3L1. 829 

— Dame 9 vécs chi vos mourdreo^rs ^ faîtes en 
çou qull V0UI1 plaist.ji^Quaatli bourgois oîrent 
çou, si furent tout esbahi etli rois les regarda, 
si les vit tous muet. — Me sires Piere , dist li rois, 
vous ne parlez mie bien ne par oonselg : que li 
bourgdis s^en revolsent à ior dame.et facent pais , 
si feront que sage.— Sirc^ dientliboiirgois,« qui 
désiroient Faler, vous dites bien* » — Et se par* 
tirent de courte comme cil qui puis ni orent ta- 
lent de revenir et vinrent à Namor et contèrent 
^u qu'il avoient trouvé.-*- • Par fois dient li autre 
là n'ar point de ressort. Il nous convient qtierre 
avoé» 4^ En non Dieu» dient li uns d*eaus, )'ai 
entendu des aneienis bourgois que la contés de 
Namurdoitiestre maû signeur Henri de Lussem.- 
bourc et que cin l'en fait tort. SI loefoie en boîne 
foi que on l'envfHaA querre.: se li faisisoiens tout 
feauté et il nous. Et sacié^ qu'il la fera voleotîers 
car c'est) là riens inont qu'il plus désire. > 
* AicdLcoBselgs'acordèrent tout, et fu enyoi)és 
querre : et il i vint sans délai : et li fisent feauté 
et il aus. Et 8*en râla en son pays et empreuota 
deniers etaasembla.grantgent.Et quant l'empei- 
rlère aofc que il avoient faijt bomage à mon sîgnour 
Henri si fist §^rnic lecasliel et mist kieuvetain 
ens^ preudome et sage. Et me sires Benris vint à 
Nakmir à tout «on ost , et li bourgois le rechurent 



a3o Là COBOIIIQQB DB BAIICS. 

Yolcnticn et H misent à abandon cor et avoir et 
ville. Et il tiot son sièçe enkt et hourda si bien 
lo bourc que nus ne pot el castiel entrer ne issir. 
Ensi tint le siège grant pièche. Et Tenipeirière 
pourcacha à la contesse de Flandres de qui elle 
tenoit Namur, et à ses amis. Et assembla une 
grant ost où il ot moult de chevaliers et de grans 
sîgnours. Si i fu li quens de Dreux, li qnens de 
AJonfort» li quens de Joigny, mésire Erars de Ya- 
leri pour les Gampegnois et la contesse pour sa 
partie: et fistcievetain de Baudoin d^Avesnes son 
filg, dpnt il ne vint nos biens, et aprocièrent Na- 
mur à .1111. liues et lendemain i vinrent. Et com- 
manda l'empeirière qu'on assesist le bouro. Etas- 
salirent Flamenc et flaynuier fainticement. Car 
mesircsBauduin d*Avesnes deportoit mon signeur. 
Henri de quanques il pooit. Et plus i pierdirent 
ses gens qu'il ni gaegnièrent. Dont pourcacha me 
sire Bauduins d'Avesnes une trieves à .xl. fours. 
En tel manière qu'on ne meteroit ne porteroit 
riens el castiel dedans les trives. 

Quant li Flamenc virent la besoigne et le dé- 
port de Bauduin d*Avesoes, si s'acordèrent en- 
trans qu'il s'en retourneroient arrière et mainte* 
nant furent apparelliet , et s'écrièrent : hélpe , 
helpel et se férirent en le queue des Gampegnois. 
parmi les harnois le conte de Joigny et li fi* 



CHAPé XXXh ^.'>I 

sent grant damage de harnOis; 4*anneur08 etde 
chevaus et plus li'en fu fUît. Ensi se départi li os 
assés Tilaiiiemeiit pour Tocoison des Flamens. Et 
me sires Henrîs tînt son siège qui onkes ne se 
mut, et destraignoit ferment ceaus dou castiel 
et fu devant . i . an et plus. Et quant li cieuvetains 
dou castiel vît qu'il n*aueroit nul secours et que 
viandes li apetiçoient et sa garnisons moroit de 
maladie, si fu à grant mésaise de cuer, car il sa- 
voit bien que mésire H en ris le haoit fermenta 
-^ Atant es vous .1. chevalier que hurte à la porte: 
et on vint as creniaus.. Et lî demanda on que il 
voloit. Et il dist que me sires Henris voloit parler 
au kievetaln. Li messages li ala dire et il respondi 
qu'il i parleroît volen tiers; et vint à poijer au mur. 
Quant me sire Henris le vit, si li dist : c Cieuvetains 
vous me faites peine et damage; et bien saciés 
que vous n*auerés jamais aide ne secours. Et sa- 
ciés de veoir que je ne me mouverai jamais de 
chi tant come je vive, si auerai le castiel. Etsaciés 
que se je vous prenc par force , que je ne vous en 
saraigré. Et se vous orele me rendes, je vous par- 
donnerai mon mantalant. Et si véesbîen que vous 
n'i aurés des oremais point de honte. — Sire, dit le 
kieuvetain, je me consellerai et dedens.xv. jours 
le vous lairaî savoir.! Et me sires Henris li otria. 
— Âdont envola li kieuvetains à Temperèire et U 



95ft 



!.▲ CHBORIQVE hU BAIMS* 



•manda 'cornent il li estoit : et elle li remanda 
qu'elle ne pooit plas faire. Et au cief de la quin- 
saine, li cieuvelains rendilecastiel à mon signeur 
Henri y sauve sa vie, Et mesires Henris i entra et 
le tint puis ce di. 




CHAP. XXXlIr 233 



CHAPITRE XXXII. 



dTament U rote foes^ rtnbt llormanbte au rot 

b'€ngUttre. 






'hi lairons ester de Namur qui gist en 
[mauvais costei : si dirons dou roi Loeys 
[le preudome qui adont regnoit. Sa cou- 
soienche le reprist de la terre de Normandie que 
li rois Phelippes avoit conquis sour le mauvais 
rois Jehan d*£ngletière, qui fu pères au roi Henri: 
{a fusce que li rois Phelippes le tenist par le ju- 
gement des pères de France, et en fu rois Jehans 
semons par ses pers. Mais aucuns gens disoieni : 
pour çou que se il défali à la cour le roi son si- 
gneur , n*avoit il pas fourfait terre à pierdre* Car 
il n'avoit fet enviers le roi nul fait criminel. Si 
disoient que li rois de France pooit saisir par rai* 
son la terrç au iroi Jehan pour sa defaUté > et 
prendre les issues : mais se li rcHs Jehafis Ou si 



954 ^^ CHBOMIQUB DB RA1N8. 

hoir voîsiscent venir an roi et reqtferre saisine de 
sa terre parnni faisant droit 9 et voisist amender 
les dcfaulés par le jugement despers, il ledenst 
ravoir. — Et pour ceste raison et pour autre, iist 
li rois pais au roi d'Engletëre et boine acorde. Et 
vinrent en France li rois et sa feme et ses dus, et 
furent à Paris entour la St. Martin, Tan de grasse 
Nostre Signeur v. ce. ux. Et furent ordoné par 
boine paix que li rois d*£ng1cterre aroit et tenroit 
perpetuelment et si hoir la conté de Cahors , et 
la contet de Pieregot, Et le ducée d*Âginoi& qui 
contienent .VI. cités. Et de çou li fist li rois d*En* 
gletere homage à Paris en sa maison voiant tout 
le penle. Et quita bqinement toute la droiture 
que i avoit ne avoir pooit , et tout le remanant 
de la contet. Et de çou li doqna ilsa carité roîal. 
Et li rois françois li douna .ce. mil. lib. pour port 
et despendre en la terre d*outr mer dont H estoit 
croisiés. Et fu li convens teus.que li rois Engloîs 
le devoit venir siervir .11. fois Tan à sen frait et 
•xl. jours à la requestq le roi de France : et que li 
quens de Poitiers «eroit quités del houmage.que 
il devoit de la terre que il tenoit de ces .111. con- 
téis. Ensi furent apaisiés li doi roi, et furent fait 
boin ami : Et la coscience Je roi de France fu 
apaisié. Et bien saciés en vérité, qui esi sans po- 
science qu*il vit corne bieste. Et on dJst piècha ; 



GHAP. XXXII. %Ôb 

eut conscience ne rcpresUs P^cM iosi au mal qu'au bien 
entent {i). 

Ataot (»'eu partirent li roiH tr£ngleterre et la 
roine et lor fius dou roi de France son seroarge, 
qui moult lea avoit houoerés par $a terre* et 8*ea 
râlèrent en Engleterre : mais il laÎAsièrent le roi 
et la roine tous dolans pour Loeys lor aisnet iilg 
qui mors estoit sour leage de .xvi. ans et avoit 
islé mervelles sages et grassieus; et eu menolent 

(i) « Pais après le bon roy Saînt-Loys poarehassa tant 
qu'il fint venir à lui en France le roy d'Angleterre, sa femme 
et leurs enfans, pour faire paix et accord eotr'euU. A la- 
quelle paix faite estoient très contraires les gens de son con- 
seil cl lui disoieot : — Sire, nous sommes grandement es- 
inerveîUez comment vous voulez consentir à bailler et lesser 
au ruy d'Angleterre si grant partie de vostre terre que vous 
et vos prédécesseurs avez acquises sur lui, et par ses mef* 
faits. Dont il nous semble que n'en soiez pas bien adveriis 
et que gré ne grâce ne vous en sauront-ils, t — A cela le roy 
leur repond ist qu'il sa voit bien que le roy d'Angleterre et 
son prédécesseur avoient justement et à bon droit perdu les 
terres ^u'il tenoit : et qu'il ne entendoit leur rendre aucune 
chose à quoy il fost tena le faire. Mais le faisoit-il seulement 
pouramoar, paix et union avoir, nourrir et entretenir en-, 
tr'eolx et leurs enfans qui sont cousins germains. Et disoit. 
le roy : « Je pensé , fait-il , que en ce faisant je feray moult 
bone œuvre. Car en premier lieu je feray et conquerray 
paix , et en après, je le feray mon homme de foy, qu'il n'est 
pas encores. Car il n'est point encores entré en mon hom- 
mage. • (JoiRViui. RUît deSt'Leyt)^ 



)36 LA CBB091QVE 0£ BAINS. 

tel duel que nos ne les pooit apauier (i). El es* 
toil la roioe ençaincte d'eolant, près de là gésir. 
Ensi cerna li rois menoit son dael de son enfant 
qull avoit mooU amé, alant es voos Tarcliefes- 
ques Rigaut qai le vint veoîr el conforter et mouU 
le disoit de boîns mot del escritare et de la pa- 
tienche de Job : et li conta •!. example d'une ma- 
seagliequi fa prise par un masenghier, au gardîn 
d'un paysant. Quant li paysans le tint , si li dist 
qu*U le mangcroit. cHéIdist li masenghe^ se tu me 
mangoîes » tu ne seroies gaires saoulés de ««i , 
car je suis une petite cese. Hais se tu me voloies 
laissier aler» je faprenderoie .111. sens qui t*aue- 
oient grant mestier, se tu les voloies à œuvre met- 
tre. — Parfoi f dist le paysan ^ et je te lairai aler. 
Et lasqua le main 9 et la masenghe saut sour une 
brance, et fu mervelles lie de çou qu'elle fut es- 
capée.— s Or, dist-elleau paysan, je l'aprenderai 
ces .III. sens y se tu voes. — Oïl , dist-il, voir. — 
Or, escoute , dist la masenghe, je te di que çou 

(1) La joie da roi fat bien troahiée ptr la mort du prince 
Louis, ion fik aîné, qai rooiml à l'âge de 16 ana , an des 
deraiert jonra de cette année. C'était an jeune princ» bien 
fait, de grande espérance, que le roi avait déjà beaucoop 
formé, pour s'en faire un digne successeur. Il devait épou- 
ser dans quelques mois l'infante de Castille» suivant un 
traité qui en avait été fait quatre ans auparavant. 

(DARiit. HUU é§ France* an laS^.) 



cuhP. x\xii. 257 

que tu tiens en tes mains 9 ne grètes à tes pîés : 
Et que ce ne croies pas 9 quankes tu os : El que 
tu ne maines duel de çou que tu ne pues recou- 
vrer. — Quest-ce, dist lî vilains , me diras tu eil : 
Par le cuer beu! se je te tenoie tu ne m'escape- 
roies huimais. — En non de mol, dist la masen- 
ghe, tu aueroies droit, car jou ai en ma teste une 
piëre ausi grosse com uns œf de geline , qui bien 
vaut cent mars. — Quant le paysan Toi , si de 
torst ses puis et dcschira ses chevîaux et démena 
le plus grand duel dou monde. Et la masenghe 
respondî en riant : Sos , vilains , mauvaisement 
as entendu et mis à œuvre les trois sens que j6 
t'a voie dit: Saches que tu ies de tous .111. décheu». 
Hn me tenoies en tes mains et tu me gietas à te» 
pies quant tu me laissas aler; et m^as creu de çoa 
que je t'ai fait entendant que jou avoio en ma 
tieste une piëre précieuse qui estoit ausi grosse 
corne uns œf : et si maines tel duel de moi que 
que tu ne rauras jamais; car je me garderai mîu» 
que je ne me suis gardée. » — Àtant bâti ses eiles 
et s'en vola. Et laissa le paysant son duel. — t Si- 
»rc, dist li archevesques , vous vées bien que vou» 
9 ne poés recouvrer à vostre filg. Et bien devé» 
9 croire qu'il est en paradis. Si vous devès con- 
rforter. a — Li rois vit que li archevêques disoit 
voir, si se conforta et oublia auques de don duel. 



908 LA CBBOMQIIB DB BAINS. 



CHAPITRE XXXIIT. 



CoHUimt It êxtï^^aiB ^mix la garbe ht datiH 

llrmt à Rame». 




E voas dirons del archevesques Thumas 
de Rains qui tout convoitoît. Et on dîst 
»6l proverbe : Qui tout convoite tout piert. 
Il avoit eu la gardé de saint Remî de Rains de lonp 
tans, il et si ancissour, etlesmenoienttropmale* 
ment et les raenchounoient. Et ot bien li arche^ 
vesques, si que on dist, .m. mil liv. del abbé 
Ghilebiert. Et voloit prendre tout à fuer quanLes 
sains Remis avoit vaillant. Biais on dit piécha que 
la sour^some abat Vame. Et avint que li abbés et li 
convens ne purent plus endurer. Et prisent garde 
à lor privilèges se par aventure trouveroient avai- 
nés coses qui lor euscent mestier. Si trouvèrent 
les Chartres de .vi. rois de France qui disoient 
que li églif^ de St. Rémi et li castiaus estoient des 
aumosnes as rois^ et Ta voit cescuns rois renouvelé 



CUAP. XXXllI. 209 

par sa carîté jusques aa roi Phelippe qui en ala 
outre mer , et le comanda à garder al archevev-* 
ques Guillaume-blance-main , son oncle. Et puis 
Torent tenu lî arckevesqoes de Rains en garde par 
la nichete des abbés {ùsques au tans rarche?es- 
quesThumas.— Et quand li abbé et li couvens 
virent qu'enst estoit , si alèrent au Roi et li proi- 
jèrent pour Dieu qu*il mésist eonseig al église 
St. Rémi dont il estoit sires et roi. Et estoit fou- 
dés de ses ancissours et bien en estoient privile- 
giet de .vi. rois. Les Chartres furent luetes et 
monstrécs devant le cônselg et dist lî rois qu^il i 
entenderoit volentiers. Et fu li archevesques se- 
mons et ajournés devant lui contre Tabbé et le 
couvent de St. Rémi. Li archevesques contre- 
manda une fie et autre et tierce , et tous ses cou- 
tremans , et délaia bien .1. an « quankes ne res- 
poudi. 

 la parfin li archevesques fu semons etli jours 
fu assignés ciertains que il fust. Et quand li ar- 
chevesques vit qull ne pooit guéneir^si iî convint 
aler. Li abbés et li procureur dou couvent furent 
présent. Et dist 11 rois al abbé et au couvent ; 
c En qui garde iestes-vous, ou en la moie 9 ou en 
Tarcbevesques 7 • Li abbés respondi et dist: — 
t Sires, nous soumes en vostre garde et devons ies- 
trc et bien en soumes chartret et privilégijet : — 



94o LA CHBOMQUB DB BAINS. 

Lors dit li rois : « Sire ahbés, raies vous- en. Li 
plais ii*est mie à vous, ains est à mol : Et se li 
archevesques voet dire cose qui li puist valoir, 
si le die; et nousTen ferons volentiers droit en 
nostre court.* — Quant li archevesques vit qu'il ne 
pot escaper, si prist .i. jour à dire ses raisons, et 
quand vint au jour, sicontremanda. i. jour de dé- 
port, et à celui jour vint, et voletiers préscit en- 
core jour s^il le puest avoir, mais il ne pot. £t 
quand respondre le convint si demanda la nions- 
trance des coses que li rois clamoit. Et fu li jours 
assignés à faire la monstrance : et odonstra à la 
gent de Tarchevesques l'église saint Rémi et le 
castielet des villes saint Rémi jusquesà .xxuii. 
Et lor dist qu'encore lor en monstreroit se il vo- 
ioient, et il disent qu'il s'en tenoient bien paijet 
a tant. Lors fu li jours assignés devant le Roi pour 
dire droit as parties tous les erremens à cescuns* 
Et fu li archevesques présent a tout , quankil pot 
avoir de conselg. Lors se leva maîslre Yilaîos de 
Pierone et dist : c Sire archevesques volés oir 
droit li quels doit avoir la garde saint Rémi ou 
vous ou li Rois. » — Li archevesques respondi et 
dist : t oil.» Lors regarda mesire Vilains tout le pro« 
cïéSf tus qu'en la fin, et dist : «par droit et par ju- 
gement des maistres , que li rois avoit la garde 
St. Rémi et del sien, et avoir le doit par les pri- 



• CHA.P. XXXIII. 24 1 

Viléges de ses ancissours et par le recônnissance 
de vous, Sire archevesques : car vous baillâtes à 
.1. jour qui passés est vostre lettre pendant à ma- 
dame la roi ne , et parole ensi : » 

«Thumas/par la grasse de Dieu, archeves- 
ques de Rains , à tous ceaus qui ces présentes 
lettres veront et oront, sains en nostre signeur : 
sacent tout que jou , Thumas archevesques de 
Rains , recounois que je tieng en coumendement 
de mon sigueur le roi de France, la garde de 
St. Remî de Rains, et recohnois que je né le tieng 
fors tant comme lui plaira » (i). 

(i) Cette charte n'est point nne invention de notre au- 
teur : M* Varin y secrétaire du coniité de l'Histoire de 
France , qui prépare en ce moment-ci une importante pu- 
blication sur l'histoire de Reims, en a retrouvé l'original 
aux archives du royaume : il a bien voulu nous en commu- 
niquer la copie. 

Lettre» de Thomas par lesqueltet il déclare que encore que 
il ait prit la garde de Cabbeye de St'Remy^ (e tiége cPiceUe tort 
vacant, il n'entend par là déroger au droit qui peut appartenir 
au Roi : 

Thomas Dei gratia Remensis archiepiscopus universis 
présentes litleras inspecturis, saiutem in domino. Notum 
facimus , quod nos costodimus abbatiam Sti-Remigii Re- 
mensis nuDO vacantem et bona ejusdem , salvo jure dominî 
régis , si quod habet ibidem : volentcs et concedcntcs quod 
per hoc nullum domino régi prejudicium generetur. Datum 
Parisiis anno Dni M. GG. L». I V<>. meose maio. 

i6 



94< LA CBBOiriQVB DB hklVS. 

Quant li archevesques oî la lettre lire , si H cfaet 
le nés et fu li plus esbahîs homme del monde et 
il et tout lî sien. Lors se le?a et s*alla conseiller, 
et dist à sen conselg : c Bîel signor , que poraî-jou 
dire ? Par foi ; je serai hounîs si ensi demeure , et 
arai pîerdu ma cité; car tout mi bourgois iront 
manoir à St. Rémi.—- En non Dieu, sire 9 dist uns 
de son consclg, vous dires que vous ne vol^s pas 
que cis jugement soit est a niés , pour çou qu'il 
n^est pas fait ne rendus par vos pères. » — Et tout 
li autre dou conselg si accordèrent. Et li arche- 
vesques vint devant le roi et li conta Pieres Ha- 
los sa parole 9 et dist ensi : « Par foi, sire, li ar- 
chevesques est pers de France « et doit iestre jugé 
par ses pères. Cis jugement n^est pas fais par ses 
pers: si ne voet pas qu'il li soit griès.v — Et Pières 
de Fontaines respondit :— « On vous en dira droit , 
se vous volés, se il doit valoir ou non. » — Li ar- 
chevesques dist que bien le voloit , et se traist 
arrière. Et li maistre se traîsent ariére et disent 
que li jugemens estoit boins et resnaulés ; car li 
querièle dont ii jugement estoit fais, n'estoit pas. 
del empire; et pour çou, convenoit qu^ilfust te- 
nus. — A tant se parti li archevesques de Rains 
de court , sans congiet prendre et se mist en sa 
cambre et i fu .11. jours qu'onkes n'en issi. Et puis 
s'çn vint à Rains et requist as evesques de sa pro- 



CIIAP. XXXIIT. 24S 

vin86 qtii li aidaiscent envers le roi : Et H disent 
que contre lui n'iroient il mie , ne il ne tenoient 
mie que on li fesist tort (1). 

Or vous dirons del abbé qui demonra à court 
. et requist au roi qu*il cnvoiast garde à saint Rienii 
pour la tereetTéglise garde. Li rois respondi qn*il 
en aroit conselg et qu'il atendis juskes à seplem^ 
bré au parlement. Lors s'en vint li abbés à Rainst 
Et quant H archevesques le sot , si le fisl tenpter 
et môull de manières par coi il relaissast çou qu'il 
avoît entrepris. Mais il ne pot à cief venir; ains 
en ala au parlement et requist la garde au roi; 
et li rois li bailla et il s'en revint à saint Rémi 
baus et liés; et ot conselgboin et loial qui lîdist : 

(1) Joinviile mentioni^e d'une manière assez plaitiMite ces 
débats de l'archevêque de Reims et àea clercs de Saint-Re- 
.m.y qui prirent Saint-Louis pour arbitre. 

« A l'autre parlement qui vint après, plièrent tous les 
Prélaz au roy que il venist pariera eulztout seul. Quant il 
revint de parler aus prélas, il vint k nous qui l'attendions en 
la chambre au plaitz et nous dit en riant le tourment qu'il 
avoit aus Prélaz, dont le premier .fu tel que l'Arcevesquede 
Reims avoit dit au Roy : • Sire , que me ferez-vous de la 
garde Saint*Reiriy de Reims que vous me tollez? Car je ne 
▼onroie avoir un tel péchié comme vous avez , pour le 
royaume de France!— Par les Sains de céans^ fist le Roy, si 
fériés pour Gompiègne, par la convoitise qui est en vous , or 
CD y a un parjure.» (Jom vilu , Hitt, de Si»-L(fyt; Variantes). 

16. 



^44 LA GHEONIQUB DE BAINS. 

• Sire y vous iestes hors de la main l'archevesques 
quanta laie justice ; vous n*avés riens fait se vous 
n*iestes hors de sa crcstîenté. Si vous convient 
tant faire al apostole et as ses frères que vous soi jés 
assois et vostre terre. Et pour Dieu , travailliés i, 
si ferés que sages, et vous en avés ja boin avan- 
tage. Et siauerés la proijére le roi qui moult vous 
vorra , et bien avés pooir de desiervir à court ; et 
la cours prendera volentîers, et vous^soijés larges 
de donner : car ja ne sarés tant donner que assés 
ne vous demeure ; et bien saciés de voir que li 
doi millour avocat de la court par qui vous exploi- 
terés plus tost de vostre besoîgne aciever, cest 
ors et argens. Si faites que vous les aijés de vostre 
conselg et je vous aiie que vostre besoîgne sera 
faite • . 

A cel conselg s*acorda li abbés et li couvens et 
se pourvoi de çou qu*ii estoit mestiers et ala pri- 
veement parler au roi et li dîst ensi^ — Et li rois 
li carga sa lettre de proijére et d^acroire , 8*ii en 
avoit mestiers. Et quant U archevesques le sot , 
si fu à mesaise de cuer, et proîa à tous ceaus que 
il avoit avancés et qui si ami dévoient iestre ces- 
cun porlui, qu^il alaissent pour lui à Rome con- 
tre Tabbé qui le voloit désyreter. Mais il ne i ot 
un qui .i. mot respondit, fors seulement uns qui 
dist : « Sire je voi bien coment il est ; Je sui ap- 



CHAP. XXXIII. 245 

parelliés de faire vostre volenté de çoa que je 
porai faire. Et li archevesques Ten merchîa et 
li fist livrer qu^ankes mestiers li fu , et s^en ala à 
Rome et i demoura grant pièche (i). 

(i) Toute cette histoire de la garde de Saiot-Remy, doot 
aucun des historiens de Reims ne fait mention , est pourtant 
textuellement vraie. Bi. Yarin , dans le travail dont nous ve- 
nons de dire quelques mots, publie tontes les pièces du 
procès qu'il a retrouvées tant aux archives du royaume, que 
dans les archives de la ville de Reims. — L'affaire ne fut 
point terminée sous Thomas de Reaometz, comme semble- 
rait le faire croire notre chroniqueur: plus tard, Jean de Cour- 
tenay, successeur de Thomas, requit une nouvelle informa- 
tion : voici une pièce du plus haut intérêt que nous avons 
traduite du texte latin (que M.Varin se réserve de publier), 
et qui reproduit la plupart des incidents dont il est question 
dans le récit de notre chroniqueur. Cette pièce si inté- 
ressante pour l'histoire , puisqu'elle justifie un fait que 
nul auteur ne rapporte, si ce n'est l'auteur de la Chronique dû 
Baint , est extraite des anciennes archives de l'abbaye de 
Saint-Remy, archives déposées, depnis la révolution, dans 
les greniers de la préfecture de la Marne, et qu'avec l'auto- 
risation de M. le ministre de l'Instruction publique, nous 
avons pu dernièrement faire réintégrer anx archives de la 
ville de Reims.— Voici ce document : 

«Gy senties raisons de Jean , archevêque de Reims , par 
quoi il a demandé et demande la custode ou garde de l'é- 
glise de Salnt-Remi de Reims lui être délivrée et le sergent 
être ûté que Monseigneur le Roy y a placé. 

Le fait est tel : Sire Roy, en l'an de N« S. aiiuiii ^ le jour 



%^6 hK CH&OKIQUe DB RAINS. 

de Pâqaesaprèfl dtner, la paix ayant été faite par voua entre 
letcitoyeos de Reims, d'une part, et Daro Thomas de bonne 
mémoire, alors Archevêque de Reims d'autre part, tous dî- 
tes aadit Archefêque que la garde de Saint- Aemt de Reims 
estoit votre. 

L'Ârchevéqoe dit : sire Roi , votre gent , quand vous étiez 
es parties d'outre mer,m'a inquiété sur cett»garde et par leur 
enquête faite sur laijg^tAe et rendue pour moi, il a paru que 
cette garde m'appartient et m'a appartenu et votre gent 
me renvoyèrent en paix pour le fait de cette garde. 

lUnif après votre retour des parties d'outre mer, la pre- 
mière fois que vous fûtes à Reims > les moines de Saint-Remi 
vous dirent de nouveau -que la dite garde vous appartenoit : 
c'est pourquoi l'Archevêque ayant été appelé dans leur Ab- 
baye,- omis les raisons et les privilèges des moines, et les 
réponses de- 1' Archevêque « vous avez assigné jour à l' Ar- 
chevêque au Parleoient suivant, pour le fait de ladite garde. 
' Dans 00 parlement , omis les raisons de l'Archevêque et 
les raisons et privilèges des moines , délibération ayaut eu 
lien avec votre conseil et autres bonnes gens , vous dites 
ainsi : «Je ne vois pas défaisons ou de causes pourquoi ladite 
garde ne doive restera l'Archevêque : c'est pourquoi ledit 
jour de Pâques ledit Thomas supplia que vous, sire Roi, pour 
Dieu ! renvoyMes en paix ledit Arche vesques peur le fait de 
ladite garde. A quoi sirr Roi vous avez répondu ainsi: Dam 
Archevêque , à vous reste la possession de la garde de Saint- 
Remi , par décisions précédentes (per premissa) et la pro- 
priété de ladite garde ne peut que vous appartenir (nihilo^ 
minus). C'est pourquoi nous vous ajournons par devers nous 
sur la question de ladite propriété de ladite garde au tiers 
jour après les octaves de la Penteooste •• 

Et alors rien n'ayant été dit sur le fait de cette garde, l'ar- 



CHAP. XXXIIf. «4? 

chcv6que fat réajourné comme auparavant, au jour suivant 
la fête de Toussaint. 
Auquel jour, dam Julien , pour vous , Sire roi , et en votre 
nom et de votre commaudement reclama dodit Archevêque 
la garde pour quatre raisons: que moi Jean Archevêque suis 
prêt à exprimer et déclarer : F.t sur cet appel , le même 
Thomas eut jour de conseil à Toctave {o^ênam) de la Purifi- 
cation de la Ste Vierge. 

Et ce jour ledit Thomas comparant ^ demanda jour pour 
la vne ou l'ostension des lieux dont vous, Sire roi, demandez 
la garde : et on loi donna jour en mars, après la FAque sui- 
vante* 

Cependant avant que ladite vue on ostension flit accor- 
dée à l'Archevêque, Dam Julien fit pour le Roi un nouveau 
cri en ces termes : • Sire Archevêque , l'Abbé et les moines 
disent au sire Bot que sa gent, lui étant aux parties d'outre- 
mer, vous ont livré à garder la possession de la garde de 
Saint- Rémi i et ce sans plaids et sans aucun moyen de droit 
on de plaids. Et de ce y a-t-U des lettres de vous. Pourquoi 
Monseigneur le Roi demande que sans plaids vous Ini rcs- 
titoies la possession de ladite garde : Ainsi que, sans plaids 
et sans antres moyens, elle vous fut auparavant remise entre 
les mains « • 

A quoi répondit l'Archevêque que poar ce second appel 
il n'étoit pas ajourné, et jamais n'avoit été ajourné. Et pour 
cela, il n'a pas voulu et n'étoit pas tenu, si comme il disoit, 
de répondre sur ce second appel. 

Pourquoi, sire Roi, vous avec ajourné ledit Archevêque^ 
an parlement suivant, c'est à savoir k la troisième férié après 
la Fentecoste que suivant ladite quinzaine de la Purifica- 
tion , aux fins de la demande que vous entendiez C^ire con- 
tre l'Archevêque sqr ladite garde et le dépôt précédent. Et 



Sl48 LA. GHBORIQCE DE &A1KS. 

f oun ares awîgaé ledit Arche? êqae audit jour de mari pour 
répondre sar la première demande formée sur la propriété 
de ladite garde contre ledit Archevêque» sauf la montre qui 
cependant deroit 6tre faite : c'ctt-à-dire au mardi après Pâ- 
ques précédent la Pentecoste. 

Et ainsi ledit Archevêque, par la volonté du Roi, fut ajour- 
né audit jour de mardi après la Pentecoste sur la première 
demande qui concernoit la propriété de la garde et pour la 
seconde qui concernoit la possession de ladite garde. 

Auquel jour rien ne s'étant fait pour «seftaines raisons, 
mais l'Archevêque ayant été réajourné au parlement suivant, 
c'est-è-dire aux octaves de la Nativité de la Sie Vierge , et 
lui ayant compara, Dam Julien, pour vous sire Boi, poursui- 
vant la seconde deoMude , demanda et insista pour que l'Ar- 
chevêque vous rendit la saisine de ladite garde déposée 
comme il disoit entre les mains dudit Archevêque , assurant 
que sur ce point vous aviez p sire Roi, les lettres de l'Arehet 
vêqoe, d'ailleurs ne demandant ni poursuivant en aucune 
manière que l'Archevêque répondit sur la première ques- 
tion pour laquelle l'Archevêque avoit jour de conseil et jour 
de montre : Et non-seulement ne demandant pas que l'Ar- 
chevêque répondit sur la première demande mais il ne l'au- 
rait pu quand même il l'eût voulu , la raison du droit s'y. 
opposant, parce qu'en disant que la possession de ladite 
garde, comme dépôt, avoit été commise à l'Arohevêque 
pour le Roi et par la gent du Roi et en son nom , il avouoit» 
et ledit Julien l'affirmoit , que la possession de ladite garde 
étoit au Roi et non à l'Archevêque. 

Et si dam Julien avoit voulu pour ce qui est de la seconde 
demande , dire k l'Archevêque qu'il répondit, on ne de voit 
pas l'écouter comme contraire à lui-même ; parce que ledit 
JuUen disoit que par le fait du dépôt la possession et la pro- 



€HAP. XXXIlI. »49 

priété de ladite garde appatteaoit également au Roi ; parce 
que suiTant le droit nous retenons la possession et la propriété 
de la chose déposée. Et aux termes de la première demande 
touchant la propriété de la garde , le Roi expressément et 
de sa propre bouche anroit confeasé que la possession de 
ladite garde appartenoit à l'Archevêque : Et cela est con- 
firmé par l'interprétation du droit : Parce qu'en faisant for- 
mer la première demande sur la propriété de la garde con- 
tre ledit Archevêque , il a confessé que ledit Archevêque 
étoit en possession de ladite garde* 
. Et pour cela l'Archevêque ayant eu conseil de gens de 
droit et de votre court» voyant qu'il ne couroit aucun dan- 
ger à ne pas répondre sur la première demande » pour la- 
quelle, il avoit été ajourné, puisqu'on ne l'interrogeolt pas» 
mais seulement qu'on lui demandoit de répondre sur la se- 
conde demande formée pour le cas du dépôt » ne répondit 
pas à la première demande , mais sur la seconde il pjirla 
ainsi : 

m Sire Roi , suivant le mode de demande contre moi formé» 
je demande d'être jugé et traité par mes pers » parce qu'il 
s'agit contre moi d'une grande partie de ma baronie et pai- 
lle» à savoir de la garde de Saint-Remi et que les termes de 
l'appel fait contre moi sur la question du dépôt touche à l'hon- 
neur de ma personne ; attendu que si dans une affaire telle 
que celle du dépôt »' je peux devenir infâme » je dois avoir 
mes pairs; et je demande que cette cause qui touche à mon 
honneur soit traitée et jugée par eux : surtout quand elle 
concerne une grande partie de ma baronie et pairie. > 
. A quoi .vous » Sire Roi » après délibération, avez lépondu 
par M* Pierre de Fontaines à l'Archevêque» qu'il n'auroit pas 
ses pers et que l'Archevêque après avoir pris conseil répon- 
dit autrement. 



itSo LA CHnONfQCE DR RAIlfS. 

Et comme l'Archevêqae eut sur oe délibéré les lagei 
(tapieutet) loi dirent qu'il demandât le jogemeot par sèa 
pairs sor ladite cause qui toachoît à soo honneor et grande 
partie de sa baronie. Et consoltant en outre les sages, il 
s'enqait si le Boi ne foulant pas loi accorder les pairs s'il 
devoit répondre de?ant les maîtres sans pairs.— Les (sages) 
docteors dirent : qoe dam Julien a?oit seulement demandé 
qu'il rùt répondu sor la seconde demande faite poar le cas 
du dépôt pour laquelle l'Archevêque n'aroit encore jour 
ni de conseil ni de montre et que l'affaire n'avoit pas encore 
été plaidée. Ainsi l'Archevêque , les pairs lui ayant -été re- 
fusés et ne répondant plus sur la secondé demande , fit dé- 
faut : C'est pourquoi vous, sire Roi , avex reçu en vos maint 
la garde de Saint-Remi et vous j mites votre sergent. 

Pourquoi supplie et requiert Jean , maintenant Archevê- 
que, qu'il est prêt à purger ledit défaut de son prédécesseur 
et à établir, conclure juridiquement, que vous détivrlex ladite 
garde et que vous ôtiez votre sergent placé à Saint-Remi 
pour cause de la garde : et que vous, pour Dieu, Sire, ni quel* 
qu'un de votre conseil n'ayez égard aux paroles dudit Dam 
Pierre, prononcées en jugement, quand vous reçûtes ladite 
garde en volro main. Car il dit que l'Archevêque avoit eu 
jour de conseil et jour de montre : cela étoit vrai , quant k 
la première demande sur la propriété , mais non pas quant 
à la seconde pour laquelle il s'agissoit 3u dépôt de la pos- 
session. 

llem, qu'il ne se soit pas agi de la première demande et 
qoe l'on n'ait pas procédé sur ce fait , cela est bien ap>p«- 
rent, car s'il avoit été condamné sur ce points il n'aurait pas 
été témoigné infâme, mais bien quant au fait delà seconde» 
et c'est pourquoi il ne voulut répondre dans la seconde si- 
non à ses Pairs : mais s'il avoit été requis dans la première il 



cHAp. xxxiir. 95 1 

eût bien répondu sans Pairs, parce que s'il avoU été cou- 
damné dans celle-ci, il n'eût pas été déclaré inrâme. 

lUm, par une autre raitton il eût répondu sur la première 
demande s'il en avoit été requis, parce que en faisant défaut 
il eût perdu la possession , selon l'usage de la court, tandis 
que pour le fait de cette première pétition 11 auroit obtenu 
et jour de conseil et jour de montre. 

lUm, Sire, le délit de la personne et d'un particulier, ne 
retombe ni ne doit retomber au détriment de l'église, c'est 
pourquoi ledit Tbomas Archevêque avoit également eu jour 
de montre et de conseil , sur la première et sur la seconde 
demande, et qu'ensuite il eût manqué en défaillant ou en 
ne répondant pas, pour cela l'église de Reims après la mort 
dudit Tbomas ne doit pas perdre le droit qu'elle avoit sur 
ladite garde avant que ledit Thomas n'eût (délinqué) man- 
q^ué en défaillant ou en ne réponclaot pas au jour dit. 

Pourquoi, je Jehan, maintenant Archevêque , supplie et 
requiert pour mon église de Reims que vous me délivriez la- 
dite garde; que vous ôtiez ledit sergent de Saiot-Remi et je 
sois prêt à ester en droit , à amender le défaut de mon pré- 
décesseur et de ces défauts donner bonne caution. 




GLOSSAIRE. 



Adit. jiblt : habillement, costame , habit. 

AccoMiB. D'aceoisor, aeoher , aecoyerj adioiser, achoUier, 
pquotsir: adoucir, apaiser, calmer, reposer, éteindre. De 
quUseere, 

Adibs. Jasqae-là, jusqu'à ce jour. Addiem» 

A 018. Adiés: égarés, perdus. Adiratus, 
. AdolA. Triste , affligé. Dotendus» 

ArriaisT. Importait, était nécessaire; afferir: d'afférer; 
afirer: être sortable , convenir, être à propos ou nécessaire. 
h'afferre. 

ArriBRÉs. Affirmerez. D'afjirmare» 

AFFBRMis. Affirmé. De affirmare» 

AroHDBKa. Plonger, enroncer dans l'eau, absorber, couler 
à fond. 

. Agait. Subtilité, piège, embûches. Du verbe agalttr 
Acuerre» 

AuAifOiT. De ahener^ anhanmr .-semer, herser, labourer. 
De ahanaro, 

AHABiiBSRiiis. Enharnaché, du verbe aherneehier, mettre 
les harnols , parer , orner. 



954 Lk CHBONIQUB DR RAIR8. 

hmowtis, AhùnttSg ahonU : déshonoré, rendu liooteuiéDâ 
Terbe ahonter. 

AiGDi. AygHô , €gue : eau. De aqua, 

ÂI6UK MoBi. Aignes-inorte (eau morte], ville de ProveocCé 

AiDWK. Jiud9,aiuve : aide , secours. De adjutorium, 

Atks. A côté, auprès. De latus, 

ALioai. Train, pas, grant aleute : grand train. De ambu- 
lare, 

Aloia. Alia, atlaya, aloiut i lier, joindre, allier, unir. De 
alligart, 

Ambbs. Avec, l'un et l'autre* De ambo* 

Amb. M'ame , mon âme. 

Ambhobb. Réparer , faii^ satisfaction, réformer, profiter, 
améliorer* De emendare. 

AuàaBHT. De anutr, aamer, ainmer, ameîr: aimer, chérir* 
De amare» 

AiiBBrBLLiBB. D'(imm0rvei7fer , emmtrveiitôr, amervtiUer : 
émerveiller, extasier. De mifabiêUm, 

Ambobiscoit. Amoindrissoit, diminuoit, maîgriiisoit. De 
tninuer», 

AvoRT. Au haut , au faîte , en amant en montant, ad mon- 
fem : en aval en descendant. 

Ançois. Ainçoisj aînehoU, ançoye : volontiers, aasdtôt , 
mais, cependant, au contraire. 

AivDot. Andoux : tous deux, l'un et l'autre. De ambû, 

AifCLuÉs. Embourbée englué, attaché avec de la gloe* 

Aroia. De anoier ^anneir , annier : ennuyer, soufik'ir , être 
impatient , faire de la peine. De noeere, 

Aniaux. Annieaux : bagues, au singulier aniax. De anui, 
annnlnt, 

Anibos. Anieuœ : ennuyeux, incommode, fâcheux. De 
anoeiui. 



GLOSSAiniC. 955 

AoB. Ador, ator^ à l'heurt : alors, à cette heure » mainte- 
B M nt* De o</Aoram. 

ArAiB. De apaiw^ apaer^ apiUr: payer , satisfaire > con- 
tenter , faire la paix : De pacere , ou pangere* 

Anif stfs. Apenser , appenser : penser , réfléchir , examiner. 

Apbtici^. Apetiçoienty du veibe apetiter^ apetieher, apeii- 
cier: amoindrir , diminuer , abréger. 

Apostolb. Ape»lely apôtre : le pape. De ttpoUotus, 

Appabbillikt. Appareillé, disposé, de appareillicr, ap- 
pnreilher : préparer, accommoder, disposer, orner. De op- 
parare, 

AFBBNDRiBirs. Pouv apprendrions. Du verbe apprendre, 

AraiKss^s. De apressiér , aprieser, appreuer .-accabler, 
oppresser, presser, poursuivre. 

Aqoisbrt. De acquérir. Aeqairert* ' 

Abaihrs. Trompette d*airain. D'cBramen. 

AaciBB. Arehier, airehier, arkicr : arbalestier, archer. De 
Creator^ arcuarius, 

Abgbioukbhb. Archidiacre. 

■Abdoib. Ardety ardrer^ardrti brûler, ooDeamer» înoeDdier. 
De ardtrt* 

Abguoibht. D'argoer, disputer ,. reprocher , accuser, dé- 
montrer , éclairer. De arguere. 

Abibns. Pour aurions. Du verbe avoir. 

Aboit. Pour auroit. Du verbe avoir. 

AasàBHT. Marcher en tous sens , naviguer en arrière. De 
relro et ir^^ 

Abs. Arsé^ arseiz^ arsa ^ art, arli: brûlé, enflammé, 
incendié» De anus. 

As. Aux , adj* 

AssAijBT. Attailtie* ^ de anaOr^ OMalin assaillir, assiéger, 
attaquer, poursuivre. 



356 LA GHBORIQUB DJi BAINS. 

AsssiisA. De atterUier : calmer , adoucir, tranquilliser. 

Ausoa* De atswrtr : certain , assuré. 

Assn. ÂtseiTy asseoir t assear : assiéger, asseoir, et se re- 
poser. De assidere, 

AsssaoïT. Assoierait , p«serair« Ib. 

Assis. Choisi, déterminé. De asseoir* 

AssoAiGiÉs. De aisouager, aesoager, assoaigier , assuajer : 
soolager, adoucir, consoler, apaber, calmer. 

AsTiNsncHi. Abstinence. 

Ataut. J tant: alors, après, en attendant, en ce mo- 
ment, paif. 

Atihsciut. Pour atteignent ou atteignirent. Dn verbe at- 
teindre. 

Atoubzibt. Atoumé : décidé , résolu , paré , orné, arrangé, 
atoarner, atourner. Du ferbe atfornare. 

Atodt. a tout : avec, avec toat cela. 

Atiairi. AUraire, attirer, exciter, préparer. D^attrahere, 

Aos. Auts, aux, auz: eux, elles, a, il, avec. Eis, ad» 

AnTSL. Attleil, autelle, auteœ: pareil, semblable. «^</l<i/<s. 

Adwks. Aweei brebis, bestiaux. Oeovw. 

Aval. Avaa^ avaz: en descendant, au bas, en bas. Ad 
vatlem, 

Avkboit. ^«roiV. Le verbe avoir. 

A vBCLis. ^vii/tf, ai9^/e. Aveugle. 

AvBULissoRS. Aveulir^ aweulUr: i|veugler, rendre aveugle. 

AviaoKNART. Environnant, de aWroner: environner, en- 
tourer , envelopper. 

AvuÉ. Avoué. De advoeatus» 



GLOSSAIBE. 397 

• B. 

Bacblbr. Baeheler, bûcbelor : bachelier» étadiant^ gentil- 
homme non encore chevalier» jeune homme, mineur. De 6a> 
eealariui» 

Bachin. Baehin : bassin , casserole. De baceinum, 

Baillbas. Voyez bunt» 

Baillib. BaiUir^ bailUt : donner» prêter. De bajulare, 

Babkibrbs. BareiMur^ baretertue, etc : trompeur» fripon» 
voleur. De veUrator. 

Babob. j9ai7« : barque» esqinf» chaloupe. Debûrea, 

Batbubabssbs. Féminin de batelleurjf baimlUrt, baiail^ 
fUnu : batailleur , vaillant , guerrier» combattant. 

Baus. Bailli, bailllf, intendant, gouverneur» gardien. 
De bativtts ou bajulutm 

BisoioNBus. Bisoigni: besoingneux , pauvre. 

Bbbe». Campagne rase » unie » plaine» prairie. 

BxDBAHCHB. Vauité» arrogance» orgueil; beuban : dur» or- 
gueilleux, fier, hautain. 

Blbciés. Blessé » atteint » frappé. 

Blokibl. Bloqueau : bloc » billot. 

B0ULBR6HIBE. Boulent : boulanger» De boUngarius^é 

Boiif. Bon» àova, clément. 

BoDLiB. Boule : tromperie» astuce; bcuJèret, bouleur, bou- 
tléret : rusé, fin» trompeur. 

BooEDB. Fausseté » tromperie » mensonge. 

BaACBiBB. Bemuer , agiter» prendre entre les bras, brasser 
un complot , une affaire* 

Bbarcb. Braneie : branche* De braehiam, 

Bbaobl* Brochf broke : broche, fourche, pieu. De broea. 

Bboçaht. Brochait» de brocher, avancer, être à la fin, 
piquer un cheval. 

'7 



9 58 LA CHBOXIOVB DB BAIBS. 

Bbuis. Bniiffemeot, brait, momiiire. 

Bmtiraf. Buêmtg kueàmû : trompette» clairon. De buêdma* 

BoTiAACi. Buvermîgé : boifion , breavage. 



C. 



GiASTtT* CûMêiieî cbasteté. DeMffîr«ff. 

Gaiovoh. CaignoU : cbalnoD. De m/mm* 

Gaitif. Caiptif, eaiHeu, ehaitif, gvaitif: captif, prison- 
nier , malheoreuz* De taptivui, 

GiiTivifOii. CtUiivaisom, cacfêvcM! peine, tûnrmeal, cap- 
tivité. De eapiivitai* 

Gambiu. Ghambrc. De eamera, 

Garciom. Cançon : chanson , cantique. De anUieum, 

Garcb. g hange , échange. De eambiàr$* 

GAriiLi* Capetle, chapelle : bénéfice simple. DeeapêlUi. 

GAriTLK. CapitHô : chapitre , lien où s'assemblaient les 
moines. 

GArUis, CûpU» ehapU, ehopUa : combat, bataille, car- 
nage , tuerie. De eapulath, 

Gafors. Ghapon , volaille* 

Gasboiis. Çarboun : charbon. De earbo, 

Gaeris. Caretie : charrette , Toiture. De eartUarut. 

Gaega. Du verbe eargtr, cargier : charger. De eargare. 

GAArBHTiia. Charpentier, menuisier. 

Gastiasobut. Du verbe eoitier , châtier , corriger. De eas^ 
tigare* 

Gastiaos. CatiUt, eatielg ehastiau : château , forteresse. 

Casoei. Chasuble , habit sacerdotal. De casubia, 

GAUOAst. Yoy. CautUr* 

Gaociii. Cancer , eauekgr : chausser.^e eatecare, * 

Gauv. Kauw : chauve. De câlvut» 



6L0SSAIRR. ' s5g 

Cxvt» Chaux, eaiœ : «bavd. De eàlidat, 
• ÙnkVB, CéMua , eilt : ctvx ^eeûes, 

CttàittnKT, Secrètement) eo cachette. De eetûlim. 

Gbwhai». CemM, ewibiaui: aflsembléet'joatc, tournoi « 
combat. 

Gbxdal. Ctndau, eeiufaiit, tantfat : .êùttt d'étoflfe ou de 
camelot. 

Gsscuir. Chacun. 

Cbi». Gelai; teut, ttl* 
, 0HAI1IGI.B. Changte : ceintiire 9 sangle. De eingulum» 

Ghaks. Ghamps. De eampus,- 

CuAM» Chtr : chair , Tlande. De eara» 

GiAKTipT. Chfi^iré » qui a une charte. Du verbe thûrtrer, 
accorder mie charte » an priviléige. 

Ghbyauckqa. Ckepquelneri ehevfiuekeur : cavalier » écoyer. 

G«i; Ici ; ehl eniour : en tour dloi. 

GtBP. Chef, tête. 

GiiAB. Chlèfê, ehérû: face > visag^^ mine« accaeil, récep- 
tion. 

GiBs. Cièz : chefii » tête». 

GoiBMBHT. Tranquillement ^ sans brait. De gaieté» 

Gloutb, Cloqueit^, eloeêiU : cIocheMc / petite cloche, 
sonnette* 

GLonAitT. Da verbe elopièr, etoppêr, clopiner ^ eUfeher : boi- 
ter 9 marcher en boitant. 

. GchpbBa. Detorhpé^er, eomperrer : acheter, mériter, punir, 
payer, comparer, s'égaler, changer. De eomparare, 

Gonviis. Conft* : confessé , avoué. De eonfkssat» 

GoHJOÎBBiiT. De eonjûier, eojyoir, eenjoyer : se réjouir cn> 
semble, se fêter, bien recevoir. De eum-gaudere. 

GoiiBôi. Conroit, eonroy, eoroi : détour, troupe,^ compa- 
gnie , provision , suite , ordre. 



%6o LA CBROMIQVB DB RAIRS. 

GoRSAos. Gonscillert, {ariscopsalf , oflËciers^consultinU. 

GoHBDiT. Da verbe eomuir, miu«cvp», eoMuivir : poar- 
saivre» atteiodra, obtenir. De tomtêguL 
. GomrAipien. CoDtreîodrei. Da verbie eontnMBAre. 

GosB. Ghosc , caose. De causa» 

GosTim. CoHiau : coteau , côte, 

GosTiias. Gôte maritime. 

ÇoD» Ge , ceci , cela. 

GouciÉ. Goaché. Da verbe eoueier : ooacher. 

GouLOH. Cculom , eoutoumb , e^lomb: pigeon, colombr.^ 
De eolumbui, 

GoDPi* Faute, délit. De eatpa» 

GooaBCiBV. Ccappoueà, Da verbe eturêekr, coursier: coor- 
roucer, mettre en coarreoz. 

GooavaaioiU» Couvêrtoir, eouventurf, vouverêoire : ooaver- 
tare. De eoopertum. . , ' 

GoDSTiaoHB. Couiîage, coustangt, coust : valeur, achat , 
prix , fraii* De etmsiarf» 

GovTB. Cott</^: matelas, couverture , coussin. 

GoQTiBu Càttet, euHet: couteau, ile 0ii7f#}/tti. 

GoDviBaTBMBST. Cùuvértemeni t couvert, caohé, dérobé. 

GocviHB. Cosigne, co«în0 ; pratique , conduite , intrigue ^ 
dispute. 

GaBMos. Du verbe eremer,crein«r,eremeîr, erienére: crain- 
dre , redouter. De tremere* 

CtiBVs» Crueus^erueœ, erueulûB : cruel, impitoyable, san- 
guinaire. De truentuL 

GaoïsiBT. Croisii. Du verbe se croiser , prendre la croix. 

GaoLLA. Croula, Do vesbe ereller: crouler, ébouler, tom- 
ber en ruines. 

GaupBs* Groupe de cheval, groupe* 

GcBB. Gœur. De eor. 



GLOSSAlâfi. 26t 

Hvf* A qui, de qili> que , quoi. 
Goas. Soin, ptemek De eur^. 

D. 

Dabb>ixb% ihrrain^ dirraine, demnier, derrênién : der- 
nier» dernière. 

Dadhikb. Daumique : dalmatîqoe, vêtement de prêtre. De 
dalmaiitM» 

DinotiéAu*. SUJekan diealkusi : St-Jean te décoMé, St.- 
Jean-Bapti«te. 

DÉrADTi. Relâchement, défaut d'ordre, déloyauté. 

Dbfiablc. Portant défi , appel , préjudice. 

Dblitoit. DéliHw : se plaire, se réjouir. De dehetare, 

Dbsçaiiiobb. Délier, dénouer. De diteingpre, 

Dbsghads. DMehautx ; déchaussé. De cale^utm 

Dbsgi. D'ici k\ duei à dont : d'ici jusques.*.. 

Dbscobt. Discord, discorde, débi|t. 

Dbmbhtibbs (en). Cependant, dans ces entrefaites. InttnA^ 

Dbsbdbb. Desùur : sur, dessus, par-dessos. Sap^r^ tupra, 

DBSLOYts* Detloiif 4$tMé i défiéf disloquer» désapprouver. 
De dhiAudtH* 

DinoaissiiMBs. Pour dtmturioM, Du verbe demorir : de- 
meurer* 

DisiHB. Dixième. 

DasniiDmi. Dépendre, dépenser, prodiguer. 

DBSPOirDiT.Dei&«/90iu/r0 : expliquer ,eiposer.Dejtfcfj90«u/sr«. 

DBSiof. Détroit; dttroy : désastre » infortune « désordre. 

Dbstaka. Pour detiaçha : détacher. 

DasTODiBiBBiiT. Dc detiourbtr, deitcitffer, dittoarbétr: trou- 
bler, changer, égarer, détourner* De ditlurbart^ 

DasTOomai. EmpAghement. De dittHrbiitm* 



S6s Lk CHRONKHJS DB BAIRS. 

DiàvâoiB.D«ffivîiii:oppVMSé«triite« abattu. BtdesIrieiHê, 

Dcanois. Embairaa, difficolté^ peine 9 eaDoi, 

Disntri. De duyrtttr : déshériter. 

Di. Joor* De dltt* 

DiisTii. Droite, De ifeitra. 

DoDtTicaT«,-p« aai;. Lisez : éou tantf pour da temps. 

DaoGBKMiiiT. Drogeman , drogusmmî , drogman : iater^ 
prête 9 tnichemeot. . . : 

DoxL. Doei, duéU : deuil, eaaui, chagrin. De cfolsrs. - 

Dm. Deui, Dut iûM qu9 Hneiont rdeui fois autant qu'Us 
sont. p. a5. 

E. 

£t£i. Aile. De àtà. 

El. De , le «ta , elle , lui. 

EmiosTiMis. Embànmé. 

EniaTaLLiÉ. S'imervella : étterrettié, s'émërveiiler. 

Emi. Bmmi : parmi ^ au milieu. 

EMPBKiiaM. Impératrice. 

EvAaMBa. Enàmertr : rendre amer. 

EHAHsa. I^namoirrar : aimer tendrement. 

EwBROiis. Bnboiéi, snào^^ d'enbroijer : s'enfoncer dans 
la boue. 

Eacoa^aaT. De encoRv^îr, meanvenaneert promettre» être 
d'accord. 

ExFisiBLi. De êHpeielêr , êm/bUteUr t mettre nn fromage 
dans sa fissièle » son moule. 

EirroaoïiMaaT. Fortification , adv. en redoublant de force. 

Eamaai. D'snA^^r: empoisonner. DemMr^r^. 

EaKi. Bnhêiê : là , ici. De hie. 

Eas. Dedans, intérieurement. De înfai. 

EasciiRT. Eêeiant ; avis, sens, Stiew* " 



Bmmkijimit, Bm^gné : qui eut dan»lefto»*v.rerabatr«i. 

£s8ooaîiTÉ. Entotùcii^ gmonnié t embarrassé) être oceapé, 
frimblé. 

Est. En* 

Ertbciés. EfifecAi^ : sali , entaché» 

Ehtbsoii. Apprêt der armes* De entêter : prendre > pré- 
parer* Intendere* 

EtfranAiT. Bnireiant : pendant ce temps* De mtetea. 

fia^iULA* Eveilla» De envêUer : éveiller* 

BaaAooiT* De errûgUr t enrager, être farieaz, arraeher 
de force* . 

EaaAiiT. Sar le champ , très vite* 

EaBAHTiMBaT* Erramenis promptement ,, grand train* 

EsBAiROiBa. Bêbaneir , etbanoyeri s'amuser, se récréer* 

.l&aQARQkmmA, Bfcargaiter : gaetter« éconter, être au 
guet* 

EsciapaaoïT* Pour êeehûpêroit : d'échapper* 

Esc ADOBE. Btehauder» Echander» chauffer* 

EscHBi. Echut* Btheus» Echu* 

EsciuiBB* Ravager , détruire , arracher* 

EsGiiLB* Echelle, partie d'armée, bataillon. 

EsciiAiaiBT. J^se/ainV : éclairé «expliqué. 

EscLAviHB. Robe , manteau de pèlerin ; espèce de dard , 
{avelot. 

EscLusBB. Faire une écluse. De eœeladere. 

EsaAâDA» Regarda* . 

EsKBBPB* Echarpe, ceinture de pèlerin. 

Esuus. Elu, choisi , député* . > . 

Esnaaris. Précieux. 

EsMuixBRT (s*). S'émurent , se mirent en mouvement» 

EsroBHTBB.- Epouvanter , effrayer, 

EsrooaoNS. i?f/»oroRs« JSpei^ns* 



964 l'A. CHaom^oB db baihs. 

tnâmMorr. Mummmt : vite» promptement. 

SMom, Dioit d'kolNiiiie. 

EuoiBi. Biuygmê : cicnse , raison. 

Ectàblb. Subie , coottaot. 

EnooB. Bti^ri combat, ehoe « mêlée. 

SnoBv. fffftff : il Aiut, il oooTieiir. De ffalîf. 

SaTÂUiroiT. SêUùm : étain. 

Esna. Etre,0«lMister« exister* comparoltre. 

InaÂicvi. Etrange, étrangère.— ^asaqne* sorte de wé- 
tameat. 

EsraAiai. Descendre , sortir, être issu , extraire* 

EiraÀiiLA. Biifûngta» Etrangler. 

EstaaLiir. Etltilin s monnaie , poids , valeur : monnaie 
blanche an titre de huit deniers de ftn , apportée en France 
par les anglais. Bile était ainai nommée k cause d'aoe étoile 
qui y était représentée. Stelinus de êUtùi» 

EsTaotfBjis. Inttmment,bâriia6y navire , instraelion. 

Efisauts. Eféohé t epttht^^âmpaini Goadjateur. 

F. 

Fuisov. Foison , abondance. De fittio* 

Fuaafb Excepté , hormis. 

FuM. Prix , taux , estimation. De forum, 

Fdxk. Futftê : étui , fourreau d'épée. 

FooBsxRxxa. Extra?agaer , être hors do sens. 

Focaaaa. Potsoyer : creuser , piller. De fbdere, 

FouarisT4 Forfit, Du verl>e forfaire. 

FouacaaiHiK. Porunerie : folie, foreur, extravagance. 

FoxMiaT. Grandement , beaucoup. De fhrtUer. • 

Fldh. Fiun : eau , fleuve. 

Flohx. Fieume^ flenm : rivière , fleuve. De fhtmtn, 

pLiAvs. Playau, flay$( : fléau , baire de hr. De f»g9létint. 



GLOSSAIHB. S65 

FiMBTi . Fierté , vanité* 

Fjbbb. Fier y fiers: je frappe; fièrent: il» frappent. Du 
verbe férir. 

Fjbb. Fer, métal. 

Fin. Fâcheux , cruel. De Fwttt. 

FiB. Fois. 

FiAHGHB. Fiance : confiance. 

Fbvbbbtv. Février. 

Finie, Fini , achevé. De finilue. 

Fini. Foi. De fiiles. 

Fin. Méchant, cniel* De firut, 

Fbmbtbb. Pour fiiiet^ Du verbe faire. 

FiBiB. Frapper, porter, 5^ /«rirenf ^ ee portèrent» 

Fblbrbsgbb. Fehnesee : perfifie, méchante, cruelle. 

FBk FÂet, féut : fidèle, ami. 

Fbl. Faton, félon , fox : méchant , faux , cruel, inhumain. 

FiiABLB. Fiable, féal y fiauaf. Fout lestée tout mi home et 
mi pitable : vous étejt tous mes hommes et mes gens de con- 
fiance , de fidélité. 

Fbaut<. Fidélité. 

Fautbb. Feutre, chapeau. Defiltrum. 

Fàhoh. Phanon : étendard , bannière* 

Fallaut. Manquant ; fali : manqué* 

Fàcbiors. Fassions. Du verbe faîrc. 



G. 



Gabghagb. Gain, profit* 

Gaitbs. OityU, guait, gait : sentinelle, corps de garde. 

Gaitibb. Gâter, corrompre. 

Galib. Galiot : petit vaisMan, barqoe. 

Gbntius. Gentil ; gentitt» hom : gentilhomme. 



a66 Là CUOlilQIIB SB EAIRS. 

GnAovin. Poar gmigné. Du vezbe gkMgmkr , gmgmkt z 
gagoer» nériter. 

Giir. Saillie , Jet, action de fêter. 

Oiiiovaf • JûtUtÊfi : aicben. 

OftâTitMa». De gIttUt, aboyer. 

GoIb. GmiV: jouir, réjoeir. Dtjêettn, 

GaAitu. Gftûh, grulê : miace* oiena.» délié» 

Gaiiftu. Grille* corneille , corbeau. 

GmAaa. Grave « loud» fort , rade. De gy aatr . 

GaiGBBoa. Gr^igmemr : plvê grand , contidèmble. 

GoBaauHi» llofli propre* GmmCmi t le traître- Ganobni* 
cbevalier félon dont il est qneition dans letiomanaidecbe' 
Valérie. 

GuBaiaoawa*. Bèdompenier. 

GoaaaouBa. Gutnoyêw : goerrier» homme de gnerre. 



HAiTiif. BaliU s lainy gaiyfojeai. Dehilarit, 

Hâwap. BanaSf hênnap : vase » coope , ta«te« ciboire. 

HioiBiT, De Aflufr : haïr ; t^inîf^haoUtd : ê'entr'hâlMoleDt. 

HÂaoïHBaT. Hardiment « avec coarage, hardiefse. 
"HaLrae. Exclamation poor exciter; hêiphûlea avant 1 

HiiiaBGiA. Herbergiea» Du verbe héberger, 

HouaoMfl* Foarré , garoi ^ défenda , palisfadé. Da verbe 
hourdêr , fortifier. 

Hoiniif. Buimii : k cette henre » maintenant. Botlie» 

Huii* But ; porte, entrée* Offinm. 

HcaTa-Havara* ExclamatioAi De heurter» frapper; kmrteltf 
hurliê ; heurtement. 

HosTiN. Brait, clanear, hofttHité. De hûttUiUu* 



GLOSSAIRE. 967 

I. 

Illubc. Ulèquê, iiu»e, Uoee: là, CQ cet endroit « lui, lai* 

même, celui-ci. De iUi<, iile* 
I0L8. QBil , yeui. 
IbUb. De irier, iré$r : mettre ea colère t fAober* De 

irttteU 
IsGBiTUEB. Eêerliureg eseriptitre : écritnre. De uriptura, 
IsmLBHBHT, Promptement , vivemenf . De ignilsr» 
Issu De ittir. User, ttêir : sortir , se retirer , partir. De 

Isstiis. Droits de succession, prodoit « lots et fentes : cet 
que paie le vassal en sortant de l'état serre. Termes de 
guerre, sortie, charge. fi'sjDÎf «s. 

Itbi.. //«!/; au plnr. Ueuœ: tel , semblable, le âiême. De 
tatU. 

J. 

Jouvs. JokMt, joiau» : gai, eojoné , joyeux. De joeosut ou 
dc^au^sni* 
Joas. Jour, {oomée. 
Jad. Je, moi. Ego, 
JoDBaàc». JowMtêô : jeunesse, adolescence* 

r 

K. 

Kbtbld. Ghefelu. 

KiiaoiT. De Aîêrîr, hîtrker : quérir, chercher. De quaitrê» 

KiAfBB. Chièvre : chèrre. 

L. 

Lâiiivs. LamUf Mms : dedans , dana , lA. Hlie^ 
L ASQVA . LasAa : pour lâcha. Da Terbe ISober, laisser éohà|>» 
per. 
Lassècb. Lzsi^îe: peine, lassitude. De hultudo. 



268 LA CHBOmQUfi DIS BAINS. 

Lativibk. Pour latînUr : trachement , inlerprête , Ira- 
docteur* De iaiiniêntU» 

Lbgiie. Legiers : léger, prompt ; légèrement » facilement. 
De levUer. 

Xiicsic Lice, barrière, retranchement, joutei. De Ueia. 

Lia. Joyeusement. De laii. 

Lit. LU, lièti^ lies, lie* : content, gai , joyeux. De lœtnt» 

LiHCBaus. Lineeut, lineeuts : linceuil , draps de lit , toile. 
De iintêum, 

Liu* Lien , place , endroit. De iœus» 

LicTB. Pour loe , dn f erbe lire. Légère. 

LfVBisoN. Livraison : livraison, redevance. De liberatio. 

Lois. Du verbe ioer^ ioier: louer, applaudir, approuver. 
De laudar^ . . 

LoK. tour : leur. 



M. 



Macriclibk. Maektiier : boucher-cha^rcntier. 

BlAiHBuaHiB. Mainbomie : tutelle, curatelle, garde. De 
manbumia, 

MaihshA. Maisné : cadet , plus jeune , puiné. Minor-natu. 

Mais. Seulement, davantag«, plus, jamais; onquesmaiss 
jamais plus. 

MaisbiA. liaison, suite, troupe, famille. De mansio. 

MALTALBBT.Afaiifa/ent: dépit, colère, mauvaise disposition* 

Makcbs. Manche. De maniea» 

MAifGOBiAtTX. Mangonneau: pierreset projectiles de guerre. 
C'était aussi la machine 'mène à jeter, des pierres» 

MiBOHBS. Frontière ^ limites. 

Mabchi. Merci i pitié , compassion , pardon. La mtrei Din, 
la mercie de Dieu.' 



GLOSSAIRE. 369 

Mabcikt. Marché. Marehatum» 

MiBcis. MarquM. Cornes limitit» 

Mahorb. Ville. Ponr Mastourt. 

Mabuhibhs. Maronnier , matelot , batelier, marinier. De 
marinas. 

Masbmghb. iiasenge i mésange , petit oiseau. 

&Iastin8. Matin. De matutlnus» 

Mbpfaisi^xs, Vour mé faisions : de mefiViire, malfaire. De 
mate faeere, 

MiiifBSTRBus. Ménestre : ménestrel, joaeiir d'instruments, 
jongleur. 

- MbscAakcb. Mesehianee t méséance , malice , méchanceté, 
malheur , accident. De maie eadere, 

Mbsist. Mit. De mettre. 

Mbspbihgkb. Méprendre. De méprendre. 

Mbstibbs. Mesier : besoin, utile, nécessaire. De minisie" 
riitm» 

Mbut. Pour mut. Du verbe mouvoir* 

Mi. Mie : moitié. De médium, 

MiB. Nullement, pas. 

MiLLOUB. Miller : meilleur. De melior* 

MiB. Mirre: chirurgien, médecin. 

MioDBK. Meilleur. 

MoLLiBB» Moiter , molhiere : épouse, femme mariée. De 
millier» 

Mous. Mont , tas , élévation , montagne. De mons, 

MoicsTBBOiT. Monlrtroit, Du verbe m^NXfrer : montrer. 

Mort. L'univers, le monde. De mundus» 

MouBOBit Meurtris, mort» De mourdrir i assassiner , toer. 

MouBDBBooBs. Mourdreur , mourdrier : meurtrier, assassin* 

Mvsabs. Bateleurs, libertins, fainéans. 



«70 Là CBBORIQUB DB BAIKS. 

N. 

IlAaias. ifëipktt mtgkr, Mfir : natigner» «Hef lur mer. 
De navlgan» 
Navk, IfmUê , naviê, n$fi na? ire » nacelle. De iiAVtf* 
NAvais. iVeavré : blesaé « atteint d'an coup. De vulmera» 

NiQQiaaaT. Iféanmoint, nonobstant. De na^oan^A^* 
NicsB. iVi*e0: panvre» néceititeaz, simple « .sans czpé- . 
rience. De nêicmu 
Nicnni. Sottise , simplicité , enfantilla^. 
n iBjiT. Niûtil j mnani : non y rien » jamais t néant. De ne- 

Nuts. /Visa, nisrs, »«s^ : neveu. De nfpos.. 

Rotu». Sêékêr, namcket : pHota» enàdncleiir de navire* 
De luraelsras. 

NoacHiMla. Nonchalance» ptfresse, indolence. Denoit- 
talidmê* 

Noacaïaa. IhmA»» nanasr : annoncer , faire savoir. De 
lumlMrs. 

NotF. Nuéi : nenf , nouveau. De novui^ 

O. 

OaiiDiiHca. Obéissance , soumission. De obtdientla» / 

OcHis. De mAàt» oedre^ oeeUer : occir, tner. De œetdere* 

OcQqoisoaai. OeqMûiimini : occasionné 9 être cause. 

Obl. CBiu De Oenlut» 

Oii.. Oui , langue ttoit : Languedoc. 

Oia. Hoir, oir^ : hériter» descendre; héritier, descen- 
dant. De hœres* 

Onaas. Onques : jamais; ûnhet'maîs : jamais depuis ce 
temps, avant. 



1 



6L0SSAIBB. SJl 

O&D^Jii* Ordsnanehês ordin$ : ordre^ CMnonandement, rè- 
glement. De ordinaiio, 

Oaobv^* De ordcner : ordonner, ranger, commander. 

Oagiols. Orgutuœ : orgueil , Tanité , faste* 

Os. 0(#f « euiu : oo!e « oreille , entendement. De aurîf* 

0«T. Armée ; f'otf : son armée* De hosiU* 

OsTOUBa. Attaquer, faire la guerre. De hosiis, 

Oraoï. Oliroif oeiroU Du verbe octroyer, accorder, con- 
céder. 

OuHB. Borne : boni me. De homo, 

OoaMiBu Ourmeiel f ourme i orme, ormeau, sorte d'ar- 
bre. De ci/mKff. 

OoTaBMBRT. Outre, passé; oairûment U termes : le terme 
étant passé, p. a6. 

OuTBaaoïT. Du verbe Dvvrsr: travailler, agir, concerter. 
De opûrarL 

P. 

pÀOui. Paor: peur , épouvante. De pavor. 
PAacHouiiiBa. PerçonnUr : partageant , celui qui possède 
en commun. 

pAaKmnT. Ornement , chambre de parement : de parade , 
mur, rempart. 

Pàbbsis. Monnaie. Sol-parisls, pièce frappée à Paris et 
valant le quart en sus de celle frappée à Tours, ao sob pa- 
risis faisaient a5 sols tournois. 

pAauBas. Parleur , avocat , bavard, babillard. De prœlih 
eutor* 

Pabtib. Partagée, part , portion. 

PAaTia. Pouvoir, puissance, parti, forée. 

Pavblloh. Pavillon. 

Pboissbbt. Pour puissent. Du verbe ponvoir. 



217^ L^ GnBOBtQUE DB RAIBS. 

pÂYwnw» Peltet poêle à frire, cofelte* 
Pécboou. Péeheor^ pesekor: pécheur « €0«p«ble. D^pwca- 
tor» 
Picii. Féchéffaate. 

P«^}OUB. Piçoyêt: percer^ britery coaper, rntBCis Mccager. 
PiLbOBiT. Pilori « échafaud. De pilmrieUimé. 
Pbharchb* Pûuanee : pénitQOoe^ repentîrt ponitioBu. 
. PbbbiIbbs. Pierrei t eatrière à pierres*. 
Pico». Hone, pioche , bêche » hoyaa . 
PiàcHB. CTna piècbe : an p»0' de. temps» espaoe> tecnae. De 

PiBRCBUT. De pUrçoiTf percevoir: aperceToir^ comprcDdre. 
De perdpere, 

PiBBT. PerL Do Tcrbe perdre. 

PiBos. Pieux» religieux. De pinf. 

PiBux. Piex : pieu, levier. De palui, 

PiouB. Plor : pire, plus méchant. De p^or. 

Pis. Doux, clément. De plus. 

Pis. Pittj piizi poitrine , gorge, oaameUc. De pêctut, 

Pi.xBTi, Ji gram4 pknU .'aboodanee » aboQâAnuntftt , en 
grande quantité. . 

Poi. Peu, 

PoiGB^iS. Pougnit, poignais : guerre, choc, cosabat* De 
piigna^ 

Pois. Poim : point , trait. De pttwtumm 

Poissant. Puissant. 

P01TBA17X. Pluriel de polirai : poitrail. 

Pois. Poist : chagrine , fâche. 

PoBTiBBS. Loge , habitation , gardÎMi d'une porte. 

Postal. Pastel, posteau : travée, pilier, jambage de 
porte. De poêteliuw» 

Postal. Poffat : puissance , magistrature* De |>ofe«l<r«» 



GLOSSAIBB. S 73 

FoDBCACii. Poursuite , Bollicitatloo , poorehâMr. 

PuuiGAQi&BiKT. PourchaMèreot, «olUcUèrenf. Dt pour- 
câeier, pourehaucr, 

PouAFis, Profit » usage. 

PotfipaRsiaasT, De pourpênnr : méditer » recoanait^e » 
préméditer. 

PoviqoAWT* Néanmoins 9 cependant, lorsque. 

PonaTiAiciB. Pourvtanui prévoyance» précaution, pro- 
vidence. 

PBAïa. Voler» ptUer, prendre. De prehendett. 

pHBiiBBAiHS. Primerain ; premier , supérieur. De primut, 

Pbbod. Preu, preus, pruz : prodent» sage, courageux. 
De prudent, 

Fbicios. Précieux. 

Pbi<!i. Près, à côté. 

Pmbmb. Fresse , fouie. 

Fbibssb. Chapelle , oraluire. 

PfoiA. Deproier, prijcr: prier , demander » implorer. 

Pboibbbs. Prières. 

PoissBoi. Âpiès ce jour » ensuite. De pott dienu 

PoooB. Puanteur , infecHon. De putor. 

Q. 

QoABiBL. Qaarriau , quartllê : flèche » trait d'arbalète. 
QoBiis. Cuens : comte. De com^f. 
QcsBBB. Querquer : cliercher » demander. De quœrer§» 
QoiDA. De guider, quidUr, euidiêr : croire > soupçonner, 
penser. De eogUare, 
QoisiHB. Cuisine. De coquina. 



18 



»74 ^^ CBEOniQVB DB AAl^S» 



R. 



Racatbb. Bacbetcr, payer la rançoo. 
RAiNCiroif. Raençon : raoçoii, racbat, 

Ragiib. Étrb enragié : g.'«mporte1', être comme foir. 

Raiibmbbk. Raembrer : exiger ou payer rançon , racheter» 

Raiirrs. Racheté. 

Raplagikb. Cautionner, payer pour quelqu'un. 

Ratbboibrt. Rauroient. Du rerbe raroir. 

Rbçoitbs. Pour reçûtes. Du Tcrbe reçoir : recevoir. 

Rbdami. Redeymcj redime : rachat. 

RBPBOioïkBBBT. Du veVbe refroklier : refroidir, devcni* 
rr»id. 

Rbm. Rez (ao reis] : à l'exception, hormis. 

RiMAiRT. Remain : le restant » le surplus. 

Rxmaboib» Remaner : rester, demenrer^ unir. 

Rbhoxbibiisiibs. Pour rendrions'. Du verbe rendre. 

Rrrfobchbb. Renforcer, augmenter ,'deubîei^ en force. 

RsHiis. RêHoié : trompeur, déloyal. 

Rbrkibboit. De renkiérir : renquérir, chercher de nou- 
veau, interroger. 

Rbobd. Reondes : rond. De rolundut, 

Rbpaibaibiit. De rapairier: habiter, demeurer, reposer.^ 

Rbpds. Caché ^ dissimulé. 

Rbqubbbb. Requérir. 

Rbsxmohd. Redemandé. 

RasoRGif A. De resongntr : appréhender, craindre. 

Rbapi. Terme, 'délai. 

Beubb. Vol, larcin. ' 

Rbdboit. Du verbe reuber, rober : dérober, voler, ravager* 

Rbdsbb» Éloigner , écarter , aller en arrière. De recedere, 

R'GBMBRT. Richement. 



GLOSSAIRE. 1175 

RiBSNK«. Rttnet : bfides^ rêaea» 
RoKKT. Rock : robe, roohet » tunîqce. 
RoiK, RoU : raie , ligne « sillon. 
RoLLiH. Rouler» mettre en rouleau, bfttQDDer* 
RoncHi. Aonci, ronein : cheval de aeUe». de tervke,' ca- 
vale. 



S. 



Saci^. De saciar, iour, tacher : tirer , ôter , remuer. 

S AiRBi. Saigner, tirer du sang. 

Saihbr. Signer , apposer le seing. 

SAiHcnia. Faire le signe de la croix. 

Sai«s. Saints. De tanetui» 

Sajbttbs. SaicUe, $ageii§ : flèche , trait. De sagilia. 

Sali. De salir : saillir, sauter : tati tut, se leva, s'avança. 

SAHT.&ific : sang. 

SaoulAs. De saouler, saoler : saouler,' faire excès. 

Saut. Saute. Dé sauter. 

Sauvbt^ Sauvemenî : assurance , sûreté. 

Sb. Si, s'il. ' - 

Sbaos. Ceux, ils. 

SsAos. Sceaux, scel. 

Sbmoust. Invité, mandé , sommé. ' 

Sbmbfioi BUT. PoursigniGaient. Du irerfoe ienéfler : signifier. 

Sbnbsgacs. Senesehal : officier, iùtetidanf.' 

Sbhloit. De tenter , sanler : sembler, penscfr , croire. 

Séoit ^Etait assise). De lâ^fV: asseoir,' siéger'. De sedere, 

Sbxbuk. Serour : scenr. Dé iorùr, 

Sbeodhob. Seigneur , maître. 

SiBocaoB. Sirorge : beau-frère. 

Sbd. Sçu : savoir." 

Sbos. Soéj sienne ; teut Itère : la sieistie ferre. 

18. 



S7ti Là CHBOKIQOB BAIRS. 

SiiiM. SUuriê : seign«nric « domiine. 

SivA. Signa» fit le signe de la croii. 

So» Ainsi* De s«r. 

SoiLis. Sonlé. 

fioM. Sienne. De sir«« 

SoLAQS. SolùU^ iol : soleil. De soL 

SouiM. SoUiéitti toUiret : souliers , chaussnres. De ea/- 
rses. 

Sooiiisi. Sûumêfg êoumiron : bête de somme» cbe?al» 
palefrenier. 

Soci. Sor « dessus. Bt tuper» 

Soeari. Surti : assurance , gage. 

SoçsGOuap. De êouêcourir^ secourir. 



T. 



TiaGA. De iargsr, iargler : larder, différer. 

TAaCB. Bouclier, arme défensiTe. De tergum, 

Tabt. Tard. 

TAViiava. Taverne, cabaret. De fa^sraff. 

Tienas. Teie§, teiehp : qualité bonne ou maoTaisé, suivant 
l'adjectif qui précède : vice on vertii 4 défaut ou perfection. 
Bonnes iiehet, malei iéeket» 

Trapoiai. Le temps passé. De tempus, temporU. 

TiaBOisKT. Tiendraient. Du verbe tenir. 

Taos. Teix, i$uiae : tel, pareil, semblable. De talît» 

TaiHBa. Tinnêr^ thumer.t tourmenter, battre , vexer. 

TnoHaa. Thumbtr : danser, sauter « tomber, cbeoir. 

Tiiaius. Terme , jour fixé. 

Tinnra. Tssia : tête. 

ToLTB. Toi , rapine , impôt, maltôté. De tolta* 

Tooam&LB. Tonr^ tourelle* 



GLOfS^IRE. 277 

TiAisifiST. Traîna. De Trûire, îraitnir ; traloer, tirer» 
sortir, reclamer , eitratre , traduire. 

Teaist. Tira. Da verbe traire , tirer. 

Traitooe. Traîtres , conspira tears. 

Ta AU. Trel, iro» : trou , défilé, sentier créai* 

TaATtLLA. De traveUer, traveilier : travailler, peiner^ 
toarmenter. 

TaBBocB. Chute , ruine. De trébucher. 

TascHB. Treiee : tissu , chaîne. 

TaBOBBEiB. Tricherie , ruse , tromperie. 

Tais. TVef, trlêf: pavillon , tente, voile de navire. 

XaoïVB. Trléve : trêve , armistice* 

TuBCois. Carquois , turc, qui est fait k hi turque. 



V. 



Vackb. Vaequê : vache. De vacca, 

Vassaumbbt. Fidèlement, avec attachement, généreuse- 
ment. 

ViBHBUB. FerpMui : vermeille , rouge. De vermieuiut, 

Vbsghi. Voici, voilà. De eeee, 

Ybsqvb. yesquct, vethe : évèquc. De episeopui, 

y lis. yie» : vieux, ancien. De vetui, 

Vnku. Fiiie : violon. 

ViLBHAifcLB. Populace, troupe de gens de Tile extraction. 

YiiBBiB. yUlonie : action basse , outrage. 

Vis. yiz : visage , figure. De vitut, 
' Vis. Vivant. De vtvus. 

Vis. Avis , conseil. De vîsio. 

Vis. Vide. De viduus. 

Vis. Vil , abject. De wr/iV. 

ViuTi. Filli i mépris, chose honteuse. DtvilUas. 



*2j6 hk CHROfflQVB DB BAINS. 

. Vo«-«B. f^mig wmtU : teux-jet {e veux; i>e voUL 
Voisis. Pour ▼oyes. Do verbe voir. Je vob « to rois , il 

▼oit, ooo* voisami, voo««Mf«s« ib »» i ig«t, 
Voiiiu. Poor ▼ondriei. Da verbe V0ir9, voliîr, voût : 

roaloîr. De vêite, 

» * • 

Y. 

Yretagi. Héritage. 



FIN DU GL0S5AIBB. 



.u 



iitmimi^mimmmim^i^mmmmtmmmmimmmmmÊmliÊimÊi 



TABLE DES MATIÈRES, 



PAR OftBKE D& CHAPITEËS, 



Rota. Les tîlres de Tauteur n'indiqaaDt qu'une faible 
parlîe des malières de chaque chapitre, il a paru utile de 
donner une table plus complète. 



Lettré à M, le Maire et à MM, du conseil de la nllc 
de Reims, p. i 

CHAPITRE J,'. Comment li rois Loeys prit à fcmc 
la ducoise Elienor , puis la répudia pour espouser 
Aélis de Champaigne, Li trépas le roi Loeys et cou- 
ronnement le roi Phelippe, p. i 
Le peu de succès des chrétiens en Terre-Sainte , depuis 
la conquête de Godefroy de Bouillon. Louis VI roi de ITrance: 
pourquoi appelé le Justiciers ; ses deux fils, sa mort* — As- 
semblée de barons qui élisent pour roi Locys, au lieu de Ro- 
bicrs , pour quelle raison. Louis VII sacré à Reims. Origine 
dès Robertois ou du parti de la maison de Dreux.— Mariage 
de Louis VU, il se croise; sa conduite en Syrie. Trahison 
de la roine Eléonore* Gomment le roi en est instruit^ son 



28o Ll CHAOlllQlIfi OS aAISS. 

retofur «o Franco ; ilrépad«« la reioe , qui éponte Henry roi 
d'Angleterre : lenneuranla.— Loqîs VII ic remarié à Alix de 
Champagne , aorar de Guillaume aua'blaDcbes mains , arche- 
yrùque de Reims ; leuTs enfants. Il fait , de son vivant, con- 
runuet son fils Philippe ; ce prince est sacré à Reims 9 par 
Gnillaume aux blanches mains; à son dîner est servi parle 
roi d'Angleterre» agenoiiilié. Mort de Louis VII » il est en- 
terré à St-Denis. — Commencement dn régne de Philippe 
Auguste, 

NoTBs. Enfants de Louis VI. Louis VII fait dresser le for- 
mulaire des cérémonies du sacre , et règle par une charte, 
qu'à revenir les rois ses successeurs seront sacrés à fieims. 
Ce prince était réellement apte à succéder à son père, son 
frère aîné Philippe étant mort depuis longtemps ; magnifi- 
cence de son sacre , où se trouve le pape Innocent II , saint 
Bernard et un. grand nombre d'illustres prélats. Louis VII 
incendie Vitry, et se croiae à la sollicitation de saint Ber- 
nard. Motifs du divorce du roi et de la reine. ( CiMion du 
grandei Chronique» de France,) Hçuri roi d'Angleterre, 
meurtrier de Thomas de Gantorbéry. Robert^ Dreux fonde 
un collège du nom de ce prélat. Note biographique sur Guil- 
laume aux blanches mains. Louis VII avant Alix de Cham- 
pagne , épouse Constance de Castille. Sacre de PhiHppe 
Auguste. [Citation de Rigord), 

CHAPITRE II. Comment la discorde meut entre le roi 
de France et le roi d'Angleterre* p. la 

Henri au court mantiei, fils atné du roi d'Angleterre, de- 
mande en mariage la sœur de Philippe , roi de France : elle 
est accordée, envoyée à Londres avec une grande suite« 
Le jeune prince en Ecosse ne peut la voir* Déloyauté du roi 
son père qui voit -charnellement la prioceise^ Retour de 



TABLE DES HATl)iàE5. sSt 

Ueori au court imi«l(^/ , 8on courroux > 8« mort, ta tlamoi- 
sièle renvoyée en Peituu « où elle cache ta bonté. Le çooitè 
de Poitou l'épouse du consentement du roi Philippe et leurs 
enfants.-^Philippe courroucé contre le roid'Angletene» le 
surprend à Gerheroi près Beau vais « et est sur le point de 
le tuer. Henri, honteux de cette surprise, se pend avec Jes 
rênes d'un cheval : son corps porté à Rouen en Normandie. 
Son fils richard lui succède , et comment il en agit. 

NoTBs. Pourquoi Hehr! est appelé au court manticl. Mont- 
Leans peut-être Laon.—Hi«toire d'Alix, fille de Louis le Jeune 
rectifiée. Récit de la mort dn roi d'Angleterre, en contra- 
diction avec l'histoire. Récit à ce sujet de Rigord déjà cité. 

CHAPITRE m. Cornent li roi Gui régna en la tière 
de Surie, p. i8 

Âmauri roi de Jérusalem , étant mort sans enfants, la cou* 
ronne passe à sa sœur, épouse de Gui de Lusîgoan. Les ba- 
rons jaloux de celui-ci veulent forcer la reine à le détrôner 
comme étant de trop mince origine : ils lui députent à ce 
sujet le Patriarche : réponse et stratagème de la reine. 

NoxB. GommAit Benoit de Peterboroogh , raconte l'his- 
toire de Sibille etde Guy de Lusignan. 

CHAPITRE IV. Cornent li baron entreprinsent le 
traïson dou roi Guis, p* 22 

Dépit dn patriarche et des barons. Ils proposent à Sala- 
dtn de lui livrer la couronne: à quelles conditions? Serment 
sur le sang. — Saladin se présente devant Acre. Gui de Lusi- 
gnan consulte ses barons. Opinion do comte de Tripoli. Sa- 
ladin requiert bataille. Gui consulte de nouveau ses barons, 
leur réponse. Journée d'Acre. Saladin a d'abord le dessous. 
Hauts faits de Guit Saladin somme de leur serment le comte 
de Tripoli et les barons. Trahison de ceux-ci. Gui foit prison* 



sSs LA. CIKOHigUB DE Ei.lK4. 

nieré Prite.d'Acre t U toiii« letîfée à T|ik SaUdiv maitre de 
tlNit le reète du pajt. 

NoTBi. Serment du sang mia en doute par M. MicKând. 
Citation de Goillaame de Tyr, du P. Anselme» et de M. Mi- 
chaod , an so]ct de la trahison du comte de Tripoli. 

CHAPITRE V. Cornent Salehedin par sa courtoisie 
mistfors de prison le roi Guion, p. 3o 

Entrevue de Saladln et du roi Gui. Courtoisie du pre- 
mier. Gni élargi: il mande au bailly de Tyr de lui ouvrir les 
portes. Refus de celui*ci: intervention de la reine: réponse 
du bailly. Stratagème de Sibille. Elle va rejoindre son 
épout : joie de Gui« Saladin le fournit de vivres. 

NoTKs. C'est Saladin que Voltaire a peint dans Orosmane 
de Zaïre: ce qu'il faut penser de la générosité de ce prince. 

CHAPITRE VI. Cornent li rois de France et li 
prince de Crestienté alèrent outre met* p. 36 

Le pape Luce fait prêcher la croisade, en France, en An- 
glcterrci en Allemagne. Départ des croisés. 'Siège et pt îse de 
Tyr. Conduite de Richard d'Angleterre et de Philippe de 
France. Siège d'Acre : défense de la ville : effroi du bailly 
d'Acre à la vue de Male-f^oisine, machine de guerre du roi 
de France. Acre est prise d'assaut. Gui ei Sibille soûl ré- 
tablis. 

. lîOTBft. Quand Iinoe III prêcha la cioisade* Diwe. Sala- 
dioe levée par Philippe Auguste. Le clergé de Reims re- 
fuse de se soumettre à l'impût. Les comtes de Relhel,- de 
Goucy et le seigneur de Uosoy pillent le pays de Reims. 
Les gens d'église réclament le secours du roi , réponse de 
Philippct Geni de Reims reconnaissent leur faute, et ob- 



■TABLE D£â UATI^Bl». 'i^3 

I leonêal des seeou n (Citatùm de OuUUume (§ Brelûn, toachao t 
le siège de Tyr) : ce qu'était Male-Toistne. [Cttatiom de Du* 
eangt), 

CHAPITRE VII. Cornent li rois Ricars volt faire 
. mourdrir le roi de France, p. 4o 

• • B 

Dépît et jalousie da roi Richard à la nouTelle de U prise d'A- 
cre; son airivée au camp; combat siogulier avec Guillaume 
Dçsbares, célèbre. chcTalier fraoçais. Guillaume le désar- 
çonne. Richard irrité vient assaillir l'hôtel du roi Philippe, il 
est repoussé. Il empoisonne Philippe ^ corrompt les barons, 
et leur fait jurer la mort du roi. Lé comte de Flandre , l'un 
d'eux, tombe malade et révèle le complot à Philippe. Celui- 
ci met à la voile et quitte \^ Terre-Sainte. Henri , comte de 
Champagne, se met à la poursuite du roi et veut le retedir. 
Indignation et réponse de Philippe, Henri retourne vers les 
barons. Inquiétude de ceux-ci en se voyant découverts. Ri» 
qbard se rembarque. Arrivé en Allemagne , il se déguise en 
cuisinier poor traverser l'Autriche , est reconnu par un des 
gens du duc , arrêté et mjs dans une forteresse. Départ et 
nanfrag^ du comte de Blois. Henri de Champagne épouse 
la fille do roi de Chypre. Il est reconnu roi; sa mort étrange. 
Mort de Sibîlie et de Goy de Lusignan. Traversée orageuse 
de Philippe. Effet du poison sur sa santé. L'archevêque de 
Reims lui conseille d'épouser la sœur du comte de Flan- 
dre. Députation à Baudoin. Conditions du mariage. Ij est 
célébré à AaieiM. Leur filsLonissurnomméCœur-de^Lion. 

• NuTis* Récit de Jean Bropton au sujet de la rencontre de 
Richard d'Angleterre «t deGoilianmeDcsbares. Opinion de 
Guillaume le Rreton et de Rigord , sur l'empoisonnement 
de Philippe. «*• Jurement habituel de ce prince. — lAotif de 
la haine du duc d'Aul riche contre Richard. -«Note ^ur Thi- 



S84 LA CBROftlQUB DB BJklMS. 

bftaU, comte de Bloii » tnr Henry* comte de Champagne» 
UUtoire rectifié^ da mariage de Philippe Aogaf te avec Isa- 
beau de Flandre. 

CHAPITRE VIII. Comment li rois Ricarsfu mis hors 
de prison par Blondicl le Ménestrel, p. 53 

Le roi Richard, priionnier da dnc d^Osteriche. Blondiaof le 
Hénettrel te meta sa recherche. 11 arrive en Qf tcrichCy an pied 
d'an châteaa-ibrt. Gomment il apprend d'nne pauvre femme 
qu'on prisonnier ^eiLliaf hom ei grûni êim j est enfermé, fl 
gagne les bonnes grâces do châlelain qui l'adopte ponrson 
ménestrel. Gomment il se fait reconnaître do ror Richard. 
Départ de Rlondel , son retour en Angleterre. Il annonce aux 
barons,qn'il a retrouvé le roi: trois chevaliers sont députés vers 
le doc d'Autriche ; rançon da roi qui oblige les gens d'Eglisb 
d'engager jasqo'atix vases sacrés. Haine de Richard contre 
Philippe Auguste; il l'envoie défier. Réponse du roi de 
France. Préparatifs de guerre. Arrivée de Richard à Dieppe» 
à Ronen»à Gisors.-Les Ribans.-Phillppeassemble ses barons 
et marche vers Gisors. Richard envoie provoquer les barons 
de Philippe, et les défie d'approcher l'orme.de Gisors, Ré- 
ponse et départ de ceaz>ci ; ils coupent l'orme. Afl^aire de 
Gisors. Hauts faits de Richard et de Goillaame Desbarres; 
leur nouvelle rencontre ; comment finit leur combat. Richard 
reçoit ;de mauvaises nouvelles d'Angleterre ; il se rembarque» 
Philippe , ittstroit de son départ y pousse le siège de Gisors» 
Trêve demandée et octroyée. Avb donné au roi Richard par 
ceuK de Gisors } réponse de Richard. Dorant la trêve» Plii- 
lippe s'empare de Niort. Reddition de Gisors et d'une partie 
de la Normandie. Richard rentre en France, arrive à Dieppe. 
Danger que court Philippe ; comment il est sanvé par Alain 
de Bonssi. Dépit du roi Richard» qui se crojrait maître de 
Philippe. Belle parole d'Alain de Roussi. 



tABLB DB5 MATlk«E8. 985 

NoTH. L'histoire de Blon délie Mèneitrel, â'était cotiùne 
qae parce qu'en avait dit le président Faùchet. Ce qui reste 
des chansons de ce ménestrel. — La Chrvniquû de Ftandret, 
d'accord avec la Chronique de Raini, an sujet de la mort de 
Henri d'Angleterre. —Ce qu'étaient les Ribands; citation de 
Rigordtt de I^iicai»|^s.— Notice sur Guillaume DeHbarres: ci- 
tation de Gui CoquHle,"ïiéoit de Rapin Thoiras, au sujet des 
succès du roi Richard contre Philippe Auguste, en Norman- 
die. Citation des Chroniques de Sl'Denis, 

CHAPITRE IX, Cornent li rois d'Engletiére entra en 

France. P* 7* 

Richard , irrilé de la perte de Gisors et de Niort , assiège 

et prend un château du roi Philippe. Cruautés envers les 

prisonniers. Maladie du roi de France. Richard dévaste les 

campagnes. 

CHAPITRE X. Cornent li roii Ricars se combati au 
roi d'Espaigne. p» 74 

Richard apprend que le roi d'Espagne s'était emparé de 
deux de ses villes de Gascogne ; il arme ses gens et part pour 
Rayonne; il incendie et dévaitte les terres de Ferdinand,-Un 
espion informe ce prince; son embarras; il assemble et con- 
sulte ses barons; réponse de ceoi-ci« Richard demande ba- 
taille ; cUelui est accordée. Choc des deux armées. — Combat 
singulier de Richard et de Ferdinand.-Victoire des Anglais; 
leur retour à Douvres.-Nouveaux regrets de Richard au sujet 
de la perte de Gisors ; il débarque à Dieppe , assiège Locbe; 
défense des assiégés. Richard est blessé à l'épaule ; soins et 
recommandation des médecins; Richard méprise lemfe avis 
et continue sa vie déréglée^il est condamné. Plaintes de Ri- 
chard en sentant sa fin; il meurt. — Son ooenr porté h Rouen; 



a86 hH GHIOKIQUB DE BAIHS. 

fon coqM ik Londres; bel éloge de ce prîAoe. Affliction de 
tes sujets. 

RoTBSk E<a gocrre de iticbnrd covire les Ee|Mgnols n'éit 
ffienlkMuiée cbcz aacqn historien* Citntioo de Guitlûuwt0 h 
BniQm , «H tnjel de la blessnre et de le mort da roi Rîclurd ; 

CHAPITRE XI. Cornent Jehans de Brainefu rois de 
Jhérusatem. p. 83 

Mort de Sybiite et de Gnl de Lusignan; la tutelle de leur 
fille f confiée aux barons. Histoire de Jeban de Braine; son 
père veut le faire moine; il se saoTe à Glairvauz, chez son 
oncle; dea ehevaliers allant au tournois , émcrVelIIés de sa 
bonne mine, l'emmènent avec eux; le sire de GhAteau-Vi- 
lain l'arme cheValier ; le père de Jehan lai refuse tout apa- 
nage : il ésl surnommé yè/itta-im»- Terre. Ses exploits; sare- 
jiommée parvient en Syrie ; les barons de Jhérusalem lui font 
offrir la couronne. Jehan s'embaiqoe à Marseille ; son airlyée 
eu Tprrc-Saiote ; comment il est accueilli ; il épouse la |eune 
princesse; est couronné; sa fille; la roine meurt; nooveav 
mariage de Jehan. — Le pape Innocent assemble un concile 
générale Rome ; règlements qui s'y font. Nouvelle croisade. 
Robert de Grescon, anglais, légat en France. Départ des 
croisés; leur arrivée devant Damiette. Effroi des Sarrasins ; 
réunion des soudans ; ils défendent Damiette. Départ des 
autres croisés ; leur arrivée devant Damiette. 

?forB. Ge que disent les historiens de Jehan de Braine. 
Citation de Bernard le îrétorier, 

CHAPITRE XII. Cornent Sarrasi/is oreni victoire par 
le vesque de Biam^ais, p^ 9a 

Les Sarrasins secourent Damiette assiégée par Jehan de 

Braine ; rencontre dés deux armées; imprudenec des chré* 



TABLE SES MATlèfiSS. S87 

tiens ; iU sqnt battus; pruonnierft; maUdte» et extrémité de 
ceux 4e Damiette.— Lepigeoo ineflMger»»— Le «ondwi de Da> 
. bjrlooe leur eqToie un gouverneur; pur quel stratagème; la 
r«ae eU décauveite, et reovojré miit en prison ; il s'éehappe 
la nuU'9 e9t arrête pax un garçon boulanger qni le tue.-*Le 
Soudan de Babylone fait proposer une trêve f^rt avantageute 
aux. chrétiens; refus de ceux-ci. — L'eslu de Beau?aUt comr 
paré à Nabuchodonosor. 

CHAPITRE XIII. Voment Damiette ju prise. p. i oa 
Le roi Jeban fait donner Taosaut. Prise de Damiette. Po-> 
stiion des habitants. Cadavres des Sarrasins brûlés. Les 
grands yeti!ent quitter Damiette pour aller conquérir le pays^ 
— Avis du légat, contraire à celui du roi. L'armée se met 
en marche, et vient camper entre deux rivières. Saladin 
lâche les écluses, inonde le camp des chrétiens, et menacé 
de les nojer s'ils ne rendent Damiette.' 

CHAP. XIV. Cornent Sarrasin rorent Damiette, p. io3 
Modération du Soudan. Elargissement des prisonniers» 
Reddition de Damiette. Retour en France de Jules , élus de 
Ueautais. Son voyage à Rome* Le pape le saéré évoquer 
Eiplicatlon des cérémonies pratiquées en pareille occasion. 

CHAPITRE XV. Cornent U Sarrasins racontâtes as^cn- 

tures Salehedin, p. loô 

Trêve dé vingt ans.— Portrait d^uh prisonnier gentilhomme 

sarrasin , oncle de Saladin. — Commentée prisonnier raconte 

an roi Jehan , diverses aventures curieuties de Saladin. 

Notes. Popularité de Saladin > môme parmi les croisé». 
Son baptême est un conte populaire. 

CHAP. XVL Cornent li empèreres Fledris ouvra, p.ii 4 
Gomment fut sacré à Ai}i-ki-Gh»pelle> Temperenr Frédé- 



988 Li GHEONIQUfi DB BAIII8. 

rie. Btftt proipère du commerce aoos ton règae* Débat en- 
tra les boorgeoM et Milan et lenr évêqae* Gelni-ci , châtié 
de la fille , va ae plaindre au pape. Le pape enrôle un car- 
dinal pour dretaer une enquête. Les bonrgeoia requièrent 
nbaolntioo. Le cardinal exige » aTaot tout» la rentrée de l'é- 
▼êque. Refus des bourgeois. Départ du cardinal et de tout 
le clergé. 

CHAPITRE XVII. Cornent li discorde meut entre le 

m 

pape ctVempereour Fledris. P* '^^7 

Inquiétude de ceux de Milan* Le peuple s'émeut « et 
poursuit le cardinal » l'arrête 9 et vent en arracher une ab- 
solution. Mépris et menaces do cardinaL Un milanais mis 
à mort par nn de ses valets. Fureur do peuple. Meurtre du 
cardinal. Son corps est traîné dans les rues. Indignalion do 
pape. 11 e&ige de l'empereur la ruine de Milan. Siège de 
Milan, par Frédéric. Les bourgeois implorent la paix. Be- 
fas de l'empereur. Ils s'adressent au pape, et lui font offrir 
Une forte raoçon. 

CELAPITRE. XVni. Cornent cil de Melans fisent pais 
au pape por lor deniers, p. la) 

Quelle réception est faite à ceux de Milan , et à quel prix 
est accordée l'absolution. Le pape mande à l'empereur de 
cesser les hostilités. Refos de Frédéric. Le pape menace de 
l'excommuoier. Fin do siège. — Frédéric épouse la fille du 
roi Jehan. Leurs enfants. L'empereur demande au pape 
une indemnité pour la guerre de Milan. Refus du pape. Les 
états de Rome envahis. -~Mort du pape. — Innocent III lui 
succède. Concile de Rome, transféré à Lyon. — Pieron de la 
Vigne.— L'empereur est excommunié. Pieron de la Vigne 
accusé de trahison; on lui crève les yeai«-Conduite de Fré- 



rkULA DBS MiiTI^RfiSi ^289 

dério. Mort du pape Inoocent JV. — Confirmation de la sen* 
ftence contre Tempereur. Le roi Jehan tui cède la couronne 
de Jéroialem , et se relire à Goostantînople. 

CHAPITEE XIX. Cornent li marnais rois Jehans 
d'Engletiére owvra, . p. i3o 

Dn roi Jehan et d« son maaTaia caractère. Meurtre d'Ar<- 
thar. -»• Le roi Philippe songe à reconquérir la Normandie. 
Il dèpate au roi Jehan les et êques de Beanvais. et de La^o , 
pour le aoamer de coroparattrc 4 quarante joura de lè« R^- 
ponaeda roi Jehan ^ après «e délai» le' roi d' Angleterre da- 
mande et obtient deux nouveaux ajourneaaenta qu'il laiase 
<enoor« expirer. Jugement des pain da royaume, -qui adjf gç 
à Philippe les terre» de Jehan. Philippe ««tre «« Norman- 
die. Pillages des Hibauds. Prise de Mantes. Les villes de 
•Normandie Informent' de leur détresse le roi Jehan r^'é* 
ponse qu'elles en obHeiinenl. Hûlippe pourÉwit Vigourea- 
eement le nége de Veraon. Il s'en emparé ainsi que de 
Rouen et de taute la Normandie , excepté du Château- 
<laillart ; état de cette forteresse ; Philippe en fait. le. blo- 
cus. Détresse de la garnison* PersévéraBce ^u châtelain. 
11 est trahi. Les français en4rent dans la place. Béfensecvu- 
ragensedu chât«la*m Le roi Philippe réoompeùse sa bra- 
voure en le maintenant dans «a dignité. 

NoTxs. Notice sur Artns de Bretagne. Arrêt de .la cour 
des pairs de Paris, contre le roi d'Angleterre. Citation de 
Paul Emile , touchant le siège et la reddition de Rouen. 
Citation de Rigord. Citation de Guillaume le Breton , au 
sujet du Château-Gaillart. Nom du châtelain qui défendit 
cette forteresse. 



•9 



SQO LA GHBOMIQUB DB BAIR8. 

CHAPITRE XX. Cornent la bataille de Bomines meut 
par le comte de Boulogne, p. 1 1^% 

Leroî Philippe tient un parlement : Ganthier de St-Pol el 
Renaud de Boulogne se prennent de querelle en aa présence. 
Coup de poing donné. Le roi bUme St-Pol, et envoie l'évêque 
de Sentis complimenter Renaud. Réponse hautaine de celui- 
ci. Le désir de la Vengeance poMe Renaudà la trahison. Il en- 
gage le comte de Flandre dans one gnerre contre laFrance .Le 
roi d'Angleterre et Tempereur Othon entrent dans la ligue. 
Philippe réunit wè troupes sous les murs de Tournay. Joie 
du comte de Flandre : il requiert bataille. Hues de Bores 
reproche au comte de Boulogne sa trahison. Réponse de 
celui-ci. Phi!i|^e se prépare au combat. Les chefs coalisés 
se partagent à l'ayanee toute la France» L'armée de Philippe 
sort de Tournay. Le pont de Bonvines.Le roi entend la messe.. 
Soupes distribuées en souTcnir de la sainte Gène. Parole de 
Gauthier de St-Pol. Belle allocution de Philippe; il offre la 
conronne au plus digne. Refus et acclamation des barons. 
Description do la bataille. Exploits du Sénéchal de Cham- 
pagne , du comte de St-Pol. Déroute de l'ennemi. Le comte 
de Flandre et Renaud de Boulogne prisonniers. Parole de 
Philippe Auguste , au sujetde l'empereur. — Le même jour, 
Louis de France bat les Anglais en Poitou*— On le roi Phi- 
lippe fait mettre ses prisonniers. — Désordres du roi Jehan 
d'Angleterre. Les barons offrent la couronne à Philippe 
Anguste ; son fils Louis accepte pour lui. Otages d'Angle- 
terre. Départ de Louis ; barons qai raccompagnent; il at- 
taque en passant, la ville de Douvres, mais en vain. Siégé 
et reddition de Londres. Mort du comte du Perche. Le roi 
Jehan achète le secours du pape qui excommunie le prince 
français. Gène où se trouve Louis ; il demande à son père 



YàBLE DES HiiTlkRCS. SQl 

de» secours d'argent. Refos de Philippe. lostaace de Blan- 
che de GastlUe. Belle parole de eette princesse. Le roi cède. 
Jehan s'humilie devant ses barons } ceux-ci le rélablissent, 
et déclarent à Louis de France qu'ils ne vealeot plus de lui. 
Départ de ce prince qui n'est absous qu'après le renvoi des 
6tages. — Son voyage à Toulouse. 

Notes. Opinion étrange de M. Augustin Thieriy , sur le 
désintéressement de Philippe Auguste à Bouvides. Citation 
de Guillaume Guiart {Boyaux tignogcè) , sur les exploits du 
comte de St-Pol. Opinion de l'éditeur du Romancero Fran- 
çait , an sujet do beau mouvement de Blanche de Gastillc. 

CHAPITRE XXL De la mort le roi Philippe, p. i6i 

Philippe meurt à Mantes; commentil partage ses richesses; 
enterré à St-Denis par Guillaume de Join ville , arche vesque 
de Reims. Son tombeau. 

NoTB. Citation des chroniques de 8t-Denis sur la moit 
de ce Prince. 

CHAPITRE XXII. Cornent li rois Loejrs, régna après 
la mort le roi son père, p. i63 

Du roi Louis TIII, de sa femme et de ses enfants. 11 se 
rend à Reims « en grande solennité pour s'y faire couron- 
ner* La sainte Ampoule : il est sacré par l'archevêque Guil- 
laume de Joinville ; festin et fêtes du sacre ; départ pour 
Paris.-L'archevêque requiert les échevins de Reims de payer 
les frais du couronnement : il produit de faux témoins pour 
prouver qu'ils sont tenus de ces fiais. Noms des échevins qui 
résistent à TArchetêque et en appellent au roi. Louis VIII 
envole Renaut de Pieronno pour informer du fait ; résultat 
de l'enquête. L'archevêque est condamné aux frais. 



999 Lil €«a01llQVfi DJt KAIRS. 

Norif. Oit«tfbn de M«Hot ta tti|«t ée GotHaamc de Joîtf- 
ville et eu êa/cn de Lquîs VIII. Gitatioii de» Cbroni^iierde 
gf4>eBif ) 8or le mêiiM iujeu Ea ^AMRîf m ifo Aaîiif «n con-« 
iradicHonevec liiiitoire. Charte de Loaii VIII qolcoiitraiift 
let rédsob à cwitrilHifer aux frais du laere. Cet impOl o'cat 
défiDitiTement ëlabli qii'aa lacre de Philippe le Hardt. 
Pourquoi l'aoteur a cru pouToir déguîicr ici la vérité. 

CHAPITRE XXHI. Cornent il advint de celui qui se 
Jist conte Bauduin, p. 16S 

Louis VIII prend la Ilochellc. Trahison des grands de 
Flandre, conlre la comtesse Jehanoe. Ils séduisent un 
pauvre reclus et le font passer pour le comte Baudoin; la 
fourberie réussit. Les villes de Flandre se soumettent; la 
comtesse sur le point d'être arrêtée se retire à Mons. Elle 
invoque le secours du roi de France, alors Philippe Auguste^ 
Le faux Baudoin mandé à Péronne, avec sauf-conduit : son 
entrevue avec Philippe. Qaestions qui lui sont faites. Son 
embarras : il est démasqué; sa fuite en Bourgogne, où il 
reste ignoré ; comment il est reconnu et livré à la comtesse 
Jeanne. Il avoue son crime et son nom. Il est dépouillé et 
promené en dérision par les rues de Lille ; sa mort. 

NoTis. Citation des Chnmt^nts de St*Deni» «ur le fanx 
Baudoin. Il n'était pas de R^lns , ainai qflie le préten- 
dent plusieurs' historiens. OpiAitfn *de Meyer, -de PInlippé 
MoQske. Citation de Marlot. 

CHAPITRE ILlLVf, Cornent li rois Loeys régna de son 
vivant, p. 175 

• Révolte des AvigiKMMis. Lonis VIII arme ses troapet. 
L'archevêque <voHla«i me deJ>tfhrvfUe, et leceMfte AeSaittt> 
Fol (GUaatill«if)^ fontipartic de resppédtlioo, 6iége ^'Avi- 



TABLC DES MATJkllES. Vii^i 

gooD. Mort de St*rol* Goarroni et regrets du roi. Le corpi» 
de St^Pol , embftumé et conduit au prieuré de Looghieaue 
(•Iiongueai»), présChastilIuo. Trêves de zl jours. Reddition 
d'Avigeon. Mort du comte de Kamur« Le roi et i'arcbevèqne 
de Reims tombent malades à Moatpencler. l^ort de 
Loqis VIXI. Prophétie de Merlin. Deuil de la roine Blanche^ 
ses embarras; elle consulte l«s grands, qui lui conseillent 
de faire sacrer son jeune Gis; Louis IX , âgé de i4 ans , cou* 
ronné à Reims, parTévêque de Soissons. Henri de Braine, 
arcbevêque de Reims. 

Norn. Citation des Chroniques de St-Dents, sur la mort de 
$t-Pul. Le prieuré de Longueaox, fondé par lui et non par 
le comte Thibault. Citation de Marlot, sur Guillaume de 
Joinville. — Anecdote singulière racontée par Poys-Laureos 
{Historia Atbigentium), — Citation de Marlot , sur le sacre de 
Louis IX. Notice sur Henri de Braine, archevfique de Reims.' 
Citation d'Anquetil. 

CHAPITRE XXV. Content li baron révélèrent contre 
la roine de France. p. iSa 

Bérolte -des barons contre la roine Bbncbe ; ils offrent la 
couroone au comte de Boulogne; ils reprochent à Thibaut , 
comte de Champagne, la mort de Louis VIII. Le comte de 
Boulogne l'envoie provoquer. Thibaut convoque ses grands 
vassaux; leurs mauvaises dispositions; il fortifie Port-à-Bîn- 
son, Fismes, le Mont-Aimé et Provins» Siège de Fismfts. Le 
oomte de St-Pol passe la Marne à Reuil. Fuite du comte 
de RetheU Prise -et ruine d'£pernaj, de Oameri, de Sé- 
s»Dne. La garnison du llbnt-A»mé arrête les convois de l'ar- 
cbeTêquede Aeims. L« reine Blanche vient au secours de 
Tbibavt; défenses quelle adreise aux barons; insolente ré- 
poiii!ed<o«éus-«i» Le comte de Boulogne abandoniie la ligue» 



994 ^^ caaoNiQUB db bains. 

Fin de la gaerre. Mort de Blanche, comteafe de Ghaaipague, 
da roi de Navarre , too oocle. Thibaut coorooné à Pampe- 
laoe; te* mariages; set enrants. Loais IX éponte Margue- 
rite de ProTence ; leurs enfaotn. Le roi de Ifaf arre arme 
contre le roi de France, au sujet do comté de Bloii. La roine 
Blanche, pour le réconcilier avec son fils, le mande à Paris.Le 
com te d'Artois luifait jeter un fromage & la figore.Goorrou]i de 
la roine Blanche. Gomment furent apaisés tous débatts. Ré- 
Yolte de Pierre Mauelerc; il offense la reine-mère; courroux du 
roi; comment il oblige Mauelerc à crier meici. Exactions 
du comte de la Marche dans le Bordelais; de concert avec 
le roi d'Angleterre, il envahit le Poitou. Lonis IX marche 
à sa rencontre et rétablit son autorité; le roi d'Angleterre 
se retire» Soumission du comte de la Marche* Coutume de 
France, qui attribue an roi tous les p^ys qu'il prend contre 
des vassaux révoltés. 

NoTBS. Gitation de la Chronique métrique éê Si-Mêgioir», 
ou sujet de la guerre des grands vassaux contre Thibaut, 
comte de Champagne. Gitation de la Chronique dêFtandret^ 
MUT le même sujet. Notice sur Moiemcr on le Mont-Aimé, 
près Vertus. Citation du président Faocfaet et d'Anqnetil. 
Discrétion de la Chronique de Bains ^ an sujet des amours de 
Thibaut et de la roine Blanche* 

CHAPITRE XXVI. Cornent liroU de France alà outre- 
mer entre lui et ses frères, p. 196. 

Maladie de Louis IX. Nouvelle croisade. Le légat accorde 
aux croisés trois ans pour payer leurs dettes aux bourgeois. 
Adieux touchants du roi et de la reine-mère. Il s'embarque 
à Aigues-Mortes , arrive en Chypre; y aéjourne un an. Arri- 
vée des croisés devant la rade de Damîette. Les Sarrasins 
«"opposent an débarquement. Bravoure du roi. Siégé et prise 



TABLE DfiS HÀTlkAES. S^S 

de Damiette> La reine accoache d'un fils. Témârité du 
comte d'Ârtou. 

N0TB8. Citation de Joinville au sujet de la maladie do roi. 
Des chefs de la croisade. Habileté de nos TÎeui chroniqueurs 
pour la mise en ftcëne de leurs personnages ; citation du B(h 
maneéro français. De M. Michaud , sur la naissance d'an fils 
de la reine, nommé Tristan. 

CHAPITRE XXVn. Cornent li quens d*ArtoUja mors 
ou pris y et Damiette rendue, p. ao4 

Le comte d'Artois suivi des chevaliers du Temple et' des 
Hospitaliers, passe le Jourdain. Proposition d'uo renégat. 
Pressentiments du maitre des Templiers; ils entrent dans 
Massoure qu'ils croyaient dégarnie ; comment ils 7 sont re- 
çus. Le roi passe le fleuve; son chagrin de ne plus voir son 
frère ; il apprend sa mort et celle des chevaliers. Les Sarra- 
sins ferment les écluses et arrêtent le passage de l'armée. 
Position critique du roi. Lesoc^dan de Babylone le somme 
de se rendre; réponse de Louis IX; ses barons l'obligent à se 
soumettre ; il remet son épée , sa rançon ; les autres chefs 
Sarrasins veulent avoir part ; ilstucnt lesoudan de Babylone. 
Nouvelles conventions. Damiettecst rendue aux Sarrasins. 
Les Croisés se retirent à Acre. Le roi reçoit nouvelle de la ma* 
ladie de la reine-mère, il congédie le comte d'Anjou, malade. 

KoTKi. Citation de Joinville sur la mort du comte d'Artois, 
de Raoul de Coucy, et des Templiers. Caractère de vérité 
qui se remarque en la Chronique de Rains, 

CHAPITRE XXVIII. Cornent la terre de Flandres et 
de Haincau fut partie as enfans la confesse, p. 212 
Discorde entre les enfants de Marguerite, comtesse de 

Flandre ; elle implore l'intervention de la roine Blanche 



296 LA CaROMIQUK DB RAI1I8» 

qai la ren? oie <u comte d'Anjou ; à quel prix elle obtieot 
le secours de celui-ci. Neutralité de Valeuciennes qui ouvre 
ses portes à la comtesse et prête foi au comte d'Anjou. 
Siège et prise de Mons; mort de la mère du comte d'Aojou. 
Jehan Daveoes détermine le roi d'Allemagne à secourir ses 
neveux; vaine démonstration de celui-ci. Le comte d'Anjou 
retourne en France. ^ 

NoTBS, Notice sur Bouchard d'Avesnes. Jeanne et Mar- 
guerite de Flandres. 

CHAPITRE XXIX. Cornent li rois d' Aient aigne fu . 
mors en Frise, p* 21S 

Expédition en Frize du roi des Romains. Il charge une 
bande de paysans armés , tombe dans un fossé bourbeux; il 
y est tué. 

NoTB. Notice sur Guillaume de Hollande , roi des Ro- 
mains. 

CHAPITRE XXX. Si corne li rois de France revint 

d* Outre-Mer, p. aao 

Louis IX apprend la mort de sa mère; il revient en 
France. — Guerre entre le comte d'Anjou et le sire d'Enguien. 
Thomas de Beaumetz, partisan du premier; comment est 
terminé le diiférent. Chagrins de Jehan d'Avesnes» sa mort; 
Baudouin son frère crie merci à sa mère , qui loi accorde 
pardon. Le comté d'Hainaut racheté au comte d'An joo.— De 
Baudoin ^ empereur de Gonstantinople : son mariage. Mort 
du roi Jehan ; prodigalités de Baudoin : il se ruine , et vient 
en France demander des secours à la reine et au pape. Ce 
qu'il en obtient. Blanche l'oblige à lui envoyer l'impératrice* 
Retour de Baudoin à Gonstantinople: il fait partir sa femme. 
A la mort de Blanche 9 le comté de Namur est rendue 



TABLE DES UATlkRES. 297 

l'iippératricc. Eicèt des jeunes Nainurob,ih tuent le baiUi, 
Courrons et menaces de l'impératrice. 

IfoTis. Notice sur Thomas de Beaumetx, archcffique de 
Reims. — Citation des chroniques et annales de Flandres au 
su jet de Baudouin d'Avesnes* 

CHAPITRE XXXI. Cornent Namur fu mise en ta 
main le conte de Lussemboure. p. aaS 

Les bourgeois de Namur implorent rintcrvention du roi 
de France; conseil que leur donne Pierre de^ Fontaines. Ils 
s'adresssent à Henri de Luxembourg, lui font hommage de 
la ville : rimpératrice met la forteresse en état de défense. 
Henry garnit la ville et bloque le château. L'impératrice as- 
semble une armée et assiège Namur. Baudouin d'Avesnes 
obtient une trêve* En son absence les Flamands attaquent 
les troupes de Champagne que commandait le comte de 
Joigny, détresse de ceux de la forteresse* Henry de Luxem- 
bourg s'en rend maître. 

CHAPITRE XXXII. Cornent li rois Loeys rcndi Nor- 
mandie au roi d'Engleterre, p. 233 
La conscience de roi Louis IX lui reproche la conquête 
de la Normandie. Accord avec le roi d'Angleterre : il lui re- 
met ses villes et aoo,ooo liv., à quelles conditions. Mort de 
Louis de France : deuil et chagrin du roi: comment l'arche- 
vêque Rigaut ,1e console en lui racontant l'histoire d'une mé- 
sange. 

Notes. Citation de Joinville sur la restitution de la Nor- 
mandie ; de Daniel sur la mort du fils aîné de Louis IX. 

CHAPITRE XXXin. Cornent li archevesqucs picrdi 

la garde de Saint-Rcmi à Rains. p. 238 

Convoitise de l'archevêque de Reims, Thomas de Beau- 

ï9- 



S(j8 LA CBaORlQUB DJB lAIRS. 

• 

mMz; eommentll était la garde da l'abbaye de Si-Bemj. 
Les religieux reconnaiMeiit que la garde appiyticot au roi, 
ili s'adreiieat à Lcmia IX.Ii'arcbevéqUe ait ajourné à oompa- 
raltre ; Ittforttutioii. GoaameBtae défend Thomas deBeaa» 
meU; iugement de Vilain de Pieromic. Les reUgîeus main- 
tcnat an nom du roi en la garde de leur Abbaye. 

IloTif. Lea historiens de Reims ont ignoré ce procès. 
Charte par laquelle Thomas de Beainnetta reconnu le droit 
du roi sor l'abbaye : publication de M. Varin sur l'histoire de 
Reims: traduction d'une piiice importante de ce procès, re- 
troufé« dans les archi?es de l'abbaye de $(-Reniy. 



Glossaire. p. a53 



FIN. 



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